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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 12 juin 2012

Tout savoir sur le marché du médicament : la Mutualité sort son Mémento

lequotidiendumedecin.fr 11/06/2012

La Mutualité Française publie ce lundi son « Mémento Médicament » (format PDF), qui offre chaque année une analyse des principales données du marché du médicament et de son financement.
En 2011, la Mutualité constate un « repli historique » du marché des génériques : - 3,1 % de boîtes délivrées, soit 21,2 millions en moins qu’en 2010. En France, les génériques représentent 22 % du marché du médicament en volume et 15,2 % en valeur.
« Fortement préoccupée » par ces chiffres, la Mutualité explique cette chute par « des prescriptions orientées davantage vers des médicaments de marques protégés ou non par brevets », par« l’utilisation de la mention « non substituable » par les prescripteurs [sur 4,2 % des ordonnances, selon une étude de la CNAM, N.D.L.R.] et par« une réticence croissante de la part des patients ».


3,1 milliards d’euros pour les médicaments
L’an passé, le médicament est resté le premier poste de dépenses des mutuelles (26,2 % de la totalité), soit 3,1 milliards d’euros sur 5,74 milliards pris en charge par les complémentaires santé et les ménages. En tout, les dépenses de médicaments représentent 26,8 milliards d’euros, observant une légère baisse de 0,1 % par rapport à 2010.
Si la Mutualité « se réjouit » des deux précédentes vagues dedéremboursement (en décembre 2011 et mars 2012) des médicaments à SMR insuffisant, source d’une « économie théorique estimée à 280 millions d’euros », elle souhaite toutefois aller plus loin. L’organisme prône « la suppression du taux de remboursement à 15 % afin d’améliorer la qualité du système de santé par le remboursement des soins les plus utiles et les plus performants ».
› ANNE BAYLE-INIGUEZ

Un congrès mondial pour le suicide assisté


La ville de Zurich accueille à partir de mercredi pour cinq jours le congrès mondial sur le suicide assisté, permettant à la centaine de délégués issus de 45 pays d'échanger sur ce sujet très sensible. «La situation concernant le suicide assisté est très différente en fonction des pays. L'objectif du congrès est essentiellement un échange entre participants sur le travail politique, le lobbying et les initiatives à engager» en faveur du suicide assisté, a indiqué Bernhard Sutter, le vice-président de l'association Exit, qui fait partie des deux associations qui prodiguent l’assistance au suicide en Suisse. Une journée sera consacrée vendredi au grand public, qui pourra assister à des conférences, des tables rondes et écouter des témoignages de personnes ayant accompagnés un proche vers la mort. Une contre-manifestation sera organisée à quelques pas du congrès par l’association Human Life International (HLI) Suisse.

Le suicide assisté en congrès mondial à Zurich

DROIT DE MOURIR
  
«L'objectif du congrès est un échange entre participants sur le travail politique, le lobbying et les initiatives à engager», selon le vice-président de l'association Exit, Bernhard Sutter.

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Haïti - Santé : Situation déplorable dans le secteur de la santé mentale

Antonal Mortimé, le Secrétaire Exécutif de la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHOH) déplore que le problème de la santé mentale en Haïti soit négligé, pour ne pas dire ignoré, dans notre société. 
« La maladie mentale constitue un phénomène qui n'est pas tout à fait accepté et toléré par beaucoup de personnes de la population haïtienne. Elle constitue une catégorie de pathologies pour lesquelles on continue aujourd'hui à avoir des jugements de valeurs et des attitudes discriminatoires. Il existe une prépondérance de la santé physique au détriment de la santé mentale [...]

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Glenn Close s’implique dans la lutte contre la maladie mentale
Glenn Close s’implique dans la lutte contre la maladie mentale
Glenn Close photographiée en janvier dernier.
PHOTO: archives AFP
Heather Scoffield
La Presse Canadienne
Ottawa
Glenn Close admet qu’elle aussi a contribué à perpétuer les stéréotypes liés à la maladie mentale. L’actrice, âgée de 65 ans, était de passage à Ottawa lundi pour participer à une importante conférence sur la stigmatisation de la maladie mentale, tirant profit de son expérience avec certains membres de sa famille pour expliquer pourquoi les personnes atteintes doivent demander de l’aide.

