Le designer Sebastian Deterding (@dingstweets), spécialiste de la gamification, était il y a peu invité par le groupe de travail Advancing well-being (sur le bien-être "avancé") du Media Lab du MIT (vidéo). Il y livrait une très intéressante reformulation d’une présentation faite il y a un an sur le bien-être à l’heure des nouvelles technologies, permettant de mettre un peu de perspective sur les enjeux des systèmes socio-techniques qui sont les nôtres - on en profitera pour se souvenir de sa remarquable présentation lors de Lift 2012.
Pourquoi concevons-nous des technologies pour nous accabler ?
Alors que les technologies étaient censées nous libérer, nous nous sentons de plus en plus accablés, surmenés, rappelle le designer. Nous sommes dépendants à la distraction que produisent les technologies. Nous vérifions en moyenne 150 fois par jour notre smartphone. Nous sommes entrés dans ce que le game designer et théoricien des médias Ian Bogost appelle l’hypertravail : nous passons notre temps à gérer les notifications de nos systèmes techniques, à surfer sur le flux constant des sollicitations qui nous accablent. Nous sommes cernés par nos dépendances et notre seul recours consiste à être sommé de nous déconnecter, de battre en retraite, pour mieux les affronter.
Or, souligne Deterding, qui construit ces systèmes socio-techniques dans lesquels nous nous débattons ? Ceux-là mêmes qui en souffrent. “La contradiction éthique fondamentale qui est au coeur de l’industrie numérique est que les gens qui souffrent le plus et s’organisent contre cette accélération numérique sont les mêmes que ceux qui en tirent avantage”. Nous sommes nos propres “voleurs de temps” et sommes les premiers concepteurs de ces expériences utilisateurs. Nous créons les formes addictives, ces interfaces qui renforcent nos dépendances,comme l’expliquait Natasha Schüll.
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