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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 19 mai 2010

Romandie News   
http://www.romandie.com/infos/news2/100519085247.vrmlsk21.asp     

Lyon inaugure le premier hôpital-prison pour détenus psychiatriques

LYON - La première unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), accueillant des détenus souffrant de maladies psychiatriques, sera inaugurée vendredi à Lyon en présence de la Garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie et de l'ancienne ministre de la Santé Simone Veil.

L'ouverture de cet établissement, prévue initialement à la mi-mars, a été plusieurs fois reportée dans l'attente de la publication du décret encadrant le fonctionnement de cet hôpital-prison.

Dès mardi, "deux ou trois détenus" ont été transférés de la maison d'arrêt de Lyon Corbas dans cette nouvelle unité de 20 lits, a déclaré à l'AFP la direction de l'hôpital du Vinatier. "Ca va monter en puissance et on va en accueillir toute la semaine", a-t-elle ajouté.

L'UHSA de Lyon est la première structure d'un programme de neuf hôpitaux-prisons en France, qui devraient accueillir 600 détenus environ d'ici 2012. La seconde devrait ouvrir à Rennes en 2011.

"Il s'agit d'une offre de soins supplémentaire pour les détenus afin qu'ils puissent être soignés s'ils le souhaitent, et pas seulement hospitalisés en urgence lors d'une crise", résume le Dr Pierre Lamothe, médecin-chef du Service médico-psychologique régional (SMPR) de Lyon.

Construite au fond du parc de l'hôpital psychiatrique du Vinatier à Bron (Rhône), cette nouvelle structure pourra accueillir à terme 60 détenus dans trois services: les soins intensifs lors de crises aïgues, une unité de vie collective où se prépare la réinsertion sociale, et une unité de soins individualisés, où seront notamment hospitalisés femmes et mineurs.

A l'extérieur, un mur d'enceinte en béton et une douve, surveillés par des gardiens de prison. A l'intérieur, uniquement du personnel soignant --près de 120 personnes--, pour une médicalisation 24H/24.

Ceux-ci réclament que leur prime de risque de 117 euros soit portée à 234 euros, comme c'est le cas dans les UMD (unités pour malades difficiles).

"Actuellement, quand l'état d'un détenu nécessite une hospitalisation, il est emmené dans un hôpital civil, où il est enfermé dans sa chambre, même si cela ne correspond pas à son état, car il reste détenu", explique le Dr Eve Becache, future responsable de l'une des unités de l'UHSA de Lyon.

"Il n'a donc pas accès aux soins collectifs et les séjours sont souvent courts par crainte d'une évasion. Dans l'UHSA, les détenus auront enfin accès aux mêmes soins que la population civile, avec un projet de soins, et des ateliers ou des repas collectifs thérapeutiques par exemple, même si nous devrons limiter le nombre pour éviter les incidents", détaille-t-elle.

"C'est une vitrine, un gadget, pas une véritable politique sanitaire", dénonce pourtant le Dr Louis Albrand, auteur d'un rapport sur le suicide en prison et coordonnateur d'un collectif pour l'humanisation des prisons et des hôpitaux psychiatriques.

"Sur 60.000 prisonniers, 15.000 environ sont atteints de maladies mentales graves. C'est comme si on soignait un cancéreux sur 25: largement insuffisant", déplore-t-il.

Pour Céline Reimeringer, déléguée de l'Observatoire international des prisons (OIP) en Rhône Alpes, "la situation actuelle s'explique par une défaillance de la psychiatrie publique générale en amont". "Ces unités risquent au contraire de légitimer l'incarcération de malades mentaux qui ne devraient pas être en prison", regrette-elle.

(©AFP / 19 mai 2010)



 
René Roussillon (sous la direction de), Bernard Chouvier (sous la direction de)
La temporalité psychique. Psychanalyse, mémoire et pathologies du temps









Dunod : « Inconscient et culture »,
2007,
172 pages.


Dans la boite à outils du psychanalyste, la temporalité est une variable à usage multiple, d’où la pertinence sur un tel sujet d’un ouvrage collectif dont la polyphonie permet d’en évoquer les divers aspects.

La temporalité apparaît d’abord sous les auspices de la remémoration. Roussillon remarque une simplification du modèle freudien, qui, de trois niveaux en 1896 : perception, représentation de chose, représentation de mots, n’en retient plus que deux par la suite. Le passage de la perception à la représentation de chose, n’est plus, dès lors qu’une affaire d’intensité d’investissement, ce qui permet de faire coïncider le retour à l’hallucinatoire avec la réactivation des traces perceptives. Roussillon propose au contraire de considérer comme structurellement nécessaire l’écart entre trace mnésique perceptive et représentation de chose qui permet, selon lui, de distinguer les deux niveaux possibles d’achoppement de ces processus : entre perception et représentation de chose pourraient se situer l’action du clivage et de la symbolisation primaire, tandis que le refoulement et la symbolisation secondaire seraient caractéristiques de l’articulation entre représentation de chose et représentation de mot.

Après-coup et remémoration ne sauraient, de ce fait, être compris dans une simple relation d’opposition. La reconstruction après-coup n’élimine pas pour autant la question de la reviviscence des traces perceptuelles actualisées dans le transfert. Et d’un oubli en séance qui rappelle le « Boltraffio » de Freud, Scarfone montre comment ces deux aspects doivent trouver à se fondre dans un expérience subjective vécue dans l’ici et maintenant de la séance. Voilà qui lui permet de réintroduire la métaphore musicale, spontanément convoquée par l’affect lorsqu’il se partage entre l’analyste et son patient.

Pour Ciccone et Ferrant, la musicalité de l’affect résonne des échos du temps. La musique, rythme, tempo, harmonie, précisément en cela qu’elle s’adresse directement à l’affect par de là les mots, permet de saisir sur un mode métaphorique les éprouvés et atmosphères propres à certaines évocations en filigrane d’un passé connoté du côté de la nostalgie et de l’objet perdu. Dans une vignette clinique très fine, le travail associatif de l’analyste trouve un point de rencontre inattendu avec les évocations du patient et qui ouvre à une toute autre dimension du déroulement de la cure. La particularité ici repose sur la tonalité de ces évocations partagées entre l’analyste et son patient ; point de rencontre qui permet de nouer dans l’actuel du deuil une reviviscence de souvenirs traumatiques de l’enfance.

Pour Morhain, la temporalité dans la schizophrénie est au contraire un « temps rompu ». Dans le cours de la vie institutionnelle, la rencontre devient surgissement imprévu qui vient rompre la continuité du temps par opposition à la fonction d’enveloppe de la vie institutionnelle dans sa prévisibilité. Elle va permettre de faire scansion dans la répétition alors que le temps schizophrénique est marqué lui par la discontinuité permanente. Le repérage de ces mouvements de la vie institutionnelle partagée avec les patients permet la construction d’une histoire comme trame d’un récit partagé.
Partant de la symbolique des ruines dans la métaphore archéologique utilisée par Freud dans son étude sur la « Gradiva » de Jensen, Chouvier interroge le statut de l’extase mystique dans sa relation au délire mystique. Quelle différence structurelle permet de différencier radicalement l’expérience de Thérèse d’Avila de celle de Madeleine, célèbre patiente de Janet ? Si l’extase, dans sa dimension de passivation extrême, permet par la jouissance masochique de retrouver les voies de l’auto perception d’un monde interne en relation avec l’objet primaire, dans le délire mystique, la toute puissance qui permet de « survoler les lois » s’accompagne de la désorganisation de toute temporalité et toute capacité de jugement du moi. Et si la puissance de l’union avec le divin rend futile toute activité terrestre, l’intensité de cette union reste cependant fluctuante en fonction de l’investissement affectif du délire, lequel commande les comportements « mystiques » de la patiente.

Chouvier relève la fréquence dans l’histoire des grands mystiques des expériences vécues de mort imminente. Ces vécus agonistiques, allant jusqu’à la perte de conscience, le lâcher prise du vivant au profit d’un abandon à la passivation totale permet de retrouver fugitivement, dans un « océan de joie ineffable », la présence l’objet primordial. Abolissant ainsi toute temporalité, le retour de cette expérience est marqué par un prosélytisme qui paraît nécessaire. Transmettre l’expérience devient dès lors l’enjeu de l’existence.

Martin Joubert (octobre 2007)





"Une autre femme"

Des rumeurs laissent penser que Woody Allen a fait 20 ans de psychanalyse. Qui sait si c'est vrai? Il doit pourtant en savoir quelque chose car il a fait un magnifique film, curieusement peu connu, sur les processus en cause lorsque l'on se met à s'écouter - tout comme on le fait en parlant à un psychanalyste. « Une autre femme » (Another woman) est un chef-d'œuvre qui n'a pas pris un ride depuis sa réalisation en 1988. L'héroïne Marion, interprétée par la magnifique Gena Rowlands, entend par hasard par une bouche d'aération défectueuse des séances de psychothérapie dans le cabinet avoisinant. La patiente (Mia Farrow) devient une sorte d'alter ego ou double de Marion. Universitaire un peu hautaine et sèche, elle se met à son tour à rêvasser, à rêver, et des souvenirs ensevelis émergent. Elle se rend compte des priorités de sa vie et découvre ses aspirations oubliées, les fautes commises, des relations délaissées dans le passé. Mettant douloureusement en cause sa vie actuelle, elle vit pourtant une vraie libération. Un film qui fait sentir et comprendre ce qui se passe quand on atteint la pensée latente, inconsciente. Tous les amies et amis à qui j'ai prêté le DVD en étaient bouleversés.






