Bouli Miro revient sur scène et dans le ventre de sa mère
07.10.10
07.10.10
L'auteur Fabrice Melquiot est un père d'un genre un peu particulier : celui d'un bébé de théâtre irrésistible. Bouli Miro est né en 2003 et a déjà vécu pas mal d'aventures. La dernière, Bouli année zéro, est mise en scène avec une joyeuse fantaisie par Emmanuel Demarcy-Mota au Théâtre des Abbesses, à Paris.
On a connu Bouli bébé : il faisait son entrée dans le monde sur la scène du studio-théâtre de la Comédie-Française, rien de moins. A la naissance, il pesait déjà 9 kg, et à un an, 49. Il avait "la vue bigleuse", et "les frissons de la peur de tout". Pas fastoche, mais l'amour de ses parents, Daddi Rotondo et Mama Binocla, et de sa cousine, Petula Clark, allaient faire des miracles.
Deux ans plus tard, en 2005, et toujours à la Comédie-Française, Bouli avait beaucoup grandi. Et aussi beaucoup maigri : dans Bouli redéboule, il avait perdu tous les kilos qu'il avait mis entre lui et la méchanceté du monde. Pas fastoche non plus, de grandir : avec Petula, rien n'allait plus. Entre les parents, rien n'allait plus non plus. Ils se "tapaient dessus comme des poissons pourris". Mama était amoureuse d'un drôle de type : Sigmund Freud.
En 2009, Bouli avait 12 ans. Il avait émigré au Théâtre des Abbesses, la deuxième salle du Théâtre de la Ville, dont Emmanuel Demarcy-Mota avait pris entre-temps la direction. Il s'était nettement regonflé : 101 kg, et beau gosse, avec ça. Le problème, c'était Petula : elle avait tellement maigri qu'elle était devenue comme une feuille de salade, avant de disparaître. C'était Wanted Petula.
Aujourd'hui, revoilà Bouli. Mais, surprise, comme au théâtre le temps fait ce qu'il veut, on découvre notre héros... dans le ventre de sa mère. Il est déjà bien gros pour sa taille lilliputienne. Alors ses parents décident de l'appeler Bouli. Ils auraient préféré Rahan, mais bon.
"C'EST ARCHI LA HONTE"
Dans sa bulle amniotique, Bouli, version foetus, travaille sérieusement du casque. Il parle à sa mère, à son père, à Petula, dont il est déjà amoureux, et aussi à Gunther, le rhinocéros de la voisine. Avant de faire ce constat : "En fait, je crois que je suis tout seul au fond de ma mère. Je n'ai pas vraiment d'yeux pour voir ce monsieur qu'il faut que j'apprenne à appeler Daddi. Je n'ai pas vraiment d'oreilles pour entendre. Je suis un tout petit machin, une graine en train de germer. Je suis grand comme une crotte de nez. Une grosse crotte de nez. C'est archi la honte."
La plume de Fabrice Melquiot est aussi délicate, poétique et ludique pour aborder les mystères de la naissance que la vie pas toujours simple des enfants d'aujourd'hui.
Fabienne Darge
"Bouli année zéro" de Fabrice Melquiot, au Théâtre des Abbesses, 31, rue des Abbesses, Paris 18e. Mo Abbesses. Jusqu'au 15 octobre, tous les jours à 14 h 30 ; et à 19 h 30 (sauf le mercredi). De 10 € à 16 €.
On a connu Bouli bébé : il faisait son entrée dans le monde sur la scène du studio-théâtre de la Comédie-Française, rien de moins. A la naissance, il pesait déjà 9 kg, et à un an, 49. Il avait "la vue bigleuse", et "les frissons de la peur de tout". Pas fastoche, mais l'amour de ses parents, Daddi Rotondo et Mama Binocla, et de sa cousine, Petula Clark, allaient faire des miracles.
Deux ans plus tard, en 2005, et toujours à la Comédie-Française, Bouli avait beaucoup grandi. Et aussi beaucoup maigri : dans Bouli redéboule, il avait perdu tous les kilos qu'il avait mis entre lui et la méchanceté du monde. Pas fastoche non plus, de grandir : avec Petula, rien n'allait plus. Entre les parents, rien n'allait plus non plus. Ils se "tapaient dessus comme des poissons pourris". Mama était amoureuse d'un drôle de type : Sigmund Freud.
En 2009, Bouli avait 12 ans. Il avait émigré au Théâtre des Abbesses, la deuxième salle du Théâtre de la Ville, dont Emmanuel Demarcy-Mota avait pris entre-temps la direction. Il s'était nettement regonflé : 101 kg, et beau gosse, avec ça. Le problème, c'était Petula : elle avait tellement maigri qu'elle était devenue comme une feuille de salade, avant de disparaître. C'était Wanted Petula.
Aujourd'hui, revoilà Bouli. Mais, surprise, comme au théâtre le temps fait ce qu'il veut, on découvre notre héros... dans le ventre de sa mère. Il est déjà bien gros pour sa taille lilliputienne. Alors ses parents décident de l'appeler Bouli. Ils auraient préféré Rahan, mais bon.
"C'EST ARCHI LA HONTE"
Dans sa bulle amniotique, Bouli, version foetus, travaille sérieusement du casque. Il parle à sa mère, à son père, à Petula, dont il est déjà amoureux, et aussi à Gunther, le rhinocéros de la voisine. Avant de faire ce constat : "En fait, je crois que je suis tout seul au fond de ma mère. Je n'ai pas vraiment d'yeux pour voir ce monsieur qu'il faut que j'apprenne à appeler Daddi. Je n'ai pas vraiment d'oreilles pour entendre. Je suis un tout petit machin, une graine en train de germer. Je suis grand comme une crotte de nez. Une grosse crotte de nez. C'est archi la honte."
La plume de Fabrice Melquiot est aussi délicate, poétique et ludique pour aborder les mystères de la naissance que la vie pas toujours simple des enfants d'aujourd'hui.
Fabienne Darge
"Bouli année zéro" de Fabrice Melquiot, au Théâtre des Abbesses, 31, rue des Abbesses, Paris 18e. Mo Abbesses. Jusqu'au 15 octobre, tous les jours à 14 h 30 ; et à 19 h 30 (sauf le mercredi). De 10 € à 16 €.