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jeudi 11 janvier 2024

De l’intérêt collectif du léchage de barres de métro afin de rembourser nationalement notre dette immunitaire

Publié le 06/01/2024

Pour expliquer la recrudescence d’infections, virales ou bactériennes, certains scientifiques militent pour le concept de “dette immunitaire”. Nous avons déjà évoqué combien cette “théorie” demeure scientifiquement discutable. Pour illustrer l’absurdité de certains des arguments invoqués pour défendre l’idée d’une dette immunitaire, le Docteur Michaël Rochoy, médecin généraliste, a proposé au JIM un faux article, en hommage à notre (très) ancienne section “Pitres et travaux”. Cet article est également disponible en anglais ici :https://www.mimiryudo.com/blog/2024/01/immunity-debt/ ou encore sur ResearchGate :https://www.researchgate.net/publication/377177822_About_the_collective_interest_in_licking_metro_bars_to_pay_off_our_national_immunity_debt .

Par Michaël Rochoy1

1Médecin généraliste et chercheur indépendant en science, Ankh-Morpork, France

INTRODUCTION

Selon certains scientifiques français en 2020, les enfants n’étaient pas contaminés par le COVID-19 [1-3], et ne contaminaient ni les enseignants ni les parents [4]. Le Haut Conseil de la Santé Publique saluait également à l’époque le très beau sens de la responsabilité du SARS-CoV-2, qui se transmettait dans le sens “adultes -> enfants” et pas ou peu dans l’autre [5]. Sur la base de publications internationales [6,7], un quarteron de généralistes français a insisté sur le rôle des enfants dans la dynamique de transmission virale ; leur avis discordant a rapidement été balayé puisqu’il est notoire que ces médecins ne voient jamais d’enfants ni de familles [4,8] Par ailleurs, il a été décidé qu’il ne faudrait plus prononcer le nom de SARS-CoV-2, parce que bon, ça suffit un peu, après ça monopolise l’attention — oh regardez, voilà un Mycoplasma parmi 36 de ces Virus-Sans-Nom, ça doit être lui qui cause tant de problèmes [9].

Dans un vibrant appel à “faire confiance aux sociétés savantes” et “limiter les controverses liées à des messages sans argumentation scientifique approfondie”, certains pédiatres incitaient ainsi le 13 octobre 2020 à ne pas masquer les enfants [4]. Il aura fallu 17 jours pour qu’ils donnent un avis diamétralement opposé, saluant la décision politique prise la veille d’imposer le masque dès 6 ans, “une mesure importante à prendre pour protéger les enseignants, les enfants” [10, 11]. En 2021, les mêmes scientifiques décidaient d’opter pour un double avis schrödingeresque : en février, ils déclaraient que “le port de masque se justifiait a posteriori [12], et en juin, que “faire subir un tel truc (le masque) aux enfants, cela n’a pas de sens” car les enfants peuvent être contaminés mais pas transmettre le virus (toujours grâce à la MagieTM). Ils concluaient “qu’au bout du compte le virus ne tuera que très peu d'enfants à l'école et, quand bien même il circulerait, ça ne serait pas épouvantable” [13-15].

C’est dans ce bain de cohérence avec supplément mousse concernant les mesures de prévention que ces auteurs ont finalement proposé — sans argumentation scientifique approfondie — l’hypothèse de la “dette immunitaire” par “diminution de l’entraînement immunitaire” et “la plus grande susceptibilité aux infections”[16].

Selon cette théorie sortie du couvre-chef (à défaut de couvre-nez), le confinement de mars à mai 2020 et le port de masque chez les enfants entre octobre 2020 et octobre 2021 auraient endetté la population vis-à-vis de certains pathogènes, et nous devrions rembourser les années suivantes [17]. Ainsi, les masques, déclarés initialement inutiles, masquaient leurs frasques et se révélaient être en réalité de puissants instruments à aseptiser l’environnement avec des conséquences sur plusieurs années ! Lors d’un congrès de mai 2023 ayant dédié une session entière à la dette immunitaire, il a aussi été estimé “possible aujourd’hui que la dette immunitaire post-pandémie aura tuer (sic) plus d’enfants que le Covid lui-même” [18]. L’indéniable qualité de ce storytelling et l’incontestable rigueur scientifique susmentionnée nous incitent à soutenir mordicus cette théorie de la dette immunitaire. Il est totalement évident qu’une pandémie avec un nouveau virus contaminant des milliards d’êtres humains chaque année ne peut pas être responsable de quoi que ce soit : les vraies responsables sont les mesures prises pour diminuer les infections.

