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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 6 janvier 2011

Le DSM 5 au milieu du gué
Publié le 31/12/2010

Concernant officiellement « le diagnostic et les statistiques » des troubles mentaux, le DSM est devenu un passage obligé de la littérature psychiatrique. Adulé outrageusement par certains, mais diabolisé par d’autres, comme stigmate exemplaire d’une Amérique triomphante et d’une mondialisation en forme de capitulation pour la « vieille Europe », détrônée jusque dans son pré carré intellectuel, tel l’héritage des aliénistes classiques, alors qu’on pouvait encore affirmer, au premier choc pétrolier, « n’avoir pas de pétrole mais des idées ! » The American Journal of Psychiatry évoque sa prochaine mouture, prévue pour 2013, le DSM-5.

Les révisions successives de ce célèbre manuel visent à intégrer les connaissances croissantes en psychiatrie, pour proposer des critères diagnostiques de plus en plus précis, en correspondance avec la psychopathologie « officielle », dans la mesure où des observateurs différents sont censés parvenir au même diagnostic en utilisant le DSM.
Cependant, cet objectif doit être recherché tout en conservant l’intérêt clinique des critères de diagnostic, à des fins d’utilisation pratique, fiable, et valable aussi bien pour les médecins (en vue d’une thérapeutique) que pour les chercheurs (dans une perspective épidémiologique et de prévention).

Pour les auteurs, il est donc essentiel que des essais développés sur le terrain viennent régulièrement conforter ces efforts d’analyse théorique, en replaçant les conceptions nosographiques dans le contexte des réalités cliniques. Entre autres considérations, la notion de fiabilité s’impose. Elle peut s’apprécier en statistiques par un paramètre, le kappa de Cohen [1], un test mesurant l’accord entre deux observateurs distincts lors d’une évaluation qualitative (comme il en existe notamment dans un contexte diagnostique). Selon les auteurs, cette quantification d’un accord mutuel entre évaluateurs apporte aussi une mesure sur la validité de la correspondance entre certains critères et un diagnostic. Cette démarche statistique illustre parfaitement le changement de paradigme entre la psychiatrie « ancienne » (basée sur une étude de cas humaniste, voire philosophique) et « nouvelle » (ambitionnant pour son corpus de références, le DSM, une rigueur empruntée aux sciences exactes). 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Kappa_de_Cohen
Dr Alain Cohen

Chmura Kraemer H et coll. : Moving toward DSM-5 : the field trials. Am J Psychiatry 2010 ; 167-10 : 1158–1160.
Retour vers le lithium
Publié le 30/12/2010   

La prévention des rechutes est le principal objectif dans les troubles bipolaires de type I (alternance d'épisodes maniaques et dépressifs). On dispose essentiellement pour ce faire de 3 armes thérapeutiques, le lithium, les anti-épileptiques au premier rang desquels se situent le valproate de sodium et les neuroleptiques de seconde génération.

Au fil des années, la part du lithium dans les prescriptions a très sensiblement diminué (des 3 quarts entre 1992 et 1999 aux Etats-Unis) tandis que celle du valproate était multipliée par près de 3. Ceci s’explique en partie par le fait que la plupart des recommandations privilégient aujourd’hui en première intention le valproate et conseillent le passage au valproate ou à une association lithium-valproate en cas de rechutes fréquentes sous lithium.

Cependant, malgré le long recul dont nous disposons avec ces médicaments, leurs indications en monothérapie ou en association ne sont pas étayées par des essais randomisés d’ampleurs et de durées suffisantes.

C’est pourquoi un groupe international indépendant a initié en 2001 l’étude BALANCE (pour Bipolar Affective disorder :Lithium/ANtiConvulsant Evaluation).

330 patients tolérant les deux traitements

Trois cent trente patients souffrant de trouble bipolaire de type I pour lesquels un traitement préventif des rechutes paraissait indiqué ont été inclus dans cet essai randomisé ouvert. La randomisation avait été précédée par une période de « run-in » de 4 à 8 semaines au cours de laquelle ont été sélectionnés des patients tolérant l’association lithium-valproate et observant correctement leur traitement (prise de plus de 70 % des médicaments prescrits). Ces malades ont alors été assignés au hasard à l’un des trois groupes suivants :

- lithium à une posologie permettant une concentration plasmatique entre 0,4 et 1 mmol/L (n=110),
- valproate à une posologie entre 750 et 1 250 mg/j (n=110),
- association lithium-valproate.

