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dimanche 20 novembre 2011



Autisme: des psychanalystes attaquent en justice une documentariste

Par Estelle Saget, publié le 18/11/2011

Une bataille judiciaire s'engage autour du film Le mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme qui conclut à l'échec de la psychanalyse chez les enfants autistes. 

La bataille judiciaire autour du documentaire Le mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme est engagée. Une première audience s'est tenue le 15 novembre devant le tribunal de grande instance de Lille. Trois des psychanalystes interviewés dans ce film, disponible sur Internet depuis deux mois, demandent que celui-ci soit interdit d'exploitation. Ils réclament à la documentariste et productrice indépendante, Sophie Robert, la somme de 290 000 euros, pour l'essentiel des dommages et intérêts. 
Ce documentaire de 52 minutes est présenté, sur le site de l'association Autistes sans frontières, comme une "véritable démonstration par l'absurde de l'inefficacité de l'approche psychanalytique de l'autisme." Les plaignants, Eric Laurent, Esthela Solano et Alexandre Stevens, membres de l'Ecole de la cause freudienne fondée par Jacques Lacan, estiment avoir été "piégés". Le projet, qui leur a été présenté sous le titre Voyage dans l'inconscient, s'est révélé, selon eux, une "entreprise polémique destinée à ridiculiser la psychanalyse". Dans leur requête, ils écrivent: "On a dénaturé la pensée et les propos des intervenants en les réduisant ou en déformant leur sens par des commentaires." 
"Les propos ne sont pas sortis de leur contexte"
Cette affaire survient alors que la plupart des associations représentant les autistes et leurs familles dénoncent l'approche psychanalytique du traitement de la maladie en France. Elles réclament en vain, depuis des années, l'accès à des thérapies dites "éducatives" largement développées à l'étranger. Citée par Rue 89, la déléguée générale d'Autistes sans frontières, Delphine Piloquet souligne la rudesse de leur combat: "On a l'impression qu'on attaque une religion d'Etat, c'est une fatwa qui s'abat sur ce film." Un site parodique de la pensée des Lacaniens reprend d'ailleurs, avec humour, l'essentiel de la polémique sous un titre explicite, Sang sur le Mur!  
Les juges doivent rendre, le 29 novembre, une première décision concernant la demande de saisie des rushes, c'est-à-dire les séquences brutes du tournage. Interrogé par L'Express, l'avocat des plaignants, Me Christian Charrière-Bournazel, justifie cette demande en expliquant que "ses clients veulent pouvoir visionner les rushes afin de voir le montage qui en a été fait." De fait, l'affaire a commencé quand la documentariste, Sophie Robert, a découvert un post-it collé sur sa boîte aux lettres, dans l'immeuble du vieux Lille qu'elle habite - sa société, Océan invisible production, y est également domiciliée. Le papier indiquait qu'elle devait rappeler un huissier dont le numéro était mentionné. 
L'huissier, qu'elle a reçu le 25 octobre, l'a informée de la procédure en cours et lui a demandé les rushes. Sophie Robert a refusé, considérant que cette demande était "attentatoire au secret des sources des journalistes." Hormis les 3 plaignants, 24 autres personnes ont en effet été interviewées pour ce documentaire. Par la suite, elle a communiqué à l'huissier les transcriptions écrites des séquences dont sont tirés les propos des trois plaignants. "Je n'ai rien à cacher, affirme-t-elle. Les propos tenus par les intéressés ne sont pas sortis de leur contexte, ils sont d'ailleurs conformes aux thèses psychanalytiques connues et mises en oeuvre de longue date." 
Les psychanalistes dans l'impasse face à l'autisme
Le fond de l'affaire, avec la question de l'interdiction d'exploitation, sera abordé lors d'une seconde audience, fixée au 8 décembre. L'avocat de la documentariste, Me Benoît Titran, alerte sur l'importance des débats. "On n'est pas dans la diffamation mais dans la question du droit à l'image, analyse-t-il. Les plaignants ont livré de l'information en connaissance de cause. Ils se sont rendu compte après-coup de la portée de leurs propos, ne les assument plus et voudraient pouvoir revenir sur les autorisations qu'ils ont données. Si le tribunal accédait à leur demande, ce serait la base même du travail journalistique qui serait sapée." 
Au-delà du sort de ce documentaire, c'est la question du traitement des enfants autistes qui est posée, une nouvelle fois, dans ce procès. Leur pathologie est aujourd'hui considérée par la majorité de la communauté scientifique comme un trouble neurologique, sans doute d'origine génétique. Des associations de parents se battent pour que des programmes destinées à pallier ce handicap, comme ABA ou Pecs, soient développés en France. Mais pour les psychanalystes, l'autisme s'explique toujours par une mauvaise relation avec la mère, qui serait soit trop fusionnelle, soit trop distante. 
Dès lors, que peuvent attendre les autistes de la psychanalyse? Les thérapeutes renommés interrogés dans le film donnent, avec une sincérité confondante, le sentiment d'être dans l'impasse. "Le plaisir de s'intéresser à une bulle de savon, répond l'un d'eux après un long silence. Je ne peux pas vous répondre autre chose." Un autre explique: "Avec un enfant autiste, j'en fais très peu. Très peu, ça veut dire quoi? Que je pose mes fesses, que je me mets à côté de lui et j'attends qu'il se passe quelque chose." Un troisième: "J'essaie d'apprivoiser l'enfant, je me tiens en retrait." Aucun ne cite la méthode du packing, pourtant basée sur des fondements psychanalytiques, mais sans doute trop décriée pour être mentionnée. Celle-ci consiste à envelopper l'enfant dans des couvertures froides et humides avec l'objectif de l'apaiser, un traitement considéré comme "barbare" par plusieurs associations. 
En demandant l'interdiction du documentaire litigieux, les trois psychanalystes ont pris un risque. Celui d'attirer l'attention générale sur un film dont l'audience est restée confinée, jusqu'ici, aux militants de la cause des enfants autistes. 










