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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 9 mai 2012


Olivier Labouret Le nouvel ordre psychiatrique

                                        Guerre économique et guerre psychologique
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Olivier Labouret est médecin psychiatre en hôpital public. Il est président de l’Union syndicale de la psychiatrie, membre de la Ligue des droits de l’Homme et du conseil scientifique de l’Association pour la taxation des transactions et l’action citoyenne (ATTAC).
L’évolution actuelle de la psychiatrie sert de caution scientiste à une politique néolibérale qui ne cesse de se durcir. Ainsi la nouvelle loi sécuritaire du 5 juillet 2011 marque un tournant historique en permettant de traiter de force tout trouble du comportement individuel à domicile. À l’heure où une politique d’austérité généralisée vient répondre à l’emballement insensé du système économique, le contrôle social de la « santé mentale » des populations est ainsi assuré par la peur de la folie et de l’exclusion. Pour que la psychiatrie publique ne devienne pas le nouveau ministère de l’Intérieur psychique, ni la police des comportements, l’auteur nous invite à lutter contre ce nouvel ordre psychiatrique profondément déshumanisant.
Communiqué par Lacan Quotidien – Un nouveau décret relatif à l’usage du titre de psychothérapeute
Le Premier ministre a tenu à signer le 7 mai le décret supprimant tout réquisit imposé aux psychologues pour utiliser le titre de psychothérapeute.
Résultat : le projet Accoyer s’en trouve un peu plus dévitalisé. Les psychothérapeutes ont depuis longtemps abandonné cette dénomination; les psychanalystes ne semblent pas courir après. Un coup d’épée dans l’eau ne laisse pas de traces. Mais restons vigilants.

Laplanche, en signes de deuil

Disparition . Le psychanalyste post-lacanien, dont le nom fut associé à celui de Pontalis, est mort dimanche à Paris à l’âge de 88 ans.