Le critère principal de jugement (validé par des observateurs ignorant le groupe auquel était assigné les patients) était la nécessité d’une intervention (modification thérapeutique ou hospitalisation) pour l’apparition d’un trouble de l’humeur (épisode maniaque ou dépressif). Le suivi a duré deux ans.

Une supériorité du lithium et de la bithérapie

Cinquante-quatre pour cent des patients sous l’association, 59 % des malades sous lithium seul et 69 % des sujets sous valproate ont nécessité une nouvelle intervention thérapeutique. Ceci correspond à une réduction significative du risque de rechute de 41 % avec la bithérapie par rapport au valproate seul (intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre -17 et -58 % ; p=0,0023) et de 29 % avec la monothérapie par lithium par rapport au valproate seul (IC95 entre - 49 % et 0 ; p=0,0472). En revanche la supériorité de l’association sur le valproate seul n’était pas significative (p=0,27). Une même tendance en faveur du lithium ou de la bithérapie a été constatée pour tous les sous groupes de patients (en fonction du nombre et de la nature des épisodes de troubles de l’humeur dans les antécédents) et lorsque l’analyse ne portait que sur les rechutes maniaques.

Des conséquences pratiques importantes


Même si, pour des raisons logistiques, cette étude n’a pas été conduite en double aveugle, pour ses auteurs elle permet de tirer certaines conclusions utiles en pratique clinique. Chez les patients qui tolèrent le valproate et le lithium, les traitements de première intention les plus efficaces sont le lithium ou la bithérapie lithium-valproate. En cas de rechutes fréquentes sous lithium, l’association au valproate pourrait être préférable au valproate seul.

Il faut par ailleurs souligner le fait qu’aucune des trois thérapeutiques testées ne donne, pour la majorité des patients, des résultats durables à moyen terme, puisque, même avec la bithérapie, plus de la moitié des malades ont nécessité une nouvelle intervention thérapeutique sur une période de 2 ans. Il reste donc à évaluer dans le cadre d’essais comparatifs d’autres molécules et d’autres associations.

Quant à la tolérance des schémas thérapeutiques testés, elle ne pouvait être valablement évaluée par BALANCE puisque les malades avaient été sélectionnés pour leur absence d’effets secondaires sous l’association.

Quelles que soient les limites de ce travail, il doit être salué comme une tentative remarquable d’éclairer le choix des cliniciens de façon objective.
Dr Nicolas Chabert
Psychose : racines sociales ou susceptibilités génétiques ?
Publié le 29/12/2010    

La composante génétique de la schizophrénie est bien documentée, de même que les facteurs de risque liés à la biographie de l’intéressé (comme le fait d’avoir eu une enfance défavorisée). Certes, des travaux récents tendent à impliquer des éléments socio-économiques émaillant l’enfance, dans le déterminisme ultérieur d’une schizophrénie. Mais dans la mesure où les conditions matérielles de la famille sont étroitement liées à la santé mentale des parents (dépendant elle-même parfois de facteurs de vulnérabilité génétique transmissibles à la descendance), il est donc très difficile de départager ces divers éléments endogènes (naturels, génétiques) ou exogènes (culturels, environnementaux). Émanant du prestigieux Institut Karolinska de Stockholm où sont décernés les Prix Nobel de Médecine, une étude suédoise observe, parmi plus de 13 000 enfants nés entre 1955 et 1984 et élevés par des parents adoptifs, une évolution vers une psychose non affective chez 230 d’entre eux (le diagnostic de schizophrénie étant porté près de quatre fois sur dix). On constate une augmentation du risque de psychose non affective parmi ces enfants adoptés, même en l’absence d’antécédents familiaux de psychose chez la famille biologique, lorsqu’elle est connue. Une telle vulnérabilité liée au seul contexte biographique (et non aux gènes) se rattache à plusieurs phénomènes socio-économiques dans la famille adoptive : chômage, famille monoparentale, logement en appartement (plutôt qu’en maison individuelle)... Confirmant qu’un statut socio-économique médiocre aggrave le risque de psychose, cette étude suggère aussi, estiment les auteurs, que cette sorte de « handicap social » augmente particulièrement ce risque chez les enfants ayant, de surcroît, une susceptibilité génétique dans ce domaine.
Dr Alain Cohen

Wicks S et coll. Social risk or genetic liability for psychosis ? A study of children born in Sweden and reared by adoptive parents. Am J Psychiatry 2010 ; 167(10) : 1240-1246.