Bras de fer juridique autour d'un film sur psychanalyse et autisme
mercredi 16.11.2011, 05:25La Voix du Nord

|  CONTROVERSE |

La démarche est trop rare pour passer inaperçue. ...
D'un côté, Sophie Robert, une Lilloise se décrivant elle-même comme une « anthropologue de la psychanalyse ». De l'autre, des psychanalystes réputés, reconnus par leurs pairs, y compris sur le plan international. Au centre, un documentaire consacré au traitement de l'autisme par la psychanalyse.
Sur la jaquette du DVD, on peut lire : « Sophie Robert a réalisé une longue enquête auprès d'une trentaine de pédopsychiatres-psychanalystes, dont quelques-uns parmi les plus grands spécialistes français de l'autisme, afin de démontrer par l'absurde - de la bouche même des psychanalystes - de l'inefficacité de la prise en charge psychanalytique de l'autisme. » « En France, les psychanalystes ont quarante ans de retard sur le traitement de l'autisme, précise la documentariste dont c'est le premier film.
Ils s'opposent à des méthodes éducatives et comportementales. » Insistant : « Je les ai filmés en train d'exprimer leur opinion. C'est choquant. Ça nuit à leur image. » S'estimant piégés, trois des experts interviewés réclament l'interdiction du film. Un juge lillois leur a déjà accordé l'autorisation de disposer des rushes. Contre-attaque, hier, de Sophie Robert et de Benoît Titran, son avocat. En référé, ils réclament l'annulation de cette décision « non contradictoire ». But, entre autres, « la protection des sources, argumente Me Titran. Certaines des personnes interrogées pour ce qui sera une série de documents ont réclamé l'anonymat. Elles ne veulent pas être reconnues. »

« Travail de sabotage »

« Il n'a jamais été question de récupérer toutes les images, rétorque Me Charrière-Bournazel, l'avocat des psychanalystes. L'une a été interrogée pendant trois heures, un autre durant deux heures et le troisième, une heure. Leurs propos ont été rendus incompréhensibles. Des questions ont été plaquées après coup sur les déclarations de mes clients. » Il veut donc comparer ces six heures de matériel brut avec le documentaire de 52 minutes déjà diffusé la semaine dernière au cinéma l'Univers de Lille. La question du secret des sources ne tient donc pas pour ce que l'avocat qualifie de « travail de sabotage destiné à une oeuvre polémique ». « On a le droit de penser que la psychanalyse est une absurdité, assène-t-il. Là, on veut juste tourner mes clients en ridicule. » Décision le 29 novembre. Une autre action a été lancée pour faire interdire le film. •
LAKHDAR BELAÏD