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Sexthétique
Le sexe peut-il nous rendre heureux ? Posée par Freud dans Malaise dans la civilisation, cette question fut au départ des réflexions de Leo Bersani sur la sexualité, la psychanalyse et l'art.
Dans ses travaux antérieurs (Baudelaire et Freud, Théorie et violence), Leo Bersani soulignait, après Freud et Lacan, l'affinité de la sexualité avec l'agressivité et la pulsion de mort plutôt qu'avec le bonheur. Il précise ici sa résistance à ce qu’il a critiqué, dans la théorie queer, comme la foi en un bonheur sexuel enfin libéré des impératifs de la normativité hétérosexuelle et (mariage gai aidant) homosexuelle.
Par son appel à de « nouveaux modes relationnels », Foucault a suscité chez Leo Bersani un nouveau point de départ, qu’oriente une subjectivité en correspondance sensuelle avec le monde : non plus le désir, mais le plaisir de tracer des mouvements, psychiques aussi bien que physiques.
Ce sont là les formalisations d'un sujet esthétique et, partant, d'une nouvelle éthique.
Une critique attentive et élogieuse de Fabrice Bourlez dans nonfiction.fr
Date de parution : octobre 2011
230 pages
ISBN : 978-2-35427-023-0
25,00 €

Face aux drogues, tirer les leçons de l’échec

7 juin 2012
Par ALAIN MOREL Psychiatre, directeur général de l’association Oppelia, JEAN-PIERRE COUTERON Psychologue, président de la fédération Addiction
La politique menée depuis cinq ans par la France en matière de stupéfiants avait l’ambition de faire baisser les usages de drogues : rappel de la dangerosité des substances illicites, légitimation de la pénalisation, multiplication des sanctions, hausse des interpellations, médiatisation des opérations coup de poing… Rien ne devait affaiblir l’action publique dans sa volonté d’ériger une ligne Maginot entre les drogues illicites et les autres, entre les jeunes et les produits psychoactifs. Dans le même temps, le gouvernement refusait de relancer les actions sociales et de réduction des risques, rejetait l’expérimentation de salles de consommation supervisées et limitait la prévention dans les collèges et les lycées au passage de policiers et gendarmes. Quelques universitaires, chercheurs, addictologues étaient convoqués pour servir de caution scientifique. Une poignée d’ex-policiers et magistrats, recyclés dans la politique, amplifiaient le message. Ceux qui ne voulaient pas se prêter à ces gesticulations mais s’en tenir aux réalités scientifiques étaient livrés à la vindicte populaire. La moindre contestation était assimilée à un éloge des drogues, la moindre évocation d’une adaptation de la loi était taxée de laxisme, la moindre main tendue à l’usager devenait de l’angélisme. Cette politique rassurait l’opinion, les sondages étaient bons. Seul cela importait.
Aujourd’hui, une enquête mesurant sur les cinq années écoulées l’évolution des usages des adolescents établit que cette politique a connu le même fiasco que la célèbre ligne Maginot : alcool, tabac, cannabis sont à la hausse chez nos adolescents [lire Libération d’hier, ndlr]. Substances licites ou illicites, même combat ! L’ennemi n’a pas eu la courtoisie de passer là où nous l’attendions ! Cet échec n’est pas une surprise pour ceux qui savent cette idéologie basée sur une vision mythique des drogues qui voudrait que les substances illicites soient plus dangereuses que les autres. Pourquoi prévoir une peine de prison pour un fumeur de cannabis si cette drogue n’est pas criminelle ? Et, si fumer une cigarette ou boire de l’alcool laisse en règle avec la loi, cela ne confirme pas que leur danger n’est pas aussi grand. Il suffit d’en faire un «usage raisonnable» si l’on en croit des sportifs recrutés par un industriel de l’alcool pour une campagne de pub lancée à l’occasion d’un grand tournoi de tennis. Et pourtant, l’enquête précitée le confirme : l’expérience des substances licites telles que tabac et alcool précède toujours celle des substances illicites, notamment du cannabis.