 
Comment combattre la déprime après les fêtes ?
Par Anne Jeanblanc

Soulagement pour les uns ou, au contraire, dur moment à passer pour les autres, le retour au travail après les fêtes de fin d'année est diversement vécu. Dans le premier groupe, on trouve tous ceux pour qui les réveillons sont des passages imposés qui impliquent de se retrouver au milieu de parents peu unis et capables de se disputer à la moindre occasion. Y figurent aussi souvent les familles recomposées, obligées de multiplier les repas pour satisfaire tout le monde. Les autres quittent à regret cette période privilégiée de retrouvailles et de temps pour les échanges. D'autre part, les mois d'hiver sont particulièrement rudes pour tous ceux qui souffrent de dépression saisonnière.

"On connaît bien depuis très longtemps l'influence de la luminosité sur le moral des gens", explique le Dr Sylvie Angel, psychiatre à Paris. "Plus les jours raccourcissent, plus ils se sentent déprimés. Et il n'est pas nécessaire de se rendre dans un pays très ensoleillé et chaud pour aller mieux, il faut simplement bénéficier d'une bonne lumière, comme celle que l'on trouve aux sports d'hiver quand le ciel est clair." Ou comme en proposent les appareils de luminothérapie, dont le succès est croissant. Certains hôpitaux en sont équipés. Il existe aussi des lampes pour les particuliers et même des appareils permettant un "éveil lumineux" progressif. Une façon très physiologique de sortir des bras de Morphée.

Les femmes plus dépressives que les hommes


Selon les études, la dépression saisonnière toucherait une personne sur cinq, le plus souvent des femmes. Ces victimes de l'hiver sont assez faciles à identifier : tristes en permanence, parfois irritables, elles passent le plus de temps possible sous la couette et ont tendance à manger plus que d'habitude, notamment des sucreries. "Le stress aggrave encore la situation", poursuit la spécialiste. Or cet hiver précoce et neigeux, à l'origine de multiples complications au quotidien et donc de tensions répétées, a contribué au mal-être des individus déjà fragilisés par la dépression saisonnière.

C'est pourquoi il est fortement conseillé aux personnes qui ne vont pas bien de consulter un psychiatre, tout comme elles se rendent chez leur généraliste quand elles ont des problèmes physiques. "Une consultation précoce et unique peut être positive", affirme Sylvie Angel. "Faire le point avec un psy n'implique pas de commencer une psychothérapie plus ou moins longue, comme on en pratiquait il y a quelques décennies. Les thérapies brèves ont beaucoup progressé. Elles doivent permettre d'aider les patients tant dans leur vie professionnelle que personnelle. Tout est lié. Il ne faut pas qu'une dépression hivernale - ou tout autre problème - finisse par poser des problèmes au travail, faire exploser le couple et retentisse sur les enfants, alors qu'une solution peut être trouvée en quelques entretiens." En psychiatrie aussi, la prévention est possible et nécessaire.

* Bien choisir sa psychothérapie, par Pierre et Sylvie Angel (éditions Larousse, avril 2010)

mercredi 5 janvier 2011

 Bobards et médicaments

 30.12.10
J'enrage d'entendre les responsables politiques de tous bords réclamer « la transparence » sur le circuit du médicament en France après le scandale du Mediator. J'enrage parce qu'ils nous font croire qu'ils découvrent seulement à l'aune de cette affaire que quelque chose ne tourne pas rond dans notre pays champion d'Europe de la consommation pharmaceutique. Incroyable cas d'école, le Mediator concentre tous les travers, depuis longtemps connus et analysés, du système.

Chaque scandale sanitaire s'accompagne de grandes déclarations d'intention et de demande de rapports qui finissent au fond d'un tiroir.

Prenons, par exemple, l'affaire du Vioxx. Accusé d'aggraver les risques cardio-vasculaires, cet anti-inflammatoire vedette du laboratoire américain Merck est retiré du marché mondial en septembre 2004. A juste titre, la mission d'information de la commission des affaires sociales du Sénat se penche alors sur les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Après sept mois de travaux et plus de quarante auditions, un rapport exhaustif est rendu public en juin 2006.

Que dit-il ? Que le circuit des produits pharmaceutiques remboursés par la Sécurité sociale « souffre d'un manque de transparence et d'une trop grande dépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique ». Qu'à « tous les niveaux », les laboratoires sont omniprésents : financement des agences sanitaires, formation continue des médecins, conflits d'intérêts des experts chargés d'évaluer les produits. Qu'il faudrait développer les études post-AMM (autorisation de mise sur le marché) afin de mieux repérer les éventuels effets indésirables d'un produit pharmaceutique lors de son utilisation « en vie réelle » (et pas seulement sur un échantillon réduit de personnes lors des essais cliniques). Que l'industrie pharmaceutique « s'est imposée comme le premier vecteur d'information des professionnels de santé ». Qu'il ne faut donc pas s'étonner que la France soit confrontée à « des problèmes de prescriptions inadaptées et de surconsommation médicamenteuse ». Que, dès leurs études et tout au long de leur carrière, les médecins évoluent dans un environnement où « l'absence de neutralité » est la règle. Que, dans les facultés de médecine, la pharmacologie est « le parent pauvre » des enseignements. Que les milliers de visiteurs médicaux qui vont promouvoir les produits de leur firme dans les cabinets de ville « influencent les comportements de prescription ». Que les laboratoires « noyautent » la presse médicale.

