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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 25 mai 2011

Il refuse l'expertise psychiatrique : 2 ans ferme

Échappé de l'hôpital spécialisé de Poitiers, un homme a agressé sexuellement une infirmière d'Etoc-Demazy. Après avoir exhibé son sexe devant deux autres. Audience tendue hier au Mans.
Paupières lourdes, le prévenu, athlétique, dégaine des mots en guise de phrases. Passant sans cesse sa langue sur sa mâchoire en ruine. Une démarche à la caïd, l'homme fait nonchalamment craquer ses épaules tandis que la juge dresse la liste de ses nombreuses condamnations depuis 1992. Pour violences essentiellement.
Son comportement, hier, dans une petite salle du palais de justice du Mans, a plongé le tribunal - constitué de femmes - dans une ambiance peu sereine. Électrique. Il est reproché à cet homme de 39 ans d'être l'auteur d'une agression sexuelle commise au Mans le 15 avril sur une infirmière de l'hôpital spécialisé Etoc-Demazy. Et pour exhibition sexuelle à l'encontre de deux autres.


« Pourquoi avez-vous refusé de vous soumettre à une expertise psy
chiatrique demandée le 18 avril lors de votre présentation en comparution immédiate », demande au prévenu la présidente Savary. « Pas envie de parler de ça ! », riposte l'homme aux muscles tendus. « C'était dans votre intérêt vu votre personnalité complexe », poursuit la juge.


Placé sous curatelle renforcée, l'homme s'est échappé de l'hôpital spécialisé de Poitiers le 18 mars. Il y avait été placé à la demande d'un tiers. « C'est quelqu'un de fuyant avec qui on ne peut rien mettre en oeuvre », témoigne à l'audience sa responsable de tutelle venue de Poitiers. À toutes les questions posées par la juge, le prévenu place sa mère au centre des débats.


Et sur les faits ? « Difficile pour lui de se concentrer plus de trois secondes », avouera son avocate. Pourtant les trois infirmières sont unanimes. Sa présence, le 15 avril, avait été repérée dans l'hôpital psychiatrique manceau. Puis l'homme est entré dans un pavillon, « le sexe sorti du pantalon. Et en érection. » Trois infirmières lui demandent de se rhabiller. Il refuse, se dirige vers la sortie. C'est au moment où une des soignantes regagne la porte de son bureau que l'homme tourne les talons, se jette sur elle, la plaque contre le mur. Et se frotte à elle. Elle sera blessée au bras. Puis l'homme s'enfuit. Avant de jeter des pierres qu'il tenait dans ses poches.


« Étiez-vous en érection
 ? » fait préciser la présidente. « Non, je sortais des toilettes, Madame. Je venais ici pour voir un ami », se défend-il.


« Ce cas est très inquiétant. Il agit comme un prédateur »
, pointe la procureure Jousserand qui requiert deux ans de prison ferme et un suivi socio-judiciaire de cinq ans, « faute d'autres solutions pour protéger la société ».


La défense plaide l'irresponsabilité pénale : « Il n'a pas conscience d'être malade. Il ne peut être qu'irresponsable des faits qui lui sont reprochés. » Son avocate indique même qu'il a déjà été hospitalisé dans une unité spécialisée pour malades difficiles, « présentant ainsi un danger pour autrui ».


Après délibération et par décision contradictoire, le tribunal condamne Mohamed Ahmed Ali, né à Djibouti, à trois ans de prison dont un avec sursis. Avec l'obligation de soins.


Une audience qui met une fois de plus le doigt sur la charnière fragile séparant la psychiatrie du monde judiciaire.
Thierry SOUFFLARD. 


Comment la Sécu veut mobiliser les médecins généralistes pour lutter contre les inégalités de santé

Lors de la seconde réunion conventionnelle, l’Assurance-maladie a présenté aux représentants des syndicats de médecins libéraux ses idées pour réduire les inégalités de santé. Paiement à la performance, éducation thérapeutique et ciblage de certains territoires pourraient ainsi prendre place dans la nouvelle convention.

