Dans un entretien, l’historienne réagit à la tribune critique vis-à-vis de #metoo publiée dans « Le Monde » le 9 janvier.
LE MONDE | | Propos recueillis par Nicolas Truong
Historienne de renommée internationale, spécialiste de l’histoire des femmes, professeure émérite à l’université Paris-VII – Denis-Diderot à laquelle la revue Critique consacre un numéro entier, en septembre 2017 (n° 843-844 : « Michelle Perrot : l’histoire ouverte », éditions de Minuit), auteure de Mon histoire des femmes (Seuil, 2006), de Histoire de chambres (Seuil, 2009 - Prix Femina essai) et directrice, avec Georges Duby, de Histoire des femmes en Occident, Plon, 1990-1991 (5 volumes), Michelle Perrot fait une analyse critique de la tribune des cent femmes pour « libérer une autre parole », publiée dans Le Monde du mercredi 10 janvier et notamment cosignée par Catherine Deneuve.
Les cent femmes réunies en collectif pour « libérer une autre parole » ont-elles eu raison de vouloir contrer le « puritanisme » apparu selon elles avec l’affaire Weinstein ?
J’aurais aimé que ces cent femmes créatrices mettent leur connaissance du milieu artistique et médiatique et leur prestige « au service » des révoltées de #metoo, même si elles n’ont jamais eu personnellement affaire à des « porcs » ! On peut se sentir solidaire d’une injustice sans l’avoir éprouvée.
Leur distance de femmes non concernées, libres et triomphantes au-dessus de la mêlée des corps, réfugiées dans leur for intérieur inexpugnable, me déçoit plus qu’elle ne me choque. Leur absence de solidarité et leur inconscience des violences réelles subies par les femmes me sidèrent. Mais après tout, elles disent ce qu’elles pensent, d’autres partagent leur point de vue. Le débat existe. Il faut l’assumer.