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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 2 janvier 2020

Soyons fous, sauvons la planète

Série «Ghost Town». 2014.
Série «Ghost Town». 2014. Photo Kyle Thompson. VU



Recycler le caca des bébés, rouler sur du bitume d’algues, revenir au transport à la voile… Les solutions pour limiter le réchauffement sont parfois aussi farfelues que l’heure est grave.

mercredi 1 janvier 2020

Alzheimer : le beau témoignage d'amour d'un petit-fils à sa grand-mère

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Par France Bleu IsèreFrance Bleu   
"La mémoire qui flanche", c'est un film très émouvant sur la maladie d’Alzheimer et sur l'amour d'un petit-fils pour sa grand-mère, Annie Nicolet, une Grenobloise, décédée de cette maladie en 2018 à l'âge de 96 ans. On peut le découvrir gratuitement sur YouTube.
 
Grenoble, France
Annie Nicolet a eu une vie bien remplie, entre ses 6 enfants et ses 14 petits-enfants. Jusqu’à l'âge de 94 ans, veuve, elle habitait seule, dans son appartement grenoblois, et, pour les vacances, toute la famille lui rendait visite dans sa villa d'Uriage.
Mamillette, à la maison de retraite, filmée par Eric - Aucun(e)
Mamillette, à la maison de retraite, filmée par Eric - Eric de Chazournes


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Edgar Morin : au-delà des grèves et des rêves

Par Edgar MORIN, Sociologue — 




Le sociologue propose une pause dans le débat sur les retraites. Le sujet mérite une vraie réflexion, et non le projet actuel imposé par l’orthodoxie doctrinaire du néolibéralisme. Il met aussi en garde les acteurs du mouvement social en cours qui risque de libérer les pires forces réactionnaires.

Tribune. Je suis de ceux qui pensent qu’une ample discussion sur le problème des retraites aurait été un préalable nécessaire à un projet de réforme. Une réforme demande une réflexion et une pensée avant tout calcul.
Je suis de ceux qui pensent qu’une ample discussion publique aurait dû porter sur les différentes façons de vivre sa retraite, considérant ceux pour qui la retraite est une libération qui permet une nouvelle vie et ceux pour qui elle est une remise à l’écart dans une nocive inactivité, et également sur les dissemblances extrêmes du vieillissement, lequel maintient les uns en santé tandis qu’il dégrade la vie de la plupart des autres.
Je suis de ceux qui auraient aimé que la parole soit donnée à toutes les catégories de retraités actuels pour que les expériences vécues dans la retraite, du bricolage ou la garde des petits enfants à l’asile, entrent dans la connaissance des décideurs et des citoyens avant toute élaboration de projet.

Les rêveurs lucides

02/06/2017

Les rêveurs lucides sont conscients de rêver et peuvent influer sur le cours de leurs rêves. Le rêve lucide aide à surmonter les cauchemars, développe la créativité et améliore les performances. Existe-t-il des prérequis pour expérimenter cet état de conscience modifiée ?
Les rêves lucides
Les rêves lucides Crédits : dm909 - Getty
Les rêves lucides ou les rêves sous contrôle. Vous pouvez avoir un rôle actif dans votre rêve, vous pouvez faire ce que vous voulez. Vous vous demandez sans doute pourquoi un scientifique du sport s’intéresse au rêve lucide… Je me suis demandé s’il était possible d’utiliser l’état de rêve pour améliorer ses performances à l’état d’éveil. Est-ce qu’on peut s’"entraîner" pendant ses rêves pour être meilleur ?

