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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 19 mai 2012


Les Livres de Philosophie

Les lois fondamentales de la stupidité humaine

Carlo Cipolla


Avril 2012 - PUF 

Comment évaluer l’impact de la stupidité humaine sur nos destins personnels et sur l’ensemble de la société ? Vaste question à laquelle l’historien Carlo Maria Cipolla décida en 1976 de répondre par un bref essai au ton éminemment scientifique.

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La plume et le bistouri


Voilà un bref résumé sur les trois chantiers légisaltifs qu'attend le nouveau ministre de la santé

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Monsieur le Président,
Déterminés à œuvrer pour que votre élection advienne, nous sommes très heureux de vous voir enfin nommé à la tête de l’État. L’immense espoir que vous avez levé dans la Nation doit se voir concrétisé lors des élections législatives du mois de juin. Nous comptons poursuivre notre effort afin que vous ayez une majorité qui vous soutienne à l’Assemblée nationale.
Votre élection suscite déjà beaucoup d’attente et notamment celle d’apaiser notre lien social si fragilisé par les cinq années passées. Nous croyons comme vous que les valeurs humanistes et progressistes sont une nécessité tant au niveau d’une politique générale que dans nos métiers et nos pratiques quotidiennes.
Le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire a vu le jour au lendemain du discours sur la psychiatrie et les malades mentaux, tenu le 2 décembre 2008 par le Président sortant Nicolas Sarkozy. Les personnes malades s’y sont vues assigner le destin d’une population parfois à exclure, souvent à enfermer, toujours à contrôler. La loi sécuritaire qui en a résulté en juillet 2011, promue sous le joug de l’émotion, a conduit une partie de nos concitoyens, les plus fragiles, tant psychiquement que socialement, à être exclus d’avantage, désignés et stigmatisés, d’être exilés de notre humanité commune.
C’est exactement à partir des valeurs humanistes que nous avons fondé notre Collectif afin de résister au pire, à la relégation d’une partie de nos concitoyens hors du lien social. Nous avons alors dû tenir fermement sur ces positions humanistes, pour proposer toujours et encore une psychiatrie fondée sur l’hospitalité, le temps que le peuple choisisse enfin de changer de Président.
Si sur le terrain notre mobilisation a eu des effets et a contribué à créer des espaces de travail commun entre patients, soignants, familles, monde de la culture et citoyens intéressés, il est nécessaire de sortir l’ensemble des acteurs du champ « psy » de leur abandon, de leur désarroi et du désaveu du travail des professionnels qu’ils ont subi du plus haut sommet de l’Etat. Au niveau national, notre mobilisation, si elle n’a pas suffi à empêcher le vote de la loi du 5 juillet 2011, elle a néanmoins permis à la psychiatrie de sortir de l’ombre et de contribuer au changement de regard porté sur la maladie mentale, notamment dans les médias.
La démolition de notre pacte social a été telle et eu tant d’incidence dans les services publics et en particulier dans le secteur de la santé qu’une politique liquidant l’héritage trouble du Président sortant, de son gouvernement et de sa majorité est actuellement une priorité.
Les diverses atteintes aux fondements républicains et démocratiques d’un état de droit, nécessitent la révision d’un certain nombre de lois dont celles du 5 juillet 2011 réformant les hospitalisations psychiatriques sous contrainte ainsi que la réforme hospitalière de 2009 (loi HPST). Cette dernière a tellement distordu les métiers, les pratiques et les expériences de terrain au profit d’une logique purement gestionnaire, que les citoyens ne retrouvent plus ce service public qui faisait encore, il y a peu, notre fierté nationale.
Comprenant les préoccupations du moment concernant l’Europe, les finances de la Nation ainsi que les priorités pour l’éducation et la justice, nous souhaitons toutefois vous faire part des nôtres concernant les champs du service public, du sanitaire, du médico-social et de l’associatif. Confrontés aux conséquences catastrophiques pour l’accueil et pour les soins psychiques tant en communauté qu’en institution et en soins ambulatoires, il nous faut sensibiliser le gouvernement et les élus de la Nation au défi que nous avons à relever dans l’arsenal législatif et réglementaire qui borde nos pratiques.
Nous souhaitons qu’une politique juste et équilibrée soit élaborée dans le cadre d’une loi générale pour la psychiatrie et le secteur médico-social, permettant aux avancées cliniques d’une psychiatrie moderne et attentive à la personne humaine de se développer.
Enfin débarrassés d’une hyper présidence extrêmement dommageable dans ses menées autoritaires et sécuritaires, nous souhaitons dans les temps prochains pouvoir solliciter auprès de vous un entretien afin de vous exposer les préoccupations qui sont les nôtres.
Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.
le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire,
8 observations médicales de femmes en psychiatrie au XIXème siècle
13 MAI 2012
Voici 8 observations cliniques psychiatriques rédigées vers 1851 par Ulysse Trélat (1795-1879), qui eût en parallèle de sa carrière médicale, une activité politique parfois subsersive (condamné sous la Monarchie de juillet, poste de ministre des travaux publics sous la 2de république).

