04/12/2020
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
04/12/2020
Par Sylvie Riou-Milliot le 03.12.2020
5 professionnels de la santé mentale appellent à des actions urgentes pour réformer la psychiatrie, discipline en souffrance, déjà parente pauvre de la médecine bien avant la pandémie de Covid-19.
Mi-novembre 2020, le ministre de la Santé, Olivier Véran, déclarait "vouloir éviter la 3e vague de la santé mentale". Trop tard, elle est arrivée. Services débordés, consultations pleines, délais d’attente déjà longs de plusieurs mois dans le secteur public… "Tous les symptômes sont déjà là", plaide le Dr Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste (Paris), l'un des cinq* professionnels de la santé mentale avec les Drs Rachel Bocher, Marion Leboyer, Serge Hefez et Marie-Rose Moro, mais aussi la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, à l'origine d'un appel lancé ce jour lors d'une visioconférence de presse.
Fabien GOUAULT Publié le
Aurore Gillard, infirmière en psychiatre, exerce depuis neuf ans au sein de l’unité de l’Hôpital nord Deux-Sèvres, à Thouars. À 32 ans, elle doit comme ses collègues s’adapter aux nouvelles conditions d’exercice de son métier : port du masque, désinfection accrue et distanciation sont devenus le lot du quotidien.
« On compense en prenant du temps, individuellement »
«C’est frustrant, car on n’accomplit pas forcément le travail tel qu’on voudrait le faire. Nous ne prenons plus part aux repas thérapeutiques, par exemple. C’est un moment où on parle de tout, un temps d’échanges utile pour gagner la confiance du patient et lui démontrer que nous sommes avant tout une personne, qu’on ne le juge pas. On perd cette relation avec eux. Mais on compense en prenant du temps, individuellement.
»
Paris, le samedi 5 décembre 2020 – Des équipes médicales, désarmées, qui doivent choisir entre deux patients lequel pourra recevoir les meilleurs soins. Des médecins ou des infirmiers qui s’épuisent à essayer de trouver dans un service proche une place pour accueillir leur malade.
Des familles qui s’indignent. Ces scènes qui ne peuvent que profondément heurter l’opinion et les soignants sont le spectre que l’on a fait planer au-dessus des Français pour expliquer la nécessité des mesures de limitation des déplacements et des rassemblements face à l’épidémie de Covid-19. Ces dilemmes qui bouleversent les fondements éthiques du soin sont pourtant le quotidien de milliers de professionnels de santé depuis des années en France : les psychiatres du secteur public et plus encore les pédopsychiatres.
« Qui soigner quand il n’y a pas la possibilité de le faire pour tout le monde ? La question est brûlante et rendue visible par la situation sanitaire actuelle, avec des services de réanimation qui pourraient avoir à faire le tri et « choisir » des patients en cas de surcharge des lits (…). En tant que responsable d’un centre médico-psychologique (CMP) pour enfants et adolescents dans le nord des Hauts-de-Seine, il s’agit d’une question quotidienne, tant les listes d’attente pour être reçu par des professionnels de santé mentale se sont allongées ces dernières années (souvent plus de six mois après une première demande). Les plages de consultation sont saturées. (…) La mission première d’un CMP est d’accueillir toute personne en état de souffrance psychique. Et la question est alors de déterminer qui soigner en priorité, quand on ne peut pas recevoir tout le monde. Avec mon équipe, nous étudions la liste d’attente… Où tracer la ligne de partage entre ceux qu’il faut soigner d’abord et ceux qui peuvent encore attendre ? Qui choisir ? C’est alors le domaine de l’éthique qui s’impose. En effet, les choix à faire sont tous des dilemmes pénibles et relèvent plus de l’éthique que de la connaissance médicale ou psychologique. Ce terme, employé à tort et à travers, apparaît le plus souvent vidé de son sens. Mais, dans notre travail quotidien, il s’agit d’un mot « chaud », dans le sens qu’il implique de résoudre des équations insolubles, car leur cause première est le manque d’argent… Il s’agit ici de la délibération insupportable avant de choisir quels patients (en l’occurrence, ici, quels enfants et leurs familles) accueillir en priorité. Nous retournons alors dans tous les sens les choix possibles et tentons d’établir des critères, dont nous prenons tout de suite conscience des aberrations » raconte dans une tribune publiée dans Le Monde, Oriane Bentata-Wiener, psychiatre, responsable du centre médico-psychologique (CMP) de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).