Si seulement Matzneff était le seul problème

Le scandale autour de faits anciens et connus à propos de l'écrivain pédophile Gabriel Matzneff risque de nous faire passer à côté du réel problème dont cette personne n'est qu'un petit révélateur. 3 à 6% des enfants sont victimes d'agression sexuelle ou de viol. Le phénomène est donc systémique et il faut le considérer comme tel.
Depuis quelques jours, la parution prochaine du témoignage d'une victime de Gabriel Matzneff provoque un scandale très surprenant en France. En effet, tout ce qui est aujourd'hui révélé est connu et documenté depuis les années 1970. Je consacre un chapitre entier à cette époque dans mon livre "La loi des Pères" (parution le 22 janvier) sans avoir eu besoin de mener de longues recherches puisque des associations et professionnels de la protection de l'enfance dénoncent partout ces faits depuis quatre décennies.
Mais la situation actuelle ne doit pas nous laisser croire que quelques agresseurs d'enfants représentent à eux seuls l'ensemble du problème. Car si l'on estime que 3 à 6% des enfants subissent une agression sexuelle ou un viol avant la fin de leur adolescence, il devient nécessaire de considérer autrement toute notre organisation sociale puisqu'elle permet une telle violence sans provoquer la moindre réaction. La grande majorité de ces crimes et délits sont commis dans le cercle familial et 70% des plaintes sont classées sans suite. Pire encore, des théories issues d'auteurs pro-pédophiles américains ont pollué le système judiciaire, portées par des associations dites "de pères".  Ainsi le "Syndrome d'Aliénation Parentale" (SAP) permet d'affirmer qu'un signalement d'agression d'un enfant par un homme de sa famille est très probablement un fantasme qui lui a été "implanté" par sa mère. Dans des milliers de dossiers, c'est donc la mère qui est remise en cause par la justice, parfois menacée de prison si elle persiste dans ses accusations, et souvent écartée de l'enfant que l'on remet à la garde de son agresseur présumé. Le tout sans enquête digne de ce nom. Parfois sans enquête du tout.

Affaire Matzneff : «Ce sont des expériences dont on ne se remet jamais»

Par Marie Ottavi — 
Photo Marie Tercafs. plainpicture

Pour la pédopsychiatre Marie Rose Moro, les relations sous emprise abîment durablement les ados.

Marie Rose Moro est pédopsychiatre et dirige la Maison de Solenn, qui s’occupe des adolescents à l’hôpital Cochin.
Que vous évoque le témoignage de Vanessa Springora ?
Quel que soit le contexte, avoir des relations sexuelles sous emprise quand on est adolescent reste violent et déstructurant. La preuve, Vanessa Springora écrit ce livre quarante ans après les faits. L’emprise, c’est la différence d’âge, la contrainte et pas seulement la contrainte absolue, c’est aussi le fait qu’autour de l’adolescent, personne n’empêche de vivre cette histoire même si Vanessa Springora explique qu’on a essayé de lui dire que c’était de la pédophilie. Les jeunes comme elle ne sont ni consentantes, ni prêtes.

Au Japon, le congé paternité de douze mois ne fait pas rêver

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Publié le : 
Le Japon est-il un pays où il fait bon être papa ? À chaque naissance, les pères ont droit à une année de congé parental. Mais peu d'entre eux le prennent.

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Nariyuki Katsuma est un papa "shufu". À la naissance de son troisième enfant, ce père de famille japonais a décidé de prendre un congé parental de douze mois. Si la loi japonaise le permet depuis neuf ans, seulement 6 % des pères le demandent.

"Avant, j'etais de la vieille école, se rappelle Nariyuki Katsuma. Quand on a eu notre premier enfant, je n'y ai même pas pensé. C'est ma femme qui s'est occupée de tout."




mardi 31 décembre 2019

Quand des esclaves appellent la clientèle occidentale à l'aide

korii.


Depuis plusieurs années, des ouvrièr·es exploité·es, principalement originaires de Chine, se servent des produits qu'elles et ils confectionnent pour alerter les client·es sur leurs conditions de travail, en y déposant des notes manuscrites.
En 2012, Stéphanie Wilson, une Australienne de 28 ans vivant à New York, achète un sac à main dans le magasin de vêtements Sacks, situé sur la Cinquième Avenue. Elle y découvre une note rédigée au stylo bleu par un certain Tohnain Emmanuel Njong, et qui commence par ces trois mots: «Help, help, help!»
Dans son message, Njong affirme travailler contre son gré dans une usine pénitentiaire chinoise. «Nous sommes maltraités et travaillons comme des esclaves treize heures chaque jour pour fabriquer ces sacs dans l'usine de la prison.»