Les médecins généralistes peuvent agir sur les inégalités de santé? L’Assurance maladie pense que oui. La semaine dernière, lors de la seconde réunion de négociation en vue de la prochaine convention médicale, l’Assurance-maladie s’est livrée à un long rappel des notions bien établies en commençant par l’indicateur de l’espérance de vie à 35 ans : 47 ans pour un cadre dont 34 sans aucune incapacité ; 41 ans pour un ouvrier dont 24 sans aucune incapacité. De même, entre 35 et 64 ans, la mortalité est 2,5 fois plus importante entre un homme non diplômé et un homme qui a fait des études supérieures. Or, c’est le « cancer qui contribue le plus fortement aux inégalités de mortalité selon le niveau d’éducation, notamment pour les hommes » note la CNAMTS.


Autre indicateur : la mortalité prématurée varie de 1 à 1,5 selon les départements. Or, toutes ces inégalités ont plutôt tendance à se creuser. Par exemple, la mortalité par maladies coronariennes a diminué de 32 % entre 1970 et 1990, de 47 % chez les cadres et les professions libérales mais seulement de 14 % chez les ouvriers et les employés. « On considère que les déterminants des inégalités de santé se jouent bien en amont du système de soins, » admet la CNAMTS. Expositions aux risques professionnels et habitudes de vie sont d’abord en cause. Pour autant, « il ne faudrait pas en conclure trop rapidement que le système de santé ne joue aucun rôle, insiste la CNAMTS. Tout d’abord le système joue déjà un rôle par la solvabilisation des soins qu’il organise. Cependant, les services de soins peuvent, dans certains cas, ne pas corriger ou même amplifier les inégalités ». Le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont mis en place des politiques visant explicitement la réduction des inégalités de santé qui dans les deux cas utilisent comme levier le renforcement des soins primaires. C’est visiblement de ces deux exemples que Frédéric van Roekeghem voudrait s’inspirer.

Discrimination positive ?

Après ces longs préliminaires, le directeur de l’Uncam a commencé à exposer aux partenaires conventionnels ses « pistes de réflexion » sur le rôle des médecins libéraux dans la réduction des inégalités de santé s’offrant au passage un petit plaidoyer pro domo. « Le médecin traitant est le premier élément de réponse en ajoutant la dimension population à la relation individuelle médecin malade » estime Frédéric van Roekeghem. Le CAPI « qui promeut une démarche pro-active pour atteindre des résultats en population participe aussi de cette évolution, » a-t-il aussi risqué devant les syndicats qui avaient été unanimement réticents devant cette forme de contractualisation individuelle. Enfin, les « politiques menées pour maintenir une offre de soins dans les zones défavorisées constituent un autre axe » ajoute-t-il, même si lors de la même réunion il a admis le résultat plutôt maigre de l’avenant 20 (le bonus de rémunération en zones défictaires) avec un apport net de l’ordre de 50 médecins pour un coût total estimé à 19,7 millions d’euros.


Aujourd’hui, pour aller plus loin, l’Assurance maladie voudrait « renforcer le paiement à la performance avec des thèmes dont on sait qu’ils sont importants en termes d’impact sur la santé ». Lors de la précédente convention, l’idée avait déjà circulé de permettre aux généralistes de coter un acte technique pour un frottis en plus de la consultation afin d’inciter ces praticiens à en faire davantage. En revanche, l’hypothèse de centrer certains objectifs sur les populations défavorisées semble difficile à mettre en oeuvre de l’aveu même de l’Assurance maladie : peu d’indicateurs, concentration sur certaines zones et certains médecins et risque de stigmatisation. Mais, l’Assurance maladie imagine de « cibler des territoires pour y développer des actions particulières » en proposant aux généralistes d’avoir une action spécifique dans ces zones, en incitant à un travail pluridisciplinaire ou en favorisant l’éducation thérapeutique.
Véronique Hunsinger

Appel à Candidature : réévaluation des antipsychotiques atypiques dans le traitement de la schizophrénie chez l’adulte

Clôture de l'appel le 22 avril 2011

Appel à candidature d’experts en vue de la réévaluation des antipsychotiques atypiques dans le traitement de la schizophrénie chez l’adulte.