Par Virginie Ballet — 4 décembre 2020
A Bordeaux, le 25 novembre.Philippe Lopez. AFP
A l’entendre, la première des choses, c’est «d’abord de le dire». De «faire en sorte, qu’au sein du foyer, la parole se libère». D’en finir avec «l’autocensure» et la «normalisation»… Dans son interview accordée ce vendredi au média en ligne Brut, le président de la République, Emmanuel Macron, a tenté de s’exprimer sur les violences conjugales… mais encore à côté de la plaque. Le 25 novembre dernier déjà, dans une vidéo diffusée sur son compte Twitter à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Emmanuel Macron estimait que «la première chose à faire, c’est alerter, dénoncer». Passons sur le fait que les quelque 220 000 Françaises victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire auraient sans doute mérité mieux ce jour-là qu’un message de deux minutes relayé sur le réseau social, alors que l’égalité entre les femmes et les hommes est censée être «la grande cause» de ce quinquennat… Le Président semble surtout se tromper de cible : ce qu’associations et professionnels de terrain attendent de lui, c’est davantage de s’assurer que la parole de ces femmes soit correctement accueillie, entendue, que des suites, notamment judiciaires, lui soient données, et que des moyens financiers soient déployés.
LE 04/12/2020
À retrouver dans l'émission
L'INVITÉ(E) DES MATINS
par Guillaume Erner
Raillé par les uns, espéré par les autres : c’est aujourd'hui le black friday. Que racontent les circuits de mondialisation des objets de notre histoire ? D’où viennent les objets du quotidien ? La consommation peut-elle nous sauver de la crise économique ?
Alors que le gouvernement a demandé le décalage d'une semaine du "vendredi noir" français pour rouvrir les commerces en évitant la cohue, une question se pose : la consommation peut-elle nous éviter une crise économique ? Du XVIIIè siècle à aujourd'hui, comment ont évolué les systèmes marchands ? Que racontent nos objets du quotidien de l’histoire globale ?
Pierre Singaravélou, “British Academy Global Professor” au King’s College de Londres, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est auteur de Le Magasin du Monde. La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jours (avec S. Venayre), Fayard, 2020. Il sera rejoint en seconde partie par Daniel Cohen, économiste, il dirige le département d’économie de l’École normale supérieure (ENS), directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP). Il est auteur de “Il faut dire que les temps ont changé, chronique (fiévreuse) d’une mutation qui inquiète”, Éditions Albin Michel.
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Par Laurent Decloitre, Correspondant à la Réunion Photos Thierry HOARAU —
Une vitre fendillée témoigne de la dernière «incivilité» : les urgentistes du CHU de Saint-Denis, l’hôpital du chef-lieu de la Réunion, reçoivent«quotidiennement» des personnes ivres, qui «mettent le chantier». «Elles insultent les autres patients et les soignants, on doit se mettre à plusieurs pour les attacher» , raconte Guy Henrion, responsable du service. La plupart du temps, les ivrognes décuvent sur leur lit d’hôpital et repartent à 6 heures du matin. Pour autant, l’urgentiste soupire : «On ne les met pas dans un coin ; l’alcoolisme n’implique pas de délit de sale gueule. Ils peuvent avoir subi un traumatisme crânien ou suffoquer dans leur vomi.»
Ce témoignage illustre une triste réalité, pointée par Santé publique France dans un rapport publié en janvier dernier : à la Réunion, 7,3 % des passages aux urgences des hommes sont en lien direct avec une consommation d’alcool, contre 2 % au niveau national. Et le taux de mortalité des principales pathologies causées par l’alcool chez les hommes y est de près de 40 % supérieur à celui de la métropole. Cirrhoses, cancers du pancréas, troubles neurologiques… La Réunion compte également le plus grand nombre de cas de syndrome d’alcoolisation fœtale : cinq fois plus qu’en métropole, selon les derniers chiffres de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies.
