Marcel Storr, bâtisseur visionnaire
Jusqu'au 31 mars 2012 (prolongation), la mairie du 20e arrondissement et la mairie de Paris présentent l’exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire au pavillon Carré de Baudouin. Entrée libre.
L’oeuvre de Marcel Storr est à la fois intrigante dans le détail, époustouflante dans son ensemble. Elle regroupe une soixantaine de dessins de cathédrales et mégapoles imaginaires réalisés clandestinement par un cantonnier du bois de Boulogne, décédé en 1976 dans le plus complet anonymat. Il s’agit sans doute d’une des plus importantes découvertes d’art brut de ces dernières années en France.
Cette oeuvre magistrale est à découvrir pour la première fois dans son intégralité, au pavillon Carré de Baudouin du 16 décembre 2011 au 31 mars 2012 (prolongation). L'exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire est présentée par la mairie du 20e arrondissement et la mairie de Paris, avec la collaboration de Liliane et Bertrand Kempf (les collectionneurs), Laurent Danchin (commissaire de l'exposition) et Géraldine Gauvin (coordination muséographique).
Cet événement sera également l’occasion de rencontres et de projections sur l’architecture utopique.
Marcel Storr
On ne sait presque rien de lui. Il est mort il y a plus de trente ans et son oeuvre, clandestine, découverte par hasard par un couple d’amateurs d’art en 1971, n’a presque jamais été montrée. Pourtant Marcel Storr (1911-1976), simple balayeur au bois de Boulogne – ou "cantonnier d’empierrement saisonnier" des parcs et jardins de la Ville de Paris, selon son statut officiel – était un dessinateur de génie. Tout au long de son existence, il a poursuivi avec obstination la construction d’un univers parallèle au sein duquel il prenait chaque soir sa revanche contre sa condition ingrate et la misère de ses origines.
Enfant abandonné, placé par l’Assistance publique dans des fermes où il était battu, Storr, devenu sourd, condamné à l’illettrisme, a toujours aimé dessiner, et l’expérience amère de la vie a renforcé en lui le besoin d’accéder, par la voie symbolique, à un univers supérieur qui lui était refusé. Son oeuvre, jardin secret d’un autodidacte visionnaire, obsessionnellement inspiré, est un cas spectaculaire de résilience du don créateur malgré tous les obstacles et toutes les vicissitudes d’un destin contrarié.
L’exposition
L’exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire consacre une découverte exceptionnelle présentée pour la première fois dans son intégralité.
Il n’existe qu’une soixantaine de dessins de Marcel Storr, s’échelonnant des années 1930 à 1975, et représentant exclusivement des architectures imaginaires. Tous figureront dans l’exposition. Parfois de très grandes dimensions et de plus en plus complexes au fil du temps, ces dessins sont coloriés au crayon ou aquarellés à l’encre, et extrêmement fouillés dans la période finale, celle des chefs d’œuvre des dix dernières années. Développant au départ un thème purement religieux, donc plutôt tournés vers le passé du temps des basiliques et des cathédrales, ces dessins s’orientent brusquement vers un futur de science fiction à partir de l’année 1965. C’est, par coïncidence, l’époque où apparaissent les premières tours de la Défense que Storr, quotidiennement, pouvait voir émerger de la cime des arbres sur son lieu de travail. Du premier au dernier, tous ces dessins manifestent une unique tendance : l’obsession de construire, d’inventer du jamais vu et de défier la pesanteur en s’élevant toujours plus haut vers le ciel. « Des tours, il faut des tours », répétait Storr en guise d’explication, convaincu que le Président des Etats-Unis viendrait en personne le consulter pour reconstruire Paris après une catastrophe nucléaire inévitable.
L’exposition propose un parcours en quatre étapes, correspondant à quatre périodes de sa production. Un parcours chronologique qui servira de fil conducteur. Une série d’agrandissement photographiques de certains détails sont également proposés afin de donner accès au deuxième niveau de lecture que permet difficilement la vision globale de ces oeuvres étonnantes. Ces agrandissements permettront au visiteur de se faire une idée de la richesse interne de chaque image, et l’inciteront à poursuivre lui-même l’effort d’exploration.
Autour de l’exposition
Plusieurs événements seront proposés au public au pavillon Carré de Baudouin à l’occasion de l’exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire.
Une projection en continu
Pendant tout le temps de l’exposition, un film présentera des détails des dessins de Marcel Storr et une Interview de Laurent Danchin, commissaire de l’exposition. Ce film sera diffusé en continu dans l’auditorium du pavillon Carré de Baudouin aux heures d’ouverture.
Des évènements
Plusieurs événements, animés par Laurent Danchin, commissaire de l'exposition, sont également programmés au pavillon Carré de Baudouin :
- Vendredi 6 janvier 2012 à 19h : Autour de Marcel Storr
Présentation et signature des deux ouvrages des éditions Phébus, Storr, architecte de l’ailleurs, biographie de Françoise Cloarec (octobre 2010) et Marcel Storr, beau livre, collectif, reproduisant l’oeuvre intégrale (novembre 2011).
En présence des auteurs, dont les prêteurs de l’oeuvre, Liliane et Bertrand Kempf.
- Samedi 28 janvier 2012 à 15h : Architectures du rêve
Un mini festival de courts-métrages sur divers bâtisseurs sauvages de France ou d’ailleurs. Avec la participation de Pierre-Jean Würtz et de l’association Hors Champ de Nice.
- Première quinzaine de février 2012 (date à préciser) : Maximy père et fils – Utopies savantes, utopies brutes
À l’occasion de la parution du livre objet Suite inexacte en homologie singulière (éd. lelivredart), reproduisant l’oeuvre majeure du dessinateur Jean de Maximy (un dessin architectural de… 82 m de long), son fils Antoine présentera également son premier film, consacré aux architectures spontanées de Chomo.
- Jeudi 8 mars 2012 à 15h : Architectures et écritures folles
Carte blanche au CrAB (Collectif de Réflexion autour de l’Art Brut). Une série d’interventions illustrées sur l’architecture fantastique dans le texte et l’image.
Avec Vincent Capt, Déborah Couette et Roberta Trapani.
L'entrée est libre dans la limite des places disponibles.
Informations pratiques
Face au succès rencontré par cette exposition, la mairie du 20e a souhaité la prolonger jusqu'au samedi 31 mars 2012 (inclus).
Pavillon Carré de Baudouin
121 rue de Ménilmontant 75020 Paris
Tél. 01 58 53 55 40
Accès : M° Gambetta (Lignes 3 et 3 Bis) ou bus 26 et 96 (Arrêt Pyrénées/Ménilmontant)
Horaires d’ouverture au public : du mardi au samedi de 11h à 18h (sauf jours fériés)
Entrée libre.
Visuels libres de droit pour la presse Vidéo
Fichiers en téléchargement