QUIÉVRECHAIN. Michaël (1) a 30 ans mais il en paraît moins. À la barre du tribunal, lundi, il a répondu aux accusations de menaces de mort réitérées à l’encontre de sa mère, le 11 puis le 21 septembre, à Quiévrechain. La maman a pris peur au point d’aller porter plainte, deux fois. Son fils au passé difficile, n’est plus le même depuis un accident de la route. Il se dit schizophrène, ce que le médecin spécialiste qui l’a examiné en prison n’a pas relevé ; il totalise huit passages en structure psychiatrique. Son casier, déjà long, fait état en France et en Belgique de dégradations, violences légères… « Les policiers belges ont signalé à leurs collègues que vous aviez jeté des pierres contre un magasin de Quiévrain parce que les éléphants d’Afrique mourraient de faim, vous le reconnaissez ? » a demandé le président. Michaël ne dit pas le contraire, pas plus qu’il ne nie d’autres propos incohérents.
Pour une hospitalité à la souffrance de l’enfant, lors du meeting du 1er novembre 2014
9 octobre 2014
«TOUS LES HOMMES NAISSENT FOUS, LIBRES ET ÉGAUX EN DROIT »
Depuis l’arrivée du DSM III, le champ de l’enfance et de l’adolescence n’a cessé d’être l’objet d’expérimentation d’une psychiatrie évaluatrice, médicamenteuse et rééducative. Le plan Autisme, les recommandations de l’HAS et les attaques contre la psychanalyse ne sont que les branches d’un même arbre qui cache bien mal la volonté de démanteler tout accueil de la singularité .
D’après certains démographes de la santé, la demande de consultations se serait multipliée par dix en quelques années. Il est de notre devoir de nous interroger sur cette demande – ses causes et ses conséquences – que la société adresse avec ses enfants.
Fonction soignante et Pratiques du Collectif lors du Meeting du 1er Novembre
16 octobre 2014
« Patient et soignant sont tous deux des humains. Ils arpentent tous deux la route dangereuse, imprévisible et finie de la vie. Peu de chose, symboliquement, les différencient. En pratique, ce qui les sépare est leur situation. Le patient est un humain tombé dans un fossé (un ravin, un gouffre) et souffre. Il demande de l’aide à ses proches et, parfois, à un soignant. Le soignant est un humain qui dispense des soins. Parfois c’est un geste spontané, désintéressé ; parfois, c’est un métier choisi et il en vit. Dans un cas comme dans l’autre, c’est son attitude qui fait de lui un soignant, et non son statut. » Ces paroles de M. Winckler lors de la Conférence d’éthique clinique à Paris en avril 2014, situent d’emblée les enjeux de ce qui nous rassemble : notre humanité commune (patients et soignants) et l’hospitalité nécessaire à la souffrance psychique.
« Continuité des soins et de la relation, articulée avec le sanitaire et le médico-social » au Meeting du 1er Novembre
25 octobre 2014
Nous, « le Fil conducteur »*, collectif de réflexion et de propositions sur la prise en charge de la maladie psychique, invitons à participer au meeting organisé à l’initiative du Collectif des 39 le 1 er novembre 2014 à Montreuil. Extrêmement préoccupés, inquiets, voire même révoltés par l’évolution actuelle de la prise en charge de la maladie psychique, nous considérons qu’à côté des professionnels, des représentants institutionnels ou institutionnalisés, une autre voix doit se faire entendre (cf. le Manifeste du Fil conducteur). Le constat actuel du fonctionnement de la prise en charge des malades psychiques est plus qu’inquiétant. Les familles, plongées brutalement dans l’univers de la psychiatrie lors d’une hospitalisation pour le moins traumatisante d’un enfant ou d’un être cher, ne trouvent le plus souvent ni soutien ni interlocuteur. Tenues à l’écart, sans explications aucune sur ce qu’est une maladie psychique, ses conséquences, qui le plus souvent sont lourdes, sur l’évolution possible, sur la manière dont elles peuvent accompagner la personne malade, elles se trouvent isolées, écartées, alors que leur proche vit une souffrance incompréhensible, insupportable. Leurs questions restent sans réponses, un diagnostic peut tomber brutalement, ou n’est pas donné, l’absence d’accompagnement ou d’écoute accroît leur angoisse légitime. Elles assistent, impuissantes, à l’enfermement et à l’isolement de leur proche, puis au parcours décousu et chaotique de soins multipliant les soignants dans les structures diverses (hôpital, hôpital de jour, foyer de nuit, maison de postcure, CMP…). Un lien thérapeutique, nécessaire pour soigner, ne peut être construit dans de telles conditions alors que la relation devrait être au centre du soin.