Ainsi, tenons pour acquis que si nous voulons être moins malades grâce à notre immunité, il est important d’être davantage malades. La question est désormais de savoir comment penser la santé publique en 2024 avec cette nouvelle théorie de “dette immunitaire”. 

Notre objectif est ici de lister cinq mesures stratégiques de réduction des risques sanitaires qu’il nous semble indispensable de déployer à l’échelle nationale et internationale.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Nous avons envisagé de réaliser une revue de littérature méta-analytique épidémiologique transversale étiologique de coût-efficacité, et puis comme ça ne voulait rien dire non plus, nous avons plutôt fait une ronde Delphine. Le principe est similaire à celui de la ronde Delphi mais uniquement avec des personnes prénommées Delphine, puisqu’il a été précédemment montré que leurs avis étaient franchement de plutôt bonne qualité [19]. A travers ces rondes, le mindset visait à maximiser la disruptivité, véritable tremplin pour pouvoir bousculer les certitudes, dans un esprit entreprenant win-win et synergique [20]. Pour cela, la technique humidodigitale a été utilisée de façon approximative, en accord avec les vagues recommandations de la Société Française de Pifométrie, largement suivie par le gouvernement actuel [21].

Nous avons également contacté notre banquier, afin de connaître le taux de la dette actuelle, ainsi que les taux directeurs pour l’année à venir. Au terme d’un long entretien avec un professionnel passionné et convaincant, nous n’avons pas obtenu de réponse, mais avons pu ouvrir un plan épargne igloo (équivalent du plan épargne logement, mais avec de meilleurs taux d’intérêt et une offre d’accessibilité à la résidence légèrement plus limitée).

Un notaire a également été sollicité, et nous a conseillé pour renforcer notre système immunitaire de consommer suffisamment d’usufruit — en particulier d’orange.

Ce travail a été financé par Les Pompes Funèbres Grododo et le spray Beurkbeurk®. Il a reçu l’accord du comité des Tiques Ethiques[1] de la forêt de Mormal.

RÉSULTATS

Les auteurs ont listé 100 mesures clés pour renforcer l’immunité et contribuer au remboursement de la dette. Après 3 tours de ronde nocturne, quelques personnes illuminées sont parvenues à 5 propositions phares, visant à mieux nous éclairer.

La première mesure est de lécher une à deux barres de métro par mois, afin de booster son système immunitaire.

Afin d’assurer un remboursement progressif de la dette avec des mensualités égales, et afin de ne pas surcharger l’hôpital (la médecine de ville importe peu), il sera prévu un léchage organisé, sur la base de la première lettre du nom de famille. Ainsi, les gens dont le patronyme débute par les lettres de A à E devront s’acquitter de leur tâche entre le 1er et le 5 du mois, et ainsi de suite jusqu’à la lettre Z. Les 2 à 5 derniers jours du mois (27, 28, 29, 30 et 31), nous procéderons à la recontamination des barres surnettoyées les 25 jours précédents à l’aide 250 ml de spray Beurkbeurk® par barre.

Afin de créer de l’emploi, cette pratique sera inversée les mois impairs (sauf pour les noms à particule) et un numéro vert sera bien évidemment créé, afin de répondre à chaque citoyen désireux de connaître précisément son calendrier de léchage.

Pour les personnes vivant à distance d’une barre de métro, et n’ayant pas les ressources financières suffisantes pour en commander pour usage personnel, nous proposons de pratiquer le léchage de barres de bus, tram, train ou trolley…. La Figure 1 représente une analyse comparative permettant aux usagers de mieux s’y retrouver.

A défaut d’accès aux transports en commun, notre groupe recommande le léchage de poignées de portes dans les stations services d’autoroute, grandes surfaces et centres de soins, ou de passer 20 minutes dans une classe de maternelle française. A ce titre, les enseignants seront dispensés de cette stimulation barredemétro-médiée de leur système immunitaire, et chacun d’entre eux pourra recevoir une Léchion d’Honneur (à commander sur le site de la Monnaie de Paris, aux frais du récipiendaire).

[1] Les Tiques Ethiques forment une nouvelle famille : nous les avons donc nommées Rochoyus ethicus.










Figure 1. Carte thermique des barres de maintien dans 5 types de transports en commun, et proposition de nouveau logo pour France Transport

La deuxième mesure est de diminuer le port du masque dans les espaces publics. Il est important de s’assurer qu’aucune personnalité politique ne porte de masque lors de cérémonies publiques, afin d’éviter tout phénomène d’incitation des foules à cette pratique : les idées de prévention ne doivent pas contaminer les gens, seuls les microbes ont ce monopole. Des recommandations sur le port du masque pourront être maintenues par principe, mais surtout sans jamais s’assurer ou s’inquiéter de leur suivi. Les efforts actuellement réalisés dans ce domaine sont hautement appréciés par les auteurs, ainsi que l’absence d’investissement dans l’amélioration de la qualité de l’air : mis bout à bout, tous ces “riens” permettront de s'exonérer plus rapidement de la dette contractée auprès des virus, bactéries et autres pathogènes.