Par ROBERT MAGGIORI
Il y a le Gaffiot, pour les latinistes, le Bailly pour les hellénistes, et, pour les analystes, le Laplanche & Pontalis. A savoir : le Vocabulaire de la psychanalyse (PUF), publié pour la première fois en 1967, maintes fois réédité, traduit dans le monde entier, et qui a constitué une sorte de base de données dont l’«exploitation» a servi à rendre plus solide le cadre de la conceptualité freudienne. Jean Laplanche est décédé dimanche, à l’hôpital de Beaune, des suites d’une fibrose pulmonaire. Il avait 88 ans. Son nom restera à jamais attaché au Vocabulaire, bien que son œuvre, composée d’une vingtaine d’ouvrages, ne se réduise pas à ce travail de référence.
Bon vivant. Né le 21 juin 1924, d’un père bourguignon et d’une mère champenoise, Jean Laplanche eût pu n’être que vigneron, et passer sa vie dans sa propriété du début du XIXe siècle, dans le village de Pommard (Côte-d’Or), ou de cet autre château, avec ses vignes, qu’il vendra en 2004. Mais à cet attachement natif et viscéral à la terre, qui en fera un bon vivant, s’ajoutent la passion pour les choses de l’esprit, qui l’orientera vers la philosophie, la médecine psychiatrique et la psychanalyse, et l’exigence morale, née dès l’adolescence lors de son adhésion à l’Action catholique, qui le conduira à s’engager dans la Résistance en 1943 puis à fonder, avec Cornelius Castoriadis et Claude Lefort le groupe (et la revue) Socialisme ou Barbarie en 1948.
A l’Ecole normale supérieure, Jean Laplanche a pour maîtres Gaston Bachelard, Jean Hyppolite ou Maurice Merleau-Ponty. Il est reçu à l’agrégation de philosophie en 1950. Il était déjà, alors, en analyse avec Jacques Lacan, qui le pousse à entreprendre des études médicales. Interne des Hôpitaux psychiatriques, il soutient sa thèse en médecine - «Hölderlin et la question du père» - en 1959. L’année suivante, le rapport qu’il présente avec Serge Leclaire au colloque de Bonneval, «l’Inconscient : une étude psychanalytique», aura un grand retentissement. Invité par Daniel Lagache, sous la direction duquel il publiera, avec Jean-Bertrand Pontalis, le dit Vocabulaire de la psychanalyse, il enseigne à la Sorbonne dès 1962. Deux ans plus tard, après avoir rompu avec Lacan, il contribue à la fondation de l’Association psychanalytique de France, dont il sera président. Il dirigera aussi, par la suite, le Centre de recherches en psychanalyse et psychopathologie de l’université Paris-VII, et lancera la revue Psychanalyse à l’université.
Mais le parcours de Jean Laplanche, figure centrale des développements post-lacaniens de la psychanalyse française, est surtout, si on peut dire, «intérieur», autrement dit marqué par une exigence à laquelle il n’a pas dérogé, une exigence de recherche, ou heuristique, qui, eût dit Jankélévitch, l’a fait se comporter, vis-à-vis du monde et des théories,«comme si rien n’allait de soi», comme si aucun «fait» ne devait échapper à la remise en question, ou à différentes «traductions». Aussi, critique lucide de Lacan, contestera-t-il également certains aspects de la théorie freudienne, considérés comme «biologisants», et donc fourvoyants. Emblématiques, à cet égard, sont les positions de Laplanche sur la question du «sexuel» (du sexual plutôt) ou de la «pulsion de mort», du fantasme, du travail du deuil, de la «situation» de la psychanalyse entre archéologie et histoire, de l’origine du fantasme et du fantasme de l’origine.
Messages. C’est cette question de l’originaire - quelque chose «qui transcende le temps mais qui reste en même temps lié au temps» - qui, dans Nouveaux Fondements pour la psychanalyse (1987), conduit Laplanche d’abord à délimiter l’espace propre de la psychanalyse, en la séparant des quatre domaines du biologique, du phylogénétique, du mécanique et du linguistique, puis à élaborer une «théorie de la séduction généralisée», sous le signe du primat de l’autre, et à considérer la pratique clinique à la lumière de la notion de «traduction». Sans doute celle-ci est-elle le label de toute l’œuvre de Laplanche. Non seulement parce que, au niveau effectif, celui-ci a supervisé pendant vingt ans l’entreprise gigantesque de traduction des Œuvres complètes de Freudaux PUF, mais parce que dans la théorie de la séduction généralisée est centrale la question de la traduction du «message énigmatique» adressé à l’enfant par l’autre, par l’adulte pourvu d’un inconscient - enfant qui dès lors est le seul interprète, ou «herméneute».
D’une façon plus générale, et apte à montrer l’originalité des théories de Laplanche, l’herméneute, ce n’est pas l’analyste, mais le Moi de l’être l’humain : celui-ci, dans l’enfance, se trouve donc confronté aux messages énigmatiques des adultes, qui sont pour lui des traumatismes supportables et maîtrisables à la seule condition qu’il soit capable de les interpréter ou «traduire». Si l’homme est en somme poussé par une«pulsion de traduction», il reste que toute traduction est toujours inadéquate, incomplète, et donc laisse un «legs» opaque, capable de menacer la cohésion du Moi. L’analyse est-elle capable de traduire le non-traduit, de le dé-lier ? Une grande partie de l’œuvre de Jean Laplanche tente de répondre à cette question. Question qu’il reprenait souvent, aussi, verre à la main, au cours de séminaires en plein air, le vendredi soir, au château de Pommard.

mardi 8 mai 2012

Lundi 7 mai 2012
cgt logoLe Conseil Constitutionnel vient de censurer
deux dispositions de la loi sur les soins sans consentement.

Les articles L3211-12 II et L3213-8 de la loi du 5 Juillet 2011 sur les soins sans consentement viennent d’être censurés par le Conseil Constitutionnel, suite à une question prioritaire de constitutionnalité déposée par le Cercle de réflexion et de proposition de la psychiatrie.