Ils sont là, présents. Ne désertent pas. Fatigués sûrement, mais avec une volonté intacte de ne pas s’habituer. Ils, ce sont «les 39», un collectif créé peu après le discours, en décembre 2008, du président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy ; celui-ci, visitant un hôpital psychiatrique à Antony (Hauts-de-Seine), avait développé le souhait d’une prise en charge très sécuritaire de la folie. Depuis ce jour, les 39 résistent, formant un groupe peu banal de psychiatres, de psychologues, de patients, mais aussi de parents de malades. Ils hésitent parfois sur la stratégie, s’engueulent souvent, mais se retrouvent dans le souci de résister à la normalisation ambiante qui veut que la folie se résume à des symptômes et son traitement à une simple prise de médicaments.
«Aujourd’hui, on ne peut pas rester dans un seul discours de résistance, il faut passer le cap», lâche Hervé Bokobza, qui fut l’initiateur du collectif. Ils vont tenir un «meeting» samedi à Montreuil (1), près de Paris, comme on tient une table ouverte. Avec une foule variée d’intervenants.
Les élèves des filières du travail social ont du mal à trouver des structures qui les accueillent. Motif : celles-ci n’ont pas le moyen de les payer, comme l’oblige désormais la loi.
Ce n’est pas le tout de faire des lois, aussi bonnes soient-elles. Encore faut-il s’assurer qu’elles soient applicables sur le terrain. La réglementation sur les stages, visant à limiter les abus, pose aujourd’hui de sérieux problèmes aux étudiants en travail social. Alors que les stages sont obligatoires dans leurs formations, beaucoup n’arrivent pas à en trouver, les associations n’ayant pas les moyens de les payer.
Après Montpellier et Clermont-Ferrand, des étudiants ont manifesté à Paris vendredi afin d’alerter les pouvoirs publics.
L’enjeu des stages pour les étudiants en social
Educateurs spécialisés ou de jeunes enfants, moniteurs animateurs, assistantes sociales, conseillers en économie familiale… Tous suivent des formations en alternance où les périodes d’études succèdent à des stages qui peuvent durer jusqu’à six mois. Et ils ne peuvent décrocher leurs diplômes sans avoir validé ces périodes de terrain.
Les phénomènes transférentiels dans la clinique et la thérapeutique des personnes prises dans un processus schizophrénique (malheureusement souvent définitif) apparaissent extrêmement complexes, clivés, difficiles à « manier ». Ce livre propose de les analyser pour envisager des pistes thérapeutiques possibles. Il reprend en détail l’ensemble des thèses psychanalytiques relatives à la schizophrénie et à son traitement, toutes écoles confondues, dans une perspective tant historique qu’actuelle. De nombreux exemples cliniques concrets émaillent le texte et permettent des allers et retours constants avec la théorie.
Sur cette base l’auteur explore diverses pistes de travail psychanalytique avec les patients schizophrènes, que ce soit en cabinet ou en institution, dans une optique de renouvellement théorico-pratique. Il décrit notamment une expérience de psychothérapie institutionnelle à l’hôpital général pour en dégager la modernité et l’actualité. Ce récit institutionnel ouvre sur des possibilités de travail malgré les nouvelles règlementations et donne ainsi une lueur d’espoir aux professionnels de la psychiatrie.
Les fracassés de vivre, ce sont les patients que Blandine Ponet a rencontrés dans son parcours d’infirmière en psychiatrie. Dans un souci de transmission, elle montre en quoi le contact prolongé avec la folie de l'autre enseigne sur soi-même, amène à créer et s'avère une richesse plus qu'une privation.
La mise en place d’une politique efficace d’accompagnement de la fin de vie doit répondre au« scandale » du non-accès aux soins palliatifs,dénoncé par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), réagit la Société française des soins palliatifs (SFAP).
Cette politique doit reposer sur 5 objectifs, détaille la SFAP. Les patients doivent être mieux informés de leurs droits « à dire ce qu’ils souhaitent pour leur fin de vie, à être écoutés, à refuser l’acharnement thérapeutique, à ne pas souffrir ».
La volonté du patient doit être mieux prise en compte grâce à des directives anticipées plus contraignantes, et proposées plus systématiquement.
Améliorer la prise en charge en EHPAD et à domicile
Le rapport du CCNE rappelait que 13 000 personnes de plus de 75 ans succombent chaque année aux urgences, 25 % des résidents d’EHPADdécèdent à l’hôpital ; et 85 % des structures n’ont pas d’infirmière de nuit.
