Technoscience : de trop beaux lendemains
Médecine, nanotechnologies, conquête spatiale... Depuis que la science s’est rapprochée de la technique, elle multiplie les promesses, alimentant les espoirs d’un monde meilleur autant que les bulles spéculatives.
Il fut un temps où, pour en apprendre plus sur le futur, il fallait un jeu de tarot, une boule de cristal ou les entrailles d’un poulet. Le seul avenir certain était alors celui du poulet. Bien heureusement, nous avons dépassé l’âge de ces croyances ridicules grâce à la science qui, avec sa méthode rigoureuse, permet de baser notre connaissance du monde sur des observations vérifiables. C’est quand même un peu plus sérieux. Sauf que la science a elle aussi enfanté son propre discours sur le futur. Et ce discours a pris ces dernières années une ampleur inédite, avec des projections qui partent dans toutes les directions imaginables. Ainsi, dans une ou deux décennies tout au plus, on peut s’attendre à ce qu’une intelligence artificielle supérieure émerge d’un ordinateur quantique et réussisse à optimiser les nanotechnologies pour augmenter les capacités de l’être humain en vue de pouvoir embarquer tranquillement direction Mars. La phrase précédente n’a rien de caricatural, elle n’est que la compilation de prospectives très sérieuses émises au nom du progrès scientifique. Difficile de comprendre la coexistence de ces promesses avec d’autres projections bien moins optimistes mais tout aussi scientifiques sur l’état de la planète.