Ces articles qui concernent les patient-e-s faisant l’objet, soit d’une déclaration d’irresponsabilité pénale, soit sont hospitalisé-e-s dans une Unité pour Malades Difficiles (UMD) ont été abrogés. La loi doit être modifiée avant le 13 Octobre 2013.

Depuis sa mise en place, la CGT demande l’abrogation de ce texte qui a été élaboré sans aucune concertation avec les organisations syndicales et les syndicats de médecins, et sans leur consentement. Malgré une mobilisation importante contre cette loi essentiellement sécuritaire, le gouvernement est passé en force pour sa publication.

D’autres articles de cette loi, non abrogés par le Conseil Constitutionnel, énoncent aussi des dispositions essentiellement sécuritaires, bien loin des soins psychiatriques de qualité dont les patient-e-s doivent pouvoir bénéficier dans un but de réadaptation et de réinsertion, et dans le respect du droit des personnes.

En réalité, cette loi sur les soins sans consentement n’offre pas les garanties nécessaires pour les droits des personnes, ni de solution efficace pour la qualité des soins.

La Fédération Santé Action Sociale CGT demande au gouvernement de prendre en compte les véritables besoins de soins croissants en psychiatrie, pour que cette discipline puisse assurer ses responsabilités et ses missions : prise en charge de la spécificité psychiatrique, maintien de la continuité des soins dans le cadre de la politique de secteur. Il est urgent d’attribuer des moyens humains suffisants et d’assurer une formation professionnelle spécifique de qualité, éléments incontournables pour que la psychiatrie publique puisse remplir efficacement ses missions.

Un débat sur l’avenir de la psychiatrie et de sa place dans la société doit avoir lieu.

Fait Montreuil, le 3 Mai 2012

lundi 7 mai 2012

La HAS publie un guide pour éviter les erreurs et accidents médicaux à l’hôpital

lequotidiendumedecin.fr 13/04/2012

Le document proposé par la Haute autorité de santé regroupe des outils pratiques et des fiches techniques pour aider les professionnels de santé.
Erreurs avec les médicaments ou au bloc opératoire, risque d’infection : les hôpitaux disposent désormais d’un guide, conçu par la Haute autorité de santé (HAS), pour lutter contre les événements indésirables graves (EIG). La seconde enquête nationale ENEIS, enquête sur les événements indésirables associés aux soins, évoque la survenue de 275 000 à 395 000 EIG par an, soit un EIG tous les cinq jours dans un service de 30 lits, un tiers d’entre eux étant considéré comme évitable. Les EIG évitables sont ceux qui n’auraient pas eu lieu, si les soins avaient été conformes à la prise en charge considérée comme satisfaisante au moment de leur survenue, explique l’un des co-auteurs de l’étude.
La HAS précise que les enjeux sont à la fois humains, techniques et organisationnels, mais aussi juridiques et assurantiels. « Le guide propose aux équipes de mettre en place une démarche d’analyse et d’identification des risques en 5 étapes, depuis le choix de la situation à risques, jusqu’à la mise en place des solutions et au suivi des résultats », précise la HAS.

34 fiches techniques

Le guide « Gestion des risques associés aux soins en établissement de santé » regroupe les 5 étapes et présente des outils pratiques pour permettre à tous les professionnels de santé concernés, décideurs, coordonnateurs, équipes opérationnelles, d’agir de façon pérenne pour sécuriser les soins dans leur établissement de santé.
Le document aborde également selon trois fonctions, gouvernance, coordination ou équipes opérationnelles, douze axes d’actions thématiques. Il explique, par exemple, comment faire le bilan de l’existant, définir le programme institutionnel et les axes de travail ou encore mettre en place les structures pilotes. Enfin 34 fiches techniques associées permettent une déclinaison sur le terrain. « Ces fiches mettent en convergence des méthodes et des démarches existantes : analyse d’événements indésirables, revue de morbi-mortalité, audits, check-list, exigences de la procédure de certification, etc. », explique la HAS.
› C. R.