Elève d’Esquirol, il occupa pendant 36 ans à La Salpêtrière, le poste de médecin d’un quartier d’aliénées.
Ses observations sont consignées dans son principal ouvrage «La folie lucide étudiée et considérée au point de vue de la famille et de la société» (1861).
L’âge des patients correspond à celui où il écrit ces observations et pas leur âge au moment de l’hospitalisation. 

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Le rôle des néo-neurones adultes est décrypté
lequotidiendumedecin.fr 14/05/2012


Des chercheurs de l’institut Pasteur et du CNRS ont découvert chez la souris que les néo-neurones formés par le cerveau adulte servent à l’apprentissage et à la mémorisation.
L’année 2003 mettait fin à un dogme selon lequel le nombre de neurones est défini dès la naissance et que toute perte est irréversible. Cette année-là, on a découvert que de nouveaux neurones sont formés par le cerveau adulte. Restait à identifier leur fonction. Voilà qui est fait, grâce aux travaux de l’équipe de Pierre-Marie Lledo (Institut Pasteur, CNRS).
À l’aide d’un dispositif expérimental utilisant l’optogénétique, les chercheurs ont montré que ces néo-neurones, quand ils sont stimulés par un bref flash lumineux, facilitent l’apprentissage ainsi que la mémorisation de tâches complexes : les souris mémorisent plus rapidement les informations proposées pendant la tâche d’apprentissage et se souviennent des exercices cinquante jours après l’arrêt des expérimentations.
« Cette étude démontre que l’activité de quelques neurones produits chez l’adulte peut avoir un effet important sur les processus cognitifs et le comportement. De plus, ce travail illustre, en partie, comment le cerveau assimile de nouvelles stimulations. Dans notre vie quotidienne, l’activité électrique (mimée par nos flash lumineux) est exercée par les centres de l’attention de notre cerveau », explique Pierre-Marie Lledo.
Cette découverte réaffirme le lien patent entre l’humeur et l’activité cérébrale : « Il est établi que la curiosité, l’éveil et le plaisir favorisent la formation de néo-neurones et, grâce à eux, l’acquisition de nouvelles compétences cognitives. À l’inverse, un état dépressif se répercute sur la production de nouveaux neurones et déclenche un cercle vicieux qui entretient cet abattement », précise un communiqué.
Ces résultats pourraient se révéler très utiles pour la mise au point de protocoles thérapeutiques visant à contrôler le développement des maladies neurologiques ou psychiatriques.
› Dr EMMANUEL DE VIEL
Mariana AlonsoGabriel LepousezSebastien WagnerCedric Bardy etcoll., « Nature Neurocience », 13 mai 2012.


