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mardi 5 juillet 2011

Réforme de la psychiatrie: l'angoisse nouvelle des magistrats

enquête

Alors que le texte sur l'hospitalisation d'office doit entrer en vigueur le 1er août, les juges s'inquiètent du manque de moyens consacrés à sa mise en œuvre dans les juridictions.
Par MATHIAS DESTAL

Plus que quatre semaines avant que la loi portant réforme de la psychiatrie n'entre en vigueur. Quatre semaines pour que des psychiatres, réunis autour du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, poursuivent leur contestation contre ce projet qu'ils jugent simpliste et démagogique.

Mais derrière les craintes manifestées par ces médecins se niche un autre bouleversement qui pourrait faire désordre. L'extension des missions du juge des libertés et de la détention (JLD).

Le texte de loi prévoit
que les JLD soient systématiquement sollicités pour décider de la levée ou du prolongement de l'hospitalisation sous contrainte après quinze jours de prise en charge d'un patient, puis tous les six mois. Une question de principe soulignée par le Conseil constitutionnel le 10 juin, les Sages s'étant vu saisis d'une question prioritaire de constitutionnalité par une femme ayant été internée sans son consentement. Aujourd'hui, la levée de l'hospitalisation d'office doit être demandée par le patient et validée par le JLD. Faute d'information, ces demandes restent marginales.

Dans sa décision, le Conseil rappelait l'obligation de garantir le respect de la liberté des patients qui «ne peut être tenue pour sauvegardée que si le juge intervient dans le plus court délai possible». La décision s'accompagnait d'une autre précision de taille: le texte devait entrer en vigueur le 1er août. Sans discussion.

«Nous faisions face à un vrai problème d'inconstitutionnalité qu'il nous a fallu modifier le plus rapidement possible afin de pouvoir répondre aux échéances»,
souligne Jean-Louis Lorrain (UMP), rapporteur du texte au Sénat depuis que son prédécesseur, Muguette Dini, a rendu son tablier en mai dernier. Embarrassé, il avoue qu'il risque d'y avoir «un vrai problème de moyens qu'on devra ajuster à l'usage». Un patient peut déjà faire appel à un juge s'il conteste son hospitalisation mais il est rare qu'il fasse usage de ce droit qui risque d'entraîner une multiplication des contentieux.

Etude d'impact

Thierry Hanouet, premier vice-président du tribunal de Caen et JLD, estime que faire appel au magistrat dès quinze jours d'hospitalisation est «une avancée indiscutable pour les droits des patients» mais s'interroge sur la capacité de traiter la masse de demandes. Ils sont trois JLD pour un département concerné par quelque 700 personnes hospitalisées d'office. Parmi ces gens, 400 relèvent d'une hospitalisation de plus de 15 jours.

«Nous sommes saisis 35 fois par an pour statuer sur les dossiers de personnes enfermées. Selon nos calculs, ce chiffre devrait être multiplié par dix avec l'application de la nouvelle loi. C'est donc six à huit dossiers que nous aurons sur notre bureau par semaine, ce qui équivaut à un jour plein dédié à ces cas là et pas aux autres»,
pronostique-t-il.

Au tribunal de grande instance de Bordeaux, le juge Xavier Gadrat, pour sa part, voit passer une centaine de dossiers par an. Sur cette base, il prévoit lui aussi que son activité sera multipliée par dix. «En comptant le temps de l'écoute et l'examen de chaque cas, il faudra compter sur deux journées dédiées aux personnes contraintes alors qu'il n'est pas prévu qu'on renforce les équipes dans notre juridiction.» Trois JLD sont rattachés au TGI de Bordeaux.

Une étude d'impact rédigée par le ministère de la Justice en mai 2011 fait état du problème. Selon l'évaluation des besoins nouveaux entrainés par l'application du texte, l'étude indique qu'il faudrait créer 79 postes de JLD supplémentaires pour répondre aux dispositions du texte. Or rien que cette année, selon ce document, 76 magistrats partent à la retraite. Sans compter qu'il faut deux ans de formation avant que les futurs juges puissent exercer. Ce qui nous ramène à... 2013.

Visio-conférence

Du côté de la Chancellerie, on se veut rassurant. «Michel Mercier a annoncé que la mise en place de la mesure sera accompagnée de nouveaux moyens: 80 postes de magistrats et 60 poste de greffiers seront ainsi crées», assure un porte-parole du ministère. Mais après la fronde de l'hiver dernier, les magistrats restent sceptiques. 

