Le pape François, mercredi au Vatican. Photo VINCENZO PINTO. AFP
Pour lutter contre la pénurie de curés en Amazonie, deux sujets sont débattus jusqu’à samedi au Vatican : l’ordination d’hommes mariés et l’attribution de «ministères» aux femmes. Une révolution au sein de l’Eglise catholique, qui pourrait inspirer d’autres épiscopats.
Plumet rouge sur le casque, les deux gardes suisses montent imperturbablement la garde devant le hall d’entrée de la salle du synode, au Vatican. Quand passent les cardinaux, évêques et experts, ils exécutent une sorte de salut militaire. Le geste est bref mais soigné. Le catholicisme vit ces jours-ci au Vatican un moment historique car il débat de deux questions qui étaient jusqu’à présent de véritables tabous : l’accès à la prêtrise d’hommes mariés et les «ministères» féminins, autrement dit le rôle officiel que l’on pourrait attribuer aux femmes. Que la discussion ait lieu est en soi une révolution culturelle tant le célibat des prêtres et le pouvoir masculin structurent l’Eglise catholique. Aucune autre religion - et même confession chrétienne - n’impose de telles règles à ses ministres du culte. «C’est l’effet François, estime un expert du Vatican. Ce pape a libéré la parole.» A terme, il n’est donc plus exclu que les femmes puissent être ordonnées diacres, le grade juste en dessous de prêtres. Elles pourraient, par exemple, procéder à des baptêmes et célébrer des enterrements. Mais pas la messe, cérémonie centrale dans la piété catholique. Que des hommes mariés (des viri probati dans le latin de l’Eglise : des hommes expérimentés et exemplaires) deviennent, eux, prêtres pourrait être autorisé. Prudent, François a quand même limité (pour le moment) ces deux options à l’Amazonie. Mais c’est une brèche dans laquelle d’autres pourraient s’engouffrer…