Des équipes françaises ont obtenu des images fascinantes d’embryons et de fœtus humains, d’une précision inégalée. De quoi tirer un nouvel atlas d’anatomie moléculaire de notre développement et espérer des avancées médicales.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | | Par Florence Rosier
Une main de tanagra, ornée de sa dentelle de nerfs bleus, verts ou violets. Un pied lilliputien où court l’arborescence des vaisseaux sanguins – jaunes, pourpres, turquoise. Un tout petit bras avec les palmes de ses muscles naissants. Et ce délicat, saisissant profil où file une arabesque verte : le système nerveux périphérique.
Et puis cette face étrange qui semble nous fixer, surgit de sa nuit utérine. Pour nous confier quelles lois de son développement ? Pour nous livrer, sur nos premières semaines de vie, quelle mémoire-fantôme ? Nous avons tous vécu ces étapes de vie primordiale, nichée dans le ventre maternel, sans qu’elles inscrivent, dans nos cerveaux en devenir, la moindre trace consciente.
Ces images subjuguent ou dérangent, ravissent ou donnent le frisson. Toutes proviennent d’embryons ou de fœtus humains morts, âgés de 6 à 14 semaines (on parle de fœtus à partir de la 8e semaine de vie). Ces poids plume de 1,5 gramme (à 6 semaines) à 110 grammes (à 14 semaines) mesurent respectivement huit millimètres et neuf centimètres de long, du sommet du crâne au bas du dos – les bourgeons des jambes sont alors repliés sur l’avant.
Leur anatomie est ici révélée dans ses détails les plus purs, à l’échelle de la cellule dont chaque sous-type peut être identifié avec certitude. Des vidéos associées permettent d’appréhender dans l’espace le développement de cette architecture arachnéenne. Une finesse de cristal. Prenez garde : face à ces chefs-d’œuvre de la nature, vous risquez le syndrome de Stendhal, ce vertige qui saisit l’écrivain visitant l’Italie, en 1817.