Les lecteurs appréciant par ailleurs la musique reggae savent qu’en disant « I and I » (moi et moi) pour signifier « toi et moi », certaines chansons (influencées par la culture rastafari) affirment ainsi que chaque individu constitue un élément indissociable d’un même tout (la divinité). À l’inverse, on sait que l’emploi du pronom personnel « Je » est plus rare chez des sujets psychotiques tendant à parler d’eux-mêmes à la troisième personne, comme s’il s’agissait d’un tiers.
Une étude réalisée aux États-Unis s’appuie sur une approche informatique pour analyser le langage des patients schizophrènes (comparativement à des sujets avec des troubles dysthymiques), en ne s’intéressant pas seulement au fond du discours, mais à la façon dont les patients s’expriment. Les auteurs confirment la raréfaction classique du pronom « Je » (première personne du singulier) et l’emploi plus fréquent de la troisième personne du pluriel (« Ils ») chez les scripteurs schizophrènes, par rapport à des auteurs avec des troubles de l’humeur. Autre constat : les écrits des psychotiques utilisent «moins de mots relatifs au corps et à la nourriture (words describing the body and ingestion), mais plus de mots concernant l’être humain et la religion » (toujours par rapport aux sujets souffrant de troubles dysthymiques). Le langage d’ordre « perceptif et causal » se révèle corrélé négativement au contexte schizophrénique, mais positivement à celui des troubles de l’humeur.