Vous
18/05/2010

Les pères souffrent aussi du baby blues

(REUTERS)

Les mères ne sont pas les seules à connaître le baby blues, un nombre significatif de pères souffrent également de dépression juste avant ou après la naissance d’un enfant, selon une étude américaine publiée mardi.

Environ 10% des pères dans le monde souffrent d’une dépression pré-natale ou post-natale et les pères américains sont dans ce domaine moins bien lotis que leurs homologues d’autres pays, assure l’étude publiée dans un numéro spécial du Journal of the American Medical Association consacré à la santé mentale.

Pas moins de 14% des pères américains connaissent une dépression avant ou après la naissance de leur enfant contre 8,2% au niveau international.

Chez les pères, le baby blues atteint en général son pic entre trois à six mois après la naissance de l’enfant, quand 25,6% des pères sont en proie à un épisode dépressif, selon l’étude menée par le Dr James Paulson de l’Eastern Virginia Medical School.

Le taux de dépression en général chez les hommes sur un an est de 4,8%. L’étude analyse les données de 43 enquêtes réunissant 28.000 participants.

Les mères présentent deux fois plus de risques (24%) que les pères de ressentir un baby-blues. Et comme pour les pères, les dépressions post-natales ont tendance à intervenir durant la période de 3 à 6 mois après les naissances, 42% des femmes affirmant alors être déprimées.

Selon cette étude, si la mère est déprimée, le père le devient souvent.

L’étude appelle à de plus grands efforts pour détecter ces épisodes dépressifs chez les pères «d’autant plus qu’il y a de plus en plus de signes qui montrent qu’une dépression chez le nouveau père a des conséquences émotionnelles et comportementales chez l’enfant».

(Source AFP)




La Roche sur Yon
mercredi 19 mai 2010

Yvan Halimi exporte la psychiatrie en Chine
Le docteur Yvan Halimi avec la directrice de la santé publique de la province de Canton (60 millions d'habitants). Ils tiennent la charte de l'usager en santé mentale. Tout un symbole, car cette charte est un véritable « pacte entre les soignants et les familles des malades ».



La psychiatrie « made in France » s'exporte en Chine. Et c'est un Yonnais, le docteur Yvan Halimi (1), qui en est l'ambassadeur. Il revient d'une mission en Chine.

Entretien

La psychiatrie à la française intéresse les Chinois, qui regardent de près notamment la politique de secteur. Que recouvre cette politique ?

Pour schématiser, c'est considérer que la psychiatrie a des particularités à prendre en compte. Ce n'est pas comme une jambe cassée. On ne peut donc pas organiser les services de psychiatrie comme on le ferait d'un service d'urgence ou de maternité. La psychiatrie ne peut pas être « protocolisée » comme n'importe quelle autre discipline médicale. Un problème psychiatrique suppose, par exemple, d'être accompagné par le même praticien. La sectorisation, ou politique de secteur, c'est donc une organisation qui repose sur une certaine conception du soin et une éthique à part. Les cliniciens, les infirmiers ou les familles sont très attachés à la politique de secteur.

A quand remonte la politique de secteur en France ?

Elle est née après guerre. La Roche-sur-Yon a été pionnière dans ce domaine. L'asile de la Grimaudière, ancêtre de l'hôpital Georges-Mazurelle, a été l'un des premiers établissements français à mettre en place la politique de secteur en faisant tomber, de façon symbolique, les grilles de l'établissement. C'était au début des années 60, dans le prolongement d'une circulaire de 15 mars 1960.

Le modèle est aujourd'hui repris à l'échelle européenne, à travers une sorte de « constitution » de la sectorisation, dont vous êtes l'un des « pères » ?

Les préambules constitutifs ont été écrits le 22 septembre 2005. L'Allemagne a signé ce texte. D'autres pays européens comme l'Italie ou l'Espagne s'apprêtent à la signer.

Est-ce que le modèle de psychiatrie, à l'occidentale, est transposable en Chine ?

Lors de notre visite, nous leur avons dit que cette politique de secteur est le produit d'une très longue histoire. La Chine est un pays immense, avec sa culture. Pour nous, il s'agit de les accompagner dans cette mutation vers la psychiatrie telle que nous la connaissons et la pratiquons. Nous avons été pionniers dans cette approche de la psychiatrie, on a une longue expérience, et c'est ce qui intéresse la Chine. Lors de notre visite, certains responsables nous ont dit la chose suivante : pour les voitures, c'est l'Allemagne ; pour la psychiatrie, c'est vous.

Qu'est ce qui intéresse tant les Chinois dans le modèle psychiatrique français ?

Dans une dédicace signée du vice-président de l'hôpital psychiatrique de Guangzhou, celui-ci a écrit que la psychiatrie américaine, c'est la science et que la psychiatrie française, c'est la science et l'humanité. C'est un bel hommage. Je crois qu'ils attendent de nous qu'on les aide à planifier cette mutation, mais aussi qu'on les aide à former les futurs cliniciens. Les Chinois ont un tel niveau intellectuel et culturel que ça pourrait aller très vite. On sent que toute la société chinoise change en profondeur, son regard sur les malades est en train de changer. La psychiatrie moderne émerge en Chine avec une approche très pragmatique. Mais il est évident que ça ne se fera pas du jour au lendemain.

Là-bas, vous avez également présenté la Charte de l'usager en santé mentale. Que représente-t-elle ?

Elle est essentielle. C'est un véritable pacte entre les soignants et les familles des malades. Elle instaure un climat de confiance réciproque entre les malades et les professionnels. C'est autour de ce lien que peuvent se mettre en place des soins de qualité. Et puis, si elle est aussi indispensable, c'est parce qu'il ne faut pas oublier que la psychiatrie est la seule discipline qui peut impliquer une restriction des libertés individuelles. C'est un pouvoir considérable. Il faut en avoir pleinement conscience.

Recueilli par Philippe ECALLE.

samedi 15 mai 2010

LES LIVRES DE PSYCHANALYSE

MERCREDI 12 MAI 2010

L'AUTRE MÉCHANT. Six cas cliniques commentés.
sous la direction de Jacques-Alain MILLER









Editeur : Navarin
Collection : La bibliothèque lacanienne (4)
Prix : 14,50 €


Sous ce titre faisant écho à la persécution, six psychanalystes explorent les multiples visages de l’Autre méchant : discrets ou tonitruants, depuis la menace diffuse, en suspension dans le monde, toujours prête à surgir, jusqu’à l’incarnation de la malveillance dans le rapport à autrui, multiple ou unique. La phénoménologie de la persécution s’en trouve enrichie.
Au fil de la discussion, le lecteur découvre une grande diversité de style dans les positions adoptées par les psychanalystes qui témoignent ici de leur pratique. Chacun y démontre qu’il invente un savoir-faire sur mesure avec chaque patient.
La Conversation s’est déroulée sur un fond clinique fondamental, celui de « la grande noblesse de la paranoïa », la paranoïa comme désignant l’état natif du sujet, selon l’expression de Lacan. La méchanceté est attachée à la chaîne signifiante comme telle. Juste à parler, les sous-entendus apparaissent et laissent supposer la malveillance de l’Autre…


LES LIVRES DE PSYCHANALYSE

MERCREDI 12 MAI 2010

Lettre de l'inconscient

FIGURES DE LA PSYCHANALYSE (Logos Anankè) n°19
















Parution : juin 2010
Editions : Erès
Prix : 25 €




Coordination : Gisele CHABOUDEZ - Olivier DOUVILLE

Ont participé à ce numéro : Paul-laurent ASSOUN - Anne CARPENTIER - Magali CHETRIT - Frederic DE RIVOYRE - Alain DIDIER-WEILL - Marcel DRACH - Isabel FORTES - Brigitte HAIE - Luis IZCOVICH - Max KHON - Philippe KONG - Brigitte LALVEE - Michel LEVERRIER - Martine MENES - Dominique NOEL - Caroline PELABON - Frederic PELLION - Claude-noele PICKMANN - Marie TERRAL-VIDAL - Monique TRICOT -

L'inconscient forme des lettres. Découvrir que le rêve est écrit, avec la condensation et le déplacement, permit à Freud d'inventer la psychanalyse. Savoir déchiffrer ces lettres dans les rêves, les symptômes et les lapsus fait partie de ce qu'un analyste apprend en le devenant, puisqu'il l'a appris de son analyse. Il s'y rompt comme à une langue nouvelle qui ne se parlerait pas, pas plus que le discours sans parole qui est devenu le sien. L'ordinaire de l'analyse trouve la source la plus sûre des pensées de l'inconscient dans ses formations, c'est là qu'elle convoque son sujet, jusqu'à l'être du fantasme. Pourtant le chiffrage des formations de l'inconscient n'est pas fait pour être lu, même s'il fait sens. Quelle est dès lors sa fonction, et quel usage une analyse en fait-elle ?