La troisième mesure est de mettre un terme à l’insoutenable dette acquise ces dernières décennies en matière d’infections sexuellement transmissibles, qui a pu être constatée par exemple fin 2023 en Finlande avec l’augmentation de cas de syphilis (liée au battement d’ailes d’un papillon lors du confinement en France en 2020). D’autres pathogènes sont concernés. Il semble évident que si nous avons bien une dette sur le feu, c’est celle de la chaude-pisse : n’oublions jamais qu’un Neisseria vaut mieux que deux jamais essayés.

La quatrième mesure est de diminuer la qualité de l’eau potable en France, et d’en arrêter toute évaluation. Nous respirons ce que nous respirons et nous buvons ce que nous buvons : c’est comme ça que vivaient nos ancêtres, et ils ne s’en portaient pas plus mal, puisqu’ils ont inventé le feu, la roue, l’écriture alors que la jeune génération actuelle passe tout son temps devant des jeux vidéo ou à danser sur leur TrukTok là. 

De manière générale, les auteurs recommandent de lutter activement contre les lobbys hygiénistes. Il est indispensable de cesser ces alertes à propos de produits contaminés, sous prétexte qu’ils causent des infections alimentaires collectives. Cette stigmatisation des Salmonella, des norovirus ou des Clostridium n’est plus défendable en 2024 : après tout, ces virus et bactéries ont le droit de se reproduire. Chacun doit entraîner son système immunitaire, sous peine de créer une “génération 3i” (aux Intestins Incompétents Immunitairement)… De manière générale, les campagnes de publicité concernant les produits d’hygiène devraient être mieux cadrées afin d’éviter d’inciter à leur consommation. Une campagne forte de l’assurance maladie mériterait d’être menée : “le savon, c’est non”. Le lavage de mains doit être limité, en particulier dans les sanitaires publics et en milieu scolaire. Avec un peu d’ambition, en 2030, nous pourrions avoir la première génération sans savon : certains lieux publics ont pris de l’avance et montré qu’il s’agissait d’une mesure réaliste et facilement atteignable.

La cinquième mesure est d’intégrer davantage de parasites dans notre immunité, afin de rembourser plus rapidement notre dette et de réduire ainsi la charge des intérêts. Pour ce faire, nous proposons que les mutuelles déremboursent les soins dentaires pour maximiser le développement de bactéries en milieu buccal, et réinjectent les économies réalisées en organisant des voyages organisés en zone impaludée. Nous proposons également que chaque foyer accueille un parasite de compagnie : une gale, un pou, un taenia, c’est léger et ça permet de prendre sa part dans le remboursement d’une dette qui nous oblige toutes et tous. Enfin, il nous paraît essentiel d’augmenter la circulation et le libre-échange de nos richesses immunitaires : le remboursement de la dette n’en sera que plus fluide. Alors que la salutation avec le poing ou le coude étaient des mesures hygiénistes anti-convivialité, le rétablissement de la bise n’est qu’une première étape dans le remboursement accéléré de la dette. Il serait utile de promouvoir le french kisscomme unique moyen de se saluer ; à n’en pas douter, cette pratique “gauloise” saura trouver un large soutien, au moins dans un premier temps.

DISCUSSION

Nous proposons 5 mesures visant à maximiser les infections aujourd’hui, afin de bénéficier d’une immunité qui nous permettra de limiter les infections demain.

La littérature comporte peu d’études validant nos propos, ce qui signifie que nous sommes en passe de créer un nouveau champ disciplinaire, et que nous sommes donc dans le juste et le vrai. Au contraire, la littérature scientifique se complait dans un invraisemblable nombre d’articles visant à limiter les infections, pour des raisons triviales de morbi-mortalité [22,23]. Ces articles ignorent deux éléments : primo, l’importance de rembourser ses dettes ; deuxio, le fait que la mort n’est qu’une dette comme les autres (à ceci près qu’elle n’est payable qu’en une seule fois).

Notre travail comporte de nombreuses forces, qu’il semble inutile de détailler, tant elles sautent aux yeux. Notons que cette fois, aucune trottinette n’a été maltraitée [24] et qu’aucune dépense n’a été réalisée pour la publication [25]. Sa limite principale est peut-être d’avoir été écrit en 2 heures ; toutefois, les grandes théories ne se mesurent pas en temps passé, mais en capacité à les marteler partout, avec un air convaincu, en faisant des appels au bon sens. C’était d’ailleurs mieux avant, comme nous l’a expliqué une Delphine lors d’une ronde [26].

