Créé en 2003, le site a été visité par près de 19.000 internautes en 2014 (+19 % par rapport à 2013). Malgré le succès des forums, le téléphone reste indispensable pour répondre à la crise et aux situations plus graves. - photo christian stavel
Le service Allo Ecoute Ado créé en Haute-Loire intéresse les PEP du Cantal. Des actions de prévention seront lancées dès septembre si des financements sont trouvés.
Le suicide est la première cause de décès des 25-34 ans. C'est aussi la première cause de décès entre 15 et 24 ans.
En Auvergne, et donc dans le Cantal, le suicide, comme ailleurs, est un réel problème de santé publique. Sur la période 2009-2011, leur nombre annuel s'élève à 260 (*) en moyenne pour la région, à 28 pour le département (dont 75 % d'hommes).
Ces deux constats alarmants ont conduit l'association des Pupilles de l'enseignement public (PEP) à innover dans la prévention et l'aide à distance. Le service Allo Ecoute Ado a été créé en 1999 en Haute-Loire et rayonne aujourd'hui bien au-delà des frontières de l'Auvergne, puisqu'il reçoit des appels du Canada et du Brésil.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | | Par Laurent Alexandre (chirurgien urologue, président de DNAVision)
Jusqu’à présent, les techniques d’ingénierie du génome n’étaient utilisées que pour modifier certains tissus d’un individu, comme la rétine ou la moelle osseuse, mais ne touchaient pas au génome des descendants. Quatre enzymes peuvent modifier l’ADN de nos chromosomes : les méganucléases, les TALEN, les nucléases à doigt de zinc et les CRISPR-Cas9. Les trois premières sont complexes à mettre en œuvre ; la quatrième est plus facile mais peu spécifique, c’est-à-dire qu’elle modifie l’ADN à des endroits non souhaités en plus de la cible médicale. Le coût de ces enzymes a été divisé par 10 000 en dix ans, ce qui ouvre la voie à un bricolage de notre génome.
A plus de 80 ans, Irvin Yalom dit « profiter du ciel étoilé ». Il paraphrase Schopenhauer, qui utilisait l’image pour expliquer comment le déclin progressif du « soleil » de ses pulsions lui révélait des beautés dont il ne soupçonnait pas l’existence. Irvin Yalom a passé sa vie à fréquenter des pulsions plus ou moins avouables, parfois très secrètes et souvent dérangeantes : il a derrière lui une très longue carrière de psychothérapeute. Auteur de nombreux best-sellers et inventeur de la « thérapie existentielle », il est aux Etats-Unis une véritable star, et dans son domaine, un révolutionnaire : à rebours de l’école qui prônait, à ses débuts, la plus grande neutralité du thérapeute, il a toujours défendu la notion d’« engagement » auprès du patient. Cet engagement a déterminé toute sa vie de médecin, mais aussi d’époux et de père.
Bouleversée par la lecture des livres d’Irvin Yalom, la documentariste Sabine Gisiger a souhaité rendre justice à son travail en réalisant un film aussi inspirant que les écrits du thérapeute peuvent l’être. La forme qu’elle adopte est légère en apparence : assez détachée des rigueurs chronologiques qui étouffent souvent ce type de travail, adoptant un va-et-vient tout en souplesse entre sphère intime et sphère professionnelle à l’image de la parole de Yalom, qui réunit l’évocation de l’une et de l’autre dans le récit d’une même expérience de vie. Sous ses airs un peu désinvoltes, cette souplesse travaillée propose une entrée des plus agréables dans la pensée du médecin : elle laisse la part belle aux mots, dont elle se fait l’écrin modeste.
Parole trop forte pour l’image
Sabine Gisiger atteint aisément ses ambitions de lectrice passionnée : la parole qu’elle a captée et orchestrée est belle, forte dans sa simplicité, porteuse d’un espoir contagieux que l’on a envie d’entretenir en devenant à son tour lecteur. Mais au revers de la médaille, cette parole s’avère trop forte pour l’image, ou l’image trop faible pour les mots : on a plus d’une fois l’impression que la réalisatrice ne sait pas quoi filmer pour proposer une expérience visuelle à la hauteur de l’expérience auditive.