Par Nicolas Celnik, Recueilli par — 4 décembre 2020
LE 03/12/2020
À retrouver dans l'émission
LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE
par Nicolas Martin
Qu’est ce que l’hérédité dans les sciences du vivant ? Comment s’opère la transmission des caractères d’une génération à l’autre ? Comment a été comprise et développée la notion d’hérédité depuis le 19ème siècle ? Quel apport de Mendel et ses lois ? De la génétique, de la biologie moléculaire ?
franceinfo:
L.Nahon, A.Nicolas, M.Nadal, C.Grivet, M.SemerjianFrance 3
publié le
PSYCHOLOGIES
Faire croire au Père Noël à ses enfants : une évidence ? Pas tant que cela ! Pour des raisons morales, des croyances religieuses ou des considérations matérielles, certains parents décident de ne pas jouer le jeu du Père Noël. Décryptage de leurs motivations avec Dominique Tourrès-Gobert, psychiatre et psychanalyste, auteur de Il était une fois le bon dieu, le père Noël et les fées.
Au-delà du personnage et des cadeaux, le Père Noël, c’est aussi l’un de ces petits rites qui ponctuent l’enfance et aident à grandir. Ne plus croire au Père Noël, c’est « constater qu’on ne peut plus prendre ses désirs pour des réalités, que tous nos souhaits ne peuvent pas être exaucés » explique la psychiatre Dominique Tourrès-Gobert. D’ailleurs, ne dit-on pas « croire encore au Père Noël » ? Cette étape de la désillusion, ou cette « expérience de la réalité » comme l’avait nommée Freud, fait partie intégrante de ce rite qui, par nature, est voué à disparaître en grandissant. Pourtant, certains parents "privent" leur enfant de ce rite. Pourquoi ? Est-ce néfaste pour l'enfant ? Eléments de réponse.
« Je ne tenais pas à raconter un mensonge aussi énorme à ma fille, que je respecte profondément. Pour moi c’était incompatible avec un autre discours qui me tenait à cœur : celui de ne pas mentir », explique Sylvie. La volonté de ne pas mentir à son enfant : tel est le principal leitmotiv de ces parents qui décident de ne pas adhérer au mythe du Père Noël. Un mensonge le Père Noël ? Effectivement, c’en est un, et à double titre, comme le précise la psychiatre. « Ce qui est particulier dans le rite du Père Noël, c’est que ce sont les plus âgés qui vont initier les plus jeunes. Ils initient non seulement à la croyance, mais aussi à sa chute. » Une double trahison en somme, que certains parents considèrent comme un véritable abus de la naïveté, de la candeur de leur enfant. « Pourquoi commencer dès petit à mentir aux enfants et à enjoliver la réalité ? » renchérit Nadia. « Avec le Père Noël, il est question du merveilleux, du magique », nuance la psychiatre. Oui, le Père Noël est un mensonge, mais un joli, gentil mensonge - à la différence d’un lourd secret de famille, destructeur. Le Père Noël, c’est la magie, la fête, le mystère ; mais aussi le don, la générosité, la beauté gratuite d’offrir. « Si le Père Noël n’est pas vrai ‘pour de vrai’, l’amour qu’il incarne, lui, l’est », répondait la psychanalyste Claude Halmos à une lettre d’une lectrice s’inquiétant d’annoncer la non-existence du Père Noël à sa fille.
Par Pierre Ropert 04/12/2020
Le vaccin contre le Covid-19 est en passe de devenir une réalité. Mais cette perspective ravive de nombreuses questions : comment fonctionnent les vaccins ? Sont-ils dangereux ? Pourquoi certains sont-ils obligatoires ? Et en France, comment sera-t-il diffusé ? France Culture fait le tri.
L'arrivée d'un vaccin qui pourrait sinon mettre fin, a minima endiguer la pandémie de coronavirus, a soulevé l'espoir de retrouver une vie normale. Mais cet horizon s'oppose, en France, à un scepticisme bien ancré : selon une enquête mondiale publiée en 2019 par Wellcome/Gallup, 1 Français sur 3 pense que les vaccins ne sont pas sûrs. Conséquence directe ? À en croire une étude Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro, près de 1 Français sur 2 affirme qu'il ne se fera pas vacciner contre le Covid-19. Paradoxalement, si beaucoup d'individus estiment que les vaccins sont potentiellement dangereux, ils ne doutent pas pour autant de leur efficacité.
Alors manque de pédagogie ? Danger réel ? Désinformation ? France Culture tente de faire le tour de la question de la vaccination, en s'appuyant sur les émissions de la chaîne.
