Emplois à temps partiel, déménagements, bas salaires... De jeunes diplômés psychologues racontent les premières années post-master.
Par Alice RaybaudPublié le 31 janvier 2019
Depuis près de quatre mois, Sophie, titulaire d’un master de psychologie du travail à l’université de Grenoble-Alpes, cherche un emploi : sans succès. Son diplôme devrait pourtant lui ouvrir des débouchés variés : ressources humaines, santé au travail, insertion professionnelle, orientation ou encore ergonomie. La jeune femme de 23 ans cherche « partout » mais les offres d’emploi, peu nombreuses, sont prises d’assaut très rapidement.
« Je savais que ça ne serait pas simple, mais ça commence à me peser », confie Sophie, qui est retournée vivre chez ses parents en Haute-Savoie, puis chez sa sœur aînée dans le Nord. Elle envisage à présent de trouver un poste alimentaire, dans la logistique, la garde d’enfant ou en tant que caissière, le temps de trouver un emploi de psychologue qui lui conviendrait.
Nombreux sont les jeunes diplômés en psychologie à connaître une insertion difficile. Seuls 63 % des diplômés en master occupent un emploi stable trente mois après la sortie de l’université, selon des chiffres de 2017 du ministère de l’enseignement supérieur. Beaucoup doivent s’accommoder, malgré leur niveau bac +5, d’un statut précaire.
Le chef du service psychiatrie de l’hôpital Mondor de Créteil revient sur la prise en charge des patients, alors qu’une femme qui présente des antécédents psychiatriques est suspectée d’avoir incendié un immeuble rue Erlanger à Paris.
Antoine Pelissolo, chef du service psychiatrie de l’hôpital Mondor de Créteil (Val-de-Marne), nous avait dévoilé sa lettre ouverte à la ministre de la Santé signée par 100 professionnels pour dénoncer « une prise en charge insuffisante des patients » le 16 janvier. Il explique que les professionnels n’ont pas toujours les moyens d’assurer un suivi idéal des patients, même si le cas de la femme suspectée d’avoir incendié un immeuble à Paris (XVIe), dans la nuit de lundi à mardi, reste « exceptionnel ».
En France, qui décide de faire sortir un malade de l’hôpital ?
Patrick Waterlot a repris les rênes du Nouvel Hôpital de Navarre dans un contexte de crise : départs en cascade, polémique sur la qualité des soins... Portrait d'un homme de défis.
À 57 ans, Patrick Waterlot l’affirme : il se verrait bien rester à Évreux jusqu’à son départ à la retraite. Arrivé début septembre 2018, le nouveau chef de l’hôpital de Navarre n’a pas particulièrement envie de n’être qu’un courant d’air :
Il y a un beau travail à faire ici pendant les huit ou neuf ans qu’il me reste à faire.
De la stabilité : voilà qui fera sans doute pousser quelques soupirs de soulagement au sein du personnel de l’hôpital. La présidente de la Commission médicale d’établissement Sophie Le Monnier ne s’en était d’ailleurs pas cachée lors de la cérémonie des vœux de l’établissement le mois dernier : « On en est à quatre directeurs en deux ans. Restez parmi nous, M. Waterlot ! »
L’hospitalisation à domicile en psychiatrie se fait encore rare. Vingt-et-une structures recensées seulement. L’absence de reconnaissance dans les textes de loi et la faiblesse des financements peuvent expliquer la faiblesse du déploiement. Pourtant, l’efficacité de ce type de prise en charge n’est pas remise en cause, comme l’ont démontrées les interventions des professionnels lors de la conférence organisée le 30 janvier par l’Association de psychiatrie de la région Pays de la Loire et la Conférence nationale des présidents de commissions médicales d’établissements de centres hospitaliers spécialisés. Les récentes annonces d’Agnès Buzyn sur la feuille de route santé mentale pourraient favoriser les initiatives.
C'est un secteur en crise depuis des mois, et qui le fait savoir de plus en plus fort avec des grèves localement et, plus récemment, une manifestation nationale des syndicats du secteur pour «un printemps de la psychiatrie».
En préparation depuis quelques jours sur la toile, la mobilisation #nosviesdabord est officiellement lancée aujourd'hui. Au-delà de l'appel à l'accompagnement "des soignants en grève ou de ceux en gilets jaunes", les initiateurs du mouvement souhaitent "inonder les réseaux sociaux" de leurs revendications.