Elle n’y réussit pas toujours. Le film cède à la facilité des plans qui veulent tout et rien dire (la mer sous le soleil et les bateaux qui la parcourent), tire souvent vers la banalité (intervenants cadrés en plan fixe à hauteur d’épaule et vieilles photos en noir et blanc pour accompagner les passages biographiques). Il trouve, a contrario, une matière forte dans les images toutes simples en apparence de la vie de famille.
Modèles de longévité, Irvin et Marilyn Yalom ont fait passer leur couple avant leurs enfants : leur manière d’être ensemble le dit à l’œil plus subtilement qu’eux-mêmes ne le disent. Le sujet est sensible, et la réalisatrice ne s’en approche que précautionneusement, craignant peut-être que le point aveugle, si elle s’y aventurait trop nettement, ne vienne nuire à l’hommage. Mais sa prudence un peu frustrante n’est pas non plus étrangère à la curiosité pour l’homme et pour l’œuvre que le film travaille – avec succès – à éveiller.
Tout ça aurait pu se terminer autrement si, au petit séminaire, dans la banlieue de Birmingham, en Angleterre, deux prêtres n’étaient pas arrivés dans le cimetière et n’avaient pas surpris le jeune Irlandais et ses copains assis sur une tombe en train de fumer des clopes. Gabriel Byrne avait 15 ans et avait été renvoyé à Dublin, où son père, ouvrier dans une brasserie, et sa mère, infirmière, essayaient d’élever dans la rigueur catholique leurs six enfants. Il en avait fini ce jour-là avec «le conte de fées du christianisme». Que le cinéma leur en rende grâce ! Sans eux, nous n’aurions pas, film après film, le plaisir de voir son rictus malin et silencieux irradier les écrans.
La suite, ce sont des études d’archéologie, un goût pour le gaélique, des petits boulots, d’ouvrier à enseignant d’espagnol, et des pièces de théâtre où John Boorman, qui à l’époque habite Dublin, le découvre et lui donne son premier rôle dans Excalibur. Les rôles vont ensuite s’enchaîner. En 1983, à 33 ans, l’âge du Christ, l’acteur débarque à New York. «L’Irlande, c’est petit, c’est une île, il fallait que je me barre, pour me tester, me mettre en question. Parce que partir est inscrit dans notre histoire…», raconte-t-il de sa voix sourde, grasse comme la tourbe, dont il n’a jamais cherché à se départir : «Quand on me dit que l’accent est pénalisant pour ma carrière, je réponds : “Allez vous faire foutre”. »
Un mois après son arrivée à New York, les frères Coen – ceux-là mêmes qui président cette année le Festival, dont il monte aujourd’hui les marches pour Louder Than Bombs de Joachim Trier – lui proposent le rôle principal dans Miller’s Crossing (1990). Succès planétaire pour ce malfrat malin, plus cérébral que physique, dont l’intelligence se terre derrière un insondable regard. D’où vient chez Gabriel Byrne cette impression de toujours fixer l’intérieur de lui-même ? «C’est parce que je regarde à l’intérieur. Ne faisons-nous pas tous ça ? Tout y est, là…» Et qu’y voit-il ? «Ah ! ça… » De son enfance pauvre, des attouchements subis entre 8 et 11 ans par les frères chrétiens, qu’il a révélés il y a quelques années au nom de tous les siens, il ne dit guère plus que : «S’il y a une blessure, une colère, elle est là. »
« Je suis un être complexe »
The Quiet Man. « L’homme tranquille». Il sourit à l’évocation de cette caricature de taiseux irlandais jouée en son temps par John Wayne. «Je suis un être complexe. Je suis naturellement fainéant et je ne suis pas amateur de tapis rouges. Une bonne journée pour moi en est une où je lis un livre. Laisser une trace me paraît profondément narcissique. La seule chose que je regrette parfois, c’est de perdre du temps. Le temps ne se rattrape jamais…»
A 65 ans, le bougre compte 63 longs-métrages tout de même, sans compter la télévision, où se dessinent deux périodes : avant et après la série télévisée « In Treatment »(« En analyse ») qui lui valut en 2008 un Emmy Award. Il y joue avec bonheur un psychanalyste. «Un bon analyste est quelqu’un qui sait écouter, confie celui qui n’a jamais voulu lui-même s’allonger sur le divan. Pour la série, j’aurais pu utiliser des trucs, des accessoires, tels que prendre des notes ou boire un verre d’eau. Quand vous êtes acteur, ça vous donne une contenance. Mais j’ai décidé que tout devait être là, dans vos yeux, dans votre tête, dans vos émotions. »
Auparavant, il y a majoritairement les thrillers et le « bad guy » malin : Usual Suspects (1995), Mad Dogs (1996), Ennemi d’Etat (1998)… Après, il y a les comédies romantiques où on l’appelle pour faire le bon garçon, le bon père, le bon mari ou le bon amant : «C’est bizarre parce que j’ai été élevé dans une culture, à une époque, où les pères n’écoutaient pas les enfants », rit-il. «En trois ans j’ai joué avec Charlotte Rampling [I, Anna], avec Emmanuelle Devos [Le Temps de l’aventure], avec Isabelle Huppert [Louder Than Bombs] et avec Juliette Binoche [Nobody Wants the Light, qui n’est pas encore sorti], il ne me manque plus que Catherine Deneuve, après, c’est fini», dit-il en français dans le texte.
