« Il faut enfermer les malades psychiques » dit (parfois) la rue. Le professeur Daniel Sechter, médecin, spécialiste en psychiatrie, milite avec force contre cette idée fausse.
Enfermer les malades psychiques, la pratique a perduré jusque dans les années 1950, alors forcément les images demeurent. On les a enfermés, parce que jusqu’en 1957 il n’y avait pas de psychotropes, pas de traitements médicamenteux possibles. Les hôpitaux psychiatriques étaient excentrés, pour éloigner du monde les cris et les souffrances contenus dans les murs. Maladie sacrée dans l’Antiquité, le malade était possédé par les démons ou les sorcières au Moyen-Âge. Là, a commencé l’enfermement.
« Dans les années 70, les traitements ont fait les frais d’approches idéologiques, on opposait alors le tout psychanalytique, le tout biologique ou le tout antipsychiatrique. Or on sait maintenant que les causes des troubles sont à la fois biologiques, psychologiques et socio-environnementales. Les traitements intègrent donc les psychotropes, les entretiens de psychothérapie et tiennent compte de l’environnement social. Les équipes de soins font alliance avec le malade, sa famille, son entourage. C’est une nécessité ». Le point de vue de Daniel Sechter s’appuie sur sa pratique hospitalière au CHRU de Besançon, sur son expérience de professeur à l’Université de Franche-Comté, sur ses convictions aussi.
Les services de psychiatrie sont aujourd’hui avec les autres spécialités dans les hôpitaux généraux ; dans les établissements spécialisés, ils s’ouvrent à la cité, hors les murs, en relation avec la Médecine générale et les autres disciplines.