Schizophrénie : " Ils voient dans ma tête "

07/03/2012
Ce qui est terrible avec ces maladies, c'est qu'elles atteignent n'importe qui. Sans distinction. Leur fils avait 20 ans lorsque la maladie s'est insinuée chez eux. Inscrit en deuxième année de BTS « force de vente » à Poitiers, il obtenait pourtant des résultats prometteurs, son niveau s'est brutalement affaissé, il a soudain perdu la force de quitter la maison de ses parents, à Niort. « Il se renfermait dans sa chambre et sur lui-même, se souvient Philippe, son père, il laissait ses volets fermés pour rester dans le noir à longueur de journées. Il écoutait de la musique à fond, refusait le dialogue. On ne le reconnaissait plus, il semblait complètement déconnecté. »

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Une drogue de plus par semaine en Europe

LE MONDE | 


| "Le Monde"

Quasiment une nouvelle drogue par semaine : c'est à ce rythme que sont détectées les substances psychoactives en circulation au sein de l'Union européenne (UE), selon le rapport annuel conjoint de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) et d'Europol, publié jeudi 26 avril. Sur les 49 nouvelles drogues dont la présence sur le marché européen a été établie en 2011, près de la moitié - 23 précisément - sont des cannabinoïdes de synthèse.
Cette septième édition du rapport annuel de l'OEDT fait suite à la décision, en 2005, du Conseil de l'Europe, de mieux évaluer les risques et de contrôler les nouvelles substances psychoactives. D'où la mise en place d'un "système d'alerte rapide de l'Union européenne", afin de rendre compte de cette émergence très inquiétante en termes de santé publique. Grâce à ce système, l'OEDT et Europol, l'agence de coopération policière de l'UE, ont constaté que 2011 avait été une année record pour le nombre de nouvelles drogues mises sur le marché, qu'elles soient proposées par des boutiques en ligne, dans des boîtes de nuit ou directement dans la rue.
DISPONIBILITÉ EN LIGNE DES SUBSTANCES
Les substances détectées en Europe appartiennent à trois classes chimiques : les cannabinoïdes de synthèse (23 des 49 substances détectées), parents du cannabis ; les cathinones (8 substances), un dérivé du khat ; le phényléthylamine (5 substances), apparenté à l'amphétamine.
La surveillance repose sur les saisies de drogues et les produits récupérés auprès d'usagers, mais également sur les résultats des recherches actives menées officiellement en laboratoire. L'achat en ligne d'échantillons permet d'analyser la composition des produits vendus. Sans surprise, celle-ci est très variable d'un produit à l'autre. Elle comprend parfois des substances réglementées. Les mêmes substances psychoactives peuvent ainsi être vendues sous des noms différents.
L'OEDT exerce une veille sur Internet afin de suivre la disponibilité en ligne de substances qui n'ont pas encore fait l'objet de décisions de réglementation.
Ce marché lucratif attire de plus en plus d'acteurs. Le rapport indique que le nombre de boutiques de vente de drogues en ligne a presque doublé en un an, passant de 170 en janvier 2010 à 314 en janvier 2011. Et, visiblement, cette progression s'est accélérée au cours des derniers mois : l'OEDT a recensé 630 sites de vente en ligne en juillet 2011, et 690 en janvier 2012.
ACTIVITÉ IMPORTANTE DES LABORATOIRES CLANDESTINS
"Généralement, ces sites vendent plus fréquemment leurs nouvelles drogues sous des noms tels que "herbal highs" (drogues à base de plantes) ou "research chemicals" (produits chimiques de recherche), plutôt que sous le terme de "drogues légales"", indique le rapport. Même s'il est difficile d'identifier avec précision les pays d'origine des boutiques en ligne qui offrent ces substances, les deux organismes européens estiment cependant que l'augmentation du nombre de sites est principalement due à de nouveaux entrants américains.
Le plus connu des cannabinoïdes de synthèse est vendu sous le nom de "Spice", dont les effets secondaires sont une augmentation du rythme cardiaque, une hypertension artérielle, une agitation et des hallucinations. Au cours de la période 2008-2010, les cannabinoïdes de synthèse déjà répertoriés appartenaient à cinq groupes chimiques différents. Mais cinq nouveaux groupes de cette famille sont apparus sur le marché européen des drogues en 2011 et début 2012. Ce qui témoigne d'une activité importante des laboratoires clandestins.
Le rapport cite l'exemple de la méphédrone, un stimulant de la famille des cathinones, qui atteint au Royaume-Uni des niveaux de consommation équivalents à ceux de l'ecstasy (1,4 % de la population des 16 à 59 ans) ou de la cocaïne (4,4 % des 16-24ans).
En 2011, cette drogue de synthèse était toujours disponible dans des boutiques en ligne, même si celles-ci étaient moins nombreuses à le proposer et si les prix avaient grimpé. Elle semble surtout consommée par des personnes faisant également usage d'autres drogues.