Bref, en 2006, ce rapport du Sénat dénonce tout ce que l'on s'étonne de découvrir aujourd'hui. Alors, en 2011, on fait quoi ?
Sandrine Blanchard
La revue "Prescrire" dénonce de nouveaux médicaments "à retirer du marché"
LEMONDE.FR avec AFP | 03.01.11

Il pourrait devenir le nouveau Mediator. Le buflomédil, un médicament vasodilatateur, c'est-à-dire qui permet de dilater les vaisseaux sanguins pour diminuer la pression artérielle, provoque des effets indésirables cardiaques et neurologiques parfois mortels.

Ce sont les conclusions de la revue médicale indépendante Prescrire, qui décortique régulièrement les bienfaits et les méfaits des médicaments, dans son numéro de janvier. Ce médicament, "commercialisé depuis plus de 20 ans en France" et "sans intérêt thérapeutique démontré", a ainsi "des effets indésirables, parfois mortels, en particulier en cas de doses élevées ou inadaptées à l'insuffisance rénale." "Il faut le retirer du marché", juge donc Prescrire.
 
SITUATIONS À RISQUES CONNUES DEPUIS 2006

"Un compte rendu de la Commission nationale de pharmacovigilance de l'Agence française du médicament (Afssaps) a révélé que plusieurs dizaines de cas d'effets indésirables graves avec ce médicament, dont plusieurs mortels, ont été notifiés entre 2007 et 2009", poursuit la revue, qui avait déjà joué un rôle d'alerte sur les dangers du Mediator, commercialisé depuis 1976 et finalement retiré du marché en novembre 2009.

En 2006 déjà, les effets indésirables, les situations à risques et l'absence de bénéfice clinique tangible du buflomédil étaient donc connus. "Plutôt que de retirer ce médicament du marché, les autorités ont décidé de retirer uniquement le dosage fort. La consommation de ce médicament a baissé de moitié entre 2006 et 2009, mais manifestement cela n'a pas suffi à mettre les patients à l'abri".

"Combien de victimes faut-il encore aux firmes concernées ou à l'Afssaps (agence des produits de santé) pour décider de retirer ce médicament du marché ?" conclut Prescrire.

DEUX AUTRES MÉDICAMENTS DANS LE COLLIMATEUR


Prescrire revient aussi notamment sur un anti-inflammatoire "pas plus efficace que de nombreux autres", le nimésulide (Nexen) "encore commercialisé malgré des hépatites graves", plus de 500 selon un rapport de la Commission d'autorisation de mise sur le marché européenne. Ce médicament a été retiré du marché en Finlande et en Espagne en 2002, et aussi notamment en Argentine, en Belgique, en Irlande, à Singapour.

Également dans le collimateur, la vinflunine (Javlor) un anticancéreux utilisé dans le traitement de certains cancers avancés de la vessie qui présente "une balance bénéfices-risques défavorable" (fréquents troubles sanguins, parfois mortels, troubles intestinaux, neurologiques, ou cardiaques). Prescrire dénonce le "prix très élevé" accepté par les pouvoirs publics pour ce médicament "à éviter".

dimanche 2 janvier 2011

Les Livres de Psychanalyse
Savoir inconscient et droits de l'homme

Revue INSISTANCE - Coordination : Alain DIDIER-WEILL - Paolo LOLLO








Décembre 2010
Éditions Erès – 25 €


À quelles conséquences prêtent la reconnaissance ou la nonr econnaissance de « l'homme » qui est annoncée dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ? À ceux qui considèrent que la croyance en « l'homme » universel contribue au désordre du monde, s'opposent ceux qui se trouvent poussés à affirmer que c'est, au contraire, sa négation qui induit le malaise de notre culture. Au delà de sa dimension d'universalité, l'expression « l'homme » évoque aussi un indéterminé qui, en posant l'existence d'un au-delà du déterminé, demande au philosophe, à l'homme politique, à l'artiste, au psychanalyste de se prononcer sur le sens qu'acquiert aujourd'hui pour eux le mot « liberté ». La psychanalyse maintient vivace le droit de l'homme à devenir ce qu'il n'est pas encore, en accentuant - au-delà des différents articles de la déclaration universelle - l'existence d'un article unique et absolu : droit de l'homme devenu parlant à se reconnaître et se faire reconnaître comme parlant : tout à la fois endetté et libéré par la parole.

