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vendredi 16 octobre 2009




Préserver une « éthique humaniste »

Le 16/10/2009
Santé et prison

http://www.lalsace.fr/fr/region/alsace/article/2089818,208/Preserver-une-ethique-humaniste.html









Pour Charlotte Herfray, psychanalyste, « l’éthique marchande colonise nos esprits ». Photo Dominique Gutekunst

Comment conserver, particulièrement en milieu carcéral, une démarche humaniste dans une société qui ne jure que par l’efficacité ? C’est l’une des questions abordées lors de la rencontre nationale de psychiatrie organisée ces jours-ci, à Brumath.

Santé, prison, éthique : rapprocher ces trois mots est un exercice délicat. Et cette difficulté ne ferait que croître, à en juger par les débats tenus actuellement à l’Établissement public de santé Alsace Nord (Epsan) de Brumath. « On veut continuer à privilégier la parole, le lien avec l’humain, mais ce n’est plus dans cet esprit-là que l’on nous demande de travailler », déplore le Dr Françoise Huck, qui dirige le Service médico-psychologique régional (SMPR).

« Résister »

Depuis avant-hier et jusqu’à ce soir, ce SMPR, qui veille sur la santé mentale des détenus alsaciens, organise à l’Epsan les 20 e rencontres des Secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (SPMP) et Unités pour malades difficiles (UMD). L’irruption dans le débat public de l’idée de castration chimique a renforcé la pertinence du thème retenu il y a plusieurs mois : l’éthique. Quelque 180 personnes, intervenant essentiellement en prison, participent à ces rencontres. « Le mot d’ordre, poursuit Françoise Huck, c’est résister. Nous, nous voulons toujours considérer le patient comme un sujet plutôt que comme un objet. Et ne pas céder à une gestion de l’émotion, au coup par coup. »

La psychanalyste strasbourgeoise Charlotte Herfray, qui a travaillé avec le personnel du SMPR, abonde dans ce sens en rappelant que « deux éthiques nous sollicitent : la marchande et l’humaniste. L’éthique marchande, qui colonise nos esprits, consiste à vouloir être le meilleur, à obtenir par exemple de grandes responsabilités quand on a seulement une vingtaine d’années… Or il y a des situations où l’efficacité nous exclut de l’humain. Le plus important, c’est l’être, pas l’efficacité. »

Hervé de Chalendar

LIRE Charlotte Herfray publie en novembre aux éditions Érès un livre intitulé Vivre avec autrui… ou le tuer !, sous-titré : La force de la haine dans les rapports humains. 150 pages, 20 €.

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