La Coordination médicale hospitalière (CMH) interpelle les deux candidats arrivés en tête à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle 2012 sur la "grave crise" dans laquelle se trouve l'hôpital public, dans un courrier daté du 23 avril 2012.
La CMH pose trois questions au candidat UMP Nicolas Sarkozy et au candidat socialiste François Hollande.
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Dedans : nouveau spectacle de la Compagnie du lit qui grince - Le Tourneur
vendredi 27 avril 2012

Amélie Boblin et David Louazel de la Compagnie du lit qui grince travaillent « Dedans » qui sera dansé samedi 28 avril, salle des fêtes du Tourneur.
Du spectacle vivant et travaillé
Amélie Boblin et David Louazel, les deux danseurs et chorégraphes de la Compagnie du lit qui grince, travaillent sur leur nouveau spectacle intitulé Dedans. Jouée et dansée déjà cinq fois à Vire et à Caen, cette nouvelle création est en plein travail « afin de la rendre plus compréhensible. Nous avons monté ce spectacle cet hiver lors d'une résidence à la halle de Vire, mais il nous manquait le miroir et le recul nécessaire », expliquent les deux danseurs.
Il faut dire que le sujet est complexe puisque cela touche à la psychiatrie. « J'avais envie de traiter le sujet de la folie, vue de l'intérieur de la tête de mon personnage,explique David Louazel. Tout ce que l'on montre passe par ses yeux. » Et on peut s'y perdre. D'autant que les précédents spectacles, que ce soit Les poissons ou Le Doctor F, faisaient appel à des situations facilement décodables - des voisins et une histoire d'amour ou encore Frankenstein et sa créature.
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Les Livres de Psychanalyse

L'Unebévue N°29 : LACAN DEVANT SPINOZA, CRÉATION/DISSOLUTION

L'Unebévue 2012


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APPEL À CONTRIBUTION

Vendredi 18 mai 2012 

Patients et traitements psychiatriques à l’écran : pratiques militantes, soins et processus de subjectivation

Publié le mardi 06 mars 2012 par Loïc Le Pape
RÉSUMÉ
Le colloque transdisciplinaire « patients et traitements psychiatriques à l’écran : pratiques militantes, soins et processus de subjectivation » (5 et 6 décembre 2012) a pour objectif d'étudier l'évolution des représentations du patient psychiatrique et des traitements en santé mentale à l'écran. On analysera l'émergence de nouvelles subjectivités et récits de l'intime qui peuvent s'inscrire dans une démarche de réhabilitation de pratiques médicales institutionnelles ou bien traduisent la réappropriation de l'outil filmique par des collectifs militants.
ANNONCE

Argumentaire:

Patients et traitements psychiatriques à l’écran : pratiques militantes, soins et processus de subjectivation.

