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Des salariés en train de déjeuner à Wuhan, en Chine, le 23 mars. Photo AFP
Pour Guillaume Zagury, expert en santé publique internationale, les démocraties occidentales ont pâti d’un manque de réactivité lors de l’apparition du virus, au contraire des régimes autoritaires, en passe de gagner la course au vaccin.
Médecin spécialiste de santé publique internationale et consultant en innovation médicale pour des entreprises, Guillaume Zagury travaille en Chine depuis vingt ans. Il a élaboré, dès l’apparition du Covid, un site internet singulier, Covidminute.com. Une équipe dédiée y livre et compile quotidiennement analyses, statistiques et graphiques sur l’évolution du virus.
Huit mois après son apparition, quel bilan dressez-vous de la lutte contre la pandémie ?
Il est prématuré de dresser un bilan définitif car le virus circule encore et une seconde vague plus grave peut survenir, comme avec la grippe espagnole en 1919. Certaines données ne sont pas encore disponibles pour dresser des comparaisons sanitaires, à l’instar de celles relatives aux années potentielles de vie perdues. Et il est toujours délicat d’opposer l’impact sur la santé publique de la pandémie aux dommages collatéraux - économiques ou relatifs aux libertés publiques - qui résultent d’un confinement prolongé. Néanmoins, il y a eu un retard dans la réaction à la propagation du virus. La grande majorité des démocraties occidentales tablaient sur une tempête et n’avaient pas les outils pour lutter efficacement contre ce tsunami. Elles ne pouvaient bénéficier des six outils nécessaires au combat, que j’ai résumé dans un mémo, «3M-3T», en mars : Masque-Main-Mètre au niveau individuel, et Test-Tracking-Triage (isolement des cas positifs) au niveau collectif.