Paris, le vendredi 25 mai 2012 - Le plan de restructuration porté par Didier Borniche, président de l’Ordre infirmier, pour permettre à cette structure de survivre en dépit d’un déficit de 6,6 millions d’euros en 2011 supposait notamment la suppression de plus de la moitié de ses salariés. C’est aujourd’hui chose faite : si certaines personnes ont souhaité démissionner d’elles-mêmes, soixante neuf ont été directement « remerciées ». Au total, 112 postes ont été supprimés en un an et l’Ordre ne conserve aujourd’hui que 44 équivalents temps plein. Autre impératif pour redresser les comptes de l’Ordre : le déménagement du bureau national vers des locaux moins dispendieux. Dans un entretien à Soins cadre, Didier Borniche évoque un changement de siège avant la fin de l’année. Ces différents efforts devraient permettre pour la première fois à l’Ordre d’atteindre l’équilibre financier. Ainsi, l’instance pourra-t-elle plus sereinement effectuer ses missions et notamment convaincre les infirmières encore réticentes de son utilité. Didier Borniche a voulu en donner deux confirmations. D’une part, les recensements réalisés par les ordres départementaux suggéreraient un nombre total d’infirmiers bien moins important que celui affiché à partir du répertoire par le fichier Adeli. Par ailleurs, des députés prépareraient une proposition de loi visant à élargir le champ de la prescription infirmière, position depuis toujours défendue par l’Ordre.
M.P.Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
dimanche 3 juin 2012
Saint Jean de Dieu en grève
Créé le 29/05/2012
Une partie du personnel de l'hôpital psychiatrique Saint Jean de Dieu débrayera ce mardi entre 13 h et 14 h 30. Les syndicats ont appelé les infirmiers à descendre dans la rue et à manifester route de Vienne (8e) pour dénoncer un manque de moyens et la multiplication des agressions. « Selon le bilan social de l'année 2011, le taux de gravité des agressions (des patients envers le personnel soignant) a augmenté de 71 % en un an, assure Jeanine Guilhen, du syndicat Sud. Et les agressions en elles-mêmes se sont accrues de plus de 60 %. » Plusieurs propositions ont été formulées par la direction vendredi lors d'un comité d'entreprise, parmi lesquelles l'arrivée d'un infirmier dans les huit unités de soins cet été. « Les projets présentés sont intéressants mais ils sont à moyen terme, reconnaît Jeanine Guilhen. Or, nos besoins sont immédiats. La situation ne peut plus durer. » Une délégation devrait être reçue par la direction à 14 h. Bien que n'ayant déposé aucun préavis de grève, quelques infirmiers du Vinatier pourraient venir soutenir leurs collègues ce midi.C. G .
Déserts médicaux : l'ordre des médecins prône des mesures contraignantes
Le Monde.fr avec AFP |
Le conseil national de l'ordre des médecins (CNOM) a présenté mardi 29 mai ses recommandations pour faciliter l'accès aux soins, visant à mieux répartir les médecins sur le territoire, y compris par des mesures contraignantes. Le conseil recommande également de limiter les dépassements excessifs d'honoraires. Les "questions relatives à l'accès aux soins posent problème depuis des années", a souligné son président, Michel Legmann, évoquant les "contrées sous-médicalisées" et "la question des honoraires avec des dérives inacceptables".
"Il faut prendre ses responsabilités", a-t-il martelé, conscient que ces propositions, issues du séminaire annuel du CNOM qui s'est tenu du 10 au 13 mai, allaient "faire des mécontents". L'Ordre constate "l'échec" des mesures incitatives prises jusqu'à présent et estime que l'augmentation du numerus clausus, qui fixe un quota de médecins à former à partir de la deuxième année des études, "n'est pas la solution".
Pour la première fois, le CNOM préconise de remédier aux déserts médicaux, ces zones souvent rurales ou périurbaines où l'on manque de médecins, par la contrainte. Il s'agirait d'obliger un jeune médecin, à la sortie de ses études, à s'installer pour cinq ans dans la région où il a été formé. Les lieux d'exercice seraient déterminés à l'intérieur de chaque région sous la conduite des agences régionales de santé, "en liaison étroite avec le conseil régional de l'ordre". "Des mesures d'accompagnement, d'incitation et de promotion de carrière" devraient nécessairement être mises en place pour les médecins contraints de s'installer en zone déficitaire, selon le CNOM.