La mise en scène de l’univers asilaire

A partir des années 1960, plusieurs films mettant en scène l’internement psychiatrique reçoivent un excellent accueil de la critique et du public. De nombreux réalisateurs, s’inscrivant dans la mouvance du Nouvel Hollywood, se risquent à traiter le thème de la folie à travers une démarche visuelle et artistique non-consensuelle. Qu’ils adoptent une posture d’ethnographe, tel Frederick Wiseman pour son documentaire Titicut Follies (1967), ou optent, à l’instar de Milos Forman avecVol au-dessus d’un nid de coucou (1975), pour l’adaptation cinématographique d’un roman, ces cinéastes s’attachent à montrer et dénoncer la violence inique des traitements imposés aux patients : le lieu de soin est dépeint, dans ces œuvres, comme une institution malade. Cette production cinématographique s’inscrit dans une tradition remontant aux années 1940 qui, avec des productions appartenant à des genres différents – du fantastique de Bedlam (inspiré de l’œuvre picturale A Rake’s Progress de William Hogarth) au drame réaliste de The Snake Pit(Anatole Litvak, 1948) – retranscrivent l’expérience de l’internement à travers le regard de personnes présentées comme victimes des contraintes normatives imposées par l’institution psychiatrique et des soignants peu avenants. La portée dénonciatrice primant sur la retranscription de l’expérience individuelle subjective de la pathologie mentale, le héros principal est bien souvent un non-malade : un écrivain rêvant de gagner le prix Pulitzer en « s’infiltrant dans l’univers asilaire » pour en livrer un récit qui fera date dans Shock Corridor de Samuel Fuller (1963) ; ou bien un marginal qui pense, en se faisant interner, échapper à la prison (Vol au-dessus d’un nid de coucou).

Filmer la folie, entre fiction et documentaire

La folie à l’écran : un motif récurrent auprès de cinéastes « engagés » ? Certainement, si l’on songe à Family Life de Ken Loach (1971), violente chronique de la descente aux enfers d’une jeune schizophrène qui montre que des facteurs familiaux couplés au manque d’empathie des praticiens peuvent aggraver voire provoquer des troubles mentaux. Si la fiction cinématographique pointe directement du doigt l’institution, se faisant l’écho des écrits des représentants les plus virulents du mouvement antipsychiatrique anglo-saxon (Laing, Cooper), le documentaire vise à faire apparaître les expériences menées par des psychiatres ou éducateurs désireux d’améliorer le sort de leurs patients en leur offrant plus de liberté et d’autonomie. On pensera ainsi à Ce gamin-là de Renaud Victor (1975), qui retrace l’expérience de Fernand Deligny avec des enfants autistes, ou à Fous à délier de Marco Bellochio (1975), qui enquête sur le parcours de trois ex-patients employés à l’usine dans l’Italie de Franco Basaglia. Au cours des années 1990 d’autres réalisateurs, tels que Benoît Dervaux, Jean-Michel Carré et Nicolas Philibert, se proposent de faire le bilan de l’antipsychiatrie ou de la psychothérapie institutionnelle. La clinique de la Borde et le Coral, lieu de vie qui accueille indifféremment psychotiques et jeunes délinquants, ouvrent ainsi leurs portes aux cinéastes qui, à travers des films à la croisée du documentaire et de la fiction (comme par exemple Visiblement je vous aime, 1995), donnent la parole aux soignants et patients.

Cadrage

La folie à l’écran : trois axes de recherche

Les travaux de ce colloque multidisciplinaire, ouvert aux contributions d’historiens, sociologues, anthropologues, philosophes et cinéastes, se déclineront selon trois axes de recherche.


Il s’agira en premier lieu d’étudier les relations entre l’histoire de la folie mise à l’écran – qu’il s’agisse de la fiction cinématographique ou bien du documentaire ethnographique ou journalistique – et l’histoire des changements survenus au sein du monde psychiatrique tout au long du dernier demi-siècle. On s’interrogera à la fois sur le film et l’enquête filmée en tant que moyens « engagés » de réhabiliter une pratique ou une éthique des soins en psychiatrie (La moindre des choses, La devinière, Visiblement je vous aime, Valvert, la série italienne Il était une fois la cité des fous de Marco Turco), et sur le rôle qu’ils ont pu éventuellement jouer dans l’univers du militantisme en psychiatrie. Peut-on dès lors parler d’une réception de ces films auprès des usagers militants ? Certains films ont-ils contribué à alimenter le désir de dénonciation des traitements jugés dégradants et coercitifs ?


