Ce documentaire s’attarde sur la dérive quasi carcérale de la psychiatrie due à la mainmise des neurosciences sur la discipline.
A la veille du Printemps de la Psychiatrie, qui verra, le 21 mars, se lever dans toute la France une profession confrontée au « déclin dramatique de la façon d’accueillir et de soigner », le psychanalyste Gérard Miller propose un documentaire en phase avec des protestations récentes et souvent remarquables.
Ce Manifeste a été été diffusé à la veille de la Manifestation du 22 janvier « Journée nationale de la psychiatrie ». Il est proposé à la signature de chacune et chacun. Il est un appel à réinventer une psychiatrie émancipatrice du sujet.
Pour un renouveau des soins psychiques
La psychiatrie et la pédopsychiatrie n’en peuvent plus. Depuis déjà plusieurs décennies, ceux qui les font vivre ne cessent de dénoncer leur désagrégation et de lutter contre le déclin dramatique des façons d’accueillir et de soigner les personnes qui vivent au cours de leur existence une précarité psychique douloureuse. En vain le plus souvent. Ce qui est en crise, c’est notre hospitalité, l’attention primordiale accordée à chacun et à un soin psychique cousu-main, à rebours du traitement prêt-à-porter standardisé qui se veut toujours plus actuel. Les mouvements des hôpitaux du Rouvray, Le Havre, Amiens, Niort, Moisselles, Paris… ont su bousculer l’indifférence médiatique et rendre visible au plus grand nombre le chaos qui guette la psychiatrie. Pour percer le mur du silence, il n’aura fallu rien de moins qu’une grève de la faim …
Devant cette régression organisée, nous nous engageons tous ensemble à soigner les institutions psychiatriques et à lutter contre ce qui perturbe leur fonctionnement. Patients, soignants, parents, personnes concernées de près ou de loin par la psychiatrie et la pédopsychiatrie, tous citoyens, nous sommes révoltés par cette régression de la psychiatrie qui doit cesser. Il s’agit pour nous de refonder et construire une discipline qui associe soin et respect des libertés individuelles et collectives.
Psychiatrie : des soignants se mobiliseront ce jeudi pour redonner du sens au secteur
By Elsa Bellanger
Crédit Photo : S. Toubon
Les annonces de rallonge budgétaire par la ministre de la Santé et d’« initiative d’ampleur », par le président de la République, n’auront pas suffit à apaiser le secteur de la psychiatrie. « Après des années de mesures d’économie, l’annonce d’un renforcement des moyens est bien en deçà des besoins d’une psychiatre en souffrance de longue date », lance le Dr Marc Bétrémieux, psychiatre et président du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH).
Depuis le début du XXe siècle, les adversaires de l’égalité hommes-femmes reprochent aux féministes de nier la différence des sexes. L’historienne Christine Bard estime, dans un entretien au « Monde », que cette vision naturaliste est, aujourd’hui encore, très présente dans les discours de l’extrême droite et des populismes ultra-conservateurs.
Propos recueillis par Solène CordierPublié le 20 mars 2019
Christine Bard, spécialiste de l’histoire des femmes et du genre, est professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Angers. Avec ses collègues Mélissa Blais, sociologue à l’université de Genève, et Francis Dupuis-Déri, politiste à l’université du Québec à Montréal, elle a dirigé l’ouvrage collectif Antiféminismes et masculinismes d’hier à aujourd’hui (PUF, 510 pages, 24 euros), qui analyse les différentes formes d’expression de l’antiféminisme, du XIXe siècle à nos jours. Christine Bard a codirigé avec Frédérique Le Nan l’ouvrage Dire le genre. Avec les mots, avec le corps (CNRS éditions, 304 pages, 24 euros).
De Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) à La Manif pour tous en passant par l’Action française ou les mouvements familialistes-natalistes de l’entre-deux-guerres, les différents chapitres montrent la pluralité de ces contre-mouvements, qui ont la particularité de s’inscrire dans un large spectre politique. Ce livre, qui interroge en creux les ressorts de la domination masculine, a aussi pour ambition d’inciter le monde universitaire à s’intéresser davantage à ce phénomène en pleine expansion.
Les masculinismes et les antiféminismes sont-ils, selon vous, des idéologies ?