LIMITER LES DÉPASSEMENTS D'HONORAIRES
Le conseil a également décidé de s'attaquer aux dépassements d'honoraires en définissant plus clairement la mesure préconisée par le code de déontologie pour les médecins pratiquant des tarifs supérieurs à ceux de la Sécurité sociale. Le CNOM recommande désormais aux médecins en secteur 2 (honoraires libres) de réserver "au moins 30 %" de leur activité au secteur 1 (tarif de la Sécurité sociale), y compris pour l'activité libérale des praticiens hospitaliers du public. Par ailleurs, ces honoraires "ne sauraient dépasser 3 ou 4 fois le montant opposable" de la Sécurité sociale, précise également pour la première fois le conseil.
Le médecin, lorsqu'il fixe ses honoraires, doit le faire "dans le respect de certaines règles", détaille le CNOM, en tenant compte de sa notoriété, de la difficulté de l'acte, des exigences éventuelles du patient, mais également des capacités financières de celui-ci. Toutes ces recommandations ont été envoyées au gouvernement, a souligné M. Legmann, qui a sollicité un rendez-vous auprès de la ministre de la santé, Marisol Touraine.
La France compte près de 10 % d'enfants pauvres
Le Monde.fr |
Dans les pays riches, ce sont les pays nordiques qui semblent lutter le plus efficacement contre la pauvreté des enfants, alors que la France, malgré une forte dépense publique en la matière, compte près de 10 % d'enfants pauvres, souligne mardi 29 mai un rapport de l'Unicef. Ce rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance compare deux types de pauvreté dans les économies mondiales les plus avancées : l'une basée sur les privations des enfants, l'autre mesurant la pauvreté relative. Basé sur des données de 2009, il ne tient pas compte des conséquences de la crise économique.
Le premier critère de comparaison, un indice de privation, révèle la proportion d'enfants n'ayant pas accès dans chaque pays à au moins deux de 14 variables considérées comme normales (par exemple trois repas par jour ou des fruits et légumes frais tous les jours). Résultat : dans les 31 pays européens considérés, 15 % environ des enfants sont"privés" d'au moins deux éléments essentiels.
Les taux les plus élevés de privation se trouvent dans les pays les plus pauvres comme la Roumanie, la Bulgarie et le Portugal (respectivement plus de 70 %, 50 % et 27 %). Les pays nordiques affichent les taux les plus bas, inférieurs à 3 %. Parmi les 14 pays les plus riches, deux ont un taux de privation des enfants supérieur à 10 % : la France (10,1 %) et l'Italie (13,3 %). La France est pourtant le pays qui a la plus forte dépense publique pour ses enfants (3,7 % de son PIB contre 2,2 % pour la moyenne des pays étudiés), relève le rapport.
EN FRANCE, LA "PAUVRETÉ BRUTE" FRISE LES 20 %
Le second critère étudié est la pauvreté relative, soit le pourcentage d'enfants vivant dans des ménages dont le revenu disponible, ajusté en fonction de la taille et la composition de la famille, est inférieur à 50 % du revenu médian national du pays dans lequel ils vivent. Là encore, les pays nordiques et les Pays-Bas affichent les taux les moins élevés de pauvreté relative pour les enfants, à environ 7 %. A l'opposé, plus de 20 % des enfants de Roumanie et des Etats-Unis vivent dans la pauvreté relative. Seuls le Danemark, la Finlande, l'Islande, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et Chypre sont bien classés pour les deux critères.
"La comparaison entre les pays similaires démontre que les politiques gouvernementales peuvent avoir un impact significatif sur la vie des enfants", estime l'Unicef. Par exemple, le Danemark et la Suède ont des taux de privation bien plus bas que la Belgique ou l'Allemagne, bien que ces quatre pays aient des niveaux similaires de développement économique et de revenus par habitant, souligne le fonds.