RTFLASH
Mardi, 01/12/2020
On savait déjà que la musique pouvait avoir des effets bénéfiques avérés sur le stress et l’anxiété. « L’écoute musicale réduit les évaluations subjectives de sensation de stress et, en diminuant la concentration de cortisol, la pression artérielle et le rythme cardiaque », note Emmanuel Bigand, professeur de psychologie cognitive à Dijon, dans son ouvrage La Symphonie neuronale. Certaines études ont ainsi montré que la musique s’avérait aussi efficace qu’un anxiolytique.
De la même façon, l’écoute de la musique a montré son efficacité comme antalgique. Un pouvoir qui s’expliquerait par un effet de distraction qui détournerait l’attention de la douleur. « On peut également souligner que la musique plaisante active les structures neuronales du système limbique et du mésencéphale, aussi impliquées dans les sensations de douleur. Cette activation pourrait en quelque sorte court-circuiter les réseaux de la douleur », explique encore Emmanuel Bigand.
Ces différentes propriétés sont exploitées par l’application MusiCare, une méthode non médicamenteuse utilisée par les services d’une centaine d’hôpitaux et cliniques. Les séances durent une vingtaine de minutes pendant lesquelles les patients écoutent un morceau de musique dans un style qui leur plaît mais spécialement conçu pour l’application.
Publié le
« Parfois, dans la vie, on a besoin d’un petit coup de pouce. Redonner confiance en soi, pour repartir et pouvoir se projeter, c’est mon Graal », sourit Annie Dupont Olivet.
Installée sur l’île depuis l’été après y avoir passé ses vacances depuis 20 ans, elle a ouvert le premier cabinet de psychologue libérale de l’île.
Les Contes de Perrault illustrés par l’art brut entrent dans notre Collection, qui rassemble depuis bientôt trente ans des histoires de la nuit des temps. Des Fables de La Fontaine au récit de la Genèse en passant par Les Métamorphosesd’Ovide ou l’histoire du prince Râma, ces livres essentiels éclairent et accompagnent notre existence.
Joseph Schneller, Dragon solaire, vers 1921 © Collection Prinzhorn
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Lire entre les lignes. Aller au-delà. Donner un sens. C’est dans la fragile puissance de l’art brut que nous avons trouvé une nouvelle clé de lecture, la chance de porter un regard neuf sur les contes et de découvrir ce qu’ils peuvent aujourd’hui encore nous apporter ; car ces œuvres, créées par des femmes et des hommes aux parcours très différents, souvent chaotiques, ont elles aussi une portée universelle. Les 135 créations que nous présentons dans cet ouvrage ne sont que force et pureté au service de l’expression des émotions et des sentiments. Les artistes manifestent la fragilité, la colère, l’espoir, la liberté, le désir d’amour et bien d’autres sensations qui les habitent. Nées dans l’esprit de personnalités singulières à l’imagination sans bornes et animées par la nécessité de créer, ces œuvres sont un cri. Un art spontané, brusque et époustouflant, dans lequel la féerie et la terreur des Contes sont omniprésentes. Les personnages esquissés, les héros anonymes, les lieux indéfinis, les mystères et la magie jaillissent des pages des Contesaussi bien que des œuvres d’art brut. L’imagination est un facteur commun qui instaure des liens forts et intimes entre ces deux arts.
Adolf Wölfli, La grande comète de 1866 en Amérique Vers 1909 © Collection de l’Art Brut, Lausanne
Jimmy Lee Sudduth, Sans titre, sans date © abcd/collection Bruno Decharme, photo Nicolas Du Pasquier
arte
Imaginez un monde dans lequel chacun d’entre nous recevrait tous les mois une somme d’argent. Un revenu de base, sans condition, sans compte à rendre. Est-ce que vous arrêteriez de travailler ? Est-ce que cela changerait votre vie ?
Partout dans le monde, des deux côtés de l’échiquier politique, on trouve des défenseurs, et des détracteurs du revenu universel, alors que ses implications réelles sont encore méconnues. Peut-on faire confiance aux gens quand on leur donne de « l’argent gratuit » ? Qui doit payer pour les membres les plus vulnérables de nos sociétés ? Le revenu de base est-il une solution, à l’heure où l’autonomisation des machines menace des millions d’emplois et où le burn-out est reconnu comme une maladie professionnelle ?
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