L’antiféminisme désigne un mouvement de pensée et d’action assez difficile à circonscrire car il s’exprime, de manière non autonome, au sein de différents courants philosophiques, politiques ou culturels. C’est tout de même une idéologie dans le sens où il propose une interprétation du monde social à travers une certaine lecture des relations entre les sexes.
Chez un patient sur huit qui convulse, il ne s’agit pas d’une véritable épilepsie. Ces crises sont souvent liées à un traumatisme ancien. Bien prises en charge, elles disparaissent huit fois sur dix.
Par Florence RosierPublié le 20 mars 2019
Ils sont environ 150 000, en France, à souffrir de crises de convulsions d’un type particulier. Des crises d’épilepsie ? Cela y ressemble fort, mais ce n’en sont pas vraiment. Car l’examen de référence, ici, c’est l’électroencéphalographie (EEG) : on enregistre l’activité électrique du cerveau au cours d’une crise, filmée en vidéo. « Lors d’une vraie crise d’épilepsie, on voit des polypointes sur le tracé de l’EEG. Mais pas chez ces patients », indique la docteure Coraline Hingray, psychiatre au CHU de Nancy.
Le nom de cette affection intrigante ? Ce sont des « crises non épileptiques psychogènes », ou CNEP.
Marco Decorpeliada (1947-2006), catalogué malade mental, a produit une série d'œuvres singulières en rapport avec les diagnostics qui lui ont été appliqués. Il réplique à cet étiquetage en établissant une correspondance terme à terme entre les codes attribués aux troubles mentaux dans le DSM IV - bible de la psychiatrie « moderne » - et ceux - les mêmes !
Notre association n'appelle pas aux manifestations du 21 mars 2019 pour le "Printemps de la psychiatrie" . Le corporatisme et la bêtise des protagonistes de ces mobilisations pour qui les psychiatrisés ne sont que des loques infantilisables à merci, sous le coup de leurs diagnostics, et qui se doivent de ramper aux pieds de ces soignants au soutien de leurs intérêts bien compris, ras le bol.
Rue Saint-Martin à Paris, le 13 février 2018.Photo Cyril Zannettacci pour Libération
Question posée par Alb le 15/03/2019
Bonjour, vous nous avez interrogé sur le nombre de personnes mortes dans la rue en 2018. De nombreux articles de presse ces derniers jours ont fait état, dans leur titre, de 566 morts de SDF.
Ce nombre, pourtant, est trompeur. Le total est bien plus important que cela, comme le concède d’ailleurs le collectif les Morts de la rue, pourtant à l’origine de ce décompte.
«Il n’y a pas de volonté d’exhaustivité dans ce recensement, explique à CheckNews une responsable du collectif. La communication que nous faisons en début d’année est un faire-part pour rendre hommage à des personnes sans domicile dont la mort a été signalée au collectif sur l’année écoulée.»Des personnes pour qui le collectif a, dans l’écrasante majorité des cas, un nom. L’hommage à ces morts de la rue de 2018 sera rendu le 2 avril, de 11h30 à 14h30, dans le jardin Villemin, à Paris (Xe arrondissement).
Par Virginie Ballet— Aux bains-douches de la rue des Haies, à Paris XXe.Photo Renaud Bouchez pour Libération
Renoncer à se brosser les dents, à acheter des couches ou faire des lessives : un sondage de l'institut Ifop pour l'association Dons solidaires permet de prendre la mesure de la précarité hygiénique et de son impact sur la vie sociale et professionnelle des concernés.
Tiers payant intégral, moratoire sur les fermetures de lits et coercition : les communistes élaborent leur ...
By Anne Bayle-Iniguez
Crédit Photo : PHANIE
Quatre-vingt-six mesures dont 37 de première urgence. C'est ce que contient la proposition de loi de santé alternative que députés et sénateurs communistes sont en train de concocter pour faire barrage au projet de loi de l'exécutif, selon eux « simulacre de réponse » face à « l'urgence de la crise hospitalière ».
Après avoir sillonné l'Hexagone pendant un an et visité 120 établissements de santé, les élus communistes ont élaboré un document de travail que s'est procuré « le Quotidien », cadre à la future proposition de loi qu'ils entendent défendre au Parlement en juin voire en septembre. « Nous avons voulu traduire en proposition de loi les remontées de terrain, explique le député Alain Bruneel (Nord), initiateur du tour de France de sa famille politique. Il s'agit d'un texte évolutif, rien n'est figé. »
Pour « donner un bol d'air au monde de la santé », députés et sénateurs communistes proposent des solutions décapantes pour lutter contre les déserts médicaux.