Le rapport indique aussi que le taux de pauvreté brute des enfants en France (avant allocations et mesures fiscales) frise les 20 % mais est atténué par des mesures de compensation qui ramènent ce taux à 8,8 % d'enfants en situation de pauvreté relative. Ce résultat place la France en 14e position des 35 pays étudiés. "La France consent un effort financier conséquent dans les allocations, réductions fiscales ou dans la politique familiale, ce qui a un impact évident, mais peut-être d'une efficacité moindre que dans d'autres pays", souligne Nathalie Serruques, responsable de la mission enfance pour l'Unicef en France. Certains pays sont nettement plus performants : avec des dépenses moins importantes, ils réduisent plus fortement la pauvreté des enfants, fait valoir le fonds.
R. BARTHES, COURS/EHESS, 3 - SUR SARRASINE DE BALZAC
Parution : 3 novembre 2011.
PARUTION LIVRE (ÉDITION) AVEC COMPTE RENDU PUBLIÉ SUR ACTA
Parution : 3 novembre 2011.
Information publiée le mardi 30 août 2011 par Nicolas Geneix
Compte rendu publié dans Acta fabula : "Barthes, de A à (S/)Z" par Mathieu Messager.
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Roland Barthes, Cours/Ehess, 3 - SurSarrasine de Balzac
Avant-propos d'Éric Marty.
Présentation et édition de Claude Coste et Andy Stafford.
Paris : Seuil, coll. Trace écrite, 2011
- 27,00 €
- EAN13 : 9782020618526
Résumé :
Barthes choisit de travailler sur cette nouvelle de Balzac qu'il a découvert grâce à Georges Bataille et à un article du psychanalyste Jacques Reboul (" Sarrasine ou la castration personnifiée "). Ces notes de cours, qui se limitent à l'analyse du prologue de la nouvelle, conduiront à la publication de S/Z en 1970.Totalement inédites, elles permettent de suivre le cheminement créateur de Barthes (de l'enseignement au livre, de l'oral à l'écrit), l'élaboration d'une " méthode " (l'" analyse textuelle ", qui suit pas à pas les différents codes de la nouvelle) et le développement d'une réflexion sur la transgression, symbolisée par le personnage du castrat comme figure où s'abolissent toutes les différences (en particulier la différence sexuelle).Mais le séminaire confronte également Barthes aux événements de 68 (le séminaire s'interrompt le 2 mai). La séance de reprise en novembre 1968 correspond à une analyse des événements politiques, Barthes marquant ses distances par rapport au technocratisme et à la contestation étudiante.Les deux années de séminaires sont précédées par un avant-propos de l'éditeur général et une préface des deux éditeurs. Le volume est complété par le texte de la nouvelle de Balzac, les deux comptes rendus donnés par Barthes, deux index et une bibliographie.
Url de référence :
http://www.seuil.com
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Infirmières agressées au CHS Saint-Jean-de-Dieu : rassemblement ce mardi
Après les agressions récentes de deux infirmières, l’Intersyndicale Sud-CGT appelle les salariés du centre hospitalier Saint Jean-de-Dieu à débrayer ce mardi 29 mai de 13 heures à 14 h 30 devant les portes de l’établissement. Une infirmière de l’hôpital psychiatrique Saint- Jean-de-Dieu a récemment été agressée par un patient, dans son unité de soins. Quinze jours auparavant, une de ses collègues avait subi un sort identique. Les coups portés ont été si violent que les deux soignantes se sont retrouvées aux urgences. Les traumatismes physiques sont importants, les traumatismes psychiques aussi.
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ART ET DECHIRURE
Un festival à la folie, “Art et déchirure“ milite
pour une psychiatrie désaliénante
Le festival biannuel sur l’agglomération rouennaise
“Art et déchirure“, 13èmedu nom, consacrera jusqu’à la mi-juin l’essentiel de
sa programmation à la promotion de toutes les formes artistiques en rapport
avec la psychiatrie. Ce festival multiforme vient à la rencontre d’un public
aux oreilles ouvertes et aux yeux fertiles dont le seul souhait et « d’être
assuré d’être fidèle aux ordres du merveilleux », résume Paul Edmond Huguet,
président d’honneur de l’association Art et Déchirure à l’origine de ce rendez-vous
si original. Par nature il s’attachera aussi, comme le souligne la directrice
du centre hospitalier du Rouvray Véronique Hamon, à « lutter contre la trop
fréquente stigmatisation de la maladie mentale » dans une société toujours
tentée par les logiques de l’enfermement.
