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mercredi 15 septembre 2021

Les toiles sulfureuses de Georgia O'Keeffe exposées au Centre Pompidou

Centre Pompidou  Jusqu'au 6 décembre 2021

C'est une icône aux Etats-Unis, plus connue que Hopper outre atlantique. Georgia O’Keeffe est ce que l’on appelle une légende, une mythologie. Georgia O’Keeffe n’est autre que l’artiste femme la plus chère au monde avec un record de 44 millions de dollars pour une œuvre, la première femme à avoir été exposée au MoMA à New York, celle qui a précédé par son succès l’iconique Jackson Pollock avant la Seconde Guerre mondiale. Alors comment se fait-il qu’il ait fallu 35 ans après sa mort pour enfin lui dédier une rétrospective d’envergure à Paris ? Le Centre Pompidou réunit ici une centaine de ses œuvres, venues du monde entier, car le musée parisien ne possède qu’une seule de ses œuvres. Un immense chantier donc pour faire venir ces toiles ici, et proposer au public une lecture – ou une relecture – inédite du travail de l’artiste. L’Histoire de l’art a retenu de Georgia O’Keeffe ses fleurs géantes, ses pétales charnels, ses pistils exubérants. Et pour cause, quelle flamboyance ! Pourtant, ces œuvres sont loin d’avoir fédéré la critique… Lorsque surgissent ces toiles en 1923, la révolution freudienne est en cours. C’est le scandale. Son exposition affole le monde de l’art qui y voit l’expression provocante du désir féminin, comme autant d’images érotiques et de symboles sexuels à peine dissimulés… Une hypothèse radicalement réfutée par l’artiste qui accusera ses détracteurs de projeter sur ses toiles leurs propres obsessions… Voici qui donne un peu le ton de la personnalité d’une artiste immense au caractère bien trempé. Au-delà de ses fleurs tentaculaires, nous plongeons ici dans un univers hors-norme, qui balaie plus de 60 ans de création, découvrant au fil de ses œuvres la naissance du modernisme américain. Ses gratte-ciels news yorkais nous donneraient le vertige, ses tourbillons floraux nous hypnotisent autant qu’ils nous intriguent, ses paysages lunaires du Nouveau-Mexique nous invitent à la contemplation. Une seule constante dans son travail : une énergie vitale nourrie par la lumière, la couleur et la sensualité. Georgia O’Keeffe nous laisse un héritage vivace et intense, une peinture inclassable qui caresse les contours de l’abstraction sans jamais totalement y succomber. Une artiste qui toute sa vie durant, sur presque 100 ans, continuera à suivre les seuls codes qu’elle s’édictera, en éclairant l’Histoire de l’art de ses visions audacieuses.

  • Georgia O'Keeffe, Inside Red Canna, 1919
  • Georgia O'Keeffe, Series I White & Blue Flower Shapes, 1919
  • Georgia O'Keeffe, Black Hills with Cedar, 1941-1942
  • Georgia O'Keeffe, Jimson Weed White Flower No. 1, 1932
  • Georgia O'Keeffe1994.54
  • Georgia O'Keeffe, Black Door with Red, 1954
  • Georgia O'Keeffe, Oriental Poppies, 1927
  • Georgia O'Keeffe, Pelvis with Distance, 1943
  • Georgia O'Keeffe, Ram’s Head, White Hollyhock-Hills (Ram’s Head and White Hollyhock, New Mexico), 1935
  • Georgia O'Keeffe, Red, Yellow and Black Streak, 1924
  • Georgia O'Keeffe, The Shelton with Sunspots, N.Y., 1926