Parole douce et solide
«Peu d’acteurs vous emmènent comme lui dans leur contemplation, on se demande en permanence ce qu’il peut bien penser», fait remarquer Joachim Trier. Dans Louder Than Bombs, Gabriel Byrne est un universitaire qui a élevé pratiquement seul ses deux garçons pendant que sa femme, photographe de guerre, était irrésistiblement attirée sur les champs de bataille. «J’avais tendance à penser plus jeune qu’on naissait orphelin. Hélas, croyez-moi, quand vos parents meurent, vous ressentez un profond sentiment de solitude, clame l’acteur. Dans la société occidentale, on a tendance aujourd’hui à évacuer la mort ; à dire : “Oh ce n’est rien”. Crématorium. Et hop, c’est fini. »
Il laisse un long silence, cite Shakespeare, La Tempête : « Our little life is rounded with a sleep » (« notre petite vie est entourée d’un sommeil »)… Ce regard intérieur, toujours, immensément triste, qui se déforme en un sourire tendre au coin des lèvres.
On ne peut s’empêcher de penser qu’on aimerait l’avoir comme psy, s’asseoir sur son divan, lui dire qu’on s’en fout qu’il n’ait jamais voulu faire pour lui-même de thérapie. Et puis la parole douce et solide à la fois qui reprend : « Si vous regardez les grands films épiques – il y en a beaucoup, trop… –, ils sont tous sur quelqu’un qui essaye de sauver le monde. Je crois qu’inconsciemment, ils parlent de quelque chose que les gens sentent plus qu’ils ne veulent l’admettre : nous affrontons peut-être la fin du monde… Simplement, il n’y aura pas de super-héros pour nous aider. »
L'ensemble des syndicats (CGT, FO, Sud, SNPI, CFDT,....a priori, il n'y a guère d'absents) appelle à une manifestation qui se tiendra le 21 mai à 11h devant le siège de l'AP-HP, avenue Victoria à Paris contre le projet de réduction des RTT et de réorganisation du temps de travail, proposé par Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP.
Manifestation des IADE à Paris, le jeudi 5 juin 2014.
Deux réunions entre la direction et les représentants du personnel se sont tenues, sans succès. Et un préavis de grève a été déposé.
Par ailleurs, les fédérations CGT- FO - SUD des secteurs de la santé et de l’action sociale ont voté une journée nationale de grève le 25 juin pour « le retrait du projet de loi santé, l’abandon du plan d’économies de 3 milliards pour les hôpitaux, l’arrêt des attaques contre les conventions collectives et les établissements ! »
Le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia), la CGT et SUD appellent les infirmiers anesthésistes diplômés d'Etat (Iade) à la grève jeudi 21 mai, dans des préavis séparés.
Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch a affirmé qu’il ne voulait « pas un hôpital sans RTT » et ferait des propositions « équilibrées » en ce sens, à quelques jours d’une grève à l’appel des syndicats contre son projet de réforme des 35 heures.
« L’hôpital est passé aux 35 heures sans changer son organisation. On a gardé les mêmes horaires en se disant qu’on verrait bien... Cela a tenu dix ans, cela ne tient plus du tout. Du coup, on traite les problèmes avec quinze ans de retard et de rancœurs accumulées », affirme Martin Hirsch au « Journal du dimanche ».
« Il faut des RTT, et les propositions que nous mettrons sur la table maintiennent des RTT. Je ne veux pas un hôpital sans RTT », martèle-t-il.
