72 ans est le nouveau 30 ans
L'espérance de vie des hommes a connu un bond unique au cours des 4 dernières générations, au point que sur ce plan, nos ancêtres de la préhistoire se rapprochent davantage des chimpanzés que de nous.
Jusqu'où pouvons-nous repousser les limites de la mortalité humaine? C'est pour répondre à cette question qu'Oskar Burger, de l'Institut de recherches démographiques Max Planck en Allemagne, s'est penché sur l'évolution de la longévité humaine, de la préhistoire à nos jours. Ses travaux montrent que l'espèce humaine a connu un allongement de l'espérance de vie unique parmi les espèces animales, enregistré principalement sur les 4 dernières générations, pour un total de 8000 étudiées. Cette progression récente et rapide suggère qu'elle est principalement due à notre capacité à améliorer nos conditions de vie, plutôt qu'à une prédisposition génétique ou une conséquence de l'évolution.
Le chercheur, qui publie ses travaux dans les comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences, a comparé la durée de vie des chasseurs-cueilleurs, les hommes du paléolithique qui vivaient entre - 3 millions d'années et - 10.000 ans, au chimpanzé (notre plus proche cousin) et à l'homme contemporain des pays développés. Il en ressort qu'en termes de longévité, le chasseur-cueilleur était plus proche du chimpanzé que d'un Japonais ou un Suédois d'aujourd'hui -ces deux pays figurant parmi ceux où l'on vit le plus vieux. Et un Suédois vivant en 1900 était plus proche d'un chasseur-cueilleur que de ses propres arrière-petits enfants. Dans les pays développés, l'amélioration a été linéaire depuis 1840, avec un gain moyen pouvant atteindre 3 mois par an. Résultat, un chasseur-cueilleur de 30 ans avait autant de risques de mourir qu'un Japonais de 72 ans aujourd'hui ; un chasseur-cueilleur de 15 ans, les mêmes qu'un Suédois de 69 ans.