La première loi suisse sur l'aide au suicide soumise aux Vaudois

Les Vaudois voteront le 17 juin prochain sur une initiative d'Exit et sur un contre-projet qui fixe un cadre légal au suicide assisté dans les EMS et les hôpitaux.
Vaud pourrait devenir le premier canton à se doter d'une loi sur l'assistance au suicide. Les citoyens en décideront le 17 juin. Ils se prononceront sur une initiative d'Exit et sur un contre-projet qui fixe un cadre légal au suicide assisté dans les EMS et les hôpitaux.
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FIN DE VIE

«Je voudrais qu’on me laisse prendre la fameuse potion»

Par Pascale Burnier. Mis à jour le 14.05.2012 32 Commentaires
Le 17 juin, les Vaudois voteront sur l’initiative Exit et le contre-projet. Du silence pudique des aînés aux craintes des soignants, plongée dans un home de Pully
Esther Mondada , Geneviève Fasel et Vera Colombo (de g. à dr.).
Esther Mondada , Geneviève Fasel et Vera Colombo (de g. à dr.).
Image: Patrick Martin

«C’ÉTAIT TRÈS DIFFICILE DE LA LAISSER SE SUICIDER»

Louise Ngo Bakena (à g.), Elena Vaucher et Diamilatou Diallo (à dr.).
Louise Ngo Bakena (à g.), Elena Vaucher et Diamilatou Diallo (à dr.).
Dans l’EMS Pré de la Tour, deux personnes ont déjà eu recours au suicide assisté il y a environ cinq ans. Si l’institution respecte le choix des résidents, elle n’intervient pas dans la démarche. Elena Vaucher garde précisément en mémoire cette première fois. «C’était une dame du 2e étage. Elle avait un cancer généralisé. Elle ne souffrait pas encore, mais elle savait que ça allait empirer. Les soignants étaient au courant qu’elle avait décidé de recourir au suicide assisté, mais on n’osait pas lui en parler. Pourtant, cette dame semblait plutôt à l’aise avec son choix. Avant qu’elle parte, elle a fait en sorte de dire au revoir à tout le monde dans l’EMS. Elle n’avait pas dit aux autres résidents qu’elle avait fait cette démarche. Elle a simplement sillonné la maison en disant qu’elle allait s’en aller. Le jour même, c’était très bizarre. Tout le personnel était stressé, angoissé, il y avait une sorte de malaise. On en avait d’ailleurs discuté avec le directeur. Il avait proposé à celles et ceux qui le souhaitaient de ne pas travailler ce jour-là. Moi, j’y suis allée. Je me souviens, la dame nous a offert ses foulards. Je comprenais son choix, mais c’était très difficile de la laisser se suicider. Je parlais chaque jour avec elle et tout d’un coup, c’était fini. Lorsqu’on travaille en EMS, on a l’habitude de côtoyer la mort, mais pas de cette façon-là.»
L’échine pliée par le poids du temps, un homme languit au milieu du hall. Le regard fixé dans le vague, comme pour forcer cette mémoire défectueuse à lui indiquer son chemin. Autour de lui, le roulement des tintebins seconde les jambes devenues trop frêles. A l’EMS Pré de la Tour à Pully, la vie se cogne à la maladie. A la mort aussi.
Ce matin-là, elles sont trois à avoir accepté de parler du suicide assisté. Trois grands-mamans pimpantes et rayonnantes, qui ont dit adieu à ce chez-soi symbole de liberté à la suite d’un ennui de santé. Depuis ce saut douloureux, la perspective des derniers jours s’impose à leur esprit clairvoyant. «La mort, j’y pense. Assez souvent même, confie Esther Mondada, 92 ans. Je sais que ça peut arriver demain. Il y a peu, une dame mangeait tous les jours en face de moi. Un jour, sa chaise est restée vide.»

Un choix dont on ne parle pas

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Toki to Towa : l'héroïne sera schizophrène
Toki to Towa : l'héroïne sera schizophrèneToki est Towa, Towa est Toki.



