Norvège : Anders Breivik conteste être un "schizophrène paranoïaque"
Cette semaine les experts psychiatres avaient qualifié l'auteur présumé des attaques du 22 juillet dernier de "malade mental". Aujourd'hui Anders Behring Breivik estime avoir été "mal compris".
Le procès de Breivik est prévu pour le 16 avril 2012 © Reuters
Par la voix de son avocat, car il n'a pas le droit de s'exprimer publiquement, Anders Behring Breivik conteste le rapport des experts psychiatres. Il estime être sain d'esprit et considère que le rapport contient "des erreurs factuelles, des mensonges et des déclarations sorties de leur contexte".
Le parquet norvégien avait, mardi dernier, déclaré que l'extrémiste de droite souffrait d'une "schizophrénie paranoïaque", ce que conteste l'auteur présumé des attaques. Selon l'un de ses avocats, "il est préoccupé par le fait que les experts n'ont pas assez de connaissance des idélogies politiques. Il pense qu'ils ont qualifié de bizarres certaines de ses déclarations qu'il estime ne pas être bizarres".
Ce rapport doit maintenant être examiné par une commission médico-légale qui devra s'assurer de sa conformité. Si le diagnostic est confirmé, l'homme de 32 ans risque un internement dans une établissement psychiatrique, éventuellement à vie. Son procès doit s'ouvrir le 16 avril prochain.
Breivik n'est pas pénalement responsable selon les experts
29/11/2011
Le rapport des psychiatres, remis mardi au tribunal, conclut à la folie de l'auteur des attentats d'Oslo et d'Utoeya. Selon le procureur, Breivik ne pourra être emprisonné mais il pourra être condamné à être interné en hôpital psychiatrique.
Coup de théâtre dans l'enquête sur les attentats ayant frappé la Norvège en juillet dernier. Les psychiatres ayant examiné Anders Behring Breivik, dont les attaques ont tué 77 personnes et ébranlé le pays, ont conclu à la folie et à son irresponsabilité pénale, a annoncé mardi le parquet d'Oslo, confirmant les révélations du quotidien Verdens Gang. Les deux experts, qui ont rencontré 13 fois le forcené et analysé ses 130 heures d'interrogatoire, estiment que Breivik «a développé avec le temps une schizophrénie paranoïaque». La psychose a altéré son jugement en amont et au moment des attaques. «Il se voit comme le chevalier le plus parfait depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a commis ses «exécutions par amour pour son peuple».
Si la justice suit le rapport, l'extrémiste de droite ne pourra donc pas être condamné à la prison, a rappelé le procureur. Le forcené sera sans doute interné dans un établissement psychiatrique où il sera astreint à des soins obligatoires. «Si la conclusion finale est que Breivik était irresponsable, nous demanderons au tribunal qu'il reçoive un traitement mental obligatoire qui pourrait lui être administré à vie», a précisé la magistrate. En pratique, un juge se prononcera tous les trois ans sur son maintien en hôpital. S'il était déclaré «soigné» de sa psychose mais restait considéré comme dangereux pour la société, Breivik pourrait être alors transféré dans une prison.
Procès prévu en avril 2012
Rendu avec un mois de retard, le rapport de Synne Serheim et de Torgeir Husby va être examiné par une commission médico-légale qui devra s'assurer qu'il remplit toutes les exigences professionnelles. Le dernier mot sur la responsabilité pénale de Behring Breivik revient au tribunal, qui valide généralement les recommandations des experts.
Ces conclusions constituent une surprise. En juillet le responsable du département norvégien de médecine légale estimait qu'il était peu probable que Breivik soit déclaré fou tant ses attaques avaient été soigneusement planifiées, préméditées et exécutées. Le 22 juillet, il avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis avait ouvert le feu pendant près d'une heure et demie contre un rassemblement de jeunes travaillistes sur l'île d'Utoeya, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale norvégienne. Se disant en croisade contre l' «invasion musulmane» et le multiculturalisme en Europe, Behring Breivik a reconnu être l'auteur des faits mais a refusé de plaider coupable. Son geste était «atroce mais nécessaire» et relevait d'un «acte de guerre». Il est toujours en détention provisoire dans une prison de haute sécurité. Son procès doit s'ouvrir le 16 avril 2012.