Ont participé à ce numéro : Gerard ALBISSON - Fabienne ANKAOUA - Dominique BERTRAND - Pascale CHAMPAGNE - Jean CHARMOILLE - Danielle CHARMOILLE - Marco antonio COUTINHO JORGE - Eric DIDIER - Claire GILLIE-GUILBERT - Claude MAILLARD - Denise MAURANO - Colette MAURI - MITCHELEE - Jean NOEL - Baldine SAINT GIRONS - Charles SARFATI - France SCHOTT-BILLMANN - Frederic VINOT - Jean-michel VIVES - Alain ZAEPFFEL -

Les Livres de Psychanalyse

Répondre de la parole
Daniel Lemler

Janvier 2011
Erès – 23 €


« Mais où est passée l'humanité dans tout cela ? » Ce cri du coeur, poussé par une femme venant d'effectuer un long parcours en « FIV » dans un grand service parisien, introduit magistralement la question qui sera traitée dans cet ouvrage.

Alors que nombreux sont ceux qui déplorent la déshumanisation de notre société, l'auteur pose la question. « Quelle est ta part dans ce qui t'arrive ? », qui pourrait être le symbole de notre lutte contre la déshumanisation. Elle nous interpelle au lieu de notre subjectivité et nous invite à être hic et nunc, auteur de notre parole et d'en répondre.





Assemblée de Paris - L'homme, entre loups et rats
Association : APJL - Activité coordonnée par Pierre Bruno et Patricia León


Lieu : Centre Hospitalier Sainte -Anne, Amphithéâtre Morel, 1 rue Cabanis, 75014.
Métro Glacière. ENTREE LIBRE.

14 h – 16 h : Le cas : “L’homme, entre loups et rats” 16h30 – 18h : Questions affines
1-14H-16H : Le cas.
“L’homme, entre loups et rats”
-11 décembre : Pierre Bruno : L’homme, entre loups et rats.
-15 janvier : Gabrielle Gimpel-Devallet : Est-ce que la jouissance féminine primaire existe ?
-12 février : Marie-Jean Sauret : Y a t-il quelque chose de “raté” ou de “loupé” chez notre contemporain ?
-19 mars : Patricia León : Le souvenir déchiré.
-9 avril : Isabelle Morin :Entre morsure et regard.
-21 mai : Sophie Mendelsohn : L’animal chez Freud, une manière d’aborder le réel du symptôme ?
-25 juin : Véronique Sidoit : Quelle « petite femme » pour l’homme Kafka ?

2-16H30-18H : Questions affines
:
" Dans la partie dédiée aux "questions affines", les différents espaces de travail : "psychanalyse et institutions", "psychanalyse et médecine", "psychanalyse et poésie", "psychanalyse et politique" « clinique et topologie » continueront à nous présenter leurs avancées et propositions de recherche.

• Clinique et topologie. Responsable : Laure Thibaudeau.
• Psychanalyse et institutions. Responsable : Carlos Ramos.
• Psychanalyse et médecine. Responsable : Ramon Menendez.
• Psychanalyse et poésie. Responsable : Claudine Casanova.
• Psychanalyse et politique. Responsable : Véronique Sidoit

http://www.apjl.org/

 
Nouvelles Psychanalytiques

Colloque de Cerisy : Le langage, l’inconscient, le réel

Du 18 au 22 mai 2011 - Organisé par : Espace analytique et l’Ecole de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien




Commission d’organisation : Bernard Toboul, Alain Vanier et Vannina Micheli Retchman pour Espace analytique

Colette Soler, Marc Strauss et Sylvana Clastres pour l’EPFCL.

JEUDI

Matin :
Président : Bernard Nominé.
Christian Hoffmann : "Lorsque le réel mord sur sur la métapsychologie"
Bernard Toboul : Le principe de jouissance.
Colette Soler : « L’énigme du savoir réel »

Après-midi :
Président : Anita Izcovich
Elizabete Thamer : De l’impossible logique à l’ICSR.
André Michels : L’inconscient : de l’irrationnel au réel.
Paul-Laurent Assoun : De la réalité au réel : l’envers inconscient du semblant

Vendredi.
Matin
:
Président : Danièle Eleb
Patricia Dahan : La lettre et lalangue.
Jacques Adam : De lalangue et des arts.
Bernard Baas : « Poétique » de la psychanalyse.