L'initiative vient de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste, Loic Pen, médecin urgentiste et Sabrina Ali Benali, médecin et auteure du livre "La révolte d'une interne", tous déjà très connus pour leurs prises de position très tranchées sur le fonctionnement du système de santé.
Le mouvement est soutenu par un ensemble d'acteurs de la santé, dont les deux syndicats représentatifs des infirmiers hospitaliers, le SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers) et la CNI (Coordination nationale des infirmières).
"Peut-on encore accepter qu'un soignant se suicide au travail? Pouvez-vous accepter de mourir en salle d'attente des Urgences d'un délai trop long avant d'être soigné", interrogent les initiateurs de la mobilisation dans une vidéo explicative.
Les 5èmes Rencontres de la Recherche en soins en psychiatrie ont fait salle comble pour une session destinée à affirmer une philosophie de la recherche dans un contexte incertain. Les intervenants qui se sont succédés au pupitre ont répondu à l’appel de Jean-Paul Lanquetin pour que les infirmiers psy se réapproprient la clinique par la recherche.
Les 31 janvier et 1er février 2019, se sont tenus à Ecully (région Lyonnaise), les 5emes Rencontres de la Recherche en soins en psychiatrie organisées par le GRSI (Groupe de Recherche en Soins Infirmiers) et le centre Hospitalier de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Deux cent participants étaient au rendez-vous, représentants 70 structures, 54 établissements de 4 pays francophone dont le Canada. Cette manifestation est la deuxième en France qui concilie des PHRIP d’équipes débutantes, confirmées et expertes.
Une philosophie de la recherche affirmée dans un contexte incertain
La recherche en soins en psychiatrie est en expansion et tente à se développer dans un souci de se réapproprier la clinique et de réintégrer les soignants dans leur métier. L’implantation des objets de recherche sur le terrain avec ses différents outils d’appropriation reste le cœur même du dispositif. La dimension épistémologique ouvre des possibles entre des approches fondées sur des preuves et/ou celles au service de la pratique.
Alors même que la ministre a annoncé la mise en place des IPA en psychiatrie, il convient d’être en alerte sur les missions qui leur seront confiées au regard des pratiques existantes et de la diversité des lieux d’exercices. Le COPIL de recherche en soins de la DGOS, dont fait partie Jean-Paul Lanquetin, infirmier, responsable du GRSI et du comité d’organisation, pourra peut-être infléchir quelques décisions au regard des doctorats infirmiers, ancrés dans la pratique, accordés cette année.
Le Sniil (Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux) s'oppose à la modification réglementaire du référentiel de compétences des aides-soignants "décidée" par le gouvernement et en appelle à l'Ordre national des infirmiers, a fait savoir le syndicat dans deux communiqués distincts.
Pour le Sniil, la réingénierie de la profession d'aide-soignante pourrait "prendre un nouveau tournant...au détriment des infirmières et de la sécurité des patients". Cause de la grogne : une modification réglementaire qui viserait à étendre le champ d'intervention des aides-soignants en milieu ambulatoire.
Serait également envisagée la possibilité de déléguer aux aides-soignants, "des missions directement par les médecins", alors qu'actuellement "les aides-soignantes agissent sous seule délégation d'actes d'une infirmière dans le cadre de son rôle propre", précise le Sniil.
Mardi 5 février 2019, les organisations syndicales appelaient à la mobilisation l'ensemble des employés du Groupe hospitalier du Havre (Seine-Maritime). Une manifestation a été organisée devant l'hôpital Monod de Montivilliers. Parmi les revendications : le manque de moyens et d'effectifs.
INTERVIEW - La langue est au cœur des débats de société. L'agrégée de grammaire Marie-Dominique Porée, auteur de Olympe de Gouges et autres femmes «révolutionnaires» en un clin d'œil !, explique pourquoi il est nécessaire de remettre en question la règle du masculin qui l'emporte sur le féminin.
