Buenos Aires et la psychanalyse : chronique d’un amour inévitable
20 mars 2013
Un jour, faisant référence au bandoneón - instrument d’origine allemande - le poète Horacio Ferrer a dit qu’il n’était rien d’autre qu’un «oiseau wagnérien ayant nidifié à Buenos Aires parce qu’il avait senti qu’ici l’attendait Pichuco» (1).
De la même façon, j’ai souvent réfléchi aux raisons de cet amour, de cette passion qui unit Buenos Aires à la psychanalyse. Je me permets d’oser une hypothèse peut-être plus poétique que véridique, mais que, même ainsi, j’aimerais partager avec les lecteurs. Après tout, la liberté de me tromper et de penser me soutient.
Mon hypothèse est la suivante :
Buenos Aires est une terre faite d’absences. Fille de l’immigration d’étrangers qui, fuyant la guerre ou la pauvreté, abandonnaient leurs pays, leurs familles, leurs amis et leur langue pour chercher ici un espace où réaliser leurs rêves, elle s’est bâtie comme un lieu habité par une conscience imperceptible mais efficace : vivre signifie accepter le manque et surmonter la perte.