Polémique: trois psychanalystes contre un documentaire sur l'autisme


Ces tenants de l’école freudienne dénoncent un “sabotage” destiné à “ridiculiser” la psychanalyse.
Une documentariste lilloise vient d’être assignée par trois psychanalystes. En cause, le film “Le Mur”, qui traite de l’autisme. Ce documentaire est déjà diffusé sur Internet et projeté dans quelques salles de cinéma. “Sophie Robert est assignée en interdiction de diffusion du film. L’affaire sera jugée sur le fond par le tribunal de grande instance de Lille le 8 décembre”, a indiqué Maître Benoît Titran.
Les trois psychanalystes – Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens – appartiennent à l’École freudienne. Ils estiment, selon leurs défenseurs, que le documentaire soutenu par l’association Autistes sans frontières constitue un “sabotage” qui a pour objectif de “ridiculiser” la psychanalyse.
Dans ce documentaire, des psychanalystes expliquent que l’autisme pourrait être la conséquence d’une dépression maternelle, d’une mauvaise relation avec l’enfant, voire d’un refus de l’apport masculin pour la conception. Certains parlent de mère “psychogène”, de “stade de folie transitoire” de la mère, voire de “désir incestueux”. Cette vision est présentée par le film en opposition à des méthodes éducatives et comportementales, appliquées par certaines familles.
Le tribunal devra trancher la question de savoir si Sophie Robert est sortie des autorisations de tournage” signées par les trois psychanalystes préalablement à leur interview, comme ils l’affirment, a expliqué Me Titran. Ces autorisations, consultées par l’AFP, décrivent la réalisation d’un documentaire en trois volets sur la psychanalyse, dont l’un serait consacré à l’approche psychanalytique de l’autisme.
Par ailleurs, les trois psychanalystes demandent à être considérés comme auteurs et doivent donc pouvoir empêcher la diffusion de leurs propos, ce que conteste également Me Titran.
Le tribunal des référés de Lille statuera d’abord le 29 novembre sur la demande de saisie de l’intégralité des rushes de Mme Robert pour sa série de documentaires, celle-ci ayant jusqu’ici uniquement transmis la copie des entretiens incriminés.
TéléObs avec AFP



IVG : des couples en mâle de soutien

Partenaires . Une campagne a été lancée pour davantage impliquer les compagnons des femmes ayant décidé d’avorter.