Après midi :
Président : Catherine Vanier
Vannina Micheli Retchman : L’anorexique, l’objet a et le réel.
Marc Strauss : Une fin réelle ?
Michel Bousseyroux : L’ICSR : effets et conséquences sur la cure.

Samedi.
Matin
:
Président : Guy Sapriel
Patrick Landmann : Au-delà du roc de la castration
Sol Aparicio : L’heur de vivre avec son symptôme.
Jean-Richard Freymann : La clinique psychanalytique entre science et religion.

Après-midi :
Président : Claude Leger
Roland Chemama : Qu’est ce que peut « faire pièce » au discours capitaliste ?
Sidi Askofaré : Pouvoir de l’inconscient, politique de la psychanalyse.
Alain Vanier : Politique de la psychanalyse ?

Dimanche matin.
Discussion générale et débat clôture.
(Vannina Micheli Retchman, Bernard Toboul, Colette Soler, Alain Vanier, Sylvana Clastres et Marc Strauss)





A quoi reconnait-on une psychose ? Le séminaire 2010-2011 de Pierre-Henri Castel disponibles en mp3

http://pierrehenri.castel.free.fr/

Pierre-Henri Castel : “Le séminaire de cette année reviendra notamment sur Schreber, à partir de ma traduction des Paradoxes of Delusion : Schreber, Wittgenstein, and the Schizophrenic Mind, de Louis Sass, à paraître en janvier 2011. Comme les années précédentes, l’accent sera mis sur les critères, les enjeux psychanalytiques étant éclairés à partir de réflexions épistémologiques et historiques sur la notion de « psychose ». Le séminaire partira d'une analyse d'une nouvelle de Henry James, "The Altar of the Dead", qui aborde la question de la mélancolie.”

> à télécharger sur archive.org


La France condamnée pour manque de soins envers une détenue

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné, mardi 21 décembre, la France pour ne pas avoir permis à une détenue malade et anorexique de 48 ans d'être soignée dans un structure adaptée, en aménageant sa peine. Virginie Raffray Taddei, actuellement en détention à Roanne, a déposé à plusieurs reprises ces dernières années des demandes de suspension de peine et/ou de libération conditionnelle pour raisons médicales.

Les expertises ont mis en doute certaines des pathologies alléguées par Mme Raffray. Mais elles ont attesté qu'elle souffrait d'un asthme grave, d'une insuffisance respiratoire chronique, d'anorexie et du syndrome de Münchhausen, une forme d'hypocondrie extrême où le malade en vient à essayer de provoquer les symptômes des maladies dont il dit souffrir.

Après une grève de la faim en juillet 2008, la détenue est devenue anorexique. Elle pesait 34 kg pour 1,65 m selon un examen réalisé en mars 2009. Cette année-là, plusieurs expertises médicales ont préconisé une prise en charge de la patiente dans une structure adaptée. La justice française a pourtant rejeté les demandes de suspension de peine de Virginie Raffray. "La seule condition de la nécessité de soins ne suffit pas à ouvrir au condamné un droit à la libération conditionnelle, mesure qui exige de ce dernier qu'il manifeste 'des efforts sérieux de réadaptation sociale'", a expliqué la cour d'appel de Lyon, qui a jugé insuffisants les efforts de Mme Raffray, notamment pour indemniser les victimes de ses délits. Les autorités ont à plusieurs reprises fait valoir que Mme Raffrey instrumentalisait ses maladies pour pouvoir sortir de prison.

Mais pour la CEDH, "l'absence de prise en compte par les autorités nationales de la nécessité d'un suivi spécialisé dans une structure adaptée", le fait qu'elle ait au contraire été transférée à deux reprises, et la durée de la procédure, constituent une violation de l'article 3 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme, qui proscrit les "peines ou traitements inhumains". L'arrêt de la Cour, susceptible d'appel, n'a pas accordé de dommages à la requérante, qui n'en avait pas demandé.
ÉTATS-UNIS • Les villes se mobilisent pour reloger les sans-abri

Un plan ambitieux vise à installer 100 000 sans-abri dans des logements pérennes d'ici à mi-2013. Cette campagne s'appuie sur un vaste réseau d'associations et mise sur la coopération des municipalités.


En 6 mois la campagne "100 000 Toits" est présente presque partout aux États-Unis.