Mais il serait malhonnête d’attribuer entièrement les mauvais chiffres de consommation à cette politique, des éléments structurels y ont une part importante. Il est ainsi urgent de prendre en compte l’environnement addictogène dans lequel nous vivons, non pour y trouver une excuse, mais pour en déceler les difficultés quand il s’agit de garder la maîtrise de nos comportements d’usage de produits. Nul ne peut imaginer que dépénaliser représente la seule solution, que déréguler constitue la panacée dans une société marquée par la dérégulation. Mais nul ne peut accepter que l’interdit, sans autre précision, soit brandi comme seule réponse à l’hypersollicitation consommatoire de notre société. Une politique du XXIe siècle doit être globale et agir sur au moins quatre domaines.
Elle doit d’abord contenir cet environnement addictogène en posant règles, interdits et limites, en prévoyant des sanctions, y compris pénales. Mais sans craindre de remettre en cause une pénalisation de l’usage simple qui ne sert à rien et coûte cher. Dans le même temps, le développement de l’éducation préventive sous toutes ses formes permettra aux familles d’anticiper l’attractivité des substances, d’accompagner leurs enfants dans l’appropriation progressive des effets du monde moderne et de ses technologies, renforçant les compétences des personnes. Toutefois, dans un monde où tout circule et s’échange, les adolescents feront encore des expériences. Nous devons donc développer les actions permettant de les rencontrer, plus tôt et au plus près de ces premières expérimentations, avant qu’elles n’aient creusé le sillon de l’habitude. Les actions d’intervention précoce faites en milieu scolaire, la relance des consultations jeunes consommateurs sont des pistes à suivre. Le dernier axe est celui où nous anticiperons les risques pris par ceux qui continueront de tester leurs limites, de franchir nos interdits. Autant de raisons de soutenir les équipes qui proposent des actions de réduction des risques et déploient des filets de sécurité.
La politique passée a rendu tout débat impossible. Il ne s’agit pas d’affaiblir les interdits, mais de dépasser l’obsession de la loi pour promouvoir une politique de santé publique diversifiée et équilibrée. L’actuel gouvernement semble hésiter, le candidat Hollande n’évoquait qu’un rééquilibrage entre logique de soins et logique pénale. Or, continuer de choisir entre soigner ou punir, sans logique d’éducation et de prévention, c’est accepter de continuer à fabriquer des consommateurs dépendants. Unanimement, les acteurs qui travaillent, réfléchissent et s’engagent sur le terrain réclament et proposent une autre politique. Ils ne demandent qu’à y contribuer.
Auteurs de : «Drogues : faut-il interdire ?», Dunod, 2011.

Les Livres de Psychanalyse

La revue nationale des Collèges cliniques n° 11 : "Ce qui nous affecte"
Mars 2012

LACAN, tout au long de son enseignement, précise et nuance l’importance de l’affect pour l’être parlant. À·la suite de FREUD, il donne un statut particulier à l’affect d’angoisse, affect fondamental qui contrairement aux autres affects, ne trompe pas sur sa cause : l’imminence du réel et l’imprévisibilité du désir de l’autre qui surprennent le sujet.

Avec ce thème, « Ce qui nous affecte », l’accent est porté d’emblée sur la distinction à faire entre, ce qui affecte, le langage, et ce qui est affecté, le corps. L’affect est un effet : celui de l’incorporation de la structure du langage, dès les premiers ancrages langagiers de jouissance dans la lalangue maternelle.

Sont examinés ici, les modalités et les limites de cette incorporation, notamment dans la psychose ou dans les expériences de jouissance féminine. L’affect y est envisagé dans son ancrage pulsionnel (sur l’axe satisfaction/insatisfaction), dans le lien au désir de l’Autre (assujettissement ou séparation), dans sa dérive signifiante (glissant de représentation en représentation, il trompe sur sa cause) et dans son rapport au réel.