L’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) n’entrera pas en grève contre le projet de réforme du temps de travail des internes. Le syndicat a pris cette décision ce week-end en conseil d’administration à Clermont-Ferrand.
Les internes de médecine générale ont choisi de ne pas s’associer au mot d’ordre de l’Inter syndicat national des internes (ISNI), qui a déposé un préavis de grève de 24 heures pour le lundi 17 novembre 2014 afin de dénoncer le blocage des discussions avec le ministère de la Santé.
Les internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM) ont également déposé un préavis de grève de 24 heures pour le 17 novembre. Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) s’est associé à ce préavis.
Ces syndicats demandent que les deux demi-journées hebdomadaires dédiées aux tâches universitaires comptent dans le temps de travail et que le travail le samedi soit reconnu et rémunéré comme une garde.
La Clinique du Parc, à Saint-Priest en Jarez, dans la Loire, joue la carte de la provocation en exhibant médecin chippendale et infirmière sexy dans une campagne publicitaire affichée sur des 4 par 3. Le slogan qui l'accompagne fait réagir.. et pour cause !
Ailleurs, certains soignants soignent leur apparence, ici, c'est vous que nous soignons, le slogan, choisi par la Clinique du Parc, dans la région stéphanoise, ne fait pas dans la demie mesure... Il y a donc lessoignants au sens large - en l'occurrence médecins et infirmières quasiment nus sous leur blouse et plus si affinités... - et puis il y a ceux qui travaillent à la Clinique du Parc, vertueux, sérieux, à la tenue irréprochable... c'est du moins ce que le slogan suggère...
Le moins que l'on puisse dire c'est que cela ne passe pas très bien... Les réactions du corps soignant se sont très vite faites entendre - et tout d'abord les médecins, par la parole du Dr Jean-François Janowiak, secrétaire général de l'Ordre des médecins de la Loire qui rappelle que cette campagne va à l'encontre du Code de déontologie des professions du corps médical, qui consiste à ne jamais dénigrer ses confrères. Cette campagne n'est pas à la hauteur de la médecine, elle ne représente pas l'activité médicale et le niveau d'honorabilité et de moralité que l'on met dans le personnel soignant, que cela soit des médecins ou des infirmières. Et de souligner que l'idée même de la confraternité est bafouée en suggérant que certains confrères médecins pourraient être apparentés à des Chippendales ...
L’idée de guérison habite le malade autant que le soignant. Pourtant ce terme ne fait pas partie du vocabulaire des psychiatres contemporains et plus largement des professionnels de la santé mentale. Ils conçoivent davantage la guérison comme un parcours de rétablissement, un chemin pour « aller mieux ». Ce qui compte alors est la posture d’écoute des soignants et ce qu’elle permet au patient de dégager comme position subjective.
L’expérience de la maladie constitue souvent une occasion pour le sujet d’en apprendre sur lui-même. Dans ce contexte, la rencontre thérapeutique peut permettre la mise en...
Auteur(s) : Christian Brokatzky, psychologue-pyschothérapeute, enseignant
Avant de poser la question de la guérison de la schizophrénie, il faut s’arrêter sur celle du diagnostic. Expérience d’un psychiatre hospitalier qui a davantage appris de...
Bipolarité, schizophrénie, névroses… autant de noms que de peurs injustifiées. Une soirée est organisée à Tours le 6 novembre pour faire tomber les préjugés.
L'ignorance provoque souvent bien plus de dégâts que la maladie. Plongés dans un univers où le marketing d'un monde parfait est roi, tout ce qui sort de l'ordinaire nous devient souvent suspect, voire même parfois dangereux. Schizophrènes, bipolaires, névrosés… tous logés à la même enseigne ? « Oui, bien trop souvent, car s'écarter de la norme, ça fait peur, répond Yorli Moradi, chargé de mission à la Mutualité française Centre. Les schizophrènes sont trop souvent associés à des affaires criminelles alors que la réalité est toute autre. Les traitements permettent à ces personnes de s'intégrer parfaitement dans la société. Il est important, vraiment très important, d'écarter toutes formes de stigmatisation. »
" La tolérance, c'est accepter. L'altruisme, c'est intégrer "
Justement, le jeudi 6 novembre prochain, dans la salle des fêtes de l'hôtel de ville de Tours, la Mutualité française Centre, l'Agence régionale de la santé, l'Unafam, le CHRU de Tours, la ville de Tours et La Nouvelle République s'associent pour proposer au grand public une soirée théâtre débat. Son thème : « La santé mentale : en parler, mieux comprendre ».
