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lundi 8 juillet 2019

La maladie mentale en Inde, juste quelques roupies

Publié le 03/07/2019




Alors que l’Inde s’efforce de « parachever l’instauration d’une couverture d’assurance-maladie pour tous ses citoyens », l’Indian Journal of Psychiatry précise que l’une des avancées importantes du Mental Healthcare Act de 2017[1] consiste dans l’inclusion des maladies mentales dans l’ensemble des affections prises en charge par l’assurance-maladie, au même titre que les pathologies somatiques : « Les assureurs sont désormais tenus de prendre des dispositions en vue de l’assurance-maladie pour le traitement de la maladie mentale sur la même base que pour le traitement des troubles physiques. »

Autre caractéristique en Inde : la coexistence d’assurances privées (fournissant des « protocoles d’assurance volontaire ») avec le système d’assurance publique, destiné notamment aux populations « les plus démunies et vulnérables. » Pour encourager l’essor des assurances-santé volontaires, le gouvernement indien accorde d’ailleurs la possibilité de déduire une partie des primes versées du montant des revenus imposables.

Comme ailleurs, les troubles mentaux sont plus fréquents chez les sans emploi et à faible niveau d’éducation

Sans surprise, les auteurs rappellent que les troubles mentaux sont (comme en Occident) « nettement plus fréquents » parmi les sujets « aux revenus et niveaux d’éducation plus faibles, ou sans emploi » et que ces mêmes facteurs sociologiques tendent aussi à « limiter l’accès aux services de soins psychiatriques » pour les intéressés. Mais une statistique montre le hiatus économique entre un pays émergent comme l’Inde et des pays plus riches : l’évaluation des dépenses mensuelles en matière de santé mentale s’élève à environ 1 000 à 1 500 roupies indiennes par personne, soit environ 13 à 20 € au cours actuel de la roupie (1 roupie = 0,013 €). Et pourtant, ce prix semble encore trop élevé, surtout pour les plus pauvres, et d’autant plus que la prise en charge doit souvent « durer toute la vie », vu la chronicité de ces maladies mentales.

En l’absence d’assurance-santé efficace, les familles sont alors entraînées dans une « spirale de difficultés » financières et médicales, aux « conséquences désastreuses » : dérive sociale, risque de suicide, marginalisation (social drift), perte d’un domicile fixe (homelessness)… Les auteurs saluent donc l’arrivée de cette « couverture maladie universelle » incluant les troubles psychiatriques « avec la même priorité que les troubles somatiques. »


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Sangoi Bijal A et coll.: Health insurance and mental illness. Indian Journal of Psychiatry, 2019; 61: 791–797.

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