Par Camille Stromboni Publié le 1er décembre 2023
Dans cet établissement pédiatrique de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris où exercent les meilleurs spécialistes du pays, des lits sont fermés, comme ailleurs, par manque de personnels. Avec parfois des conséquences dramatiques, quand des opérations doivent être reportées.
La goutte d’eau qui tombe du plafond en mauvais état est parfois le seul bruit dans la pièce, tant l’atmosphère est chargée, à mesure que le professeur Raisky décrit l’opération à venir aux parents. Dans quinze jours, leur fille Marine (tous les prénoms ont été changés), 8 ans, va bénéficier d’une « intervention de Potts ». « C’est la seule opération que je crains au bloc, elle est dangereuse, avec une mortalité significative, de 15 % à 20 %, alors que c’est de 1 % à 2 %, la mortalité dans le service », leur explique le chirurgien cardiaque.
Installé à son bureau dans le bâtiment Laennec, à l’hôpital Necker-Enfants malades, à Paris, il le précise aussi d’emblée, lui qui connaît bien ce type de chirurgie extrêmement rare : « Par contre, quand ça marche bien, cela fait de vrais miracles. » Avec 1 200 opérations par an, l’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris est le premier centre de chirurgie cardiaque pédiatrique de France. Et même d’Europe.
Les pieds sous le siège du papa se croisent et se décroisent discrètement, quand la maman s’essuie sans bruit les yeux, accrochée à chaque phrase prononcée. Si le spécialiste propose cette opération, c’est parce que l’évolution naturelle chez ces enfants atteints d’une maladie pulmonaire très rare n’est pas bonne. Mais il se doit de prévenir, il y aura un moment critique « où il n’aura plus le contrôle », alors que le passage du sang dans l’artère pulmonaire sera interrompu.