Par VIRGINIE BALLET


«Si 220 000 IVG sont pratiquées en France tous les ans, 220 000 hommes sont concernés aussi.» Les interpeller, les impliquer, les soutenir, c’est ce que propose une plaquette d’information sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Une initiative inédite, présentée fin octobre à Paris lors du dernier congrès de l’Association nationale des centres d’IVG et de contraception (Ancic). Cette brochure, qui annonce d’entrée de jeu que l’IVG est «une histoire d’hommes aussi», s’appuie sur une enquête détaillée quant à leur expérience de l’IVG. Entre février et octobre 2010, 150 hommes ont été interrogés, âgés de 29 ans en moyenne, célibataires et sans enfant pour la plupart. «On veut faire changer le regard des hommes sur l’IVG »,explique le Dr Laurence Danjou, membre de l’Ancic. «Avec cette plaquette, l’Ancic veut aussi mettre fin au discours qui culpabilise les femmes qui ont recours à l’IVG. C’est agaçant d’entendre encore qu’elles seraient responsables, parce qu’elles auraient mal géré leur contraceptionpar négligence», peste Laurence Danjou. Un regret que partage le DElisabeth Fourrier, responsable du centre de planification familiale à l’hôpital Corentin-Celton d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). «Les hommes n’ont pas été assez impliqués dans la contraception. Peut-être que c’est dû à certains manquements lors de la libéralisation sexuelle des femmes.»
«Affaire d’hommes». Déjà en 2006, la sociologue Geneviève Cresson notait dans une étude (1) que, parce que «les femmes supportent directement les risques de la conception […], elles sont considérées comme les premières responsables de la contraception et de ses échecs éventuels».Le genre de constat auquel l’Ancic tordrait bien le cou. Aux yeux de la loi, il revient à la femme de disposer de son corps. N’empêche.«L’IVG est aussi une affaire d’hommes, un moment de vie qui les concerne», insiste le DrDanjou,«d’ailleurs 20% des femmes qui demandent une IVG viennent accompagnées de leur partenaire». Et, dans huit cas sur dix, la décision est commune. Le rapport de l’Ancic s’attache aussi à comprendre ce qui motive la décision d’avorter, côté garçon. De manière générale, c’est le «désir d’accueillir un enfant dans les meilleures conditions», c’est-à-dire pas dans un couple instable (36%), qui n’a pas de réel projet d’enfant ou qui fait face à des problèmes financiers (38%).
Pour la moitié d’entre eux, l’expérience s’est avérée douloureuse, à des degrés divers. Seuls 4% se disent «indifférents». Les autres évoquent leur joie, leur peur, leur inquiétude pour l’avenir, voire leur panique à l’annonce de la grossesse. L’acte «est rarement vécu comme anodin». Il laisse des cicatrices. «Une IVG peut engendrer de l’incompréhension, des malentendus, voire une rupture dans le couple», constate le Dr Danjou. Mais, même si l’expérience peut être traumatisante, les hommes ne semblent pas éprouver le besoin de mettre des mots dessus : «Dans la moitié des cas, l’événement n’est évoqué avec personne, provoquant une situation d’isolement.» Avec personne, pas même avec les chercheurs. Ceux qui se sont penchés sur le sujet sont unanimes : les hommes ne sont pas loquaces sur l’avortement. Sur les 800 questionnaires initialement transmis par l’Ancic, seuls 20% ont été remplis, alors que 4 hommes sur 10 se disent «en demande d’écoute».
La sociologue Geneviève Cresson souligne elle aussi, dans son étude, que«les tentatives de contact se sont révélées très difficiles». En cause ? L’image que la société a des hommes, «qui rend délicat, pour beaucoup d’entre eux, de parler spontanément de leurs affects et de leur intimité», selon l’Ancic. D’autant qu’aucun espace n’est réellement prévu pour cela.«Les personnels ne savent pas toujours très bien comment gérer leur présence», avance le Dr Danjou. Un tiers des hommes qui accompagnent leur épouse dans un centre d’IVG se disent d’ailleurs insatisfaits de l’accueil qui leur est réservé. Ils sont un peu des «personnages secondaires, des troisièmes larrons», comme l’écrit Geneviève Cresson.
«Clichés». Résultat : beaucoup choisissent de se livrer anonymement, sur la Toile. Ce qui ne surprend pas le Dr Fourrier, du centre de planification familiale : «Leur vision de la virilité ne leur donne pas le droit de s’épancher.» Sur un forum, «Leoli» confesse en «avoir énormément souffert». «Evilo33» parle de son «désarroi et de sa douleur». «Stf» confie se sentir «responsable», quand «Jeff228» clame son désir de voir «la place des hommes enfin reconnue, car un homme se retrouve souvent tellement exclu, impuissant et frustré face à ces épreuves, son chagrin, sa sensibilité… mais aussi cette société et ses clichés ! Et là… il y a du travail». Un travail de longue haleine que l’Ancic entend poursuivre, y compris en amont de l’IVG, jusqu’à ce que la contraception soit aussi une préoccupation de mec. 
(1) Geneviève Cresson, «Les hommes et l’IVG», Sociétés contemporaines n°61, 2006, p. 65-8

L'école de demain? L'UMP la voit dans le laboratoire des Eclair

Par Lucie Delaporte - Mediapart.fr

mercredi 16 novembre 2011



Mont-de-Marsan

Psychiatrie : manif devant le théâtre

Les infirmiers psychiatriques ont manifesté hier soir pour interpeller cadres et grand public sur l'emploi et les conditions de travail.