«On nous annonce du personnel supplémentaire mais, comme d'habitude, on n'a pas les moyens de nos ambitions »,
assure Clarisse Tanon, présidente du syndicat de la magistrature. Elle dit avoir vu récemment le garde des Sceaux pour une réunion de travail. «Il nous a avoué que l'application du texte allait créer une désorganisation monstrueuse».

Dans les tribunaux, on s'agite afin de se préparer au mieux à ce bouleversement. «Normalement, lorsque le patient est conduit devant le juge, il doit être escorté par des personnels médicaux mais les établissements de santé n'auront pas les moyens de mettre à disposition suffisamment d'infirmiers, on va devoir se déplacer à l'hôpital pour rencontrer les malades », s'inquiète Xavier Gadrat. Des salles d'audience pourraient donc être installées directement dans les unités de soin. Ce que préconisent la plupart des médecins des services psychiatriques.

Une autre solution consisterait en l'installation d'un système de visio-conférence entre le tribunal et l'hôpital. Son financement serait pris en charge par les ministères de la Justice et de la Santé. Xavier Gadrat s'étrangle. «Les médecins avec qui nous en avons discuté sont contre ce projet car il s'agit de personnes atteintes de troubles psychiatriques. Dans ces cas là, le contact humain est important, on ne va pas rajouter un délire à leur délire.» Cela semble tout de même moins délirant que l'utilisation du logiciel Skype. Un temps, la Chancellerie avait avancé l'idée d'utiliser cet outil de téléphonie via Internet, et donc passant par un réseau public, non fiable et non protégé, pour assurer les audiences. Avant d'y renoncer.
Pour en finir avec le carcan du DSM

Présentation de la pétition

L’obligation d’une référence diagnostique au DSM nuit à la scientificité ; elle contrarie le soin psychique ; elle est coûteuse pour les États ; elle paralyse la recherche et l’enseignement


La « souffrance psychique » déborde la définition habituelle des maladies, car elle peut concerner chacun. L’Organisation Mondiale de la Santé la considère comme une priorité. Mais l’O.M.S. s’est engagée sur ce terrain selon un choix univoque, en considérant comme un acquis scientifique le manuel de l’A.P.A. (American Psychiatric Association). Ce choix unique de l’O.M.S. porte un nom générique, celui du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Sa troisième version stigmatise les conflits d’intérêt en psychiatrie et elle est contemporaine des recommandations de traitements comportementalistes et des TCC. Et comme ces méthodes sont aléatoires, elles participent de la promotion d’un complément pharmacologique indispensable.

Cliquez ici pour lire la pétition entière.

Psychiatrie - Jean-Yves Grall chargé de piloter le Plan de santé mentale

29.06.2011

Le directeur général de la santé (DGS), Jean-Yves Grall, a été chargé de piloter l'élaboration du prochain Plan de santé mentale, a annoncé le 27 juin dernier la secrétaire d’État à la santé, Nora Berra.
psychiatrie dgs jean yves grall

La secrétaire d’État à la santé a indiqué que le plan devait être "finalisé avant la fin de l'année". Jusqu'à présent, elle avait évoqué l'échéance de "l'automne", note-t-on.
Jean-Yves Grall a été chargé de "finaliser la composition, la méthode et le calendrier" du "comité d'orientation du Plan de santé mentale", a annoncé la secrétaire d'Etat.La désignation du DGS comme chef de file a surpris plusieurs participants car leur interlocuteur avait été jusque récemment à la direction générale de l'offre de soins (DGOS).

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Cerveau : voir pour mieux soigner

01.07.11

L'imagerie médicale et en particulier celle du cerveau connaissent depuis vingt-cinq ans des bouleversements qui permettent de visualiser ce que l'on ne pouvait voir auparavant, tant sur le plan anatomique que sur le plan fonctionnel. Au premier rang de cette révolution, l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et ses différentes déclinaisons. Les progrès dans l'exploration du cerveau et même dans les traitements sont spectaculaires mais soulèvent des questions éthiques lorsqu'une image anormale précède l'apparition des troubles cliniques, par exemple dans la maladie d'Alzheimer.
Quelques-uns des plus brillants chercheurs français dans ce domaine sont venus présenter ces avancées dans l'imagerie du cerveau lors d'une audition, mercredi 29 juin, organisée par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). Des techniques qui vont du domaine de la recherche à celui de l'application à des patients.