Programme et suite ici
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samedi 19 mai 2012
PSYCHÉ AU VIF
Par O.M.
18 mai 2012
Alice Winocour, réalisatrice d’un premier film, «Augustine»
Alice Winocour, réalisatrice, le 17 mai à Cannes. - Roberto Frankenberg
Alice Winocour a la générosité des premières fois. Premier long métrage, première exposition médiatique : la réalisatrice de 36 ans raconte avec élan la genèse et les multiples dimensions de son film Augustine - une gageure, tant le résultat est riche et réussi. Projeté ce samedi à la Semaine de la critique, il parle de l’hystérie, maladie attribuée aux femmes des siècles derniers, depuis disparue, ou plutôt transformée.
Augustine, 15 ans, est une jeune bonne internée à la Salpêtrière en 1885, soignée par le docteur Charcot, devenant sa «favorite» et son obsession. Un premier film en costumes, sur un personnage historique de la médecine ? Alice Winocour dit qu’elle a «subi» plus que «choisi» son sujet. Une lecture, décrivant la Salpêtrière du temps de Charcot, «2 000 femmes du peuple enfermées et observées par des hommes, avec des examens hyperviolents et une tension érotique permanente».Une image, un tableau d’André Brouillet, «où on voit le médecin en costume trois-pièces, détaillant une patiente à moitié nue devant un parterre de spectateurs». Et il ne lui a plus semblé possible de tourner autre chose.
Le film intègre des femmes non comédiennes, souffrant d’affections psychiatriques réelles. Et son propos est on ne peut plus contemporain. «L’hystérie, c’est mettre en scène sa détresse dans son corps. C’est quelque chose qui existe encore beaucoup, avec l’anorexie, l’automutilation.» Cette détresse, Alice Winocour n’en élude aucune des ambiguïtés. «Les médecins soumettent Augustine a des exhibitions d’une violence folle, mais elle cherche aussi à être l’objet de leurs regards. Comme dans une relation SM, la dominée a finalement le pouvoir.» Alice Winocour dit qu’elle a voulu faire un film sur la peur et le désir qu’inspirent les femmes. «Ça aussi, c’est quelque chose à mon avis toujours d’actualité.»
« Ces sourds qui ne veulent pas entendre »
Il interroge, interpelle, donne envie de comprendre. Car le titre de ce débat, « Ces sourds qui ne veulent pas entendre », c'est aussi celui d'un documentaire co-réalisé par deux femmes. Sarah Massiah, psychologue, est sourde et Angélique del Rey, philosophe, est « entendante ».
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Les bienfaits de la pensée magique
Le consensus semble établi par la plupart des chercheurs en neurosciences. L'homme n'est pas un animal rationnel. Tandis que les experts en neuroéconomie, le prix Nobel Daniel Kahneman en tête, découvrent que l'être humain est un pauvre calculateur (au point que certaines personnes souffrant de lésions cérébrales montrent une bien meilleure capacité à investir et évaluer les risques que des personnes saines), d'autres chercheurs appréhendent les origines biologiques et cognitives de la religion : un récent numéro de New Scientist a d'ailleurs fait sa couverture sur le sujet. D'un autre côté,Matthew Hutson, journaliste scientifique spécialisé dans les sciences cognitives et les neurosciences, nous chante les bienfaits de la superstition. Il vient de publier le livre : Les 7 lois de la pensée magique : comment nos croyances irrationnelles nous gardent heureux, en bonne santé et sains.
Les fondements cognitifs de la religion populaire
Le New Scientist vient donc de sortir un numéro spécial "Science de Dieu".
L’article le plus intéressant du dossier est sans doute celui de Robert McCauley, spécialiste reconnu de la science cognitive de la religion, qui a récemment popularisé ses idées dans un livrePourquoi la religion est naturelle alors que la science ne l'est pas.