Aruna Shanbaug, une infirmière de 66 ans, est décédée ce Lundi après 42 ans passé dans le coma. Elle souffrait d’atteintes au cerveau et était dans un état végétatif dans un hôpital de Bombay, avant qu’une pneumonie contracté ces derniers jours ne mettent fin à son long sommeil. En 1973, alors agé de 24 ans, la jeune femme est victime d’un viol par un employé de salle, qui après l’avoir étranglé, la laisse pour morte. Elle fut retrouvé 11 heures plus tard dans le sous-sol de l’hôpital, aveugle et avec de graves et irrévocables lésions au cerveau.
PORTRAIT. Cette Méditerranéenne d'origine tunisienne a fait de l'écoute profonde des femmes, de la cellule familiale et de notre société son chemin de vie.
Le personnel infirmier de l’hôpital du Bois de l'Abbaye à Seraing, craint pour sa sécurité. Les agressions se multiplient au service des urgences. Les infirmières réclament un agent de sécurité permanent. Elles ont déposé un préavis de grève qui vient à échéance le 1er juin. Du côté de la direction, on comprend très bien la situation mais on réclame plus de temps. Des négociations sont en cours avec la Ville de Seraing. L'idée d'un poste de police au sein de l’hôpital est sur la table.
C'est durant les vacances de Pâques que de nouveaux incidents sont survenus aux urgences de l'hôpital du Bois de l'Abbaye. Depuis lors, la direction de l'hôpital a appelé en renfort des gardiens de la paix de la Ville de Seraing. Des agents communaux, présents l'après-midi, viennent en fait compléter le service de sécurité mis en place il y a près de cinq ans dans l'hôpital sérésien, à savoir la présence d'un agent de gardiennage privé en soirée et la nuit, ainsi que durant les WE et jours fériés. Aucun dispositif n'est en place le matin, et pour cause: cette période de la journée est toujours très calme, les agressions et les comportements problématiques survenant souvent durant la nuit.
Philippe Fagherazzi, l'un des nombreux artistes exposants, peaufine une oeuvre sous le regard de Gabriel Bender, chef du service socioculturel de l’hôpital.
Image: Chantal Dervey
A force de se faire de l’œil, ils ont fini par se rencontrer. Des années que l’Hôpital psychiatrique de Malévoz profitait de son léger surplomb pour observer la ville de Monthey à ses pieds. A défaut de bras, ce sont finalement ses portes que l’institution ouvre grandes à travers son Quartier culturel, «espace ouvert sur la ville et au-delà». Fruit de quatre années de travaux et inauguré ce week-end, ce dernier se veut lieu de rencontre entre l’hôpital et la cité, mais aussi entre la psychiatrie et la culture, où patients, artistes, visiteurs et employés pourront se croiser, échanger et collaborer.
A l’origine du projet, il y a un groupe de réflexion et ce constat simple: certains bâtiments délaissés lorsque la psychiatrie s’est tournée vers la prise en charge ambulatoire rendent l’endroit mortifère. Un espace contre-productif dans un milieu où les patients ont besoin de soutien et de chaleur. «Si vous allez en vacances dans un village abandonné, vous aurez vous-même l’impression d’être abandonné», résume Gabriel Bender, chef du service socioculturel mis en place en 2011. Assisté notamment de la Veveysanne Magdalena Ndiaye, il va donc monter un projet ambitieux pour ouvrir la structure vers l’extérieur.
Quand Harriet, épouse modèle de Blaise, découvre que son psychanalyste de mari mène, grâce à la couverture prodiguée par un ami, une double vie depuis dix ans, elle choisit de le laisser continuer à voir l’autre femme et leur fils. L’amour sacré du titre serait-il celui d’Harriet pour son mari ? La grande Iris Murdoch (1919-1999) était bien trop subtile pour cela, comme le prouve ce livre de 1974 qui, pour ne pas être le plus extraordinaire de sa bibliographie, n’en est pas moins une admirable machinerie romanesque. R. L.
Amour profane, amour sacré (The Sacred and Profane Love Machine), d’Iris Murdoch, traduit de l’anglais par Yvonne Davet, Gallimard, « L’Imaginaire », 462 p.