Pas un cas isolé

La même année, Julie Keith, une habitante de l'Oregon, trouve un message dans un paquet de décorations d'Halloween achetées chez Kmart, qui indiquait que les ouvrièr·es chinois·es «travaillaient quinze heures par jour, sept jours par semaine, surveillés par des gardes sadiques» et demandait à ce que les organisations internationales de défense des droits humains soient alertées.
Deux ans plus tard, une Nord-Irlandaise découvre une note anonyme dans les plis d'un pantalon acheté chez Primark, qui dénonçait des conditions de travail horribles à la prison de Xiang Nan, dans la province du Hubei. «Notre travail consiste à produire des vêtements de mode pour l'exportation quinze heures par jour et la nourriture que nous mangeons ne serait même pas donnée aux chiens ou aux porcs.»

Violences conjugales : «Ce n’est pas aux femmes de fuir»

Par Chloé Pilorget-Rezzouk, photo Félix Ledru — 


Luc Frémiot, à Lyon, le 19 décembre.
Luc Frémiot, à Lyon, le 19 décembre. 
Photo Félix Ledru pour Libération

L’ex-procureur de Douai, Luc Frémiot, revient sur une année marquée par la mobilisation contre les féminicides. Il appelle à inverser le «logiciel» de prise en charge des conjoints ou ex violents.

Suppression des mains courantes au profit du dépôt de plainte, éloignement et suivi psychologique des conjoints ou des ex dès les premiers gestes violents… Nommé procureur de la République à Douai (Nord) en 2003, Luc Frémiot a fait de sa juridiction, pendant plusieurs années, un territoire précurseur en matière de lutte contre les violences conjugales, en instaurant des protocoles innovants et efficaces. Résultat : un taux de récidive abaissé à 6 %. L’homme a également marqué les esprits en 2012, alors qu’il était avocat général, en requérant l’acquittement d’Alexandra Lange pour légitime défense. La jeune femme, battue pendant douze ans par son mari, avait tué celui-ci alors qu’il tentait de l’étrangler. Désormais installé à Lyon, le magistrat honoraire revient avec Libération sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Un enjeu sociétal et politique majeur, au cœur de l’année écoulée.
Comment avez-vous commencé à vous intéresser aux violences intrafamiliales ?
Tout naturellement. Lorsque j’ai été nommé à Douai, j’avais derrière moi de longues années de cours d’assises, pendant lesquelles j’ai pu constater que des féminicides - on n’employait pas encore le terme - auraient pu être évités. On retrouvait la trace de mains courantes ou de plaintes classées. On n’avait pas assez prêté attention aux appels au secours de ces femmes, qui se terminaient sur la table d’autopsie.

Christine Angot à Gabriel Matzneff : « Vous preniez vos désirs pour des réalités »

Dans « Le Consentement » (reGrasset), Vanessa Spingora décrit l’emprise pédocriminelle que lui a fait subir Gabriel Matzneff. La réaction indignée de ce dernier est, pour Angot, le signe qu’il n’a pas fait le deuil de sa relation avec celle qu’il a « humiliée ».