 Une action syndicale lancée par CGT Santé pour informer le public et interpeller les cadres hospitaliers.  Photo pascal bats

Une action syndicale lancée par CGT Santé pour informer le public et interpeller les cadres hospitaliers. PHOTO PASCAL BATS


À l'appel du syndicat CGT, ils étaient bien une cinquantaine, en majorité des infirmiers psychiatriques, à manifester hier soir devant le théâtre. Un lieu pas du tout choisi par hasard, puisque la salle de spectacle accueillait la première des conférences consacrées au 100e anniversaire de l'hôpital Sainte-Anne. « Joyeux anniversaire, mais on n'est pas invités, huaient les syndicalistes en direction des cadres, qui se faufilaient en courbant un peu l'échine pour entrer dans l'établissement. Certains, dont le directeur Alain Sœur, la mine figée, se sont même faits copieusement siffler. Alors que quelques-uns ont préféré passer par l'entrée de derrière.
Sans doute estimaient-ils que ce n'était ni l'heure ni l'endroit. Mais pour les manifestants, quelle tribune plus voyante et plus parlante, pour distribuer des tracts afin d'informer le public de leur situation. « Depuis des années, l'hôpital est en restructuration permanente, le personnel est confronté au quotidien à la réorganisation, clame Sophie Dudous, CGT Santé, dans son porte-voix. Fermeture des services de soins (-9 depuis 1990), diminution des lits (-122), suppression de postes font que le personnel est pressuré, épuisé. »

Ça va changer en 2012

La goutte qui a fait déborder le vase, c'est qu'au 1er janvier prochain, une réorganisation du temps de travail va diminuer encore les temps de repos, alors que le personnel n'arrive pas à récupérer les jours acquis depuis l'organisation des 35 heures. « Alors comment remplir encore notre mission de service public auprès des patients et sans moyens humains et financiers ? », s'interroge le personnel infirmier.
Mais le mouvement ne s'est pas terminé par une incursion dans le théâtre pour perturber la conférence historique, ce qui était un peu la crainte des cadres. « Ce n'était pas le but, disaient les manifestants, de semer le trouble ni de perturber cet anniversaire. Nous avons d'autres occasions pour discuter du fond. Là, c'était pour interpeller les cadres et informer le public. »
Prochaines réunions de concertation avec les représentants du personnel, les 18 et 25 novembre.
J.-L. H.