C'est l'histoire d'un plan pour qu'il n'y ait plus de SDF aux Etats-Unis. Non pas une vague "guerre au problème des sans-abri", mais une action méthodique pour éliminer un énorme problème social. Chaque jour, approximativement 700 000 personnes passent la nuit dehors dans tout le pays. Parmi elles, 120 000 sont des sans-abri "chroniques". Elles vivent souvent dans la rue depuis plusieurs années et souffrent de toxicomanie, handicaps mentaux et maladies graves comme le diabète, le cancer et des affections du cœur. Sans aide directe, beaucoup resteront à la rue jusqu'à la fin de leurs jours.

Devant cette situation, une initiative baptisée 100 000 Homes Campaign [Campagne pour 100 000 toits] s'est donnée pour objectif de placer 100 000 sans-abri chroniques dans des logements pérennes d'ici à mi-2013, en ciblant ceux qui sont le plus en danger de mort. En matière d'aide sociale, c'est l'équivalent de la course de la NASA pour envoyer l'homme sur la Lune. Cette campagne n'atteindra peut-être pas son but, mais elle est en train de changer la façon dont les villes abordent un problème souvent considéré plus comme une nuisance que comme une urgence de santé publique.

Cette campagne a été lancée en juillet dernier par une association new-yorkaise appelée Common Ground, avec l'aide de vingt autres organisations spécialisées dans l'aide aux sans-abri, les anciens combattants, les personnes atteintes de troubles mentaux, le logement et les soins de santé. Elles ont déjà été rejointes par 64 municipalités. Pour l'instant, 6 816 personnes ont trouvé un toit, et les organisateurs affirment que les choses s'accélèrent. New York, Denver, Wichita, Kansas et Norfolk, par exemple, ont fait baisser le nombre de personnes vivant dans la rue de 25 % à 64 %. Elles sont parvenues à ce résultat en orientant les sans-abri vers des logements où ils bénéficient de services de soutien – entre 85 % et 90 % d'entre eux en ont fait leur domicile.

"Aucun système n'avait jamais été expressément mis en place pour sortir les gens de la rue et leur donner un toit", explique Rosanne Haggerty, fondatrice de Common Ground. L'association a aidé 20 villes américaines, dont New York, La Nouvelle-Orléans et Denver, à diminuer leur population de SDF. "Le problème n'est pas si difficile que ça à régler, mais il manquait le tissu conjonctif." Le principal rôle de la campagne est d'aider les villes à apprendre comment créer ce tissu.

Mme Haggerty a elle-même dû en faire l'apprentissage à la fin des années 1990 lorsque Common Ground a ouvert le Times Square Hotel, qui était alors la plus grande résidence du pays, et qu'elle a vu que cela ne faisait pas baisser le nombre de sans-abri autour de Times Square. Alors, en 2003, elle a lancé un programme appelé Street to Home [De la rue à un toit] et recruté une diplômée de West Point, Becky Kanis, qui avait passé neuf ans dans l'armée. Ensemble, elles sont allées trouver chacune des 55 personnes qui vivaient dans la rue près de Times Square pour les convaincre d'accepter un hébergement.

Elles voulaient savoir comment les gens vivaient dans la rue, et elles ont été choquées lorsqu'elles ont vu comment ils y mouraient, souvent entre  40 et 60 ans. Common Ground a également appris que la population des sans-abri se composait de plusieurs sous-groupes. L'association a maintenant interrogé 14 000 sans-abri chroniques et déterminé que 20 % sont des anciens combattants, 10 % sont âgés de plus de 60 ans, 4 % sont séropositifs, 47 % sont atteints d'une maladie mentale et 5 % restent dans la rue parce qu'ils ont des animaux et n'arrivent pas à trouver de logement qui les accepte.

De nouvelles municipalités rejoignant la campagne chaque mois, Common Ground a défini une marche à suivre type. Une organisation locale joue le rôle de coordinatrice et rassemble les soutiens des politiques, des entreprises, des ONG, des fondations et des bénévoles. L'une des premières choses à faire est de recruter des bénévoles locaux et de les envoyer dans la rue évaluer la vulnérabilité des sans-abri, ce qu'ils font entre 4 heures et 6 heures du matin trois jours d'affilée.

On pourrait penser qu'il est difficile de trouver des gens disposés à sortir avant l'aube pour aller poser à des étrangers des questions personnelles concernant leur santé. Pas du tout. A Phoenix, 175 personnes se sont présentées. A San Diego, 250. A Omaha, 75. Et, à Chicago, plus de 150 dont le maire, Richard Daley. A Phoenix, une fois les interrogatoires terminés, les organisateurs ont demandé aux bénévoles s'ils souhaitaient donner de l'argent – à coups de 1 000 dollars – pour aider les sans-abri à emménager et à se meubler. En dix minutes, ils ont réuni 50 000 dollars. "Ce n'était pas une assemblée de philanthropes", raconte Becky Kanis. "C'était juste des bénévoles."

