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samedi 3 avril 2010




Vendredi 02 Avril 2010

Pavillon carcéral

Une unité psychiatrique a ouvert, dotée d'un espace sécurisé pour 6 détenus
HÔPITAL DE MONT-DE-MARSAN.








L'espace carcéral, six chambres qui allient
le soin à la sécurité des détenus dont l'état
nécessite des soins psychiatriques hors
établissement pénitentiaire. (photo pascal bats)


C'est le troisième pan de la prise en charge des patients prisonniers par l'hôpital Sainte-Anne, annexe de Layné, après la création de l'Unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) au sein même du centre pénitentiaire et l'aménagement de cinq chambres carcérales : une nouvelle unité psychiatrique a été inaugurée. Un site de 1 000 m2, baptisé pavillon La Fournière, que les résidents ont investi mercredi.

Ici, seront notamment accueillis les détenus dans le cadre des hospitalisations d'office ou dont l'état nécessite des soins à l'extérieur de l'établissement pénitentiaire. Des séjours dans tous les cas de courte durée. Ainsi, six chambres ont été conçues à l'usage des prisonniers. L'immeuble abritera aussi 24 lits en structure ouverte pour des patients traités en psychiatrie au long cours. Au total, la construction du pavillon, hors équipements, se chiffre à 1 million 400 000 euros. Sachant que le directeur Alain Soeur a obtenu le financement de la partie carcérale par le ministère de la Santé (1).

90 détenus en un an

Un pavillon sécurisé qui répond à une véritable nécessité. D'abord, parce que l'unité hospitalière spécialement aménagée qui devrait ouvrir à Cadillac, en Gironde, sera vite saturée, mais aussi parce que les transfèrements sont lourds en mobilisation de personnel. Jusque-là, les détenus nécessitant une hospitalisation en milieu psychiatrique étaient accueillis sur le site commun, où quelques aménagements avaient été conçus pour garantir la sécurité. Le strict minimum en attendant la nouvelle structure. Quatre lits qui ont tout de même vu passer pas moins de 90 détenus depuis l'ouverture de Pémégnan, il y a un peu plus d'un an. En moyenne, les patients sont restés 48 ou 72 heures. « Il s'agit surtout de traiter la crise d'un détenu agressif, suicidaire, ou qui traverse une authentique décompensation d'une psychose antérieure ou survenue en prison », explique le docteur Martine Guillem, psychiatre responsable de l'unité.

Pour faire face à ces situations extrêmes, le personnel sera formé mais aussi renforcé. En effet, le service peut compter sur six infirmiers et quatre aides-soignants de plus (pour un effectif total de 23 infirmiers, dix aides-soignants, quatre agents de service hospitalier et un cadre de santé).

L'unité est de toute façon sécurisée : la cour est grillagée et dotée de caméras vidéo, le mobilier des chambres est vissé de l'intérieur, les vitres sont incassables... Un savant compromis entre la sécurité et le soin, qui, ici, reste prioritaire. « On n'est, et on ne veut pas être une prison », martèle Martine Guillem.
D'ailleurs, d'après les médecins, les patients détenus ne posent pas plus de difficultés que les autres. « Les situations de violence qui ont pu mettre le personnel en péril concernaient des patients de psychiatrie classique, et non des détenus, pour lesquels on bénéficie de l'aide de la police », explique Alain Soeur. « Sur 90 hospitalisations d'office de détenus, à l'exception de deux fugues, il y a eu seulement deux incidents. Même si, par leur nature et leur intensité, ils nous ont interpellés. »

Mercredi, les patients en psychiatrie longue durée ont investi leurs nouveaux locaux, décorés par une coloriste, tandis que le bâtiment qu'ils occupaient jusqu'alors entre en phase de rénovation. Pour l'heure, l'espace carcéral est vide. Une situation qui peut toutefois changer d'une minute à l'autre. Pas grave : la structure et le personnel sont prêts.

(1) L'hôpital a en effet obtenu les financements pour réaliser l'infrastructure et une dotation provisoire pour financer les création de poste.

Auteur : Aude ferbos
a.ferbos@sudouest.com


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