Plus taboue que la ménopause, l’andropause touche pourtant 2 % à 18 % de la population masculine en fonction de l’âge et de nombreux critères, selon le Journal of Sexual Medicine (Université d’Oxford). Baisse de la libido, disparition des érections matinales mais aussi bouffées de chaleur, sudation nocturne, troubles du sommeil, prise de poids au niveau du ventre, sentiment dépressif et perte d’énergie… Le tableau clinique ressemble étrangement à la ménopause, sans pourtant attirer beaucoup l’attention des médias. A l’occasion de notre enquête sur l’andropause, des hommes ont accepté de témoigner pour nous raconter cette étape de leur vie.
«A l’âge que j’ai, 66 ans, on commence à être la victime de différentes pathologies du vieillissement : cholestérol, problèmes cardiaques, soucis articulaires. Mais il y a pire : parlons des célèbres poils des vieux ! J’ai la chance d’avoir un coiffeur qui est vigilant et qui coupe les poils des oreilles ou du nez. C’est disgracieux, et j’ai toujours été coquet, alors il les coupe. Pour le reste, même si je suis sujet aux prises et pertes de poids cycliques et élastiques, et qu’objectivement, j’ai pris quelques kilos depuis que j’ai 60 ans (bon, pas dans des proportions alarmantes), je continue à faire attention à mes habits, qui sont toujours chics et bien coupés. Je ne prends ni alcool ni drogue, mais je fume comme un pompier. Et forcément, après un certain âge, si on veut surveiller sa santé, on entre dans l’inévitable succession d’examens : effort cardiaque, bilan sanguin régulier, test du cancer colorectal…
J’aime vieillir. Quelque chose s’apaise, même si je ne suis pas super content à l’idée de quitter ce monde un de ces jours. J’ai constaté une forme d’amélioration de mon état intérieur, de mon comportement social. Je prends les choses avec plus de détachement, de bienveillance, de philosophie. Je n’ai jamais été colérique. Il y a certaines indignations qui sont toujours présentes mais je les soigne en m’occupant des autres. J’ai milité toute ma vie au sein d’un parti politique et maintenant je donne des cours de français à des étrangers dans un centre social de mon quartier, où je suis aussi administrateur. Je le fais bénévolement. J’aime ça, ça me donne le sentiment de participer à quelque chose dans lequel je crois. La colère, ce n’est pas très producteur.
Au niveau sexuel, je sais que ma vie fantasmatique intérieure est la même, toujours présente, active et évolutive. Mais j’ai constaté une baisse de libido, moins d’urgence à courir le guilledou, comme on dit. Et quel soulagement ! Quelle paix de l’esprit… Paradoxalement, j’ai commencé à photographier le monde BDSM fétiche cuir au même moment, par pure curiosité. C’était loin de moi et je m’y suis intéressé avec un regard d’observateur. Ça n’a pas changé mon désir ou mes fantasmes, ça ne m’excite pas particulièrement, même si on ne peut pas faire des photos sans désir. N’importe quel sujet doit provoquer chez moi une excitation, esthétique, visuelle, sexuelle. Or, il y a quelque chose de bienveillant dans ce milieu. Il n’y a pas de jugement sur les corps. Il y a des vieux, des jeunes, des moches, des gros, des belles, des beaux, et tout le monde a sa place. Personnellement, je ne suis pas grand, j’ai un peu de ventre, je n’ai pas de muscles. Et pour l’anecdote, je n’ai jamais eu à prendre du Viagra. Il n’y a pas d’enjeu à ce niveau.»