Publié le 31 décembre 2019

[Avant même sa sortie, le 2 janvier, le livre de Vanessa ­Springora « Le Consentement » (Grasset, 216 p., 18 euros) a provoqué une déflagration dans le milieu littéraire et bien au-delà. Dans son ouvrage, elle relate la relation traumatisante qu’elle a eue, à 14 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff, alors âgé de 50 ans. Celui qui publia en 1974 « Les Moins de seize ans » n’a jamais caché son attirance pour des mineurs, comme en témoignent certains de ses livres, tout particulièrement son journal intime. Des livres qui lui ­valurent d’être invité notamment sur le plateau d’« Apostrophes » en 1990. Lors de cette émission, seule l’auteure québécoise Denise Bombardier dénonça ­ le caractère pédophile de ces écrits et la complaisance du milieu littéraire, au cœur ­désormais de la polémique.]
Tribune. Gabriel Matzneff,
En réaction au livre de Vanessa Springora, « Le Consentement » [Grasset, 216 pages, 18 euros], vous écrivez dans L’Obs « Apprendre que le livre que Vanessa a décidé d’écrire de mon vivant n’est nullement le récit de nos lumineuses et brûlantes amours, mais un ouvrage hostile, méchant, dénigrant, destiné à me nuire, un triste mixte de réquisitoire de procureur et de diagnostic concocté dans le cabinet d’un psychanalyste, provoque en moi une tristesse qui me suffoque. »
« Apprendre que le livre que Vanessa… » Vous l’appelez Vanessa ? Vous pensez pouvoir vous autoriser à l’appeler par son prénom, alors qu’elle vient de publier ce livre ? Vous prétendez encore à cette intimité ? Vous pensez avoir ce genre de droits ? Elle est toujours, pour vous, la petite fille que vous avez rencontrée dans un dîner où elle accompagnait sa mère, attachée de presse dans l’édition ? A l’époque, vous étiez important dans ce milieu. Vous comptiez. Vous vendiez des livres. Vous aviez des fans. J’en ai fait partie quelque temps. J’avais une vingtaine d’années. Je vous lisais. Je n’avais pas encore été dans le cabinet d’un psychanalyste. Je commençais à avoir des insomnies, des difficultés dans ma sexualité, mais je n’étais pas encore prête à me dire, à admettre, que mon père s’était autorisé à commettre un inceste sur moi parce qu’il ne m’avait jamais aimée, qu’il n’avait aimé que lui-même, son bon plaisir, sa propre autorité, au mépris total de mon avenir, de ma vie amoureuse future, de ma vie sexuelle, notamment.

Féminicides : le Téléphone grave danger, bilan d’un dispositif vieux de dix ans

Destiné à protéger les femmes des violences de leur ex-conjoint, cet outil est longtemps resté confidentiel. Bien qu’il soit jugé efficace, son utilisation varie selon les juridictions. En 2019, 148 femmes ont été tuées par leur conjoint.
Par  et   Publié le 30 décembre 2019
Le Téléphone grave danger est délivré pour six mois renouvelables aux femmes en situation de grand danger.
Le Téléphone grave danger est délivré pour six mois renouvelables aux femmes en situation de grand danger. CAMILLE GHARBI POUR « LE MONDE »
Ce vendredi de novembre, Camille a inspiré un grand coup avant de saisir les deux gros sacs noirs qui encombraient sa cuisine. Elle a dévalé l’escalier à toute vitesse et traversé la petite cour en courant. Une fois qu’elle s’est trouvée face aux deux containers verts, elle a fondu en larmes. Une petite victoire : elle n’avait plus descendu elle-même ses poubelles depuis plusieurs semaines. Mais ce soir-là, sentir contre sa cuisse, à travers la poche de son jean, son nouveau téléphone, un Téléphone grave danger (TGD), destiné à certaines femmes victimes de violences conjugales, l’a rassurée. La procureure, « une dame très énergique », le lui a remis en mains propres l’après-midi même.
Pour pouvoir en bénéficier, trois conditions sont nécessaires : la victime doit être dans une situation de grave danger ; elle ne doit plus cohabiter avec son conjoint ; enfin, son agresseur doit avoir été l’objet d’une mesure d’éloignement (interdiction d’entrée en contact, ordonnance de protection) ou d’une condamnation.
La proposition de loi du député Aurélien Pradié (Les Républicains, Lot), adoptée au Sénat le 18 décembre, prévoit d’assouplir ces règles. La garde des sceaux, Nicole Belloubet, dans sa circulaire du 9 mai destinée aux procureurs, les appelait déjà à attribuer plus largement les TGD. Dans le prolongement de cette circulaire, une fiche émanant de la direction des affaires criminelles et des grâces, diffusée en août, incitait très explicitement les procureurs à aller au-delà du texte. Les effets ont été immédiats : en novembre, 682 TGD étaient attribués, soit près de trois fois plus qu’au début de l’année.