Deleuze et l'anti-Oedipe. La production du désir

Résumé : Une lecture de l' "Anti-Œdipe" dans un horizon marxiste. Une tentative audacieuse qui laisse cependant échapper la singularité de cet ouvrage.

Le philosophe Guillaume Sibertin-Blanc vient de publier aux PUF, dans la collection "Philosophies", l’un des premiers ouvrages en français entièrement consacrés à la lecture de L’Anti-Œdipe de Deleuze et Guattari  . On s’étonnera d’emblée de l’absence, dans le titre, du nom de Félix Guattari. Ne pouvant mettre en doute les compétences de l’auteur, grand connaisseur de l’œuvre des deux penseurs, on pourrait peut-être attribuer la responsabilité de cet "oubli" (malheureusement bien trop fréquent) à la politique marketing de la maison d’édition, qui a dû juger la référence à Guattari inadaptée pour un livre qui s’adresse essentiellement à de "vrais" philosophes.

Dès l’introduction, Guillaume Sibertin-Blanc se propose de rendre compte de la singularité de cet ouvrage et s’oppose aux interprétations qui y ont lu "un romantisme du désir pur, un spontanéisme anarchique et inconséquent, une exaltation lyrique et hasardeuse de la schizophrénie, un style savoureux et agaçant affranchis des normes académiques de l’exposition théorique, sinon de toute règle élémentaire d’une argumentation rationnelle. À l’encontre de tout "deleuzisme" ou "nietzschéisme", Sibertin-Blanc choisit résolument de lire L’Anti-Œdipe comme un développement de l’héritage marxiste qui, au-delà de la psychanalyse freudienne et lacanienne, vise à fonder un "champ analytique matérialiste". Cette option interprétative, qui a le mérite de dépasser la simple exégèse, s’oriente vers une authentique tentative de "traduction" du langage deleuzo-guattarien dans le champ conceptuel et lexical d’un post-marxisme qu’on pourrait d’ailleurs juger comme très archaïque, dans sa prétendue nouveauté. Il sera donc question dans tout l’ouvrage de "lutte de classe", de "structure complexe à dominante", d’ "accumulation primitive", de "prolétariat" et de "classe ouvrière" et surtout du "matérialisme historique" (qui serait le "contexte doctrinal" choisi par un Deleuze qui aurait enfin abandonné son nietzschéisme). Les références bibliographiques de l’ouvrage se limitent ainsi presque exclusivement à Marx et Althusser, dans une surprenante entreprise d’uniformisation et de réduction des sources multiples de L’Anti-Œdipe, qui ne se réduisent ni à la philosophie (encore moins au marxisme orthodoxe), ni à la psychanalyse, mais qui se situent très souvent dans la littérature et les arts (Henry Miller, Maurice Blanchot, Antonin Artaud, Samuel Beckett, Marcel Proust, pour ne citer que quelques noms).

Bien que très audacieuse, la tentative de Sibertin-Blanc échoue à notre avis à saisir la singularité de cet étrange livre de philosophie : si cet ouvrage si controversé a un réel intérêt pour la pensée et la politique et s’il reste encore actuel aujourd’hui, presque quarante ans après sa publication, c’est justement parce que son "multilinguisme" interne continue de se soustraire au "monoliguisme" des discours philosophiques et politiques dominants.

Familialisme, capitalisme et œdipianisation de la subjectivité

Deleuze et L’Anti-Œdipe présente cependant beaucoup de points forts et de qualités. Sibertin-Blanc analyse la structure profonde de L’Anti-Œdipe, dont la complexité déconcerte souvent le lecteur, en montrant que son agencement théorique noue trois lignes de questionnement différentes mais coexistantes : une critique de la psychanalyse et de l’ "œdipianisation" de l’inconscient, une critique du code familialiste dans ses implications sociales et politiques et une critique politique des devenirs du capitalisme et des modes de subjectivation qu’il produit chez les individus et les groupes à la fois. L’importance centrale accordée par Freud et ses successeurs au complexe d’Œdipe produit une intériorisation du codage familialiste dans la théorie et la pratique psychanalytiques : grâce à l’institutionnalisation croissante des schèmes interprétatifs psychanalytiques, Œdipe s’étend progressivement dans l’ordre institutionnel, social et politique, jusqu’à produire une œdipianisation généralisée de la subjectivité capitalistique.

Titre du livre : Deleuze et l'anti-Oedipe. La production du désir
Auteur : Guillaume Sibertin-Blanc
Éditeur : Presses universitaires de France (PUF)
Collection : Philosophies
Date de publication : 20/01/10
N° ISBN : 2130569013




Les femmes réclament la loi contre les violences à leur égard

Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer l’adoption par le Sénat de la proposition de loi contre les violences faites aux femmes, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Le réseau associatif Osez le féminisme a rappelé que« le gouvernement s’est engagé à ce que cette loi soit adoptée avant l’été et que ces dispositions soient rapidement mises en place ».

Le réseau, créé en 2009, s’est étonné que l’ordre du jour du Sénat, fixé jusqu’au 17 juin ne mentionne pas la proposition de loi. Le même jour, la présidente du groupe communiste et du parti de gauche, Nicole Borvo Cohen-Seat, avait appuyé leur appel demandant l’inscription de la proposition à l’agenda du Sénat. La secrétaire d’État chargée de la Famille, Nadine Morano, vient, à son tour, d’affirmer : « Les faits nous démontrent qu’il y a urgence. »

Dans un communiqué, elle précise qu’elle a téléphoné au président du Sénat, Gérard Larcher, et au ministre chargé des relations avec le Parlement, Henri de Raincourt, afin de faire aboutir sa demande. Elle rappelle qu’une femme, dans l’Ain, vient encore de mourir à la suite de violences conjugales et que la lutte contre ce type de violences a été déclarée grande cause nationale 2010.

En France, une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les 2 jours et demi et 75 000 femmes sont violées chaque année selon le rapport 2009 de l’Office national de la délinquance. La proposition de loi devrait être examinée en avril au Sénat avant d’être adoptée en juin.

Dr L. A.

Quotimed.com, le 12/05/2010






Un beau paquet-cadeau : Onfray, Mijolla, Van Rillaer & Co.

12 Mai 2010

Par Anthony Ballenato

Alain de Mijolla admet volontiers fuir les polémiques. Malheureusement, il s’est retrouvé servi comme jamais avec la sortie quasi concomitante de son almanach Freud et la France (P.U.F.) et du brûlot de Michel Onfray – Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne (Grasset). Lancée telle une formidable machine de guerre par Grasset et Le Point, on redoutait que notre bon Alain ne finisse sous les roues de la bête du fast-food à penser…

A la soupe des débats de qualité

Mijolla offrait pourtant les garanties d’un débat de qualité: bienheureux et par-dessus tout mémorialiste affable du mouvement freudien ne maîtrisant ni les débats historiques, ni historiographiques, il n’en fallait pas plus pour noyer le poisson de la polémique. Une bien bonne solution de remplacement donc pour le valeureux bougon qui refusait de débattre avec la «stalinienne des beaux quartiers parisiens» (CQFD : Elisabeth Roudinesco) dont la confrontation risquait d’être autrement plus périlleuse.

Mazette ! Mais à quel débat n’avons-nous pas dû assister!

Se définissant lui-même dans son ouvrage Freud et la France, paru aux P.U.F., comme « un montreur de marionnettes » (p.1), notre psychanalyste-chroniqueur s’est retrouvé assigné à la place du guignol. Après une réplique tiède et passablement argumentée offerte à Onfray dans Lire, s’en est suivie la grandiose émission de François Busnel qui demeurera longtemps dans les mémoires comme un échange intellectuel à l’état de congélation.

Aux côtés d’Alain de Mijolla, une consœur discrète quoiqu’assez gentiment pugnace,  Anne Millet, dont les attaques les plus féroces visent Lacan (?!). Et les trois auteurs affabulateurs – comment ça ils ne sont pas trois ? – Mais oui, ils sont bien trois : les cerveaux de l’affaire, « Cervelet et Cervelas », duo le plus comique de l’histoire des Freud Wars alias Jacques Van Rillaer et Mikkel Borch-Jacobsen (suivi de pas très loin par Esteve Freixa i Baqué) – qui n’avaient déjà pas pu sauver, à l’époque, le soldat Bénesteau et ont assisté impuissants au naufrage du Livre Noir – et bien sûr, leur scribe et porte-voix, Michel Onfray. Ce trio magique aura réussi le tour de force de battre les critiques américains à plate couture et toutes catégories confondues (puritains, scientistes etc.) par leurs outrances et leurs insanités.

Vociférant tour à tour inepties après inepties devant un Mijolla quasi impassible, le téléspectateur a pu légitimement se demander s’il n’était devant un spectacle de cirque comique ou devant la représentation d’un drame absurde écrit par un auteur raté.

Un des angles d’attaques favoris de nos auteurs-acolytes est de systématiquement remettre en cause la scientificité de la psychanalyse pour mieux faire plébisciter, par l’opinion publique, les séances de dressage inspirées de l’éthologie et du réapprentissage cognitif et surtout, de reléguer de façon définitive la psychanalyse au rang d’épiphénomène de la modernité littéraire et son organisation rationnelle à un ésotérisme macabre.