mardi 15 novembre 2011


L'emploi des handicapés peine à décoller

LE MONDE ECONOMIE | 14.11.11 | 17h11
Après une phase de progression, le taux d'emploi des personnes handicapées stagne.
Après une phase de progression, le taux d'emploi des personnes handicapées stagne.AFP/PASCAL PAVANI
"Au cours des quinze dernières années, les représentations du handicap ont changé. Les gens considèrent moins que c'est incompatible avec l'emploi. Il est désormais possible de parler des compétences. On sent que les choses ont énormément évolué, mais ce n'est pas encore suffisant", résume Eric Blanchet, le directeur général de l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt).
TOUCHÉS PAR LA CRISE
"Emploi et handicap : la question d'une seule semaine ?", demande l'Adapt en introduction de la 15e Semaine pour l'emploi des personnes handicapées qu'elle organise, du 14 au 20 novembre, avec l'Association nationale de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées (Agefiph) et le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP).
Une interrogation en guise de rappel à l'heure où la crise n'épargne plus l'emploi des personnes handicapées, même si, "dans un premier temps, en 2008, il a été préservé, note Pierre Blanc, le directeur de l'Agefiph. Car les entreprises ont cherché à minimiser leurs coûts et donc à garder leur taux d'emploi de personnes handicapées". En effet, les entreprises de plus de 20 salariés doivent employerau moins 6 % de personnes handicapées, sans quoi elles sont soumises à contribution.
Une obligation légale encore loin d'être atteinte. Selon une étude publiée le 8 novembre par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le taux d'emploi des travailleurs handicapés s'est établi à 2,7 % en 2009. Cette année-là, 32 700 bénéficiaires de l'obligation d'emploi des personnes handicapés ont été embauchés.
C'est certes une hausse de 29,8 % par rapport à 2008, Mais c'est un chiffre trompe-l'oeil, qui tient essentiellement au nouveau mode de décompte : 13 500 bénéficiaires en plus ont pu ainsi être comptabilisés "grâce à la suppression du seuil minimum de six mois de présence pour prise en compte des embauches en CDI ou CDD. A champ constant (sans modification du mode de décompte), le nombre de nouveaux bénéficiaires se serait accru de 19 200 en 2009 (après 25 200 en 2008, soit une baisse de 23,8 %)", précise la Dares.
Et, comme pour l'ensemble des demandeurs d'emploi, les difficultés s'aggravent avec l'âge : les chiffres publiés par l'Agefiph en octobre montrent ainsi que la progression du taux de chômage (+ 14 % en un an en juin 2011) touche particulièrement les travailleurs handicapés âgés de plus de 50 ans (+ 21 %) et les personnes inscrites comme demandeurs d'emploi depuis plus de deux ans (+ 18 %). "Seules 15 % d'entre elles contractent un handicap dans leur jeunesse. Il reste donc 85 % de personnes, qui deviennent handicapées à la suite d'un accident ou d'une maladie", rappelle M. Blanc. Le vieillissement de la population entraîne de fait une augmentation des personnes handicapées.
DES FREINS PUISSANTS
Pour autant, à côté de cet effet mécanique qui influe en partie sur les chiffres du chômage, restent des freins puissants qui expliquent l'échec relatif des politiques d'accès à l'emploi. Du côté des personnes handicapées, c'est le déficit de qualification qui constitue encore la principale difficulté. 80 % des demandeurs d'emploi n'ont pas le bac, contre 58 % pour l'ensemble du public. Alors que l'accès à la formation reste pour beaucoup difficile, cette Semaine pour l'emploi est d'ailleurs placée sous le signe de l'alternance.
De nombreux acteurs jugent la formule particulièrement adaptée à la montée en qualification des personnes handicapées, "mais les dispositifs sont encore peu connus et peu mobilisés", rappelle M. Blanchet. C'est particulièrement vrai dans la fonction publique : en 2011, on ne comptabilise que 607 apprentis handicapés sur les 5 millions de fonctionnaires. "Aujourd'hui, l'emploi est une responsabilité de la société tout entière. Il est nécessaire que les progrès se fassent en amont et que les universités, les écoles, les centres de formation d'apprentis (CFA) entrent davantage dans cette dynamique", poursuit-il.
Du côté de l'entreprise, c'est sûrement la question de l'équipement qui a le plus progressé. Mais si les employeurs connaissent mieux la marche à suivre pouradapter un poste, ils sous-estiment souvent la manière dont une équipe vaaccueillir une personne handicapée. Le poids des stéréotypes reste important ; s'y mêlent des préjugés (les handicapés seraient moins performants, etc.) et des a priori positifs, aux effets négatifs.
"Si un recruteur pense qu'une personne handicapée va être plus dynamique, plus adaptable, et qu'elle est juste motivée comme tout le monde, le risque est d'êtredéçu. Ce degré supérieur d'exigence est un premier niveau de frein", souligne Guy Tisserant. Pour le directeur de TH Conseil, cabinet de conseil et de recrutement spécialisé, faire tomber les stéréotypes ne représente, en outre, que la moitié du chemin.
Certaines entreprises franchissent le cap des représentations, mais pas celui de la réalité du handicap. "Elles s'attendent à ce que la personne surcompense. Mais dire que l'on va recruter une personne handicapée pour autant qu'elle rentre dans le moule de l'organisation de travail ou atteigne un référentiel type, c'est un fantasme, poursuit-il. Une personne qui produit à 90 % parce que l'environnement n'est pas adapté est en fait à 100 % de sa productivité. Mais la différence de productivité est toujours imputée à la personne et pas à son environnement. Or le code du travail dit bien que c'est le travail qui doit êtreadapté à l'homme. En somme, on a parfois l'impression que l'on veut bienrecruter un travailleur handicapé... pourvu qu'il ne soit pas handicapé."
Une du "Monde Economie" datée mardi 15 novembre 2011.DR
Catherine Petillon

Déficience mentale : un droit au travail encore peu effectif

LE MONDE ECONOMIE | 14.11.11

Le monde du travail s'ouvre de manière inégale aux différents types de handicap. Et, pour les personnes atteintes d'un handicap mental, il reste très difficile d'accéder à l'emploi. Et tout particulièrement en milieu ordinaire.

