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mercredi 9 mars 2022

« Le Siècle des couturières », sur France 3 : les petites mains sacrifiées sur l’autel de la mondialisation


 



Par   Publié le 07 mars 2022

Un documentaire émouvant revient sur l’histoire des pratiques professionnelles du textile en France, de la révolution industrielle jusqu’à leur quasi-extinction face à la concurrence.

Dans les usines, les conditions de travail des couturières sont éreintantes.

FRANCE 3 – LUNDI 7 MARS À 21 H 10 – DOCUMENTAIRE

Bobineuses, cardeuses, ourdisseuses, fileuses : le lexique des métiers du textile est souvent au féminin car, longtemps, les filles ont, dès leur plus jeune âge, reçu une éducation où dominaient les matières pratiques, dont les travaux d’aiguille. A l’heure de la révolution industrielle française, à partir de 1840, les couturières qui en ont fait leur métier quittent leurs chambres et répondent à l’appel des usines, aux conditions de travail pourtant éreintantes.

C’est la longue histoire de ces ouvrières que narre le documentaire Le Siècle des couturières, de Jérôme Lambert et Philippe Picard, jusqu’au renouveau actuel dans le domaine du textile de qualité et écoresponsable. Une production qui n’a cependant rien à voir avec celle de l’époque florissante que rappellent d’anciennes employées. Parmi elles, la chanteuse Isabelle Aubret, qui fut, à 14 ans, bobineuse à Saint-André-lez-Lille (Nord), et une pimpante centenaire qui raconte le Front populaire et ses réformes.

Sous le seuil de pauvreté

Ces réformes apporteront le plein-emploi, l’indépendance financière et les congés payés. Mais à quel prix ! « 937 euros de retraite pour trente-six ans de travail ! », déplore l’une de ces femmes, partie tôt au chômage, tandis que Roubaix, la « ville aux mille cheminées », qui fut un centre textile vibrionnant(multipliant, entre 1850 et 1900, sa population par dix), voit 43 % de ses actuels habitants vivre sous le seuil de pauvreté.

Dans les Vosges, autre grande région d’industrie textile, ce sont aujourd’hui des usines à l’abandon, comme celles de Marcel Boussac (1889-1980), l’un de ces patrons paternalistes qui fournissaient logement de qualité et colonies de vacances au personnel. Mais qui instrumentalisaient cette générosité afin de s’assurer en retour la fidélité des salarié(e)s.

D’autres patrons à la fibre moins sociale feront alliance avec l’Eglise, organisant dans les couvents le travail forcé et non rémunéré de jeunes filles, sous la houlette de sœurs qui n’étaient pas toujours bonnes. C’est l’un des passages les plus édifiants de ce long documentaire richement illustré d’images d’archives colorisées.

Le propos s’attache en particulier à la prise de conscience par ces femmes de l’injustice de leur situation professionnelle et sociale, comparée à celle des hommes, à leurs revendications syndicales, aux grèves qu’elles firent souvent dans une joyeuse camaraderie, grossissant le répertoire des chansons ouvrières. Sans oublier la disparition du « made in France », trop onéreux, le chômage et l’impossibilité pour beaucoup de se reconvertir.

Ce film instructif et émouvant est « raconté » par Corinne Masiero, connue pour son incarnation de la capitaine Marleau à la télévision. L’actrice, qui vit à Roubaix et ne cache pas son engagement politique à l’extrême gauche, met en effet le ton, quoique sans excès, bien loin de ces voix off à la neutralité aseptisée.

Le Siècle des couturières, documentaire de Jérôme Lambert et Philippe Picard (Fr., 2021, 90 min). Sur France.tv




























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