Littéralement, la traduction du titre Toki to Towa veut direTime and Eternity ou encore Le temps et l'éternité. Mais, d'après les récentes informations révélées par Famitsu, il pourrait en fait se transformer chez nous en Toki and Towa(Toki et Towa). Et vous allez comprendre pourquoi.
En fait, Toki est l'héroïne aux cheveux roses du titre développé par Imageepoch tandis que Towa se réfère à sa deuxième personnalité, en sachant que Toki peut se transformer en Towa grâce à du poivre. L'incidence sur le gameplay ? Les deux filles ne se battent pas exactement de la même façon : Toki privilégie les attaques à distance tandis que Towa est plus à l'aise au corps-à-corps.
Toki to Towa sortira cette année au Japon et n'est pas prévu en Occident pour le moment.
Toki-to-Towa-Image-040412-11

vendredi 18 mai 2012

Voici le scientifique le plus triste du monde
Il s’appelle professeur John Mainstone. Il travaille à l’Université de Queensland à Brisbane en Australie. Il est le gardien d’une des plus longues expériences scientifiques dans l’histoire du monde. Et il est certainement aussi le scientifique le plus triste du monde. Je vous explique tout, page suivante…
Accordez-moi 2 minutes pour vous expliquer. Imaginez une expérience conçue pour montrer que la poix (une résine qui a l’air d’être solide et qui peut être brisée en morceaux avec un marteau) est en réalité un liquide ! Un liquide qui est approximativement 230 milliards de fois plus visqueux que l’eau.
L’expérience a commencé en 1927. Elle était menée par le professeur Thomas Parnell, le premier professeur de physique à l’Université de Queensland à Brisbane :
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dimanche 13 mai 2012

Pour la santé, collectifs et associations espèrent un retour à des « valeurs plus humanistes »
12 mai 2012 | Par Sophie Dufau - Mediapart.fr

Du quinquennat de Nicolas Sarkozy, ils retiennent « la casse du service public hospitalier » et l'abandon d'une éthique de la médecine au service des plus faibles ou des plus vulnérables. Durant ces cinq années, ils se sont organisés en collectifs, ont rédigé desmanifestes, des pétitions ou destribunes, organisé des meetings pour le dénoncer. En dehors des syndicats de médecins, d'infirmières, de praticiens, ils ont voulu faire porter leur voix, plus haut et plus fort que les instances représentatives. À l'heure de l'alternance, nous nous sommes tournés vers André Grimaldi, professeur à la Pitié-Salpêtrière (Paris) et coauteur duManifeste pour une santé égalitaire et solidaire publié à l'automne dernier, vers Jérôme Martin, militant à Act Up, et Mathieu Bellahsen, psychiatre de secteur, membre du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, pour connaître leurs principales attentes.
Dans l'immédiat, l'urgence est de faire baisser le prix des soins et revenir à une idée plus égalitaire de la santé : avant la loi sur le financement de la sécurité sociale qui sera débattue à l'automne à l'assemblée, « il faut ouvrir au plus vite une négociation avec les mutuelles et les assurances complémentaires pour augmenter le taux de remboursement de la sécurité sociale et pérenniser notre système de santé », estime André Grimaldi. Aujourd'hui, les mutuelles « sont un lobby très puissant et elles se satisferaient naturellement d'une sécurité sociale qui ne rembourserait, en schématisant à gros traits, que les très pauvres et les très malades, leur laissant tout le reste ». D'essence complémentaires, elles en deviendraient alors nécessaires.

« Il faut abolir les franchises médicales et les taxes sur la santé,estime de son côté Jérôme Martin d'Act Up.Sur ce point, François Hollande ne s'est jamais franchement prononcé, mais les franchises peuvent s'élever à 50 euros par an et par malade pour les médicaments et 50 euros supplémentaires par an et par malade sur les forfaits hospitaliers. Outre que cela est une rupture avec le principe de solidarité de la sécurité sociale, ces franchises sous-tendent que ce sont les plus malades qui coûtent le plus cher à la sécu, qu'ils seraient les responsables du déficit. Ce qui est faux. »



Pour ne pas creuser le déficit de la sécurité sociale (estimé à 14 milliards d'euros en 2012), André Grimaldi voit trois décisions à prendre : « 1/ Diminuer les prix des médicaments et, en particulier pour les génériques, les diviser par deux. On pourrait par exemple s'aligner sur les prix pratiqués en Angleterre. Rien que cela permettrait d'économiser un milliard d'euros. 2/ Il faut taxer les producteurs de tabac. Aujourd'hui, toutes les augmentations du prix des cigarettes sont supportées par le consommateur. Il y a un gisement de 7 milliards d'euros sur ce que les producteurs encaissent, qui pourrait servir à la prévention. 3/ Profiter d'une réforme fiscale pour augmenter les recettes de la sécurité sociale en supprimant la moitié des niches sociales (là encore, il y a un gisement de 35 milliards d'euros) et faire une CSG progressive. »