Pour MacCauley, il existe dans notre cerveau un certain nombre de "modules" déjà câblés nous permettant, par exemple, de reconnaître les visages, d'apprendre le langage, d'avoir une "théorie de l'esprit", d'être capable d'éviter les dangers... Il emploie pour décrire ces fonctions le terme de "naturellement mature". Autrement dit, elles font partie du développement cognitif "normal" et ne nécessitent pas d'efforts particuliers d’apprentissage. Ce sont aussi des systèmes rapides, ils s’apparentent à ce que l'économiste comportemental Daniel Kahneman nomme le système 1, soit les fonctions mentales qui nous permettent de décider rapidement. C'est l'ensemble de ces systèmes qui nous rendent réceptifs à la pensée magique et religieuse, explique McCauley. Lorsqu'ils se combinent entre eux, ils sont capables de créer des "faux positifs" susceptibles de nous amener à croire à des phénomènes "contre-intuitifs". Un exemple en est l'anthropomorphisme, qui consiste à attribuer une "théorie de l'esprit" à des objets qui en sont dépourvus. Dans le cadre d'un système rapide, l’anthropomorphisme a certainement une valeur adaptative réelle. Il valait mieux, pour l’homme préhistorique, soupçonner une intention (c'est-à-dire un prédateur) derrière un mouvement de branchages qu'ignorer cette intention lorsqu'elle existait.
Une autre conséquence est "l'apophénie" qui consiste à repérer des modèles significatifs là où il n'y en a pas : par exemple, apercevoir la Sainte Vierge sur sa tartine de confiture de fraise.
Tout ceci crée un réseau de comportements et de pratiques (rituels, espaces et objets sacrés, etc.) qui fondent de que McCauley appelle la "religion populaire," un socle mental "par défaut" que nous avons tendance à développer naturellement. Ainsi, pas besoin, comme le pensent certains scientifiques, d'imaginer une "zone du cerveau" consacrée à la religion. Celle-ci est une conséquence du développement cognitif normal de l’individu.
Mais McCauley insiste sur la notion de "religion populaire", bien différente de la religion dogmatique et doctrinale qu'on peut revendiquer consciemment. S'il faut comparer la science à quelque chose, ajoute-t-il, ce n'est pas à la religion, mais plutôt à la théologie. Science et théologie appartiennent en effet au "système lent" de Kahneman : ce sont les produits des fonctions les plus élevées, les plus rationnelles de notre cerveau.
Ce qu'il est important de noter, continue le chercheur, c'est que la théologie est finalement aussi éloignée de la religion populaire que cette dernière peut l’être de la science. Un croyant aura beau mettre en avant certaines des caractéristiques les plus élevées de la divinité (omniprésence, omnipotence, etc.) cela n'aura guère d'impact sur son comportement religieux : "Lorsqu’on leur demande, au cours d'expériences, de parler ou de penser aux actions de Dieu ou des dieux, les personnes religieuses abandonnent complètement et immédiatement les doctrines théologiquement correctes en faveur de la religion populaire - même s'ils viennent juste de revendiquer et affirmer ces doctrines. La façon dont ils pensent et parlent montre qu'ils considèrent plus Dieu comme une version de Superman que comme le maître omniscient omniprésent et omnipotent dans lequel ils affirment croire".
Dans son livre, McCauley donne un exemple de ces expériences. Il raconte ainsi que la plupart des croyants interrogés lors d'un test de mémoire (dans lequel ils devaient se remémorer une histoire où un enfant prie pour avoir rapidement la vie sauve alors que Dieu est en train de répondre à une autre prière), tendaient à réinterpréter des passages en laissant entendre que Dieu avait du mettre un certain temps pour répondre à la prière, soit parce qu'il devait se relocaliser après avoir répondu à la prière précédente, soit parce qu'il n'avait pas fini d’exaucer cette dernière.
Les autres articles du New Scientist laissent passer un message analogue. Un premier nous informe que les enfants sont "naturellement religieux", qu'ils ont tendance à voir dans les événements aléatoires l'expression de la volonté d'agents.Un second insiste sur le rôle fondamental des religions dans la naissance des civilisations. La religion accroitrait l"'esprit de coopération, explique l'auteur, et faciliterait les comportements sociaux en donnant à chacun l'impression d'être surveillé par des êtres surnaturels.
La superstition, un bienfait ?