Mission et composition

Des experts seront recrutés pour participer à la réévaluation du service médical rendu et de l’amélioration du service médical rendu des antipsychotiques atypiques dans le traitement de la schizophrénie chez l’adulte.

Une analyse de la littérature médicale et scientifique sera effectuée par la HAS.

Les experts recrutés auront pour mission de réaliser une analyse critique des études présentées et de répondre le cas échant à des questions portant sur la schizophrénie et la prise en charge thérapeutique de la maladie.

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dimanche 22 mai 2011

Psychiatrie : le Sénat vote, la lutte continue…
21 mai 2011

Malgré le psychodrame en commission1, le Sénat a finalement adopté sans modification significative la loi sécuritaire sur les soins psychiatriques, par 172 voix pour, et 151 voix contre (323 voix exprimées sur 335 votants).

Il était hors de question pour le gouvernement d’aboutir au rejet d’un projet emblématique de la politique sécuritaire de Sarkozy. L’exécutif s’est toutefois trouvé sur la défensive face à une contestation qu’il n’attendait pas.

Les navettes parlementaires vont se poursuivre en mai et juin, en vue d’une adoption définitive du texte en juillet.

Un nouveau rassemblement unitaire a eu lieu à l’occasion du vote au Sénat, et la mobilisation va continuer contre un texte dont la mise en application va s’avérer complexe, dans l’état de crise de la psychiatrie publique.

Comme le soulignait le tract du NPA distribué lors du rassemblement du 10 mai, « La mise en place d’un traitement purement sécuritaire de la folie est l’autre face du démantèlement du service public de psychiatrie, qui s’accélère dramatiquement aujourd’hui. Tout le dispositif de soins, permettant d’accueillir, au plus près, sans condition, la souffrance là ou elle émerge, est fragilisé. Insidieusement les obstacles se multiplient rendant l’accès aux soins difficile. Le regroupement et la disparition des CMP2 les éloigne des patients. Les délais d’attente s’allongent, les procédures administratives injustifiées se développent pour les soins ambulatoires (demandes de cartes Vitale, de papiers d’identité, facturation de soins qui doivent être gratuits). Elles créent autant de faits accomplis qu’il suffira ensuite de légaliser, pour en finir avec cette politique de santé publique qu’est la politique de secteur. Les conditions d’hospitalisation se dégradent. La gestion d’entreprise de l’hôpital est destructrice du soin (services en permanence saturés, manque de disponibilités soignantes, réponses hâtives et avant tout médicamenteuses qui détruisent toute possibilité de construire une relation soignante).

Notre combat unitaire pour le retrait du projet sécuritaire doit se prolonger en un combat pour un service public de psychiatrie ayant le moyen d’assurer un accueil digne et humain de la folie. »

1. La commission des Affaires sociales a préalablement rejeté le texte, la gauche étant majoritaire lors de la séance.
2. Centres médico-psychologiques
(Information transmise par Virginie BORDES)

Cinéma Les 3 Luxembourg


Festival

VOUS ETES FOUS ?!!

du 15-06-2011 au 21-06-2011


L’Appel des Appels s’est constitué pour résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social.

La psychiatrie subit aujourd’hui de plein fouet ces attaques; la folie est assignée à un dispositif d’évaluation fondé sur la norme, la performance, l’impératif  de sécurité, et la rentabilité. La folie redevient un objet de crainte, de rejet. À l’Appel des Appels, nous sommes particulièrement sensibles aux effets de ces mutations sur les plus fragiles d'entre nous . C'est pourquoi nous voulons élargir le débat au-delà de ceux qui y sont directement engagés par leur profession ou du fait de leurs difficultés.  Nous affirmons que nous sommes confrontés à un problème politique, et qu’il ne concerne pas seulement "les fous", dont nous serions protégés par des mesures de dépistage et de mise à l'écart, mais nous tous, et nos enfants qui sont entraînés dans des processus de fichage et d'évaluation systématisés dans un but affiché de prévention.