Dans les propositions du candidat Hollande, il y en a une qu'ils surveilleront particulièrement : le développement de la médecine de proximité, à même de pallier l'engorgement des services d'urgence hospitaliers et la désertification médicale dans certaines parties du territoire national. Une médecine de proximité qui renouerait avec des valeurs d'égalité et de justice. Pour André Grimaldi, il faut créer « un service public de la médecine de proximité, comme il existe un service public hospitalier, même s'il a été bien abîmé. Ce service public de la médecine de proximité ferait travailler ensemble des médecins de secteur 1 (conforté et revalorisé), des infirmières, des travailleurs sociaux ».
Pour Mathieu Bellahsen, psychiatre, il faut « réaffirmer qu'en psychiatrie, l'organisation des soins, et leur déploiement sur le territoire, s'organise autour du secteur. Non pas entendu comme une entité administrative, un découpage territorial, mais comme une entité clinique : une même équipe sur un même territoire qui soigne tous les patients, sans faire de tri entre pathologies. Il n'y a qu'ainsi que l'on peut assurer un réel suivi des malades, un véritable maillage des soins ».

La fin de l'hôpital-entreprise

Marisol Touraine, à l'Assemblée nationale
Marisol Touraine, à l'Assemblée nationale© M.M.
Ceci suppose une tout autre logique gestionnaire. « Il faut admettre que les critères de rentabilité ne doivent pas être la seule manière de gérer un établissement de soins », poursuit Mathieu Bellahsen. François Hollande l'a dit : un hôpital n'est pas une entreprise, et ne peut être géré comme tel. Marisol Touraine, en charge de la santé, de la dépendance et des retraites dans l'équipe du candidat PS, et régulièrement citée parmi les ministrables, affirmait récemment dans un entretien à Mediapart qu'au pouvoir, le PS supprimerait « la convergence entre établissements publics et établissements privés, car le privé ne porte pas la responsabilité de la formation, de la recherche, ou de l’accueil de tous les publics à toute heure du jour et de la nuit ».
Une déclaration dont prennent acte André Grimaldi et Mathieu Bellahsen, qui souhaiteraient pourtant que le prochain gouvernement aille plus loin avec la suppression de la tarification à l'acte, la T2A (devenue VAP en psychiatrie, pour “valorisation à l'activité en psychiatrie”) qui aujourd'hui détermine les budgets des établissements (tout acte est codé, chiffré, et l'ensemble des actes prévus par un établissement détermine la somme qui lui est allouée). « La T2A ne permet pas d'optimiser les soins, explique André Grimaldi. Selon nous, cette technique de financement des hôpitaux n'est envisageable que pour des actes standardisés comme une dialyse par exemple. À côté, il faudrait parler en budget pour toutes les maladies chroniques et les urgences, et en prix de journée pour les soins de fin de vie où l'on manque dramatiquement de lits. Mais, au-delà, le grand danger de la T2A, c'est la primauté du management sur les soins. À Strasbourg, par exemple, un poste de technicien de soins s'est transformé en poste de codage des soins. Ce n'est pas en transformant les techniciens en codeurs qu'on améliore la qualité. »


Plus généralement, faire confiance aux professionnels et aux usagers serait déjà un changement considérable. « L'État Sarkozy nous a transformés en suspects permanents, raconte Mathieu Bellahsen. Ça ne concerne pas que la médecine d'ailleurs, cette méfiance touche aussi les enseignants, les chercheurs… Concrètement, dans l'Essonne où j'exerce, le travail avec la préfecture est devenu plus en plus difficile. Il faut par exemple des tonnes de justificatifs pour obtenir une autorisation de sortie de l'hôpital pour un patient. » Mathieu Bellahsen dont le Collectif s'est formé en décembre 2008, en réaction au discours de Nicolas Sarkozy assimilant les patients en psychiatrie à des “fous dangereux”, fait allusion à la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement, qui oblige à se tourner vers un juge des libertés pour prolonger l'hospitalisation au-delà de 15 jours et qui permet surtout de contraindre des personnes à des soins, en dehors de l'hôpital. « Cette loi est comme un miroir grossissant du pacte social que Nicolas Sarkozy nous a proposé pendant cinq ans et que la gauche ne peut plus tolérer. »

