Publié le 06/07/2020
J. STAGNARA*, J. JACQUEL**, A. DUQUESNE***
*Pédiatre, Lyon ; **Puéricultrice, association Courlygones, Villeurbanne ; ***Pédiatre, Lyon
Le nombre des consultations non programmées et médicalement injustifiées dans les structures d’urgence augmente. L’association Courlygones réalise une régulation en amont. Pour cela, elle a élaboré des algorithmes de réponse destinés aux parents et accompagnants d’enfants. Dans ce contexte, ces préconisations téléphoniques sont délivrées par des infirmiers et puéricultrices spécifiquement formés, via le SAMU C15. En 2017, le suivi des appelants montrent que 92,4 % se conforment aux recommandations.
Le nombre des consultations hospitalières ne cessent d’augmenter et il convient de redonner une place « raisonnée » aux consultations dites « d’urgence ». Par ailleurs, les parents parviennent de moins en moins à évaluer le niveau de gravité des symptômes et réclament très souvent une réponse rapide à leur inquiétude. Nos travaux à Lyon sur la consultation téléphonique pour les enfants en situation d’urgence (ressentie ou réelle), entrepris depuis 2002 reposent sur le constat de la saturation des services d’urgences pédiatriques par des pathologies ne justifiant pas toujours – loin s’en faut – le recours à des plateaux techniques hospitaliers. C’est pourquoi, au cours de toutes ces années, plusieurs fiches de conseils, destinées principalement aux parents et accompagnants, ont été rédigées grâce à la collaboration de professionnels de santé et de parents. Depuis 2005, ces derniers peuvent aussi consulter un site internet, régulièrement mis à jour, et contacter une plateforme téléphonique pour bénéficier de conseils standardisés et validés
La majeure partie de la saturation des services d’urgence, hospitaliers ou libéraux, s’explique par l’afflux toujours plus important de consultations non programmées vers ces structures(2). Malgré des efforts d’organisation et une augmentation de l’offre, on constate un accroissement quasi parallèle des « besoins exprimés » : le nombre de passages dans les différentes filières d’urgence pour enfants est en constante augmentation. Les services d’accueil d’urgence initialement dédiés à la prise en charge des patients les plus gravement atteints, sont devenus, pour l’essentiel, des centres de soins primaires de type consultations non programmées et ne justifiant pas, médicalement, la mobilisation d’un plateau technique aussi sophistiqué. Ce phénomène n’est pas seulement coûteux en termes de temps et de moyens, mais surtout il peut compromettre les modalités de prise en charge des « vraies urgences » au niveau de l’accueil et de la disponibilité des personnels. D’après un rapport récent de la Cour des comptes(3), l’augmentation de la fréquentation des services d’urgences n’est pas liée à une dégradation globale de l’état de santé de la population,
puisque 20 % seulement de ces visites aux urgences débouchent sur une hospitalisation, les autres patients retournant à domicile après examen. La pédiatrie n’échappe pas à cette évolution : au cours de la première année de vie de leur enfant, 48 % des parents ont recours, au moins une fois, à l’un ou l’autre des dispositifs d’urgence(4) . Sur le Rhône, on enregistre en 2017, près de 85 000 passages au SAUP (service d’accueil des urgences pédiatriques) de l’hôpital Femme-Mère-Enfant à Bron (Lyon).