« Vous êtes fous !? » est  un festival de films documentaires qui traitent de la folie et des institutions. Nous avons choisi le film documentaire, car il témoigne de manière directe, éclatante et sensible de la place et de l’image du fou dans notre  société, ainsi que des soins qui lui sont apportés. Et nous avons privilégié trois axes pour aider à mieux saisir  les relations complexes entre notre société et la folie l’aspect historique, la situation institutionnelle actuelle, et  ce qui se joue dans les lieux de soins alternatifs.

Tous les documentaires présentés seront accompagnés de débats où interviendront les réalisateurs, des professionnels du soin mais aussi des plasticiens, juristes, sociologues, philosophes répondant à l’Appel des Appels .

Lire la suite et le programme ici


Sava SekuliĆ


Sous le vent de l'Art Brut 
Collection Charlotte Zander



17 janvier - 26 août 2011
La  Halle Saint Pierre accueillera du 17 janvier au 26 août 2011 une partie de la collection Charlotte Zander.
Abritée au château de Bönnigheim, en Allemagne, cette collection unique et riche de 4 000 œuvres, dédiée à l’art outsider, est historique. En effet, elle rassemble un grand nombre de créateurs fous, naïfs, visionnaires, autodidactes de toute sorte qui se sont imposés sur la scène de l’art moderne et en ont bouleversé l’esthétique. Cette collection est également pionnière dans son esprit, car elle a œuvré à défendre et célébrer, au-delà des catégories de l’art brut, de l’art naïf et de l’art singulier, cette large famille des créateurs marginaux, qui ont inventé des manières révolutionnaires de penser et de peindre.
Parmi les 49 artistes de l’exposition Wölfli, Carlo, Madge Gill, Lesage, Crépin, Walla ou Scottie Wilson sont considérés comme les grands classiques de l’art brut et Rousseau ou Bauchant comme les maîtres incontestés de l’art naïf. A leurs côtés, Bill Traylor, Boix-Vives, Wallis et Séraphine de Senlis viennent rendre contestables de telles frontières en nous offrant des fascinants témoignages de création inspirée et inventive. L’exposition sera également  l’occasion de découvrir trois artistes amplement présents dans la collection Charlotte Zander mais encore méconnus en France : Bosilj et Sekulic et l’énigmatique Schröder-Sonnenstern dont les visions inouïes ont pourtant attiré l’attention des surréalistes.  

Richard ANTILHOMME - André Bauchant - Anselme BOIX-VIVES - Ilija BOSILJ - Tim BROWN - Ida BUCHMANN -  Rosie CAMANGA -  CARLO - Fleury-Joseph CREPIN - Préfète Duffaut - Curtis Lee FARLEY - Johann FISCHER - Auguste Forestier - Pietro Ghizzardi - Madge GILL - Thomas GRUNDMANN - Margarethe HELD - Jeffry HILL -  Chris HIPKISS -  Vojislav Jakic - Rosemarie Koczÿ   Augustin LESAGE - Gaston MOULY - Jean-Pierre NADAU - Michel NEDJAR - NIKIFOR - Heinrich Nüsslein -  Prospère PIERRE-LOUIS - Vasilij Romanenkov - Henri ROUSSEAU - Robert Saint-Brice   Louisianne Saint Fleurant - Friedrich SCHRÖDER-SONNENSTERN - Sava SekuliĆ - Zbyněk Semerák - Séraphine DE SENLIS - Matija Skurjeni - Louis SOUTTER - Wolfgang TEUCHER - Bill Traylor - Daniel TROPPY - Oswald TSCHIRTNER - Willem VAN GENK - Germain VAN DER STEEN   Auguste WALLA -   Alfred WALLIS - Scottie WILSON - Josef WITTLICH - Adolf Wölfli.
    