Est questionnée l’apparition des affects propres à la situation analytique, ceux liés au transfert et au savoir insu de lalangue. Les affects, soumis à l’éthique du bien-dire, se modifient au cours et jusqu’en fin d’analyse et sont transmis dans la passe

William Boyd

Les investigations psychanalytiques de William Boyd

21/05/2012
Retour au roman d’espionnage pour William Boyd. Avec L’Attente de l’aube (Seuil), l’écrivain balaie les prémices de la Première Guerre mondiale, entre Vienne et Londres, à travers les mésaventures d’un acteur parachuté espion après une psychanalyse un brin trop libératrice.



L’auteur en un clin d’œil : Comme ses compatriotes Graham Greene et John Le Carré, l’écrivain britannique William Boyd aime brouiller les codes littéraires pour souligner les dérives du monde contemporain. Né en 1952 à Accra, passé par Oxford, il est l’auteur d’une œuvre qui mêle biographie, roman d’espionnage, fresque historique ou encore chronique sociale. En savoir plus sur William Boyd
Lou Andreas-Salomé.
_blankEn toute liberté
Isabelle Mons
Paris : Editions Perrin, 2012.
Enfant de Russie, Européenne dans l'âme, voyageuse au long cours, Lou Andreas-Salomé (1861-1937) fut tout à la fois muse, écrivain et psychanalyste, vivant de sa plume à une époque où cela ne se faisait pas. Auprès de Nietzsche, rencontré en 1882, dont elle est l'indispensable disciple, Lou prend son envol. Présentation de l'éditeur :
"Vous m'avez manqué hier soir à la séance (...) et je n'ai cessé de fixer comme fasciné la place vide que l'on vous avait réservée." Ainsi écrit Freud à Lou Andreas-Salomé, le 10 novembre 1912. Outre le fondateur de la psychanalyse, et avant lui, le philosophe Nietzsche ou le poète Rilke, Lou aura "fasciné" quelques-unes des plus grandes figures de son temps.  
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4 e Congrès Travail social et psychanalyse de Montpellier: octobre 2013


Le 4e Congrès "Travail social et psychanalyse" organisé par Psychasoc  se tiendra les 11, 12 et 13 octobre 2013 à Montpellier, sous le titre (pas définitif) de 
"L'acte en intervention sociale 
Acte éducatif, pédagogique, thérapeutique"
Je lance la discussion.

On attend des travailleurs sociaux, des enseignants, des soignants des actes qui produisent des changements chez des sujets en souffrance, en perte de lien social... L’acte n’est ni l’action ni l’activité, encore moins l’activisme, même si tout y pousse dans le contexte néolibéral actuel, où le chiffre tend à remplacer tout processus d’évaluation. « On a sombré dans l’activisme », disait récemment une directrice. L'acte procède avant tout d'une rencontre humaine, c'est tout le sens d'une clinique qui donne au sujet toutes ses chances. Une clinique qui agit sous transfert et met souvent à mal le praticien social. L'acte dans l’intervention sociale, qu’elle agisse dans le champ socio-éducatif, pédagogique ou thérapeutique, exige des professionnels non seulement une compétence, un savoir-faire, mais aussi une certaine forme d'engagement qui relève d'une éthique, donc d’une représentation de ce qu’est un être humain et des processus d’humanisation. Il procède d’une invention, d’une création inédite, d’une trouvaille…

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" Psychanalyse et politique, politique de la psychanalyse"

Journées de l’Association Patou
23 et 24 juin 2012
URIOPSS - Centre Vauban
199 rue Colbert
Bâtiment Douai - 5ème étage
59000 LILLE

Le sujet de l’inconscient freudien ne peut s’envisager indépendamment des discours qui l’instituent. Pour cette raison, la psychanalyse est une pratique qui touche au plus près à ce qu’on appelle « le politique ». De la Psychologie des foules, à L’homme Moïse, en passant par l’Avenir d’une illusion et le Malaise dans la civilisation, Freud le premier a mis l’accent sur la dimension politique de son invention. Et Lacan après lui n’a fait qu’en souligner la portée. On se souvient de son affirmation « L’inconscient c’est la politique » et de l’écriture des quatre discours qui en est le développement.