L’accouplement de l’hédonisme solaire (Onfray) et des sciences du comportement (Van Rillaer et Borch-Jacobsen) en a surpris plus d’un. Pourtant, on aura maintenant bien compris, tous deux constituent le fondement le plus effroyable de ce paradigme culturel et mental de nos sociétés libérales-marchandes contemporaines : vivre, consommer et jouir dans le contrôle absolu et l’asservissement volontaire. Comment, devant cette orthopédie du corps et des âmes, ne pas songer au propos magistral de Georges Canguilhem – divo, s’il en est – et de leur formidable résonance aujourd’hui : "philosophie sans rigueur, éthique sans exigence, médecine sans contrôle". [1]

Bref, autant dire que si Mijolla sert la soupe, on va y aller gaiement…Mais comment? Vous ne saviez pas que la psychanalyse s’implantait exclusivement par la voie littéraire grâce « aux gens de fiction»? Et bien maintenant vous êtes un téléspectateur des plus avertis.

Dommage que notre « historien de service » - ce qu’il n’est pas - également médecin-psychiatre, n’ait pas songé qu’une implantation de la psychanalyse reposait tout autant sur sa propagation à l’intérieur de l’univers littéraire que médical et que ce n’est qu’à l’aune de cet équilibre que la psychanalyse peut exister, en tant que pratique thérapeutique et humanité, au risque de refluer. On ne saurait oublier que pour nombre de médecins, notamment aux Etats-Unis, la psychanalyse a servi à refonder une psychiatrie organiciste moribonde et que par la suite seuls les docteurs en  médecine étaient autorisés à pratiquer les cures.

De l’histoire faite le dimanche

Et qu’en est-il précisément de l’homme Freud? « Mystificateur, avare, menteur, pervers, cocaïnomane». Le nihiliste en guenilles de la pensée nous fait maintenant œuvre de morale. Amen. Et quel gai savoir! Après la confession, donnera-t-il l’absolution?  A bien des égards cette façon de faire rappelle l’horrible psychobiographie de Michel Foucault par James Miller, grand spécialiste des vies examinées – si chères aux évangélistes.

Qu’à cela ne tienne, et même si « chez Freud, il y a pleins d’incestes, symboliques, métaphoriques, allégoriques ou réels » comme dit Onfray, « y’a pas de grand homme pour ses valets de chambre » pour Mijolla! Le téléspectateur a pu croire, l’espace d’un instant, manquer d’oxygène.

Mais il y a mieux encore. Incapable de mettre bon ordre à cette rumeur incestueuse, Mijolla se félicite que Freud ait pu avoir des relations sexuelles, quand bien même eussent-elles été avec sa belle-sœur. L’ennui est qu’il oubli qu’il s’agit d’une rumeur propagée par Jung, reprise par l’école révisionniste américaine, et remise au goût du jour par Onfray, Van Rillaer et Borch-Jacobsen. On attend toujours patiemment les preuves crédibles du forfait…

Transi d’effroi, le téléspectateur qui a depuis longtemps acheté le Freud et la France et se décide, à l’issue de l’émission, à enlever la cellophane pour feuilleter l’ouvrage, aurait été bien plus inspiré de prendre un benzodiazépine et d’aller se coucher.

Si l’éphéméride a des qualités, son auteur perpétue la tradition des médecins-historiens : le plus souvent correct mais n’apportant aucune information nouvelle et ne reposant sur aucune archives de première main [2], il brille surtout par une absence totale d’analyses structurées sur le mouvement de l’histoire racontée et son appareillage critique est des plus dépouillés. Sous la plume de Mijolla, l’histoire devient donc une compilation d’anecdotes circonstanciées.

En outre, le postulat de Mijolla, qui est de laisser au lecteur le soin de « se faire une idée personnelle en dehors des jugements ou des impressions dont (il) l’entoure ou qu’(il) adjoint» (p.3), est une véritable aberration méthodologique et intellectuelle. A moins de faire jouer l’opinion contre le savoir, comment Mijolla peut-il sérieusement imaginer que le lecteur puisse se faire le moindre avis décent devant un tel empilement relativiste?

Evidemment, le bât blesse cruellement à mesure qu’on se rapproche des moments critiques de cette histoire et notamment de la période nazie et de la Seconde Guerre mondiale: rien sur les relations entre Jones, Freud et Eitingon et rien non plus sur le conflit qui les oppose à propos des rapports avec le nazisme dans les années 1930. Concernant la France, la période se résume à un moment de souffrance pour les Français, privés de charbon et de nourriture. On n’est pourtant pas arrivé au bout de nos peines…voilà qu’arrive le cas Georges Mauco (1899-1988).

Mauco ou le « mauvais coin » de l’histoire

Dans le superbe dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas-Adour dirigée par la linguiste Bénédicte Boyre-Fénie, on apprend que le mau còrn désigne un "mauvais coin, un mauvais endroit ».  Autrement dit, le « mauco » est toujours un lieu à défricher… [3]

Docteur en géographie, démographe des flux migratoires et pédagogue, fervent raciste et antisémite, Georges Mauco aura été le seul psychanalyste français à avoir collaboré de façon active par des textes d’inspiration nazie et à témoigner du « péril juif ». Il est également collaborateur de la revue L’ethnie française dirigé par Georges Montandon – à propos de qui Mijolla ne nous dit pas un seul mot (p.845). Africaniste, rejeton intellectuel de Vacher de Lapouge, Montandon est l’un des grands animateurs du racisme scientifique à la française : « expert ethnoracial auprès de Xavier Vallat en 1941 au Commissariat aux affaires juives puis à partir de 1943 directeur de l'Institut d'études des questions juives et ethnoraciales (IEQJER) » [4] 

Echappant à l’épuration de l’Après-guerre, Mauco réussit encore à passer entre les mailles du filet lorsqu’il se fait nommer en 1945 à la tête du haut Comité de la population et de la famille par le Général de Gaulle. A partir de cette date, Mauco enterre son passé collaborationniste et, tout en continuant ses études démographiques « normalisées », embrasse comme jamais la cause des enfants handicapés et des carencés affectifs. Quand il publie son autobiographie apologétique en 1982, c’est à Françoise Dolto qu’il demande de rédiger la préface dans laquelle on peut lire, entre autres choses, que Mauco avait résisté aux nazis et qu’il était le chantre de la dignité humaine. En somme, on n’avait pas pu faire homme plus honnête [5]. Dolto, qui ne connaît aucune haine, était passée à coté…

En adoptant sa méthode de présentation des faits, Mijolla obtient des résultats des plus stupéfiants. Ainsi, en vient on à lire sous sa plume « De fait, et nous le remarquerons encore davantage durant les années d’occupation, c’est presque un acte de bonne volonté à l’égard des Juifs (sic), que cette organisation de  « camps » est promue, mais on ignore encore le sens que ce mot prendra. Leur bénéfice est double : éviter que les étrangers - car ce n’est que des « étrangers », qu’il s’agit -, viennent illégalement en France et se retrouvent dans des situations très précaires (ayant fui les campagnes et les villes en n’emportant que le minimum d’affaires), et dans le même souffle préserver les Juifs qui sont déjà installés en France de cet afflux abusif. Il ne faut pas oublier que cette période est caractérisée par une relative fermeture du milieu juif à l’arrivé des émigrés » (p.720). Voilà donc comment la question de la crise des réfugiés Juifs, fuyant les pogroms et les régimes d’extrême-droite d’Europe centrale, en France pendant les années trente se voit traitée et résumée.

En outre, Mijolla laisse penser qu’on pourrait prendre l’autobiographie de Mauco comme une source entièrement valable – ce qu’elle n’est évidemment pas puisque Mauco se reconstruit un passé de résistant alors qu’il n’a rejoint le groupe FFI Foch-Liautey qu’en janvier 1944 et participé plus tard à la libération du quartier d’Auteuil.[6] Le problème du traitement de cette source autobiographie est tel que Mijolla se laisse guider par les propos de Mauco  au point de remettre en cause les analyses de Roudinesco et de Weil sur la paternité du fameux texte de 1942 et de se demander « Est-ce de la plume de Georges Mauco ou de celle de Georges Montandon ? (p.845).[7] Patrick Weil est pourtant formel: « il (Mauco) ne fut corrigé par Montandon que sur un point : il substitua à Israélite le mot “Juif’’». [8]

Le postulat historiographique d’Alain de Mijolla est caractéristique des errements des psychanalystes face à leur histoire : une absence d’analyses critiques, raisonnées et cohérentes. Car aujourd’hui, avec la publication du brûlot d’Onfray, les psychanalystes en sont venus à considérer qu’il vaut mieux défendre la psychanalyse que Freud et ce au détriment de toute vérité historique, comme l’ont encore récemment démontré Pierre-Henri Castel et Philippe Grimbert. [9]

Reste à savoir, au demeurant, si ces psychanalystes, sous couvert de pseudo considérations épistémologiques et historiques, estiment que Freud est bien le « menteur, affabulateur, destructeur des traces de ses forfaits, cocaïnomane dépressif errant doctrinalement pendant plus d'une décennie, à l'origine de la mort de son ami Fleischl-Marxow, destructeur du visage d'Emma Eckstein avec l'aide de son ami Fliess, onaniste, obsédé par le sexe de sa mère, extrapolant sa pathologie œdipienne à la planète entière, incestueux, couchant avec sa belle-sœur (…) sacrifiant à l'occultisme et au spiritisme, pratiquant des rites de conjuration contre le mauvais sort, croyant à la télépathie, féru de numérologie » qu’affabulent Onfray, Borch-Jacobsen et Van Rillaer.[10] A ce jour, ils n’ont toujours pas répondu à la question et on se demande surtout ce que Mijolla peut bien en penser.

