SLATE Daphnée Leportois —
«Les vacances sont pour moi un vrai travail, soupire Anne-Laure, 33 ans, professeure de français en Espagne. Je me retrouve bien souvent à faire la traductrice, la secrétaire, l'assistante, la guide touristique, la photographe, etc., donc je profite moyen de ces moments.» Eh oui, le bon temps (des un·es) ne tombe pas du ciel. «Pour que tout le monde ait du fun, il faut toute une préparation, une organisation», relève la sociologue Chiara Piazzesi, professeure de sociologie à l'Université du Québec à Montréal (Uqam) et membre de l'Institut de recherches et d'études féministes (Iref). Et celle-ci pèse encore majoritairement sur les femmes. «La période peut s'avérer ne pas être de tout repos, voire pénible, pour les femmes car elle nécessite une forte charge mentale, en amont, pour préparer les vacances et, une fois sur place, en raison de la poursuite du travail domestique et parental qu'elles continuent à assumer», pointe sa consœur Emmanuelle Santelli, directrice de recherche CNRS, au Centre Max-Weber, à Lyon.
C'est le cas de Florence, 37 ans, directrice de la communication et mère de deux petites filles, à qui il revient systématiquement de trouver le lieu de vacances, réserver les billets d'avion pour toute la famille, penser aux éventuels vaccins ou encore faire les valises «avec tout ce que ça comporte: vérifier que les fringues des enfants leur vont encore, les médicaments, le stock de couches et de lait quand elles étaient bébés, les passeports, les dates de péremption des produits comme la crème solaire». Et ça ne s'améliore pas sur place, entre gestion du jet-lag, déballage des valises, activités à organiser en tenant compte du rythme des petites, courses… «Je passe généralement ma première journée à tout mettre en place pour le reste des vacances», décrit-elle. Avant de refaire les bagages au moment du retour et de s'occuper également du rangement et des lessives à l'arrivée. «C'est usant de devoir tout organiser, ranger, laver, ponctue Florence. Je ne profite pas autant que les autres de mes vacances car je dois toujours penser à tout pour que ça se passe le mieux possible avec les enfants...»