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(2012) Rôle bénéfique de Facebook pour certains patients présentant des troubles mentaux chroniques


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Près d'un militaire américain se suicide en moyenne chaque jour

Un soldat américain s'est donné la mort pratiquement chaque jour depuis le début de l'année, soit le rythme le plus élevé des dix dernières années, démontrent des données obtenues par l'Associated Press.
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20 mai 2012

La maison où les ados respirent

Un lieu où on ne « leur prenne pas la tête ». Où on ne leur propose rien, ne leur organise pas la moindre activité. Leur lieu. Leur point de rendez-vous. Un café idéal où il ne serait pas besoin de consommer. Il y aurait de quoi se divertir. On pourrait simplement s’y retrouver pour discuter.
Les Ateliers, à Sceaux. ©Fabrice Gaboriau
Voilà ce dont rêvaient les adolescents de Sceaux, ce qu’ils ont tenté d’expliquer il y a un peu plus de quatre ans en Conseil municipal des jeunes. « Ils nous ont dit qu’à la MJC, il fallait choisir une activité et payer, se souvient le maire, Philippe Laurent. On les a laissés développer leur idée, aller voir ce qu’il y avait dans les autres villes ».Résultat de l’enquête : rien de ce genre, nulle part. « Donc on a conçu avec eux cet espace où ils peuvent se retrouver, échanger, partager des moments en dehors des lieux scolaires et du domicile familial ». Une structure innovante que désormais d’autres villes viennent étudier.
Car elle satisfait ses concepteurs. Les ados. Ouvert fin 2008, l’Espace public numérique (dit « Les Ateliers », puisqu’il occupe les anciens ateliers municipaux) peut se prévaloir de 400 inscrits « et de parents contents parce qu’il y a moins d’orphelins de 16 heures », ajoute le maire. Comme Valérie Weber-Haddad dont le fils, en quatrième, fréquente les Ateliers depuis l’an dernier : « Je rentre à la maison vers 19 heures, nous précise-t-elle. Avant cela, je sais qu’il est ici à partir de 17 heures, qu’il vient avec plaisir. Il n’est pas seul, il y a une présence adulte. C’est sécurisé. Les personnes qui se comportent mal sont sur liste noire, refusées à l’année. Je sais qu’il est en interactivité, qu’il partage avec d’autres enfants de son âge, parce qu’à la maison, il pourrait passer son temps devant l’ordi et la télé...».
Chaque année, la fréquentation grimpe d’une centaine de jeunes. Après inscription, et engagement pris de respecter le règlement intérieur, les 11-18 ans (de la 5ème à terminale) qui habitent Sceaux ou fréquentent un établissement scolaire de la ville peuvent venir traîner ici les mardis, jeudis, vendredis de 17 à 19 heures, après les cours. Et les mercredis et samedis de 14 heures à 19 heures. Ces deux grosses journées, ils sont souvent une cinquantaine à se côtoyer, tissant ainsi un réseau. Au lycée, ils se retrouvent : « Je te connais des Ateliers ».
Gros avantage de cet « établissement municipal recevant du public » (au budget annuel de fonctionnement de 55 000 euros) : il ne ferme pas durant les vacances scolaires.
D'anciens ateliers qui jouxtaient des garages municipaux, rue des Imbergères. © Fabrice Gaboriau
En centre-ville, rue des Imbergères, non loin des deux cités scolaires (Lakanal et Marie-Curie), ces 200 mètres carrés d’anciens ateliers ont été réhabilités par des architectes dans une ambiance très « loft ». Du bois, de l’acier, du rouge, du gris, de la brique. Aucune trace, jusqu’à présent, de dégradations. Au rez-de-chaussée, un baby-foot, un billard américain, un écran géant qui diffuse matchs de foot, de rugby, ou clips vidéos (de la musique invariablement taxée de « chelou » par les ados, qui pourtant sélectionnent eux-mêmes la chaîne).
Et des ordinateurs en pagaille, pour pratiquer le montage photos, surfer sur les réseaux sociaux ou You tube – avec contrôle parental sophistiqué. Ou pour jouer aux jeux vidéo en réseau (maximum 45 minutes). « Pourgeeker entre potes, résume l’une des animatrices, Jasmine Vérité. Ce qui évite qu’ils ne le fassent chez eux, tout seuls dans leur chambre, jusqu’à pas d’heure le soir, qu’ils arrivent à l’arrache le matin au lycée. Et que les parents craquent ! ».
