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vendredi 14 février 2020

Chez les soignants, un bouquet de mobilisations

Par Eric Favereau — 
Une manifestation du personnel hospitalier, le 17 décembre à Paris.
Une manifestation du personnel hospitalier, le 17 décembre à Paris. Photo Corentin Fohlen pour Libération

Le personnel hospitalier organise des rassemblements festifs ce vendredi, sans abandonner ses revendications. Dans de nombreux établissements, des services seront à l’arrêt.

L’urgence est toujours là : provoquer «le printemps des hôpitaux», mais cette fois-ci, ce sera avec des fleurs. «En ces temps gris, il faut trouver des actions toniques», lâche dans un sourire Hugo Huon, un des porte-parole historiques du collectif Inter-Urgences, à l’évocation de la nouvelle journée nationale d’actions dans tous les hôpitaux prévue ce vendredi. «Nous allons distribuer des centaines de fleurs à la population», poursuit-il.

A Paris, cela se fera au cours d’un rassemblement festif autour de l’hôpital Necker et, selon l’humeur et la météo, un défilé partira ou non vers la Pitié-Salpêtrière. «En province, il y a aussi des actions très variées qui montrent une mobilisation toujours étonnante. Cela part dans tous les sens, et en dépit des perspectives incertaines, c’est très revigorant», poursuit le professeur André Grimaldi. Elles sont prévues à Lyon, Marseille et Toulouse, allant du sit-in à des chaînes humaines, des bals ou des kermesses. Avec un mot d’ordre : la demande d’une forte augmentation du budget des hôpitaux, et des salaires du personnel soignant en particulier.
Ce vendredi, dans les établissements hospitaliers, des services seront à l’arrêt. Les urgences réquisitionnées fonctionneront comme d’habitude. Il s’agit de tenir, alors que la fatigue s’installe et que le dossier retraites monopolise toutes les attentions. Cela fera bientôt un an que le mouvement, inédit dans les hôpitaux, a débuté aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine à Paris (XIIe arrondissement), bousculant les pouvoirs publics, entraînant trois plans successifs du gouvernement sans convaincre les personnels hospitaliers. Ces dernières semaines, la température est fortement montée avec la démission effective de près de 600 chefs de service des hôpitaux, qui ont dénoncé un durcissement des pouvoirs publics et de l’administration hospitalière, avec des menaces à la clé.

Lettre ouverte

Mais, depuis quelques jours, le ton a changé et la tension est retombée. A l’image de la dernière commission médicale d’établissement des hôpitaux de Paris qui vient de se tenir. Son nouveau président, le professeur Rémi Salomon, nous le dit clairement : «Nous avons fait savoir à la direction que les chefs de service démissionnaires ne seront pas remplacés, dans la mesure où les missions d’organisation du service et la sécurité des soins urgents sont maintenues. Nous sommes tous conscients que la crise est importante. Il faut éviter les crispations et les postures figées. Chacun doit faire un effort. On ne sortira qu’ensemble de cette crise.» Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, a tenu lui aussi des propos plus conciliants, rappelant que «dans cette période difficile, l’écoute est primordiale, les tensions et procès d’intention sont à éviter», et ajoute encore qu’il prend en considération «la profondeur du malaise», qu’il comprend. Il a souligné l’urgence de mettre en pratique «les mesures annoncées». En province, les directeurs des agences régionales de santé ont manifestement reçu des consignes pour jouer l’apaisement.


Cela suffira-t-il à renouer un dialogue fortement fragilisé depuis quelques mois ? Certains observateurs restent sceptiques, pointant la nécessité d’un grand débat national sur l’hôpital pour relancer une dynamique et sortir d’un fatalisme ambiant. Ce n’est apparemment pas à l’ordre du jour : aucune initiative forte n’est envisagée du côté des pouvoirs publics. La semaine dernière, dans une lettre ouverte adressée au président de la République, les médecins hospitaliers démissionnaires ont rappelé l’enjeu : «Il y a urgence, urgence pour les urgences, urgence pour la psychiatrie, urgence pour la pédiatrie, urgence pour tous les hôpitaux publics universitaires et non universitaires.» Ils n’ont pas reçu de réponse.

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