                  
Ilija BOSILJ  - Sava SekuliĆ - Friedrich SCHRÖDER-SONNENSTERN            

L’art brut in Zanderland

Il est des collections prisons. Il est des collections volières. Des collections disciplinaires où les œuvres, esclaves d’une doctrine esthétique, défilent sous l’uniforme d’un parti-pris formel. Et des collections buissonnières où chacune n’est là que pour nous inviter à ouvrir la porte étroite de la cage conceptuelle. A la seconde série appartient la Collection Charlotte Zander. C’est à ce volatile programme que souscrit aujourd’hui la Halle Saint-Pierre. C’est à cet élan d’échanges et de liberté qu’elle invite son public. Dans cette pelote prodigieusement colorée, patiemment enroulée par Charlotte Zander, le commissariat de l’exposition de la Halle Saint-Pierre a délibérément tiré un fil et c’est celui de l’art brut.

En puisant quelques pépites dans une collection unique par sa façon de combiner art naïf, art brut et outsider art, l’exposition de la Halle Saint-Pierre s’emploie à affiner les critères qui permettent de se reconnaître dans le maquis de la création autodidacte de qualité. Elle montre combien la notion d’art brut est toujours pour cela un sésame, à condition que son emploi ne soit pas restrictif. A rebours des tentatives qui visent à diluer l’art brut dans le mainstream pour le faire servir de vitamine à un art conceptuel épuisé, elle en renouvelle la validité sur le mode d’une ouverture à des formes d’art voisines et pourtant différentes. Si elle s’attache à illustrer une fois de plus la spécificité de l’art brut, c’est sans en faire un bunker. A son public qui sait qu’on décloisonne d’autant mieux la pensée qu’on dispose de repères souples pour appréhender un domaine complexe, cette exposition propose d’en finir avec l’étanchéité immuable des catégories. Loin de durcir les frontières entre elles, elle veut contribuer, suivant en cela l’exemple de Charlotte Zander, à les rendre sinon poreuses du moins communicantes. Son point de vue étant celui de l’art brut qui se fonde sur l’opposition et les correspondances entre Conscient et Inconscient, elle contribue à en étendre le champ par des incursions exploratoires sur des territoires limitrophes qui réservent plus de surprises que l’on croit.

Aussi ne s’est-on pas contenté de réunir ici quelques unes des vedettes dont sont familiers les amateurs d’art brut : Carlo Zinelli, Fleury Joseph Crépin, Johann Fisher, Auguste Forestier, Augustin Lesage, Gaston Mouly, Michel Nedjar, Bill Traylor, Oswald Tschirtner, August Walla, Scottie Wilson, Josef Wittlich, Adolf Wölfli, pour ne citer que les plus connus qui ne sont pas les moins fameux. Certes, le visiteur ne sera pas frustré de leurs images. Il sera même comblé sur le triple plan des retrouvailles, du méconnu, de l’inédit.

Mais il ira à la découverte (à la redécouverte pour les plus informés) de créateurs trop peu souvent présentés dans notre pays, bien qu’importants : Ilija Bosilj et Sava Sekulic notamment. Surtout, il aura le loisir de considérer d’un œil neuf, c’est à dire d’un œil alternativement porté sur la réalité extérieure des tableaux et sur le contenu latent de ceux-ci, quelques unes de ces œuvres estampillées « naïves » mais où le vent de l’art brut trouve cependant à souffler :  André Bauchant dont on ne peut s’empêcher de soupçonner l’anguille brute sous la roche naïve ; Anselme Boix-Vives, Saint-Brice et Gaston Mouly que l’on pourrait être tenté de traiter de naïfs alors que les signes de prédation archaïque clairement à l’œuvre dans leurs compositions florales exotiques ou farouchement ludiques  font définitivement pencher du côté brut de la force psychique ; Séraphine se laissant hypnotiser jusqu’au délire par sa toile et ses couleurs.

