MERCREDI 21 SEPTEMBRE 2011
(cet article est une version de travail. Pour consulter l'article final, publié dans Le Cercle psy, cliquez ici.)
Nous sommes en 1929. Alors qu'une terrible crise économique s'abat sur le monde, Sigmund Freud est d'humeur maussade. Sa santé est mauvaise, il n'est guère optimiste sur son avenir et s'ennuie à Berlin. Jusqu'au jour où il rencontre William C. Bullit, diplomate américain aussi familier de la Maison Blanche que de Lénine. Les deux hommes lient conversation. Leur causerie aboutira au texte probablement le plus atypique du corpus freudien : un stupéfiant portrait psychopathologique du président Thomas W. Wilson, plus connu pour son plan de reconstruction de L'Europe en « quatorze pointes » que pour sa certitude d'être en communication directe avec Dieu à toute heure du jour et de la nuit. Si Freud ne s'est jamais engagé dans un parti politique et qu'il n'est ni le réactionnaire fascisantque certains ont voulu voir, ni un progressiste en matière politique, on trouve dans plusieurs de ses textes, deTotem et Tabou à Pourquoi la Guerre ? en passant parPsychologie des foules et analyse du moi et Malaise dans la civilisation des réflexions sur la répression des pulsions dans la civilisation contemporaine et les raisons sociales des névroses. A la fin de Malaise dans la culture, Freud mentionne l'existence de « névroses sociales » qui frapperaient certaines civilisations. Mais immédiatement après, il souligne que d'une part il faudrait définir ce qu'est une société « normale » et, surtout, il s'interroge sur l'efficacité d'un tel diagnostic puisque, dit-il, «personne ne dispose de l’autorité suffisante pour imposer une thérapie aux masses ? » Alors, quel rapport au juste entre cette métapsychologie et la « politique »? Réelle et profonde, ou contingente et anecdotique?
« On couche les politiques sur des divans imaginaires »
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