Quoi qu’il en soit, on ne pourrait leur tenir trop grief de ce manque de conscience historique puisque ce phénomène est relativement endémique dans les corporations, sociétés, écoles, etc.  Encore que contrairement à d’autres organisations, on pourra peut-être s’interroger sur cette attitude qui consiste à sacrifier sur l’autel du populisme intellectuel le plus désinvolte, la figure historique de leur mouvement au détriment de toute raison et de toute rationalité.

Michel Onfray a dit à quel point il trouvait l’ouvrage Freud et la France excellent. Comme on le comprend. Mijolla peut donc se rassurer. Selon son souhait, il aura effectivement évité l’écueil d’écrire un  « pamphlet polémique »…Tout autant qu’un « écrit historique ». Car il semble bien que pour Mijolla les aspérités de l’histoire soient comme les caravanes qui passent. Il faut laisser les chiens aboyer.

Anthony Ballenato

[1] Conférence prononcée le 18 décembre 1958 au Collège philosophique à Paris. Georges Canguilhem,   « Qu’est ce que la  psychologie ? », Revue de Métaphysique et de Morale, n°1, 1958. Disponible en ligne : http://www.psychanalyse.lu/articles/CanguilhemPsychologie.htmhttp://www.psychanalyse.lu/articles/CanguilhemPsychologie.htm

[2] A l’exception de quelques fragments dont les références ne sont pas même indiquées.

[3] Bénédicte Boyrie-Fénié, Dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas-Adour, éd. CAIRN, Pau, 2005, p.50.

[4] «Mauco, expert en immigration : ethnoracisme pratique et antisémitisme fielleux », note 17, p.7, http://bit.ly/ajuKsqhttp://bit.ly/ajuKsq , site de Patrick Weil – historien, Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Yale Law School, Yale University – ou in L’antisémitisme de plume 1940-1944, études et documents, dir. Pierre-André Taguieff, Paris, Berg International Editeurs, 1999, p. 267-276.

[5] Georges Mauco, Vécu, Paris, Emile-Paul, 1982.

[6] Patrick Weil, op.cit, p.7

[7] «L’immigration étrangère en France et le problème des réfugiés », L’ethnie française, Mars 1942 – Mauco accuse Montandon d’en avoir fait un article « raciste » dans son autobiographie.
[8] P.Weil, op.cit, p.7 et Elisabeth Roudinesco, « Georges Mauco (1899-1988) : un psychanalyste au service de Vichy. De l’antisémitisme  à la psychopédagogie», L’Infini, 51, automne 1995.

[9] Emission « Le téléphone sonne », France Inter du mardi 4 mai 2005.

[10] « Onfray répond à BHL » in Le Point, 6 mai 2010.




Chronique d'abonnés

Lettre ouverte à Michel Onfray

par Gerard Haddad

10.05.10

Cher Michel Onfray,

J'ignore si mon nom vous dit quelque chose, et sans doute ne m'avez-vous jamais lu.

J'ai par contre, il y a quelque temps, lu, avec sympathie, un de vos livres. Vous y racontiez ce vœu de votre père, agriculteur, de voir le pôle Nord, et ce vœu, avec un amour filial, vous l'avez exaucé quand vos finances vous l'ont permis. J'ai trouvé à ce souvenir, pardonnez-moi, un parfum freudien. Je crois en effet que, dans votre étude approfondie de l'œuvre de Freud, quelque chose d'essentiel vous a échappé. C'est que cette œuvre est tout entière construite autour de l'amour du père, amour premier. Je vous renvoie au chapitre 7 de son œuvre, Psychologie des groupes. Le même Freud avait depuis longtemps énoncé cette vérité vérifiable, que j'ai en tout cas vérifiée dans mon existence, la mort du père est sans doute la plus grande douleur qu'un homme peut éprouver.

J'ai longtemps hésité avant de me mêler à cette avalanche de réactions que votre dernier livre a suscitées. Et puis, je me décide, parce que trop c'est trop et qu'il n'est pas forcément vrai que tout ce qui est excessif ne compte pas.

La place manque pour traiter des différents points que vous soulevez. Je me contenterai d'une remarque et d'une objection.

J'ai été analysé par l'analyste alors le plus cher de Paris, Jacques Lacan, et les 200 F de ma séance de l'année 1981 ne peuvent en aucun cas se comparer à ces 450 € que vous agitez comme la preuve de je ne sais quel crime. Qui pourrait en effet payer sa cure au tarif de 10 000 euros par mois ? Votre calculette a dû connaître un sérieux bug.

Vous agitez aussi les 700 pages de votre lettre comme preuve du sérieux de votre travail. Je ne ferai pas l'injure à un épistémologue de votre qualité de souligner la nullité d'un argument qui pèserait la vérité au poids de pages, quand, face à ces 700 pages se dressent des milliers d'autres, tout aussi sérieuses et documentées.

Mais laissons tout cela pour en venir à ce que je considère comme l'essentiel, et dont il n'a pas assez fait état. L'essentiel tient en cette question concrète, pratique : la psychanalyse sert-elle à quelque chose ? A-t-elle, oui ou non, allégé le fardeau des hommes ?

Depuis Freud, des millions d'hommes et de femmes ont fait une analyse, et comme vous, ont étudié sérieusement la pensée de Freud. Je pense en particulier à des témoins qui n'appartiennent pas à la profession. Je pense à Thomas Mann, je pense à Schnitzler, aux 2 Zweig, Arnold et Stephan, voire à Einstein qui n'a pas jugé indigne de débattre avec Freud. Mais je pense surtout à tous ceux qui ont témoigné du profit qu'ils ont tiré de leur analyse.

Ainsi Georges Bataille, à qui l'on demanda un jour, dans une émission radiophonique, plus tard transcrite, son opinion sur la psychanalyse, et s'il ne pensait pas que sa créativité aurait été détruite s'il avait entrepris une cure. À quoi Georges Bataille répondit,  je cite de mémoire, qu'il n'aurait jamais écrit une ligne s'il n'avait pas fait une analyse ? Que pensez-vous de ces témoignages ? Des affabulations ? Des béquilles accrochées dans la grotte de Lourdes ?

Vous avez récemment fait à B.H.L. un curieux reproche, celui de ne pas avoir lu vos livres, alors qu'il publie dans la même maison d'édition que vous. Il se trouve que d'autres auteurs publient chez le même éditeur que vous et dont le témoignage aurait pu, aurait dû, vous intéresser. Je pense à ce livre de Marie Cardinal, les mots pour le dire, où cet auteur témoigne de ce fait, que la psychanalyse lui a sauvé la vie. Un effet placebo ?

Vous auriez pu lire, chez le même éditeur, un autre auteur. Excusez-moi de le citer puisqu'il s'agit de moi. Vous pourriez y lire le récit sans concession de ma propre cure, avec les honoraires payés, la durée des séances, etc. Je dois à cette cure tout ce que je suis aujourd'hui, c'est-à-dire quelqu'un qui considère, à l'automne de sa vie, que cette vie valait la peine d'être vécue. Encore une béquille accrochée dans la grotte de Lourdes ? À ce niveau d'analyse, qui délire ?

En vous écoutant l'autre jour - cet incroyable succès médiatique ne vous fait-il pas dresser un peu l'oreille ? — avec l'aplomb et le sourire narquois de la certitude que vous affichez, j'ai pensé qu'une telle attitude relève de trois possibilités : soit celle du chercheur qui, après de difficiles travaux, fait une découverte et qui déclare E = mc2 par exemple ;  ou bien celle de l'homme qui, tel Saint-Paul sur le chemin de Damas, découvre la foi ; ou bien enfin celle du paranoïaque pour qui soudain tout fait sens dans le complot qu'il découvre.  Je ne sais de laquelle des trois catégories vous relevez.

En tout cas, il faut que vous sachiez ce que votre discours signifie. À ces millions de gens qui doivent quelque chose à Freud et à ses disciples, vous leur avez craché au visage. Et de cela vous je ne peux vous acquitter.

Il est vrai que vous êtes coutumier du fait. Vous avez depuis longtemps craché au visage des millions d'hommes pour qui la foi en Dieu n'est pas qu'un opium. Bernanos aurait dit de vous que vous avez déshonoré l'athéisme.

Vous avez aussi craché au visage de ces vénérables personnes, comme Herman Cohen ou Leibowitz, qui considéraient Kant comme une des plus grandes merveilles que l'intelligence humaine a produites pour vous Kant est le précurseur d'Eichmann le nazi.

Soyons clairs. Vous m'impressionnez ! Profitant de la vertigineuse inculture de notre temps,  vous avez trouvé le truc qui marche, celui de démolir tous les piliers de notre civilisation. Vous devriez lire,  chez notre commun éditeur, mon essai Les Biblioclastes, les destructeurs de culture. Serez-vous l'un d'entre eux ? Vous verrez où ça mène.