Le rôle de l’art brut et des créations qui lui sont apparentées, c’est de nous donner accès à la chimère, de débusquer son refuge à partir duquel nous construisons, sans le savoir, notre petit for intérieur. Devant les terrifiantes images de Friedrich Schröder-Sonnestern, le frisson qui nous saisit nous persuade combien celui qui les a faites s’est aventuré loin en terrain exposé pour assigner à l’Autre sa place et nous le rendre du même coup moins dangereux. Le profit psychique est d’autant plus évident qu’il s’accompagne de plaisir esthétique. Avec l’art brut, « l’esprit s’achoppe à l’inouï », selon une formule d’ Edmond Jabès.

-    Jean-Louis Lanoux, extrait du texte du catalogue

     
André Bauchant

 
                                    Séraphine DE SENLIS                                                                                         WALLA

         
      Margarethe HELD                                            Louisianne Saint Fleurant
         
                                             NIKIFOR                                                        Préfète Duffaut   
                          
 
Henri ROUSSEAU
Commissariat de l’exposition : Martine Lusardy, Directrice de la Halle Saint Pierre
Responsable Communication/Presse : Olga Caldas
Tél. : 01 42 58 72 89  

La Mélancolie de Michel Houellebecq
Couverture ouvrage
Michel David
Éditeur : L'Harmattan
Résumé : Le psychanalyste Michel David nous livre un portrait de Michel Houellebecq qui permet d’aiguiser notre regard en direction d’un écrivain mélancolique.
Cécile VOISSET-VEYSSEYRE

À chacun(e) son il(e), la sienne n’est pas le mien. Mais si la possibilité d’une île est celle de l’amour en désespoir de cause et si le désespoir est la forme supérieure de la critique, alors oui il faut méditer et imaginer pour que l’impossible se dissipe et que les rapprochements élémentaires s’opèrent enfin : pour être à l’heure. Le méditatif n’est-il pas un mélancolique ? La Mélancolie de Michel Houellebecq  le dit pour commencer en couverture par le portrait d’un penseur au regard profond, dirigé vers le bas. La gravité du personnage tient dans ce plongeon où il n’est peut-être pas seulement question de perte mais où il est aussi question, sûrement, de retrouvailles ; il se pourrait que cet enfant de Saturne traîne sa mélancolie tout au long d’une vie de chien dont il parle au beau milieu de nulle part, à perte de vue. Ce livre bienveillant l’envisage comme son allié, plutôt que comme son patient ; il rend raison de son inscription scripturale dans cette Espagne péninsulaire à la langue où tout peut à peu près rimer, autant que dans cette Angleterre insulaire qui mit au monde l’Anatomy of Melancholy. C’est un portrait aimant : voyons.

L’étude sérieuse de Michel David, membre de l’association de la Cause freudienne c’est-à-dire à l’école lacanienne, est d’une lecture plutôt agréable ; ses différents moments s’enchaînent aisément, doucement, jusqu’à faire aimer un sujet insaisissable. Cette tentative d’interprétation s’exprime comme suit : “Nous parlons ici précisément de la littérature car elle s’occupe, comme la psychanalyse, du désir et du ‘transfert’ entre les êtres et que c’est tout son objet” . Sous l’autorité du Séminariste, on lit : “Lacan a raison : on ne psychanalyse pas une œuvre, mais on peut essayer de l’analyser, de la commenter et d’approcher comment la création littéraire peut ici, par l’abord de la zone dépressionnaire, être toujours en débat, en tension avec sa source et ce qui la menace d’épuisement et de disparition” .

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Psychanalystes en devenir
les constructions d'une clinique

Gárate-Martínez, Ignacio

avec la collaboration d'Anahit Dasseux Ter Mesropian, Laurence Joseph, Cosimo Santese, et al.
Encre marine
, Paris
collection
La parole en acte

Résumé

Plusieurs années après la publication de«Devenir psychanalyste, les formations de l'inconscient», cinq psychanalystes témoignent du vécu de la cure et des difficultés de l'analyse. D'après eux, il n'y a pas de psychanalyste en dehors de l'expérience même d'une cure, en dehors de la relation qu'instaure le transfert et dans la dissymétrie même de la rencontre.

Vidéo de la présentation par l'auteur ici