Reste à savoir que faire de cette pensée "rapide", si prompte à encourager le développement de toutes sortes de croyances diverses. C'est là que le livre de Matthew Hutson apporte un éclairage inédit. Sortez vos porte-bonheurs, vos fers à cheval et vos trèfles à quatre feuilles: la superstition joue un rôle positif.
L'auteur a exposé certains points clés dans un récent article pour le New York Times. Selon lui, "nous sommes tous des mystiques", à un certain degré. Il va même plus loin en affirmant que "la pensée magique est la pensée par défaut". Autrement dit, nous sommes tous spontanément conduits à former des raisonnements "superstitieux".
On s'aperçoit que bien des "lois psychologiques" énoncées par Hutson retrouvent les aspects de la religion populaire chère à McCauley : comme celle qui consiste à voir, même dans des événements aléatoires, l'expression d'un sens profond, d'un dessein caché. Autre exemple, l'animisme, qui prête des intentions à l'ensemble des objets du monde vivant, y compris nos voitures (et bien sûr, aux robots, même les plus primitifs). Parmi les "7 lois" formulées par Hutson (présentées dans le magazineForbes), on mentionnera aussi le fait que "les objets ont une essence", ce qui implique la multitude des objets sacrés, des talismans, des amulettes. Ou encore, l'importance des symboles : ainsi, un mariage un jour d'orage, nous dit Hutson, peut être vu comme le signe de difficultés conjugales à venir. Bref autant d'attitudes magiques qui servent bien souvent de soubassement à la religion populaire au sens où l'entend McCauley. Par bien des côtés, tout cela n'est pas bien nouveau pour les anthropologues, qui reconnaitront dans ces "lois" des phénomènes déjà décrits depuis bien longtemps par James Frazer ou Levy-Bruhl, et bien d'autres. La nouveauté, c'est de reconnaitre que ces différents processus mentaux ne sont pas simplement des croyances induites par la culture ou qui participent d'une mentalité "primitive", mais constituent la base de notre structure mentale. Et surtout, qu'ils peuvent se montrer avantageux.
Dans le New York Times, Hutson se base sur diverses expérimentations en psychologie pour asseoir son argumentation. Parmi elles celles réalisées par Lysann Damisch et son équipe à l'université de Cologne (.pdf). La première expérience demandait aux sujets d'effectuer une épreuve dans laquelle certains disposaient d'une "balle de golf chanceuse". Résultat, ceux qui ont utilisé la balle "porte-bonheur" (ou plutôt qu'ils croyaient telle) ont obtenu de meilleures performances que ceux qui se sont servis d'une balle présentée comme "neutre" - une petite note d'importance s'impose ici : un prétest avait établi que 80% des sujets croyaient aux pouvoirs des porte-bonheur. Cette expérience montre donc que les gens superstitieux sont plus enclins à réussir certaines tâches en fonction de leur croyance, mais pas que des personnes sceptiques puissent se retrouver inconsciemment sous l'influence d'une superstition...
L'équipe a poursuivi d'autres expériences sur la superstition, et s'est essayée à comprendre les mécanismes psychologiques qui amenaient une augmentation de performance chez les sujets superstitieux. Il s'est avéré que, amenés à résoudre une énigme en présence de leurs amulettes, ceux-ci tendaient à essayer plus longtemps et plaçaient la barre plus haut. Ils augmentaient ainsi leurs chances de réussir.
La "nouvelle magie" de Hutson connaitra-t-elle un effet de mode comme le neuromarketing ? Peut-être bien. The Investor publiait récemment un article basé sur les thèses de Hutson pour donner des conseils aux hommes d'affaires. L’article lui-même n'est pas d'un grand apport, mais il est intéressant de remarquer que les idées de Hutson entrent déjà dans le logiciel intellectuel d'une profession qui, avec son armée de spin doctors et de "méthodes de réussite", repose bien plus souvent sur l'ancien chamanisme que sur une quelconque rationalité.