C'est un combat de tous les jours. Certains revendiquent le droit d'ajouter un «e» au mot auteur quand d'autres bataillent pour éviter une féminisation qui cacherait le mot sous le genre. Cette lutte des mots s'est cristallisée en lutte des idées que le «féminisme» a érigé en pilier. Marie-Dominique Porée, agrégée de grammaire et professeure de grec en classe préparatoire, analyse cette notion à travers des personnages historiques dans un livre éclairant intitulé Olympe de Gouges et autres femmes «révolutionnaires» en un clin d'œil! (First). Elle explique au Figaro pourquoi il est nécessaire de remettre en question la règle du masculin qui l'emporte sur le féminin.
LE FIGARO. - On comprend à la lecture de votre ouvrage que la notion de «féminisme» a évolué avec les siècles.
Marie-Dominique PORÉE. - Il faut remonter à la première utilisation du mot féminisme pour le comprendre. Le «féminisme» est né à l'aune du masculin, au XIXe siècle, sous la plume d'Alexandre Dumas fils. L'auteur l'employait dans un sens négatif, pour qualifier une pathologie qui affectait les hommes auxquels on trouvait des traits féminins.
Astrid Chevance1 & Raphaël Gaillard2 1Équipe METHODS, Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris, Hôtel-Dieu, Paris, France 2Université Paris-Descartes ; Hôpital Sainte-Anne, Paris, France
Les femmes sont particulièrement touchées. Selon Santé publique France, près d’une Française sur dix est passée à l’acte au cours de sa vie.
Par François BéguinPublié le 5 février 2019
Les chiffres publiés, mardi 5 février, par Santé publique France à l’occasion de la 23e Journée nationale pour la prévention du suicide ne sont pas bons. En 2017, 7,2 % des Français âgés de 18 à 75 ans – soit plus de trois millions de personnes – déclaraient avoir tenté de se suicider au cours de leur vie. Ils étaient 4,7 % à avoir pensé à mettre fin à leurs jours au cours des douze derniers mois et 0,39 % à avoir tenté de le faire. Des proportions élevées, marquées par des évolutions différentes chez les hommes et les femmes.
Si les hommes représentent les trois quarts des 8 948 décès par suicide officiellement recensés en 2015 par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès pour l’Inserm, un chiffre stable par rapport à 2014 (8 885 décès) après plusieurs années de « lente décroissance », les pensées suicidaires et les tentatives de suicide sont davantage le fait des femmes. Un paradoxe apparent, qui s’explique par le fait que les hommes utilisent des moyens plus létaux (armes à feu, pendaison).
Molly Russel, 14 ans, s’était suicidée à la fin de 2017. L’analyse de son compte Instagram a récemment révélé qu’elle avait consulté de nombreuses images liées au suicide.
Publié le 5 février 2019
Dans une tribune au Daily Mail, publiée lundi 4 février, le nouveau patron d’Instagram, Adam Mosseri, s’est livré à un long exercice de mea culpa, et a annoncé de nouvelles mesures de prévention du suicide sur son application. Le sujet fait la « une » de la presse à scandale britannique depuis plus d’une semaine, à la suite de nouvelles révélations sur le suicide d’une jeune adolescente, Molly Russel, à la fin de 2017. Peu avant de mettre fin à ses jours, la jeune fille, âgée de 14 ans, avait consulté de nombreuses images sur Instagram liées à la dépression, à l’automutilation et au suicide. Le père de la jeune fille avait déclaré, dans un entretien à la BBC, qu’Instagram « avait aidé à tuer sa fille ».
Pour mieux cerner la responsabilité d’un accusé, la justice fait désormais appel à l’imagerie cérébrale. Pour autant, cet outil n’est pas assez mûr pour cet usage, alertent les neurologues, les psychiatres, les magistrats et le Comité d’éthique.
En juin 2007, à Lyon, une bagarre éclate entre deux hommes résidant dans un foyer pour personnes en grande difficulté. L’un d’eux, Sébastien, frappe violemment l’autre qui, pour lui échapper, se défenestre du deuxième étage. Lors de l’instruction, « alors que l’expertise psychiatrique ne décèle aucun trouble mental, deux neuropsychiatres diagnostiquent un “syndrome frontal” lié à l’ablation, subie à l’âge de 12 ans, d’une tumeur au cerveau qui aurait “laissé Sébastien épileptique” », relatent Laura Pignatel et Olivier Oullier, respectivement chercheuse en droit privé et professeur de neurosciences, tous deux à l’université Aix-Marseille, dans la revue Cités (2014).