A l’étage, sur la mezzanine, encore des ordinateurs mais cette fois plutôt réservés au travail, notamment de groupe. Des télés et des consoles de jeux vidéo, XBox et Wii. Deux ados nous rejoignent avec à la main des mini-guitares qui servent de manettes de jeu. Les deux Guitar heroes du moment, ce sont Théo, 14 ans, le fils de Valérie Webber-Haddad avec qui nous avons conversé plus tôt. « Chez moi, je n’ai pas l’équipement. Ici, c’est bien, on est entre potes, on s’amuse, il y a toujours quelque chose à faire. C’est convivial, c’est mieux que chez soi devant la télé. Et les animateurs sont cool si on ne dépasse pas les limites ». Et Nicolas, même âge, qui confirme l’« ambiance super cool ». « J’ai la Wii à la maison, mais je préfère venir ici, c’est plus sympa. En plus, on peut compter sur les gens d’ici. A une ou deux reprises, je me suis fait agresser, je suis venu, ils m’ont rassuré ».
Théo et Nicolas en pleine partie de Guitar Hero. © Fabrice Gaboriau
Des adultes de confiance, bienveillants - deux ou trois la semaine, jusque cinq le samedi -, familiers puisqu’ils sont quasiment tous là depuis l’ouverture. Ils prêtent une oreille, donnent un coup de main, réexpliquent pour la millième fois les règles du billard, aident à rédiger une lettre de motivation pour un stage... Ce soir, ils sont assis sur des tabourets hauts autour d’une longue table surélevée couverte de magazines. Une partie de « Monsieur je sais tout » est en cours, dont on perçoit vite qu’elle est surtout prétexte à discussion. Les ados vont et viennent, jouent un coup, s’éloignent pour échanger quelques "vannes" avec l'un ou l'autre, prendre une boisson au distributeur. Puis reviennent. Comme s’ils disputaient avec des copains une partie sur la table basse du salon, entre deux plongées dans le frigo familial.
« Ils nous disent qu’ici, c’est un peu leur deuxième maison », témoigne Jasmine Vérité. Mais à 26 ans, elle pense avoir davantage l’âge et l’état d’esprit d’une grande sœur que d’une mère. « Ils viennent avec qui ils veulent, on n’est pas dans le contrôle parental. Si un gars est avec une fille, on ne fait pas d’insinuations... Ils peuvent se confier, lâcher prise. S’il leur arrive une de ces bricoles qui fait mal aux ados, il savent qu’ils peuvent en parler, qu’on n’en fera pas tout un foin comme les parents ».
Et que lui confient-ils ? Leurs angoisses scolaires ! « Ils sont vachement inquiets de leurs notes. Il y a deux gros établissements élitistes à Sceaux qui exercent une grande pression aux résultats. On récupère des gamins qui écopent de 2/20 en devoirs sur table ! C’est terrible, les moqueries entre eux par rapport à la médiocrité scolaire. On essaie de leur faire comprendre qu’il existe d’autres filières que les classiques ». Encore faut-il que les parents puissent les envisager. Comme ceux de ce jeune garçon qui amène régulièrement de délicieux gâteaux. Il rêve d’être cuisinier, ses parents ne veulent rien entendre. Jasmine poursuit : « On tente de les rassurer. T’inquiète pas, telle prof est dure, ça ira mieux après. Et surtout on les valorise car le tissu éducatif les dévalorise énormément. On leur dit que ce n’est parce qu’ils ne seront pas Polytechniciens qu’ils ne feront rien de bien dans leur vie ».
En mezzanine. © Fabrice Gaboriau
Devant les ordinateurs, Maxence, qui vient depuis la cinquième et est actuellement élève de seconde, et Mathieu, en troisième, partagent une partie. Ils nous disent être là pour déstresser, pour parler d’autres choses que du travail, sujet de conversation prédominant à l’école. Omar Dziri, l’autre animateur, veille discrètement au grain. Et engage dès que possible la discussion. Régulièrement, il retrouve le soir des jeunes devant sa porte. « Ils sont angoissés. Matraqués de boulot, c’est dément ! Ils font des insomnies dès la quatrième. Il n’y a même plus besoin des parents pour leur mettre la pression...» Les Ateliers, pour lui, jouent un rôle salutaire de soupape. "Ici, ils ne sont pas jugés. Pas méprisés. On ne va pas leur demander s’ils ont bien travaillé, quelles notes ils ont eues. Ils ont le droit de ne rien faire !".
Est-ce lié à la pression scolaire ? Les animateurs sentent bien qu'il leur faut, l’air de rien,  sensibiliser ces ados aux conduites à risque. Abrutissement devant les jeux vidéo. Alcool piqué dans le bar parental. Et drogue, tellement facile d’accès quand on reçoit, comme certains de ces ados, des 200 euros d’argent de poche...
Jasmine Vérité, animatrice depuis quatre ans. © Fabrice Gaboriau
NDLR: Nous avions dans un premier temps indiqué un budget de fonctionnement de 2700 euros, mais ce dernier ne correspond qu'au "petit fonctionnement", aux différentes fournitures nécessaires quotidiennement, nous a précisé la mairie. Le véritable budget de fonctionnement, incluant les frais de personnel et l'entretien des locaux, est de 55 000 euros annuels. Merci à certains commentateurs d'avoir relevé cette erreur. 