Georgia O'Keeffe, Inside Red Canna, 1919
© Christie's Images

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Qui ne connaît pas les fleurs de Georgia O’Keeffe, ces courbes organiques à la beauté ineffable et à l’ambiguïté certaine ? Ses toiles subjectives participèrent incontestablement à la renommée internationale de celle que l’on surnomme la « mère du modernisme américain » et signèrent assurément l’un des chapitres les plus brûlants de l’Histoire de l’art. Riche d’une centaine de peintures, dessins et photographies, l’exposition – première rétrospective française entièrement dédiée à l’artiste – embrasse ainsi l’ensemble de sa carrière artistique, de ses premiers vertiges cosmiques à ses gratte-ciels new-yorkais des années 20, jusqu’au Nouveau Mexique, sa terre d’adoption dans laquelle elle s’établit définitivement après la Seconde Guerre mondiale. Figure à part de l’abstraction américaine, Georgia O’Keeffe développa tout au long de sa vie une œuvre solitaire, tournée vers une observation aigüe de la nature et de ses grands espaces. Lectrice de Kandinsky, l’artiste qui fut la première femme à intégrer les expositions du MoMA caressa les contours de l’abstraction sans jamais totalement y succomber. Dotée d’un caractère indépendant, elle restera en marge de tous les mouvements, préférant développer un univers qui lui est propre, à la fois sensuel, contemplatif et biomorphique.

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Courrier des lecteurs : « Une stigmatisation de la psychiatrie »

le 17 septembre 2021

Ancien médecin-chef du centre psychothérapique des Hôpitaux Civils de Colmar qu’il a créé en 1968, le docteur Jean-Paul Sichel réagit « avec tristesse et une certaine amertume » au transfert de la psychiatrie en cours de l’hôpital Pasteur vers l’ancien hôpital pour enfants Le Parc (notre édition de ce mercredi 15 septembre) : « J’ai créé le centre psychothérapique – avec le soutien du directeur de l’époque, M. Robert Turlan – dans l’enceinte de l’hôpital Pasteur en 1968. J’ai dirigé ce service jusqu’à mon départ à la retraite en 1999. Ce service fut considéré comme un modèle dans toute la France car conçu et organisé “dans les murs” de l’hôpital général. »

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mardi 14 septembre 2021

Interview Alain Finkielkraut : «Je ne suis ni un scrogneugneu ni un peine-à-jouir»

par Simon BlinCécile Daumas et photo Marie Rouge pour Libération  publié le 15 septembre 2021

Dans son dernier essai, le philosophe, spécialiste des sorties de route outrancières, s’en prend violemment aux mouvements féministe, antiraciste, écologiste les accusant de «totalitarismes». Et s’enferme dans une vision nostalgique du passé.

Il ne veut pas être le «bénisseur espiègle du monde qui vient». Et il le prouve. Dans son dernier essai qui prend la forme d’un pamphlet, l’Après littérature (Stock), Alain Finkielkraut fait la liste de tout ce qu’il déteste, et elle est longue : le nouveau féminisme et son écriture inclusive, les antiracistes qui déboulonnent les statues, les écologistes et leurs éoliennes qui abîment les paysages français, les plots jaunes qui défigurent les rues de Paris (#SaccageParis), les «vitupérations» du rap et le «fracas» de l’electro… Même l’incendie de Notre-Dame n’est pas un accident mais un «suicide» devant tant de «laideur». Contre «l’idéal égalitaire» de la gauche «woke», terme brandi à tout-va pour désigner les militants progressistes, une seule chose trouve grâce aux yeux de l’académicien polémiste : une «approche littéraire» du monde, sa subtilité et son ambiguïté, qu’il vénère mais dont il déplore la perte d’influence.

« On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie » : dans les Flandres, un établissement de santé mentale en voie de « démantèlement »

Par   Publié le 13 septembre 2021

L’EPSM à Bailleul, dans le Nord, est contraint de transférer soixante-dix lits faute de psychiatres et d’internes. Une situation mortifère, loin d’être unique.

Manifestation à l’EPSM de Bailleul (Nord), le 18 juin 2021.

L’enterrement symbolique de la psychiatrie publique française est en marche. Les croix en bois plantées dans le sol de l’entrée de l’établissement public de santé mentale (EPSM) des Flandres, à Bailleul (Nord), illustrent depuis quelques mois le combat d’une partie des 1 200 agents hospitaliers contre le transfert annoncé de 70 lits de psychiatrie vers l’EPSM d’Armentières, à 15 kilomètres de là. « Bailleul va être amputée d’une partie de son histoire faute de psychiatres et d’internes en nombre suffisant, dénonce Nicolas Lefebvre, président du conseil de surveillance depuis 2015, et adjoint au maire de Bailleul. On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie publique en France. »