En tout cas, dans cette affaire, ce n'est pas tant votre personne qui me paraît le plus symptomatique, mais l'audience que l'on vous accorde et qui est comme une marque d'infamie sur le front de cette culture que nous partageons.
Bien à vous
Psychiatrie : Marseille joue à domicile
[12 mai 2010]

Selon l’Assistance publique Hôpitaux de Marseille (AP-HM), « l’hospitalisation de patients en détresse dans une unité de psychiatrie n’est pas toujours adaptée ». Le Pôle universitaire de l’AP-HM vient ainsi de lancer une expérience de prise en charge à domicile.

Une équipe mobile composée d’un médecin et d’un infirmier se rend chez le patient. L’objectif est de trouver des solutions adaptées à chaque patient, en concertation avec les familles. Et si possible, de proposer une alternative à l’hospitalisation.

Désemparées face aux troubles d’un proche, les familles peuvent donc désormais contacter directement l’équipe spécialisée de l’Unité locale d’Intervention de Crise et d’Evaluation (ULICE). Après une évaluation téléphonique du degré d’urgence et de la pertinence de l’intervention, l’équipe se rendra si nécessaire au domicile du patient Formés aux thérapies familiales, ces professionnels proposent une prise en charge intensive et à domicile, sur une durée limitée de deux mois maximum. Cette activité se développe en réseau, en collaboration avec les associations d’usagers, les structures sanitaires existantes et les services municipaux.

Source : Réseau CHU, 20 avril 2010
Nogent – Le Perreux : du moyen-âge à 1830

 Sans remonter jusqu’à la préhistoire même si quelques vestiges du néolithique ont pu être découverts ici ou là lors de fouilles, l’existence d’un village en place des actuelles villes de Nogent sur Marne et Le Perreux sur Marne, qui ne formaient qu’une commune jusqu’en 1887,  remonte à fort longtemps. Quelques historiens affirment même que le site a accueilli le château de Chilpéric 1er (539-584).

Des résidences royales

A partir du IXème siècle, le site devient le fief de l’Abbaye des Bénédictins de Saint-Maur. Et à la fin du XIIème siècle, Louis VII ordonne la construction du Château de Vincennes, dont les domaines de chasse (le bois de Vincennes) s’étendent jusqu’à Nogent. Deux  châteaux de seigneurs sont construits au XIIIème et XIVème siècle : Plaisance (près de la rue qui porte son nom) et Beauté (en place de l’actuel Pavillon Baltard). A la fin du XIVème siècle, Charles V, qui  cherche un site un peu à l’écart de sa résidence du Château de Vincennes, rachète les deux. Il y recevra l’empereur d’Allemagne avant d’y mourir en 1380. En 1448, c’est son petit-fils, Charles VII, qui offre le manoir de Beauté à sa favorite,  Agnès Sorel (qui en tirera son nom de dame de Beauté et y donnera naissance à sa troisième fille, Jeanne de Valois, en 1448). Le manoir de Beauté tombe ensuite en ruine pour être finalement rasé au début du XVIIème siècle. Le manoir de Plaisance, et celui, érigé à la même époque, du Perreux traversent la révolution sans coup férir mais seront finalement détruits au XXème siècle pour accueillir des habitations.

Les premières villas du coteau
Avant la révolution, la commune compte un petit millier d’habitants et quelques 200 habitations. L’activité repose sur l’agriculture, notamment des vignes en raison du sol pierreux, ainsi que l’artisanat et la domesticité.  Les bords de Marne et la proximité de Paris attirent également quelques riches familles qui s’y font construire une résidence secondaire. On compte ainsi environ une vingtaine de belles demeures, essentiellement positionnées sur l’actuel côté pair de la Grande Rue, avec des jardins descendant vers la Marne, le long du coteau. Deux sites témoignent encore aujourd’hui de cette époque : le Carré des Coignard (qui héberge le conservatoire de Nogent sur Marne) et les anciennes maisons des Smith-Champion rue Charles VII (réunies en un domaine unique qui abrite la maison de retraite des artistes et la maison d’art Bernard Anthonioz).

(Suite et bibliographie détaillée dans un prochain billet)
Voir aussi le site très complet de Yves Vergez
Et visiter les Archives de Nogent





Peggy Sastre, No sex. Avoir envie de ne pas faire l’amour









La Musardine,
13 euros.
ISBN-10 : 2842713923


Il y a encore peu de temps, la disette sexuelle n’était pas jugée négativement. Au contraire : haro sur les fornicateurs, les masturbateurs, sur tous ceux qui séparaient sexe et procréation. Si la révolution sexuelle peut avoir quelques ratés, son influence ne fait aucun doute sur un point précis : désormais, c’est une libido faible, voire inexistante, que l’on montre du doigt. Manifester un goût peu prononcé pour la chose prend des allures de tare à soigner. Au centre du soupçon, une poignée d’individus se revendiquant asexuels et qui, autour du site Internet asexuality.org, conquiert peu à peu une visibilité sociale et médiatique. Pour quelles raisons peut-on être dépourvu de libido ? L’asexualité est-elle une autre de ces modes made in USA ou l’expression d’une profonde mutation de notre société ? Faut-il obligatoirement avoir envie de faire l’amour ? C’est ici que commence la passionnante enquête historique, sociologique et scientifique que Peggy Sastre a choisi de mener. Avec un unique préjugé : l’asexualité n’a rien d’une maladie.

http://www.lamusardine.com/

mercredi 12 mai 2010







SOCIÉTÉ


11/05/2010


Mi-peine pour les «demi-fous» ?


Pour améliorer le sort des détenus malades mentaux, nombreux en prison alors qu'elle ne leur est souvent pas adaptée, des sénateurs proposent un allègement systématique de leur peine.










PAR SONYA FAURE


Des sénateurs ont aujourd’hui rendu public un rapport sur les malades mentaux en prison. Parmi leurs propositions pour limiter leur nombre en détention et améliorer leur prise en charge pendant et après leur passage en prison, ils proposent un allègement systématique de la peine pour les malades mentaux jugés responsables de leurs actes. Explications.

10% DES DÉTENUS ONT DE GRAVES TROUBLES MENTAUX

Un détenu sur dix – soit 6000 personnes – souffrirait de schizophrénie ou d’autres formes de psychoses, selon le rapport du Sénat, présenté ce mardi. Le chiffre est inférieur à celui qui revient régulièrement dans les discours (le plus souvent 25% de troubles mentaux graves, 60% si on y ajoute les dépressions et troubles psychosomatiques). Mais il est, selon les sénateurs, encore bien trop élevé: «Il existe une proportion importante de personnes aux troubles mentaux tels que leur détention en prison ne devrait même pas se poser», estime Jean-René Lecerf, sénateur UMP spécialisé dans les questions de justice.

L’article 122-1 du code pénal pose une distinction entre les personnes dont le discernement a été «aboli» au moment des faits et qui sont déclarés irresponsables (et ne peuvent donc pas être jugés) et ceux dont le discernement n’a été qu’«altéré» qui, eux, sont pénalement responsables et donc jugés. Or, ces dernières années, l’altération est devenue la règle et l’abolition l’exception: de plus en plus de malades mentaux sont renvoyés devant les tribunaux par les juges d’instruction, voire jugés en urgence (comparutions immédiates etc…) et sans examen psychiatrique.

L’altération, qui devait à l’origine jouer en faveur d’un allégement de la peine, est devenu au contraire un principe d’aggravation: selon les sénateurs, pour un même crime, les malades mentaux écopent souvent d’une sanction supérieure aux autres… «Les présidents des assises le disent eux mêmes: ils expliquent aux jurés que quand le malade mental sortira de prison, la société ne sera pas protégée… Que croyez vous que les jurés font? Ils sont plus sévères pour protéger plus longtemps la société», explique Jean-René Lecerf, qui résume: «A demi-fous, double peine…» D’où l’augmentation du nombre de malades mentaux en détention.

A QUOI BON LA PRISON, SI ÇA N’A AUCUN SENS ?

«Pour un certain nombre de personne, les troubles mentaux sont tels, que la peine n’est pas comprise», poursuit Jean-René Lecerf. Dans la loi pénitentiaire votée à l’automne, pour la première fois, le «sens de la peine»d’emprisonnement a été défini (1). Que faire avec ceux pour qui l’incarcération n’a aucun sens? Sans compter que la prison peut aggraver encore leur état, parfois mettre en danger les surveillants ou les codétenus.«L’une des raisons fondamentales des suicides en prison, c’est aussi la présence massive de malades mentaux», ajoute Lecerf. La situation ne peut répondre ni aux exigences de la sécurité (si le détenu ne comprend même pas la raison de son incarcération, pourquoi ne récidiverait-il pas?) ni aux exigences médicales, ni aux valeurs de la démocratie.»

DES EXPERTS CONTROVERSÉS

Dans les affaires criminelles, les experts psychiatres ne voient souvent le mis en cause que pendant trois quart d’heure, rapportent les sénateurs. C’est peu, pour décider de la responsabilité de celui-ci. «Il n’existe pas de consensus sur les pathologies qui pourraient entraîner une abolition du discernement», explique Jean-René Lecerf. «Certains experts tranchent la question avec des arguments très personnels, certains pensant par exemple que la reconnaissance de responsabilité est un élément de thérapie. D’autres encore refusent de déclarer l’abolition afin de ne pas occuper un lit de plus en psychiatrie.»