En 2006, les personnes handicapées mentales ne représentaient que 3,6 % des placements réalisés par les Cap emploi (organismes de placement spécialisés créés par la loi Handicap de 2005). Quant à l'accès à un emploi en milieu adapté ou protégé, il souffre du manque de places dans les structures : en 2010, environ 15 000 personnes étaient en attente d'une place en établissement et service d'aide par le travail (ESAT), selon les chiffres de l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei).
Face à ce constat, l'association a publié, le 4 novembre, un Livre blanc intitulé "Travail et handicap : une équation multiforme" (disponible en ligne sur son site www.unapei.org/livre-blanc-travail-handicap-une.html). Résultat de travaux menés durant dix-huit mois, ce texte définit des "principes fondamentaux pour unavenir du droit au travail" des personnes handicapées mentales, et formule neuf préconisations pour le rendre effectif.
Si l'accès au milieu ordinaire demeure l'exception, c'est notamment parce qu' "il faut que ce soit le milieu de travail qui s'adapte à la personne, et non l'inverse. Or peu de choses sont faites pour faciliter ce cheminement, souligne Thierry Nouvel, directeur général de l'Unapei. Une personne atteinte d'un handicap mental a besoin d'un suivi sur son poste de travail. Il n'est pas forcément important, mais doit être régulier et durable. Cela demande des moyens humains."
Pour faciliter l'intégration dans l'entreprise, l'Unapei propose de développer des modules de sensibilisation et de formation pour les acteurs de l'accompagnement, afin d'adapter les dispositifs de droit commun.
INSUFFISANCE DE QUALIFICATION
L'Unapei rappelle aussi dans son Livre blanc que l'insuffisance de qualification est aujourd'hui l'un des principaux freins à l'insertion professionnelle des personnes handicapées mentales, car l'accès à la connaissance et au savoir est plus difficile pour elles. L'association souhaite donc créer un centre de ressources chargé de développer des politiques de formation. Son objectif :"Favoriser et développer l'insertion sociale, l'adaptation des compétences aux besoins des marchés et l'ouverture vers le milieu ordinaire."
Plaidant pour une plus grande individualisation des parcours, l'Unapei rappelle également que, si le nombre de personnes qui accèdent au milieu ordinaire doitprogresser"le mouvement du "tout ordinaire" est en décalage avec la réalité du handicap mental. (...) La politique européenne et internationale en matière de droit au travail des personnes handicapées mentales privilégie largement l'accès au milieu ordinaire. Si elle est adaptée aux personnes possédant les capacités et l'autonomie requises, cette approche ne répond pas aux besoins des trois millions de personnes recensées en Europe accueillies aujourd'hui en milieu de travail protégé ou adapté".
Catherine Petillon

GONON François
La psychiatrie biologique : une bulle spéculative ?

Ces dernières années, la psychiatrie biologique a pris un grand ascendant sur le traitement des troubles mentaux ; or, après des années d’annonces prometteuses, le bilan apparaît limité et discutable. Un retour s’impose donc sur la biologisation de la santé mentale, non seulement du côté de la prise en charge des patients mais aussi en ce qui concerne les critiques qui avaient été formulées à l’encontre des autres méthodes psychiatriques.

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Je consens, donc je suis...


L'ouvrage

La modernité se flatte de n’avoir gardé, comme critère départageant les actes licites et illicites, que le consentement des individus. Mais qu’entend-on par consentement ? Suffit-il à déterminer la légitimité d’un acte ou d’une conduite ? Est-il toujours une expression de l’autonomie personnelle ?
Un débat très animé oppose aujourd’hui ceux qui, au nom de la liberté la plus totale, défendent le consentement sans s’interroger sur les déterminations sociales, culturelles, économiques et psychologiques des choix individuels, et ceux qui, au nom de la dignité de la personne, excluent a priori la notion de consentement.
S’appuyant sur des exemples caractéristiques des questions que posent la vie sexuelle et l’éthique médicale contemporaines, l’auteur de cet essai engagé montre qu’il est parfaitement possible à chacun de décider de ce qui est bon pour lui sans pour autant oublier que la liberté humaine est toujours inscrite dans la réalité de la vie, et qu’elle n’a de sens et de valeur que lorsqu’elle s’articule à la responsabilité.
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