Vivant dans le district de Naogaon, dans l’est du Bangladesh, Chobi jure que ses difficultés et ses problèmes sont derrière elle : « Avant ma vie n’était que luttes, mais aujourd’hui ce n’est plus jamais le cas », assure-t-elle. Il y a dix ans à peine, cette mère de famille vivait avec moins de 50 cents par jour, réduite à extraire le jus de tubercules qu’elle chauffait, en ajoutantdu sel, faute de sucre, pour enrichir un tant soit peu l’alimentation de ses enfants à qui elle ne pouvait guère donner que du riz ou des pâtes. « Nous n’avions pas notre propre maison. Quand il pleuvait, nous n’avions pas d’endroit sec pour dormir. J’utilisais de vieux chiffons déchirés pour couvrir mes enfants », raconte-t-elle, meurtrie d’avoir perdu son premier enfant faute d’avoir pu lui acheter du lait, ni le nourrir elle-même, trop faible.
En 2006, l’ONG bangladaise Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC) a proposé à Chobi de l’aider en lui donnant trois chèvres et deux vaches, et en la formant à l’élevage. « Avec des boîtes de conserve, j’ai fabriqué une étable. En élevant mes deux vaches, j’ai fini par en avoir huit. J’en ai après vendu cinq et avec les 135 000 takas [1 501 euros] que j’ai gagnés, j’ai construit deux maisons en brique. Maintenant, j’ai 3 vaches, 6 chèvres, 15 poules et 10 canards, raconte-t-elle fièrement. Je vends des canards, des œufs et des poussins, ce qui m’a permis de gagner assez d’argent pour louer un terrain d’un demi-hectare que je cultive. »
Ces technologies comportementales se multiplient, allant du rappel d’hydratation (comme Waterlogged, une application qui exhorte les gens à boire de l’eau) à Hapifork, la fourchette qui vibre quand les gens mangent trop rapidement, en passant par Thinc, un casque qui délivre des pulsations électriques pour aider ses adeptes à pratiquer une nouvelle forme de méditation (même si ce type de casque n’a fait aucune démonstration de leur efficacité).
Pour Natasha Schüll, les gens ne veulent pas plus de données, ils veulent des objets qui les aident, qui les transforment. L’enjeu n’est plus tant la connaissance de soi, comme aux premiers temps du Quantified Self, mais celle d’une technologie qui prend soin de vous. En élargissant son marché, la mesure de soi est-elle en passe de devenir l’infantilisation de soi ?
Vers notre propre infantilisation
En fait, les dispositifs qui collectent des données sur nos comportements ne suffisent pas à inciter leurs utilisateurs à changer leurs habitudes. Nous avons besoin d’objets gourous et pas seulement d’objets qui mesurent tout de nous.
Vous êtes-vous jamais demandé combien de fois le héros dessiné par Hergé a été blessé ou malade tout au long de sa vie hasardeuse et trépidante qui l’a conduit dans 23 pays réels ou imaginaires, mais aussi sur la Lune ou au contact d'un fragment de météorite ("L'étoile mystérieuse") ? Ne cherchez plus ! Toutes les réponses, parfaitement documentées, se trouvent dans un article publié en ligne le 11 mai 2015 dans la revue La Presse Médicale. Il est signé de cinq auteurs (quatre français, un américain et un britannique), infectiologues et généticien moléculaire, tous fans inconditionnels de Tintin.
Les auteurs se sont amusés à recenser tous les problèmes médicaux que le célèbre globe-trotter a éprouvé de 1930 à 1976, depuis « Tintin au pays des Soviets » jusqu’à « Tintin et les Picaros ». Ils ont évalué les causes et conséquences de tous ses soucis de santé, qu’ils aient été traumatiques ou non, provoqués par un tiers ou du seul fait de l’imprudence du héros.
Au total, 244 accidents médicaux liés à 236 situations plus ou moins périlleuses ont été comptabilisés. Le valeureux personnage de fiction a eu 33 accidents de voiture ou d’avion, dont six résultant de tentatives d’homicides sur sa personne. Il sera en outre enlevé seize fois. Des kidnappings dont il subira des conséquences pour dix d’entre eux, en l’occurrence six traumatismes et quatre intoxications au gaz ou chloroforme.
Malgré tout, Tintin ne fut hospitalisé que six fois et ne subit que deux actes chirurgicaux, dans « L'Île noire » et « Objectif Lune ».Mais Tintin n’est resté à l’hôpital qu’un seul jour dans trois aventures, et quelques jours ou semaines dans trois autres. Dans Le Sceptre d'Ottokar (1938-39), il se retrouve certes aux urgences après un accident de voiture mais en sort avant même d’avoir été examiné par un médecin.