Le deuxième axe s'interrogera sur les usages sociaux et politiques de la folie mise à l’écran, et notamment sur les films produits par les acteurs (psychiatres, usagers, familles) du champ psychiatrique.


De quelles manières les images de la folie peuvent-elles participer à la construction des controverses morales et politiques propres au monde psy (on songera à la polémique autour du documentaire sur l’autisme, Le Mur) ? Comment sont-elles mobilisées dans une cause et ainsi appropriées par de différents acteurs, qu’il s’agisse de militer contre la « dérive » sécuritaire de la psychiatrie contemporaine, comme l’a récemment fait en France le documentaire Un monde sans fous, ou bien au contraire de dénoncer les politiques de désinstitutionalisation et de plaidoyer pour l’usage de l’électro convulsivothérapie en montrant la souffrance des familles, comme le très discuté reportage brésilien Omissão  de socorro : pacientes psiquiátricos tomam a palavra (Omission de prêter secours : des patients psychiatriques prennent la parole) ?


Le troisième axe portera enfin sur la question des processus de subjectivation. A l’heure où les usagers, réunis au sein d’associations, mettent en scène leurs parcours – souvent douloureux – de la dépendance à l’autonomie et décrivent, dans des documentaires de commande publique ou militants, leur passé de malade et leur présent d’usager ou de survivant, le fou et les soins en psychiatrie ont-ils cessé d’être fantasmes ? La valeur de preuve attenante aux témoignages rassemblés contribue-t-elle à produire de nouvelles subjectivités qui doivent composer avec les contingences des productions cinématographiques et audiovisuelles ?


Comment les éléments autobiographiques personnels sont-ils mobilisés pour traiter, non plus de la folie, mais du handicap psychique, concept porté en France par l’adoption de la nouvelle législation sur le handicap de 2005 ? La prise de parole des usagers devant la caméra modifie-t-elle leur relation à la maladie ? Et dans quelle mesure l’appropriation des moyens visuels par les associations d’usagers ne reflète-t-elle pas un retour du politique dans la sphère du privé, privant parfois ceux qui font l’expérience de la maladie mentale et des soins en psychiatrie, de la possibilité de produire des objets cinématographiques relevant réellement de l’intime ?


Dans ce contexte, un intérêt particulier sera également accordé à toute contribution portant sur les dispositifs narratifs et les moyens techniques (split screen, musique, ellipses…) par lesquels l’expérience du trouble mental peut être traduite à l’écran.

Liste de films indicative:

The Snake Pit, Anatole Litvak, 1948 ; Titicut Follies, Frederick Wiseman, 1967 ; Family Life, Ken Loach, 1971 ; Fous à délier, Marco Bellochio, 1975 ; Vol au-dessus d’un nid de coucou, Milos Forman, 1975 ;  La moindre des choses, Nicolas Philibert, 1996 ; La devinière, Benoît Dervaux, 1999 ; Julien Donkey Boy, Harmony Korine, 1999 ; The White Sound (Das Weisse Rauschen), Hans Weingartner, 2001 ; Clean, Shaven, Lodge Kerrigan, 1995 ; Visiblement je vous aime, Jean-Michel Carré, 1995 ; Valvert, Valérie Mréjen, 2009 ; La Pecora Nera, Ascanio Celestini, 2010 ;C'Era Una Volta La Citta Dei Matti, Marco Turco, 2010 ; Les Voix de ma sœur, Cécile Philippin, 2010 ; Un monde sans fous, Philippe Borrel, 2010 ; Le Mur, Sophie Robert, 2011...

Modalités:

Vos propositions de communications doivent nous parvenir sous la forme d'un résumé de 450 mots maximum envoyé en pièce-jointe aux adresses suivantes: nausica.zaballos@ehess.fr; manna@ehess.fr et coffin@pouchet.cnrs.fr.

Date limite de réception des résumés: 18 mai 2012.

dimanche 6 mai 2012


Étonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire

Étonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire


Thème: Autisme
Jean-Claude Maleval
 Avril 2012
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