Mi-docu, mi-fiction, les deux réalisatrices d’«Olmo et la Mouette» filment un couple d’acteurs dans l’intimité d’une grossesse vécue entre joie et doute.
Mais qu’est-ce qu’elle fabrique, la femme enceinte ? Des yeux, des oreilles ? Des pensées, des doutes ? Elle mouline, s’angoisse, s’essouffle. Revient en arrière, se projette en avant. Tout ça l’air de rien, parfois même sans bouger. C’est un rôle qu’elle joue, ou plutôt une foule de rôles, enfilés comme autant de costumes empruntés aux autres, jusqu’à trouver le sien.
Cocon. Tout cela ne pourrait être plus joliment montré, et dit, que dans Olmo et la Mouette, coréalisé par la Brésilienne Petra Costa et la Danoise Lea Glob, drôle d’objet se tenant entre documentaire et fiction. Il suit la grossesse d’une comédienne parisienne, Olivia (Olivia Corsini) et de son compagnon acteur Serge (Serge Nicolaï, assez enceint lui aussi), grossesse qui tombe pile au mauvais bon moment, car il n’y en a jamais de vraiment bon ni mauvais, alors que leur troupe répète et doit partir pour New York jouer la Mouette. Le film s’ouvre sur les mots d’Olivia, dits en voix off sur un mode confessionnel : «Parfois, je me dis que presque par hasard je pourrais sombrer dans la folie.» Suit un plan qui remonte dans une cage d’escalier en angoissante contre-plongée : on s’imagine alors qu’elle pourrait s’y jeter. Mais non. Si les volées de marches signent son enfermement, c’est qu’Olivia se découvre un hématome à l’utérus, et ne doit plus bouger. Son appartement se transforme en cocon, matrice, monde aussi clos que le théâtre, ce dernier partageant avec le ventre maternel la caractéristique de tenir ses habitants à l’abri de l’extérieur.
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