Chercheur à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), le professeur Didier Dormont a évoqué deux révolutions. Intervenue à partir des années 1980 et permettant une imagerie quasiment non invasive, la première repose sur l'angioscanner et sur l'IRM. L'angioscanner visualise les vaisseaux sanguins en combinant le scanner et l'injection intraveineuse d'un produit de contraste. L'IRM utilise un puissant champ magnétique et des ondes radio : placés dans le champ magnétique, les atomes d'hydrogène du corps s'alignent, comme aimantés ; ils sont stimulés brièvement par des ondes radio. En restituant l'énergie qu'ils ont accumulée, les atomes émettent un signal traité par informatique.

La seconde révolution est l'IRM de diffusion, une technique appliquée en particulier dans la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) pour évaluer le tissu cérébral intact. La méthode a été mise au point par le docteur Denis Le Bihan, directeur de la plate-forme NeuroSpin, au Commissariat à l'énergie atomique (Saclay). Elle fait appel à la mesure des mouvements de diffusion des molécules d'eau dans le cerveau, qui débouche sur une représentation géométrique à l'échelle cellulaire des différents tissus. Elle permet de voir les grands faisceaux nerveux composant la substance blanche dans le cerveau, ce qu'on appelle la tractographie.

En pratique, l'IRM de diffusion est actuellement la seule technique de détection précoce, dès les premières heures, des zones cérébrales qui ne sont plus irriguées lors d'un AVC, à un moment où les lésions ne sont pas encore irréversibles et où le traitement est possible.

De nombreuses déclinaisons de l'IRM ont été développées, avec la possibilité d'obtenir des présentations en trois dimensions, tandis que l'anatomie computationnelle rend possible une analyse mathématique des images pour évaluer le volume d'une structure cérébrale.

L'IRM fonctionnelle, à laquelle a également contribué le docteur Le Bihan, sert à visualiser l'activation de certaines zones du cerveau lors de l'exécution d'une tâche et à explorer des fonctions cognitives, comme la reconnaissance d'un visage familier, et la conscience. L'IRM à très haut champ magnétique possède une résolution spatiale et temporelle très élevée. Elle combine la visualisation des structures et de leur fonctionnement, avec la possibilité de distinguer les différentes couches du cortex cérébral. L'IRM multimodale cumule l'exploration des grands réseaux nerveux et de leurs connexions au plan des structures anatomiques, de leur fonctionnement et même au niveau métabolique par la spectroscopie. Cette dernière caractérise la nature biochimique des produits du métabolisme cellulaire. Elle sert ainsi à évaluer la malignité des tumeurs cérébrales. L'IRM de perfusion visualise la vascularisation de ces tumeurs.

L'IRM moléculaire fait accéder au fonctionnement du cerveau mais aussi aux processus à l'oeuvre à l'échelle des molécules. La tomographie par émission de positons (TEP) est également utilisée dans cette optique.

Ces techniques détectent les lésions caractéristiques de la maladie d'Alzheimer, les plaques amyloïdes et les zones de dégénérescence neurofibrillaire. Mais l'imagerie moléculaire peut déceler très précocement les débuts de la maladie alors même que le patient ne souffre encore d'aucun trouble perceptible. Que doit dire le médecin dans de tels cas en l'absence de traitement curatif à proposer ? Une question que les parlementaires de l'Opecst aborderont en novembre.
Paul Benkimoun

Les progrès de l'exploration du cerveau soulèvent des questions éthiques

PARIS - Les progrès des neurosciences et de l'imagerie du cerveau permettent de mieux détecter les maladies qui l'affectent, mais soulèvent aussi des questions éthiques. Comment protéger la vie privée ? Doit-on annoncer une prévision de maladie d'Alzheimer ?

Il faut s'attendre à une augmentation des demandes de suicide assisté en cas d'annonce précoce, avant les premiers signes, de cette maladie neurodégénérative, a mis en garde la psychiatre et philosophe Anne Fagot-Largeault, lors de son audition cette semaine par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).

On devrait alors rediscuter de la légitimité d'aider les gens à mourir, a-t-elle prévenu.

