Ce qu’il aime, Alexandre, c’est travailler les légumes. Il faut voir avec quel sérieux, quel plaisir même, cet adolescent autiste de 14 ans épluche une carotte ou pèle une courgette. Là, tout à sa tâche, il semble sourire à la vie. Un sourire qui parle pour lui, car Alexandre n’a jamais prononcé un seul mot depuis sa naissance. Avec lui, dans la cuisine du restaurant du personnel de la ville de Colombes (Hauts-de-Seine), quelques adolescents de 14 à 18 ans en situation de handicap sont aussi en formation avec l’association Afuté, autour des deux chefs qui les forment au métier de commis de cuisine.
De décembre 2017 à juin 2021, 395 «mineurs non accompagnés» ont bénéficié d’un suivi psychologique au centre d’accueil de jour de Médecins sans frontières, à Pantin (Seine-Saint-Denis). Ils sont ces quelques milliers d’exilés, âgés de moins de 18 ans, arrivés seuls sur le territoire national et dont l’encadrement dépend donc désormais de l’Etat français. Quelque 17 % d’entre eux sont originaires de zones de guerre et de conflits (Afghanistan, Soudan, Mali…). Pour autant, et c’est ce que pointe le rapport publié aujourd’hui par MSF et le Comité pour la santé des exilés (Comede), cet accueil n’est pas à la hauteur des besoins de ceux qui le reçoivent. Pis encore, il exacerbe les troubles déjà présents, allant même jusqu’à en favoriser l’apparition.