Lors d'un meeting des 39
Lors d'un meeting des 39© SD/MP
Selon lui, il faut donc engager une concertation avec les usagers, leurs familles et les professionnels, s'appuyer sur les savoirs de terrain, pour redéfinir les soins sous contraintes. « En sachant que si l'on peut hospitaliser sous contrainte, que si c'est parfois nécessaire pour protéger la personne ou les autres, ce n'est pas un soin. Ce ne sont pas nos mots, nos principes, nos valeurs. »
Partir du terrain, des initiatives qui ont fait leurs preuves pour les développer, voire légiférer, c'est ainsi qu'André Grilmadi souhaite voir travailler le nouveau gouvernement : « Il faudrait mettre en place des états généraux décentralisés, avec les acteurs concernés, les patients, la population, les élus, afin de développer la démocratie sanitaire. Il faut partir de ce qui marche pour le généraliser. Par exemple, en région parisienne, il y a des médecins généralistes qui se sont associés avec des infirmières pour soigner des malades chroniques. Il y a aussi des maisons médicales qui fonctionnent. Il faut partir de ce qui marche aussi dans le service public hospitalier, pour articuler les soins à l'hôpital et les soins en ville. »

Remettre l'accent sur la prévention

Plus généralement, et parce que la santé n'est pas qu'une question médicale mais aussi sociale, ces collectifs et associations en appellent à un retour à des valeurs plus humanistes. Ainsi, pour Jérôme Martin d'Act Up, il faut « suspendre l'interdiction des soins funéraires pour personnes contaminées au VIH imposée depuis un arrêté de 1999, appliquer la suspension de peine pour des détenus gravement malades, ouvrir l'accès à la couverture mutuelle universelle aux sans-papiers ».
Pour André Grimaldi, il faut à nouveau concentrer tous les efforts sur la prévention. « Concernant la mortalité évitable, à savoir le nombre de personnes qui meurent avant 65 ans en raison des méfaits du tabac, de l'alcool…, la France est avant-dernière dans le classement européen, juste devant la Pologne. » Et plus généralement, depuis quelques années, le taux d'espérance de vie en bonne santé recule en France, selon les chiffres de l'Insee : autrement dit, si l'on vit de plus en plus vieux, on vit moins longtemps sans incapacité. « Dans le manifeste, nous avons suggéré que le budget de la santé consacré à la prévention passe de 7 à 10 % en cinq ans. »
Notre entretien de septembre 2011 avec André Grimaldi
Reste que si la santé est une des priorités des Français, « il n'y a pas de consensus dans la profession sur les grandes réformes à engager », poursuit André Grimaldi. « Même si les dépassements d'honoraires – déclarés… – se sont élevés à 2,5 milliards d'euros cette année, il y aura toujours des médecins qui défendront le secteur 2. Il y en aura toujours pour mettre en avant le “colloque singulier” entre le médecin et son patient pour refuser de travailler en liaison avec d'autres. Il y en aura toujours qui défendront les lits privés à l'hôpital public… Mais comment justifier que, pour avoir rendez-vous avec un cancérologue ou un pédiatre, en gros lorsque l'on est face à la mort ou lorsqu'il s'agit de la santé de son enfant, il faut, pour se faire soigner plus vite, payer plus ! »
Côut de la santé, discrimination, accès égal pour tous… Autant de principes éthiques qui vont au-delà des revendications catégorielles que porteront les syndicats, mais que chacun espère faire entendre en continuant à mobiliser l'opinion publique autour d'eux.
  • Voir aussi sous l'onglet Prolonger, la vidéo extraite d'une soirée Mediapart 2012 avec le médecin André Grimaldi et Loriane Brunessaux, psychiatre et membre du Collectif des 39.