La toute puissance d’une œuvre chorale qui nous invite a penser la psychiatrie et les pratiques de l’enfermement
Hiver 2012. Internee contre son gre dans un hopital psychiatrique a Teheran, Mitra Kadivar, psychanalyste iranienne, entame une correspondance par courriel avec Jacques-Alain Miller, fondateur de l’Association Mondiale de Psychanalyse.
Ete 2017. Une equipe artistique s’inspire de ces echanges pour creer un opera en s’imprégnant de la realite de l’hopital psychiatrique Montperrin a Aix-en-Provence.
Revenant sur son propre parcours, Patrice Maniglier offre un panorama du paysage philosophique contemporain en France tout en réhabilitant le structuralisme et les penseurs des années 60 et 70, si décriés par les instigateurs du tournant réactionnaire.
Patrice Maniglier dans les locaux de Normale Sup, à Paris, en 2014.
Photo F. Juery
La difficulté de l’escalade ne nuit pas au plaisir qu’elle apporte à l’alpiniste, qui serait à l’inverse mortifié si on lui proposait d’être déposé au sommet par un hélicoptère. Les livres de philosophie sont parfois, eux aussi, escarpés, parce qu’ils exposent comme il se doit des choses complexes, ou bien, hélas !, cèdent au péché mignon d’ajouter à la complexité la complication d’un langage amphigourique. La Philosophie qui se fait, de Patrice Maniglier, non seulement évite soigneusement le second défaut, mais majore encore la première vertu par de réelles qualités «pédagogiques» et explicatives, à tel point qu’il crée comme une addiction, et de page en page – il y en a pourtant plus de 540 ! – creuse l’envie d’en savoir sur chaque point davantage. L’ouvrage offre en effet une extraordinaire «vue» sur le paysage philosophique contemporain, et les principales questions qui s’y manifestent, en partant de l’itinéraire intellectuel de son auteur, qui est aussi celui d’une génération de quadragénaires arrivée aux «affaires» théoriques et politiques quand disparaissaient les «grandes figures» de la pensée française. Au moment du «grand règlement de compte idéologique», de la «brutale liquidation» du «trésor spirituel», accumulé dans les années 60 et 70. Ou du «tournant réactionnaire» qui voulait «tout rétablir : rétablir les valeurs et l’autorité contre Mai 68, rétablir l’histoire événementielle contre l’histoire sociale et anthropologique, rétablir le politique contre l’économique […], rétablir le sujet contre la structure…».
Par Tonino Serafini— L'équipe de recensement et Marco, sans abri depuis vingt ans, au service des urgences de l'hôpital Saint-Louis à Paris, lors de la «Nuit de la solidarité» début février.Photo Corentin Fohlen. Divergence
Le recensement des sans-abri réalisé lors de la «Nuit de la solidarité» montre que le nombre de personnes dormant dehors a augmenté de plus de 600 en un an. La mairie de Paris estime que ce dossier doit être appréhendé à l'échelle de la métropole et que chaque commune doit participer à l'effort d'accueil.
"Ne m'appelez plus schizophrène!". Las de se battre contre l'usage caricatural ou stigmatisant du terme "schizophrène" dans les médias et sur les réseaux sociaux, plusieurs associations réclament un changement du nom utilisé pour qualifier la maladie, comme cela s'est déjà fait au Japon.
S'il désigne une maladie mentale complexe, qui affecte notamment la perception de la réalité et les mécanismes des émotions, le mot "schizophrénie" est très souvent employé à mauvais escient dans le langage commun pour parler de double personnalité ou comme une insulte impliquant la folie et la dangerosité de son interlocuteur.
"L'usage du mot schizophrène, dans un sens tout autre que sa réalité médicale, est tellement ancré dans l'imaginaire collectif qu'on en est arrivé à se dire: "Est-ce que le mot lui-même n'est pas un obstacle?"", explique à l'AFP Fabienne Blain, présidente du Collectif Schizophrénies, à l'origine de ce projet de changement de dénomination.