"Nous pensons que cette campagne va beaucoup plus loin que l'aide aux sans-abri", ajoute Rosanne Haggerty. "Nous nous inquiétons tous pour des gens près de chez nous qui ont du mal à s'en sortir actuellement. C'est une façon de faire avec nos voisins une chose qui aide les plus vulnérables d'entre nous de façon spectaculaire. Et je crois que le sentiment de pouvoir changer les habitudes est quelque chose que beaucoup de monde recherche en ce moment."


Entretiens annuels : passage obligé, méthodes contestées

LEMONDE.FR Avec AFP

27.12.10

Au retour des vacances de Noël, de nombreux employés devront passer leur entretien annuel. Cet échange entre un salarié et son supérieur pour faire le point sur l'année écoulée, est devenu une pratique quasi généraliséé dans les entreprises. Mais ses méthodes d'évaluation sont parfois contestées, notamment pour leurs effets sur le stress.

Conséquence : les recours de salariés ou syndicats sont fréquents. Ainsi au tribunal de grande instance de Toulouse le 6 janvier, la CGT d'Airbus va demander la suppression des critères comportementaux et d'adhésion à des valeurs, telles que "agir avec courage" ou "promouvoir l'innovation". "Depuis l'application de ces critères à l'ensemble des cadres il y a un an, nous constatons leurs effets pervers — copinage, individualisme — et la désagrégation de l'entreprise", affirme le délégué CGT Xavier Petrachi.

A Grenoble doit être jugé prochainement le recours du comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) de Hewlett-Packard CCF, qui dénonce l'application de quotas classant les salariés par catégories (des surperformants aux insuffisants). Déjà en 2002, la révélation de quotas chez HP et IBM avait fait grand bruit. "Depuis la crise économique, dans plusieurs sociétés les quotas des notes les plus basses ont augmenté, pour freiner les augmentations de salaires", remarque Guy Benoist, du syndicat CFTC chez d'HP.

UNE PRATIQUE DE PLUS EN PLUS COURANTE


L'évaluation a gagné quasiment toutes les entreprises et les administrations. Depuis les années 1990-2000, sous l'influence des pratiques américaines, "cela n'est plus une discussion de fin d'année entre deux portes, l'entretien est un élément essentiel d'un bon management (…) même si tout ne doit pas reposer sur ce moment-là", considère Michel Yahiel, de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines.

Des deux côtés, il y a une demande. Selon l'avocat en droit social Pascal Lagoutte, "malgré la passion égalitaire en France, les salariés aspirent à ce que soit pris en compte leur talent personnel, ce qui passe par l'évaluation".

Côté employeurs, elle sert à mesurer l'atteinte d'objectifs, à gérer des carrières, et surtout à fixer la part salariale variable, dans un contexte d'individualisation des rémunérations. De plus, les fiches d'évaluation peuvent être utilisées en cas de plan social pour licencier ceux considérés comme les moins compétents.

LES SYNDICATS CONTESTENT LES MÉTHODES EMPLOYÉES


Or les syndicats contestent non pas le principe de l'évaluation, mais les méthodes employées. "Si c'est le travail fourni qui est évalué, c'est bien normal. Mais il y a de plus en plus de subjectif, correspondant à des théories à la mode mais n'ayant pas fait leur preuve", estime Bernard Salengro du syndicat CFE-CGC, qui pense que cela accentue le stress au travail.

"Depuis trois quatre ans, la 'performance' est recherchée, et non plus la compétence. Les entreprises distinguent les meilleurs salariés par leur attitude dans l'atteinte, voire le dépassement de résultats", observe Pascal Huard de l'Isast, cabinet spécialisé en santé au travail. Isast mène des expertises pour des CHSCT, en mesurant l'impact des évaluations, avec des indicateurs comme les troubles du sommeil ou d'alimentation avant et après entretien.

PREMIÈRES ACTIONS EN JUSTICE

Les premières actions en justice sur le terrain de la santé des salariés n'ont cependant pas toujours été un succès. En 2008, le dispositif de Wolters-Kluwer, un groupe d'édition, a été déclaré illicite au motif notamment que "la multiplication de critères comportementaux" impliquait une "insécurité", préjudiciable à la "santé mentale".

Mais en octobre, le TGI de Versailles a jugé que le stress généré par l'évaluation chez General Electric Medical Systems n'était pas nécessairement supérieur au stress d'autres rendez-vous professionnels. Le CHSCT a fait appel.