LA PROPOSITION DES SÉNATEURS: ALLÉGER LES PEINES POUR LES MALADES MENTAUX

En cas d’«altération» de la responsabilité, les sénateurs proposent que la peine encourue soit systématiquement allégée. L’article 122-1 du Code pénal serait réécrit pour prévoir que l’altération du discernement entraîne une réduction, comprise entre le tiers et la moitié de la peine encourue. Et au moins un tiers de la peine finalement prononcée devrait de surcroît être effectuée sous le régime de sursis avec mise à l’épreuve assorti d’une obligation de soins. La prise en charge médicale serait également renforcée avant et après la peine. En contrepartie, un malade qui refuserait les soins qui lui sont proposés, verrait s’envoler ses possibilités de réduction de peine. Ces préconisations pourraient se transformer en proposition de loi.

(1) Elle «concilie la protection de la société, la sanction du condamné et les intérêts de la victime avec la nécessité de préparer l’insertion ou la réinsertion dela personne détenue afin de lui permettre de mener une vie responsable et de prévenir la commission de nouvelles infractions»









Un rapport s'inquiète de l'afflux de malades mentaux en prison

Il y aurait 25% de malades mentaux en détention, selon un rapport du Sénat. Un chiffre en constante augmentation.


Dans un rapport présenté ce mardi 11 mai, des sénateurs ont tiré la sonnette d'alarme sur l'afflux de personnes atteintes de troubles mentaux dans les prisons françaises.

Selon des estimations, il y aurait 25% de malades mentaux en détention pour des troubles allant de la dépression à la psychose. La proportion des personnes atteintes de troubles mentaux les plus graves (schizophrénie ou autres formes de psychoses) pourrait d'ailleurs être estimée à 10% de la population carcérale. Pire encore, les sénateurs s'inquiètent de l'augmentation de ces proportions au fil des années. Ce, alors que les prisons françaises sont surpeuplées avec plus de 61.700 détenus pour 55.000 places.


Les raisons de ce phénomène sont multiples. La mission d'information pointe la réduction de l'offre de soins psychiatriques. Entre 1985 et 2005, "la capacité d'hospitalisation en psychiatrie générale est passée de 129.500 à 89.800 lits et places".


Mais surtout, le rapport s'interroge sur le cadre juridique entourant la question de l'emprisonnement des malades mentaux. La réforme du code pénal de 1993 a distingué "l'abolition du discernement au moment des faits en raison d'un trouble psychique entraînant l'irresponsabilité (article 122-1) et "l'altération du discernement qui n'exonère pas l'auteur des faits de sa responsabilité". Ainsi, en raison de l'absence fréquente d'expertise psychiatrique, les tribunaux doivent juger des personnes qui relèvent de la médecine. Et la plupart du temps, cette situation conduit à l'incarcération de malades mentaux.


Une présence dangereuse

Et, les conséquences sont loin d'être anodines. Malgré la présence de psychiatres, ces malades ne peuvent recevoir un traitement adapté à leurs pathologies. Plus encore, l'emprisonnement pourrait aggraver leurs troubles mentaux. Gibert Barbier, sénateur (RDSE), vice-président de la commission des affaires sociales qui a participé au rapport, explique à Nouvelobs.com que la présence des malades mentaux dans les prisons peut troubler l'établissement et même être dangereuse. "Certains malades sont très difficiles à gérer. Lorsqu'ils sont trop agités, ils sont placés au mitard. Mais ils ne se rendent pas compte de ce qui se passe. Ainsi leur maladie peut ainsi être aggravée par leur passage en prison". D'autant plus, que le personnel pénitentiaire n'est pas formé à s'occuper de ces personnes. A titre d'exemple, le rapport cite Laurent Ridel, sous-directeur de l'administration pénitentiaire, qui a affirmé lors de son audition au Sénat avoir "relevé un nombre plus élevé d'agressions ou de tentatives de suicide difficilement explicables alors que les incidents plus "classiques" comme les mouvements collectifs ou les évasions auraient tendance à diminuer".


La mission d'information souligne également la question des risques pour la société à leur libération.


Réorganisation de la psychiatrie

Le rapport fait part de ses recommandations qui s'appuient sur la réorganisation de la psychiatrie. Il suggère ainsi "d'engager la révision de l'organisation territoriale de la psychiatrie", de "renforcer la formation des psychiatres à la pratique médico-légale", de "développer les outils de prise en charge des malades mentaux ayant commis des infractions"... Surtout, la mission d'information estime nécessaire une amélioration de l'article du code pénal en instituant une atténuation de la peine en cas d'altération de la responsabilité. En contrepartie, les malades auraient obligation de se soigner pendant et après la détention.


Opposition à Nicolas Sarkozy ?

La question de la justice pour les malades mentaux n'est pas nouvelle. Les politiques ont pris position à de nombreuses reprises sur le sujet. La plupart du temps, après la médiatisation d'un faits divers.


En 2004, après le double meurtre à Pau d'une infirmière et d'une aide-soignante dans un hôpital psychiatrique, Nicolas Sarkozy avait affirmé que "les victimes avaient droit à un procès", demandant ainsi à la ministre de la Justice Rachida Dati d'envisager l'organisation de procès pour les malades mentaux.


Faut-il donc voir dans le rapport une opposition marquée au chef de l'État ?


Pour Gilbert Barbier, la réponse est non. Selon lui, Nicolas Sarkozy mélange dangerosité et maladie mentale. Or, "la dangerosité n'est pas liée aux troubles mentaux". "Ce qui est certain, c'est que les malades mentaux n'ont pas leur place en prison", persiste le sénateur du Jura.


(Émilie Jardin – Nouvelobs.com)








Trop de malades mentaux en prison, accuse un rapport du Sénat


FRANCE INFO

Comment faire face à la maladie mentale en prison ? Un groupe de sénateurs s’est posé la question. Leur rapport, que France Info a pu consulter, souligne la proportion inquiétante de détenus atteints de troubles graves, comme la schizophrénie.

Environ 10 % des détenus souffrent de graves problèmes mentaux. Des troubles si importants qu’une peine de prison n’a guère de sens pour eux. Sans parler des dangers qu’ils font courir à leurs co-détenus.
Face à l’ampleur de ce phénomène, l’offre de soins reste insuffisante, en détention mais aussi à l’extérieur de la prison : le nombre de lits d’hôpitaux en psychiatrie a fortement baissé depuis 25 ans.

Les rapporteurs s’inquiètent également des conséquences de la distinction qui est faite depuis 1993 entre abolition du discernement et altération du discernement. Le deuxième cas de figure n’empêche pas de déclarer une personne pénalement responsable. Du coup, les prisons se remplissent d’individus malades, déplore le rapporteur UMP Jean-René Lecerf.

Des malades mentaux condamnés, malgré la reconnaissance de "l’altération" de leur discernement  Les explications de Jean-René Lecerf  (0'27")

Les sénateurs proposent de diviser par deux les peines pour les condamnés dont l’altération du discernement est établie. Ils prônent également le renforcement de l’offre de soins en prison.

Laurent Doulsan








Le Sénat se penche sur le sort des malades mentaux en prison


Deux commissions du Sénat ont constitué un groupe de travail autour de la question des 10 % de détenus (environ 6 000 personnes), atteints de troubles mentaux les plus graves (schizophrénie), qui ne devraient pas se trouver en prison. « La prison n’est pas un lieu de soin, elle peut même aggraver le cas de certains malades », souligne le sénateur Jean-René Lecerf (UMP). Lui-même et Jean-Pierre Michel (PS) pour la commission des lois, Christiane Demontès (PS) et le Dr Gilbert Barbier (RDSE, Rassemblement démocratique et social européen), pour la commission des affaires sociales, ont remis mardi un rapport d’information, énonçant un certain nombre de recommandations.

Certes, il faut conserver la distinction entre les notions d’abolition et d’altération du discernement (distinction prévue par l’article 122-1 du code pénal et qui détermine ainsi la responsabilité pénale ou non du détenu) mais si altération il y a, alors elle doit explicitement mener à l’atténuation de la peine encourue. En effet, le contraire a été constaté dans les faits : depuis cette distinction juridique datant de 1993, l’altération a constitué un facteur d’aggravation de la peine allongeant la durée d’emprisonnement de personnes atteintes de troubles mentaux, explique leur document. Les rapporteurs estiment par ailleurs que les personnes dont le discernement est altéré doivent systématiquement être affectées dans un établissement pénitentiaire comprenant un SMPR (service médico-psychiatrique régional). Ils demandent également qu’à la libération de ces personnes, on puisse appliquer les mesures de sûreté qui sont aujourd’hui réservées aux personnes déclarées irresponsables. C’est, par exemple, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime ou de se rendre dans tel ou tel lieu.

Former les psychiatres.