Plus globalement, si les gens et leur entourage savent qu'ils ont le cerveau abîmé, pourrait se poser la question de leur accès au système bancaire et de leur inclusion dans une vie démocratique (vote, décision), selon Mme Fagot-Largeault.

Pourtant, avoir une prédisposition à une maladie neurologique ne donne pas la certitude d'en souffrir. Cela reste aléatoire, potentiel, souligne Hervé Chneiwess, du Centre de psychiatrie et de neurosciences de la faculté de médecine Paris-Descartes.

Aujourd'hui on est encore dans une incertitude scientifique quant à la différence entre vieillissement normal et vieillissement pathologique ajoute-t-il.

En autopsie post mortem, la plupart des gens possèdent des plaques séniles même si ils n'ont pas la maladie d'Alzheimer, dit-il. Faudrait-il alors prendre en charge tous les gens chez qui on détecte ces plaques séniles ou amyloïdes'

Alors que de plus en plus d'images du cerveau en fonctionnement (IRM fonctionnelle) sont stockées sur informatique, le neurologue Yves Agid insiste sur la nécessité de protéger la vie privée, la confidentialité.

Evoquant la dangerosité potentielle de certaines recherches, il cite des titres d'articles scientifiques faisant croire qu'on a trouvé les bases neuronales de la décision ou le bien et le mal dans une zone du cortex.

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La revue du Mauss semestrielle n° 37. Psychanalyse, philosophie et science sociale

Article publié le 29 juin 2011
Pour citer cet article : RDMP, « La revue du Mauss semestrielle n° 37. Psychanalyse, philosophie et science sociale », Revue du MAUSS permanente, 29 juin 2011 [en ligne]. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article824

Présentation de l’éditeur

 [1]
Freud, génie, imposteur, messie laïc ? Loin de ces débats, la vraie question est de savoir quel est le statut de l’anthropologie, de la sociologie ou de la philosophie des psychanalystes ? Car, de Totem et Tabou à Malaise dans la culture, pour en rester à Freud, il y a bien – ou il y a bien eu – une sociologie, une anthropologie et une philosophie analytiques. Comment expliquer qu’elles entretiennent si peu de rapports avec celles des sociologues, anthropologues et philosophes professionnels ? Que ces derniers ne s’intéressent plus guère à elles et, réciproquement, que les analystes ne se soucient plus d’eux ?
 Une telle ignorance mutuelle, fortement dommageable à tous, est le point de départ du décryptage proposé dans ce numéro : outre l’évident narcissisme disciplinaire de la petite différence, les causes sont sans doute à rechercher du côté du déclin général de l’idéal du savoir, lié à celui de l’idéal démocratique. Quant aux remèdes, ne s’agit-il pas de chercher un terrain commun du côté du paradigme du don initié par Marcel Mauss, avant ses dévoiements, somptueux il est vrai, par Lévi-Strauss ou Bataille ? Et de réfléchir aux liens entre don, symbole, jeu, reconnaissance et objet transitionnel ?

Sommaire du numéro

Présentation
Alain Caillé :
Hommage à Claude Lefort

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Éducation thérapeutique : deux ans après HPST, 1800 programmes autorisés


Un référentiel de compétences en ETP est en cours d’élaboration.
Trois modèles de référentiel seront accessibles à partir du 29 août
sur le site de l'Inpes.


Depuis la promulgation de la loi encadrant les programmes d’éducation thérapeutique, plus de 70% des dossiers présentés ont été autorisés. Près d’un tiers concerne le diabète. Psychiatrie et oncologie sont les parents pauvres de l’ETP.


En France, 15 millions de personnes vivent avec une maladie chronique et 200 000 nouveaux cas se présentent chaque année (dont 150 000 diabétiques). L’éducation thérapeutique du patient (ETP) représente donc un enjeu de santé publique important, que ce soit pour les malades, pour les professionnels de santé ou pour les 8,3 millions d’aidants concernés.

La loi HPST du 21 juillet 2009 encadre formellement des programmes qui, pour la plupart, existaient déjà depuis longtemps (milieu des années 1980 pour les premiers). La législation prévoit à présent que ces programmes soient conformes à un cahier des charges national, dont les modalités d'élaboration et le contenu sont définis par arrêté du ministre chargé de la Santé. Mis en œuvre au niveau local, après autorisation des agences régionales de santé (ARS), ils sont évalués par la Haute Autorité de santé (HAS).

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