Comme tous les grands progrès, la théorie de la dette immunitaire a pu être critiquée, sous prétexte qu’elle évoque un affaiblissement de l’immunité à un niveau individuel, pour le système adaptatif mais aussi inné [27,28], ou qu’elle exclut systématiquement le possible rôle du Virus-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom qui infecte régulièrement (presque) toute la population, avec des conséquences aiguës et chroniques [29,30]. Rétorquons que la France s’est déjà bien illustrée à l’internationale avec l’hydroxychloroquine [31] : ce serait dommage de ne pas dépasser l’exploit l’année des Jeux Olympiques Paris 2024, avec une nouvelle théorie incitant à la levée de mesures barrières et à l’exposition des enfants.

D’autres critiques disent que la théorie de la dette immunitaire ne résiste pas 5 minutes à une confrontation à la réalité. Par exemple, selon les données du réseau du pédiatres PARI, le nombre de bronchiolites en 2020-2021 n’a pas été moindre (mais plus étalé) et nous remboursons donc en 2022 et 2023 une dette que nous n’avons pas contractée : que fait le ministre de l’Economie ? La dette en Streptocoque A peut aussi être considérée comme une absurdité pour une bactérie hébergée dans le pharynx d’environ 15 % des enfants de plus de 5 ans [32] ; la recrudescence de cas d’infections invasives à Streptocoque (vue également dans les pays tels que la Suède n’ayant pas appliqué de mesure de confinement) peut s’expliquer par l’augmentation des infections virales, notamment par l’Indicible Virus Mystérieux®, qui altère la barrière mucosale du pharynx et facilite la translocation des bactéries qui sont en portage dans cette zone [33].

Notre explication pour répondre à toutes ces critiques est que la réalité se trompe en choisissant de ne pas appliquer la théorie de la dette immunitaire. Nous nous devons d’adopter collectivement ce concept passionnant : ’une théorie qui arrange les décisions politiques est préférable à une réalité morose et sans imagination, dont nous devons nous méfier. C’est en nous réinventant que nous pourrons justifier au mieux les décisions passées ; si nécessaire, nous pourrons à l’insuffisante dette immunitaire intégrer de nouveaux packs d’extension, tels que la “co-dette immunitaire” ou la “dette immunitaire indirecte” [34].

CONCLUSION

Éviter les infections aujourd’hui, c’est risquer d’être malade demain. Au contraire, être malade aujourd’hui, c’est éviter d’être malade demain — en particulier si on est mort avant. Ainsi, pour atteindre l’objectif visé d’être moins malade, il est important d’être plus malade. De façon très concrète, “win the immunity needs the virus to win against the virus”.

A travers cet article, nous proposons un nouveau modèle de société, débarrassé de considérations hygiénistes délétères. Nos 5 mesures sont faciles à mettre en place, et permettent de substantielles économies pour la société, en particulier sur les régimes de retraite.

Par ailleurs, en partant du principe élémentaire que “qui paie ses dettes s’enrichit”, le remboursement de notre dette immunitaire nous permettra de majorer le PIB et d’investir massivement, par exemple dans de nouvelles barres de métro et des sprays Beurkbeurk®.

Enfin, adopter collectivement cette théorie de la dette immunitaire permettra également de valider a posteriori certains choix scientifico-politiques de 2020 à 2024, d’éviter d’investir dans la lutte contre la COVID-19 et les autres infections respiratoires, de ne pas lancer de plan d’amélioration de la qualité de l’air, de ne plus reparler de masque en milieu de soins ou dans les transports, de mieux nourrir le narratif sur la fin de la pandémie que l’OMS n’a jamais décrétée, tout en continuant bien entendu à nous indigner annuellement de l’incompréhensible augmentation du nombre de décès attendus (mystérieusement corrélée aux vagues du Virus-Chut-Chut-Vous-Savez-On-N’en-Parle-Plus [35]) ou de l’augmentation “intenable” du nombre d’arrêts de travail.

REMERCIEMENTS

L’auteur remercie ceux qui luttent quotidiennement contre la désinformation, par quelque moyen que ce soit, et espère que la/le prochain(e) ministre de la santé prendra enfin sa part dans cette tâche.

Merci également aux sprays Beurkbeurk® : pourrions-nous obtenir une nouvelle cocotte Le Creuset, la précédente attache un peu avec le temps ?

Michaël Rochoy


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