CLAMART, HIER. Dans le hall d’entrée de l’hôpital trônent des banderoles pour dénoncer des conditions de travail de plus en plus dégradées. Néanmoins les soins sont assurés, seules les opérations non urgentes ont été reprogrammées. | (LP/J.B.)
Depuis jeudi, les respirateurs trônent au milieu du hall d’entrée de l’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart. Des banderoles recouvrent l’imposant matériel médical, barrées de divers slogans comme : « De meilleures conditions pour votre sécurité ». Le personnel du bloc opératoire fait grève pour dénoncer des « conditions de travail de plus en plus dégradées ».
Les discussions entre la direction et l’intersyndicale SUD-
CGT-FO n’ayant pas abouti hier soir, le mouvement se poursuit tout le week-end, et les négociations reprendront lundi.
« Nous avons de grosses difficultés pour prendre nos jours de récupération, dénonce Patou, déléguée CGT. La réglementation n’est pas respectée à Béclère, alors que cela se passe normalement à Bicêtre (NDLR : dans le Val-de-Marne), dont nous dépendons maintenant. »
Ils demandent « le respect des textes sur le temps de travail »
Jean-François, infirmier, abonde dans le même sens. « On ne comprend pas pourquoi ça fonctionne ailleurs et pas ici, s’étonne-t-il. J’enchaîne deux gardes de nuit alors que je devrais avoir trente-six heures de repos entre les deux… » « Nous demandons le respect des textes sur le temps de travail », martèle David Treille, délégué SUD. Les grévistes entendent obtenir le même traitement que leurs homologues du Kremlin-Bicêtre et de Paul-Brousse (
Paris), les trois centres ayant fusionné. « A Bicêtre, il existe un système de primes pour le travail nocturne bien plus avantageux par rapport à ce que nous touchons à Béclère. » Les blouses blanches déplorent un manque d’effectifs dans les salles d’opération, et ce, depuis plusieurs années.
« La direction n’arrivant pas à recruter, nous avons depuis quelque temps des étudiants espagnols et portugais, explique Jean-François. Ils font de leur mieux mais, comme ils n’ont pas de spécialisation, il faut d’abord les former. Ils ne parlent pas tous bien français, ce qui peut poser problème. » Ces soucis à l’hôpital Béclère s’ajoutent à ceux provoqués par la fusion prévue cette année avec Bicêtre et Paul-Brousse. « Le dialogue social se révèle très difficile, avance David Treille. Il faut qu’on arrête de travailler pour qu’on nous écoute enfin. »
Le débrayage n’empêche toutefois pas le bloc de fonctionner. Seules certaines opérations non urgentes ont été reprogrammées, indique la direction de l’hôpital. « Certains de nous sont assignés pour assurer un service minimum », confirme un salarié. « Ça ne nous plaît pas d’agir ainsi, insiste Jean-François, mais nous le faisons aussi pour les patients auxquels nous avons d’ailleurs remis une lettre d’explication. Un chirurgien a besoin d’avoir des panseuses efficaces et en nombre suffisant pour pouvoir opérer dans de bonnes conditions. »
Un discours qu’il va falloir faire cadrer avec celui de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de
Paris), engagé dans un important plan d’économies.