Petit ajout, pour ceux que cette thématique adolescente passionne
François de Singly, le célèbre sociologue de la famille, vient de produire (avec Guillaume Macher, doctorant) une note pour la Fondation Terra Nova sur la politique de l'adolescence (24 avril 2012). Il y suggère notamment d'"Inventer des lieux pour adolescents". Lieux qui ressemblent fort aux Ateliers que nous venons de visiter. Voici un extrait de sa note:
- INVENTER DES LIEUX POUR LES ADOLESCENTS
(...) "A côté des nombreux clubs sportifs, conservatoires, cours de dessin... qui gardent leur intérêt, en particulier pour les adolescents qui s’inscrivent dans une logique d’apprentissage, on pourrait envisager la mise à disposition d’espaces récréatifs que les adolescents s’approprieraient à leur guise, c’est-à-dire quand ils le souhaitent et avec qui ils souhaitent, mais aussi dont ils peuvent définir la destination dans une certaine mesure. Il s’agirait d’espaces modulaires et modulables, qui puissent accueillir différents types d’activités simultanément et dans le temps. (...)
En dehors de l’école, les lieux pour se retrouver entre amis, notamment les lieux clos, sont relativement rares. En extérieur, les adolescents ne tarissent pas d’imagination pour s’approprier des « bouts d’espace », mais en ce qui concerne les lieux clos, il n’y a guère que les logements des uns et des autres pour trouver refuge. Or, cette solution présente deux inconvénients : d’une part, elle est injuste socialement dans la mesure où toutes les familles ne disposent pas nécessairement de logements qui permettent de tels « rassemblements » ; d’autre part, et là encore d’autant plus que les logements sont étroits, elle oblige les adolescents à se placer sous la surveillance des parents… Une idée pour une ville plus ouverte aux relations amicales adolescentes serait donc de concevoir des lieux de rencontre dédiés, de véritables « maisons des adolescents » en ce que les adolescents auraient la possibilité de décider de certains aménagements, seraient en situation d’autonomie partielle dans la gestion du lieu. Celui-ci aurait essentiellement vocation à accueillir les adolescents qui souhaitent discuter, jouer, s’amuser, faire des rencontres… Néanmoins, il serait surveillé de manière discrète par un personnel adulte auprès duquel les adolescents pourraient également faire part de leurs inquiétudes, de leurs difficultés, de leurs souffrances… "
Le bilinguisme, un stimulant pour le cerveau des enfants
Par figaro icon damien Mascret - le 22/05/2012
Les bénéfices de l'apprentissage de deux langues différentes rejaillissent sur le fonctionnement général du cerveau des enfants.

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