Les sénateurs suggèrent par ailleurs de renforcer la formation des psychiatres à la pratique médico-légale et à l’exercice de la médecine pénitentiaire, notamment en créant un diplôme d’études spécialisées. Ils veulent également développer les formations communes aux professionnels de la justice et de la santé appelés à intervenir auprès des auteurs d’infractions atteints de troubles mentaux. « Cela s’impose d’autant plus que la création des UHSA (les unités hospitalières spécialement aménagées, qui doivent permettre l’hospitalisation en psychiatrie de personnes détenues atteintes de troubles mentaux qu’il n’est pas possible de maintenir dans une structure pénitentiaire classique) impliquera une telle collaboration », souligne Christiane Demontès. Il faut aussi améliorer les conditions de l’expertise (en rétablissant, entre autres, l’expertise conjointe par deux experts dans certains cas). Plus largement, le groupe parlementaire estime qu’il faudrait pouvoir disposer d’une large palette d’outils pour prendre en charge les malades mentaux ayant commis une infraction. En commençant par multiplier les SMPR sur le territoire.

Par ailleurs, les rapporteurs réclament, comme bien d’autres, la nécessaire tenue d’états généraux de la santé mentale et souhaitent voir inscrit rapidement à l’ordre du jour du Parlement un projet de loi modifiant la loi du 27 juin 1990 sur l’hospitalisation d’office.
Tel est précisément le texte qu’a présenté la semaine dernière Roselyne Bachelot en conseil des ministres. Les sénateurs, eux, souhaiteraient que le projet émane conjointement de la Santé et de la Justice. Le rapport qu’ils viennent de rendre public constitue, disent-ils, un élément de chantier pour une proposition de loi.

AU. B.


Quotimed.com,
le 11/05/2010


Témoignage chrétien

Santé

Psychiatrie sécuritaire

par Agnès Noël

Le projet de loi sur la psychiatrie de Roselyne Bachelot est contesté par de nombreux praticiens, notamment parce qu'il néglige le soin et transforme le médecin en policier.


Roselyne Bachelot a présenté le 5 mai en conseil des ministre son projet de loi sur la psychiatrie, qui devrait être examiné au Parlement cet automne.

Le texte avait été souhaité par Nicolas Sarkozy en novembre 2008, au lendemain de la mort à Grenoble d'un étudiant tué par un patient échappé de l'hôpital psychiatrique. Sa grande nouveauté est de substituer à la notion d'hospitalisation celle de soins, ce qui inclue la possibilité de soins en ambulatoire, à savoir à l'extérieur de l'hôpital. La mesure,qui concernerait 70 000 patients par an, n'est pas sans susciter l'inquiétude des psychiatres.

Certificats

Actuellement, il existe deux possibilités d'hospitalisations sous contrainte: l'hospitalisation à la demande d'un tiers, et l'hospitalisation d'office, à la demande de l'autorité publique. Avec cette loi, l'hospitalisation à la demande d'un tiers sera simplifiée: il ne faudra plus deux certificats pour interner quelqu'un, mais un.

Et surtout, les soins pourront avoir lieu aussi en ambulatoire, chez les psychiatres de ville. L'entrée dans le soin se ferait toujours en hospitalisation complète, « avec un premier temps d'observation et de soins, d'une durée maximum de 72 heures, comportant trois certificats médicaux », selon Roselyne Bachelot (Libération, 5 mai).

Ensuite, le patient serait “orienté” vers une hospitalisation partielle ou en soins ambulatoires. Dans ce dernier cas, les patients seraient pris en charge par des praticiens sous la responsabilité du médecin de l'hôpital qui suit le patient.

Elie Winter, psychiatre, membre du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, n'est pas favorable à ce dispositif : « La nouvelle loi n’apporte rien au problème des patients qui ont vraiment besoin de soins, et pour lesquels il y a de moins en moins de moyens. En revanche, elle ajoutera des contraintes pour beaucoup d’autres patients qui ne présentent pas vraiment de danger et qui seront plus facilement hospitalisés. L’obligation de soins se limitera souvent à des traitements sous médicament. »

Police

Selon le projet de loi, si le malade ne se rend pas aux consultations, « le médecin peut le relancer mais aussi prévenir le directeur. Celui-ci pourra prendre toutes les mesures utiles pour remettre le patient dans la chaine de soins, y compris faire appel aux forces de police ».
Elie Winter pointe les dérives que cela peut occasionner: « Si je joue le rôle de police sanitaire, qui surveille mon patient et appelle la police s'il ne vient pas, cela va forcément changer la nature de ma relation avec lui! »

Enfin, globalement, sortir serait plus compliqué pour les patients : les sorties d'essai qui existaient auparavant vont disparaitre (excepté celles de 12 heures), pour être remplacées par le système ambulatoire. Quand aux sorties après une hospitalisation d'office, elles devront désormais être validées par un collège de soignants (deux psychiatres et un cadre infirmier), qui donnera son aval au préfet, à qui appartiendra la décision finale. Or les préfets, estime Elie Winter, « subissent de plus en plus de pression. Ils reçoivent des directives du ministère, allant toujours dans un sens sécuritaire, et moins dans le sens des libertés.»

Le Collectif des 39 rappelle également que « les personnes dites « malades mentales » ne sont pas plus dangereuses que le reste de la population. Au contraire, selon des études, elles sont 11 fois plus souvent victimes de crimes et 140 fois plus souvent victimes de vols. »

Caméra cachée à l'hôpital

Le 18 mai, l'émission controversée en caméra cachée, “Les Infiltrés”, sur France 2, sera consacrée à l'hôpital psychiatrique. Le reportage, tourné dans un hôpital d'Ile de France, montre un service où, faute de moyens et quelquefois de motivation, les malades sont souvent livrés à eux-mêmes, bourrés de médicaments et tenus enfermés. Le reportage sera suivi d'un débat.

Les infiltrés, mardi 18 mai, France 2, 22h15

12 mai 2010










Débat houleux sur la vidéosurveillance

11 mai 2010

Par : C.Dubois

Au terme d’un vif débat entre majorité et opposition, l’installation de  nouvelles caméras de vidéosurveillance à Nogent sur Marne a été actée au conseil municipal d’hier soir. Concrètement, 36 nouvelles caméras complèteront début 2011 les 43 déjà existantes (actuellement dans les parkings et au port). Elles seront placées autour des écoles, gares, lieux à forte densité de commerce ou encore jardin public ou stade. Le conseil municipal a également voté une demande de subvention pour couvrir une partie de ces 600 0000 € d’investissement.

Quelles précautions éthiques et comment mesurer les résultats ?

Du côté du groupe Nogent avec vous (divers droite), Michel Gilles a regretté que le dossier ait été déjà complètement ficelé pour être présenté en commission départementale sans qu’il y ait eu auparavant d’échanges approfondis sur les objectifs, les moyens de les mesurer et l’encadrement éthique du dispositif. «Nous réclamons en vain depuis février des précisions sur la charte et le comité d’éthique ainsi que l’élaboration d’un tableau de bord avec des objectifs précis pour s’assurer que les malveillances ne seront pas simplement reportées d’un quartier vers un autre. Nous n’avons même pas eu connaissance de la carte de la criminalité, ce qui objectiverait le débat.»

Qui surveille les caméras de surveillance ?


De son côté, William Geib (Parti socialiste) a pointé l’impossibilité humaine de surveiller tous les écrans. «Il va y avoir 79 caméras alors qu’une personne ne peut surveiller que 4 écrans en même temps donc ce dispositif ne protégera personne ! C’est du vidéomaquillage !»

Vidéo-protection : la vidéosurveillance de nouvelle génération

«La vidéo-protection est un péché pour vous, un outil pour nous même si ce n’est pas la panacée, a rétorqué le maire, Jacques JP Martin. Le projet a été étudié par un bureau d’étude dont vous avez eu connaissance des conclusions. La carte de la criminalité  n’apporterait rien de plus, je ne vais pas vous donner toutes les adresses où ont été commises des délits. Il n’est pas question de mettre en débat les emplacements de chaque caméra. Elles seront essentiellement installées aux abords des écoles, gares et autres espaces publics. Concernant la veille simultanée de plusieurs écrans, elle est permise par la nouvelle génération de matériel capable de détecter les événements et les signaler, c’est toute la différence entre la vidéosurveillance (ancien dispositif) et la vidéoprotection. Quant au déplacement des problèmes d’un quartier à un autre, à chaque ville de prendre ses responsabilités. Le Perreux sur Marne et Joinville le Pont sont déjà engagés dans un processus de vidéoprotection.» L’élu a également précisé qu’il y aurait un comité d’éthique lors du suivi du projet.

Vote

Après quelques échanges et digressions (à écouter directement à partir du fichier MP3, entre les minutes 36:05 et 58:06 ), le projet a été voté. Ont voté contre : William Geib et Michel Mastrojanni pour le PS. N’ont pas pris part au vote : Michel Gilles, Marie-Anne Montchamp (par procuration) et Michel Devynck pour le groupe Nogent avec vous.

2 votes contre, 3 élus ne prennent pas part au vote

Quelques précisions sur les conditions d’installation d’un dispositif de vidéosurveillance sur la voie publique : le public doit être informé des différents lieux faisant l’objet de vidéosurveillance. La présence de pancartes sur lesquelles est représentée une caméra est  obligatoire en cas d’utilisation d’un système fixe de vidéosurveillance de la voie publique. Le délai de conservation des images est de 1 mois,  sauf procédure judiciaire en cours et toute personne peut demander accès aux enregistrements la concernant. Pour en savoir plus, voir la page dédiée à la vidéosurveillance dans les lieux publics sur le site officiel de l’administration française.

Voir aussi les précédents billets sur ce sujet.