Rémi Sussan
BANDITI DELL’ARTE
Après le succès de British outsider art,
Art Brut Japonais,
Hey ! modern art & pop culture,La Halle Saint Pierre présente pour la première fois en France une exposition entièrement dédiée à la création hors normes, italienne :
Art Brut Japonais,
Hey ! modern art & pop culture,La Halle Saint Pierre présente pour la première fois en France une exposition entièrement dédiée à la création hors normes, italienne :
BANDITI DELL’ARTE
23 mars 2012 – 6 janvier 2013
23 mars 2012 – 6 janvier 2013
Commissariat : Gustavo Giacosa
et Martine Lusardy
et Martine Lusardy
BANDITI DELL’ARTE, dans toute sa force poétique, est la première exposition majeure consacrée à la création hors norme italienne. Elle ouvre une porte sur l’univers particulier d’individus ayant créé en dehors de tout système artistique officiel ou d’instances culturelles reconnues.
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ALERTE INFO
Portrait |
Marisol Touraine, une femme de tête, hérite de la Santé
Elle est l’inspiratrice de son programme santé. Rien d’étonnant que François Hollande l’ait choisie pour le ministère des Affaires sociales. Omniprésente sur la scène politique et convaincante face aux blouses blanches, elle avait su s’imposer comme la favorite. Avec classe.
On ne s’étonnera pas du choix de Marisol Touraine pour la Santé, tant l’arrivée aux commandes de cette ex-strausskahnienne était attendue. Une élégante quinqua - 53 ans, trois enfants et un mari diplomate - au CV irréprochable prend donc les rênes de la Santé. Surdiplômée (agrégée en sciences économiques et sociales, elle a fait Normale Sup’ et Sciences-Po), Marisol Touraine est l’ancienne responsable du pôle « social, santé, handicap, personnes âgées » de l’équipe de campagne de l’alors candidat François Hollande. Elle est également députée d’Indre-et-Loire depuis 2007.
Un nouvel espoir pour la psychiatrie
Publication: 16/05/2012
Lettre au nouveau Président de la République et aux futurs élus de l'Assemblée
Monsieur le Président, chers candidats,
C'est avec émotion que je m'adresse à vous, avec émotion et espoir, l'espoir du professionnel et du citoyen qui a assisté impuissant dans le dernier quinquennat à la déconstruction du plus bel outil façonné patiemment depuis des décennies dans la Résistance par la psychiatrie française: la psychiatrie de secteur.
L'émotion est celle d'un citoyen espérant pouvoir enfin redevenir fier de son pays et de la façon dont il traite les personnes souffrant de troubles psychiques. L'état des lieux, Monsieur le Président, laissé par votre prédécesseur, est celui d'un pays qui aurait perdu toute humanité, et qui aurait été guidé par le seul désir de contrôle au service du pouvoir, utilisant la menace et la peur pour convaincre...
L'idéal socialiste qui vous anime ne saurait se satisfaire de cet état des lieux. Aidez-nous à renouer avec notre service public, sa qualité et la philosophie qui en a permis le développement. Que le socialisme montre au monde entier comment respecter, soutenir et faire advenir la part d'humanité, existant en chaque personne présentant un handicap psychique.
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LE SOIN SANS CONSENTEMENT N'EXISTE PAS, N'A JAMAIS EXISTÉ ET N'EXISTERA JAMAIS !
Le 20 avril 2012 le Conseil constitutionnel a censuré deux dispositions issues de la loi du 5 juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge. Dès lors, que devient cette loi ? Explication de texte par Gilles Devers, avocat et docteur en droit.
WALK AWAY RENÉE : UN HOMMAGE BOULEVERSANT À SA MÈRE SCHIZOPHRÈNE
En compagnie de sa mère Renée qui souffre de schizophrénie, le réalisateur Jonathan Caouette entreprend un voyage à travers les USA pour la ramener près de chez lui à New-York dans un nouveau ieu de soins. Les obstacles qu’ils rencontrent sur leur route sont entrecoupés de retours dans le temps qui donnent un aperçu de cette relation mère-fils hors du commun.
Le réalisateur qui a grandi auprès de ses grands-parents pendant que sa mère faisait des allers/retours dans les hôpitaux précise que sa mère “aime être filmée. En plus d’être un sujet, elle a une vraie présence cinématographique. Ma mère et moi avons vécu tant de choses inhabituelles que je veux le partager (…) Ma mère aime le fait que son histoire soit racontée par son fils (…) Je sens que j’ai le droit de la faire parce que c’est ma vie. C’est ce que je suis.”
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