Cette soirée débutera par une pièce de théâtre et à son affiche, le fameux « Dîner de cons ».« On a choisi l'atelier théâtre de l'hôpital de jour de Chinon pour donner cette représentation,explique Yorli Moradi.La troupe est composée aussi bien d'aidants, de personnel soignant que de patients. Et franchement, à l'issue de la représentation, je mets quiconque au défi de trouver qui est qui. »
«La France souffre d un retard important dans la prise en charge des autistes, enfants ou adultes, constate le psychiatre carcassonnais Pierre Sans. Novatrice en son temps, la psychanalyse y constitue désormais un obstacle majeur à l'application, même mesurée, des méthodes cognitivo-comportementales.» Fort de sa longue expérience de psychiatre, le praticien publie aujourd'hui «Autisme, sortir de l'impasse» pour faire le point sur les malentendus et les impasses thérapeutiques qui accablent les familles. Il pointe les errements ou les succès de chacune des écoles, mais se place toujours résolument du côté des parents. Le praticien Cet ouvrage offre une plongée au cœur d' un service public de psychiatrie infanto-juvénile et d'IME qui continuent de privilégier une approche médicale de l'autisme, au détriment des méthodes éducatives.
Après des études de médecine à Rennes et un internat à Nantes, Pierre Sans devient chef de clinique. Il choisit pourtant de renoncer à une carrière universitaire en psychiatrie par goût de la liberté. Après une analyse, parallèlement à une dizaine d'années d'exercice de la psychanalyse en libéral, il se consacre surtout aux «alternatives à l'hospitalisation» pour des patients adultes. Il termine sa carrière entre le milieu hospitalier et les institutions…
Il y a un an, le ministère s'engageait à trouver des places adaptées pour les «cas critiques» sans solution. Jeanne Auber, mère d'une jeune fille porteuse d’un handicap complexe, dénonce aujourd'hui le «mépris» de l'Etat.
Il y a un an, l’espoir renaissait dans notre famille. Julie, jeune fille de 22 ans et porteuse d’un handicap complexe, était sans solution adaptée depuis déjà un an suite à une rupture brutale de prise en charge (en septembre 2012). Nous avions informé les instances de notre situation et entamé de nouvelles recherches. Au bout de huit mois et des dizaines de refus, nous nous étionstournés vers la Belgique, comme bien d’autres familleset, ne pouvant m’y résigner, je commençais ce qui allait devenir un journal livre-enquête(1).
Le Monde.fr | ParStéphane Le Bras (Historien ITEM/Université de Pau et des Pays de l'Adour)
En route pour Narbonne avant de rejoindre le front, le tonnelier audois Louis Barthas raconte son passage par la gare de Perpignan en octobre 1914. Il s’y dit surpris par la ferveur de la foule, mais ce qui retient plus particulièrement son attention est une pancarte sur laquelle est inscrit « Ici on donne du vin à l’œil ». La générosité des vignerons locaux, à l’initiative ici, n’est pas exceptionnelle, et nombre de témoignages évoquent de larges quantités de vin gratuit, offertes pour les soldats se rendant au front. Elle n’est pas anecdotique non plus, car elle symbolise, dès le début de la guerre, le lien consubstantiel qui se forme entre la boisson nationale et les soldats partant défendre la patrie.
Avec les premiers mois du conflit, le vin – popularisé en « pinard » dans l’argot des tranchées – devient un marqueur du quotidien et de l’univers des poilus. Fourni en masse dès l’automne 1914, il participe, avec la « gniole » (l’eau-de-vie), à la constitution et au renforcement des logiques de sociabilité et de solidarité au sein des troupes françaises. A l’inverse, la consommation excessive est souvent synonyme de dérives et de comportements fragilisant l’ordre militaire, impliquant la réaction, parfois contradictoire et ambiguë, des autorités militaires face à ces pratiques.
Comment est organisée la préparation à Ebola dans les établissements ? Pourquoi, une telle psychose, est-elle justifiée ? Quels sont les points faibles de cette préparation ? Guillaume Gandoin, infirmier aux urgences de l'hôtel-Dieu et un des référents sur les questions relatives à Ebola, nous répond.
Guillaume Gandoin, IDE au service des urgences de l'Hôtel-Dieu, référent pour les questions relatives à Ebola
Une psychose se développe chez les soignants. Sont-ils tous concernés pas le risque d'une prise en charge d'un patient atteint d'Ebola ?
Les soignants sont également des individus. Quand la psychose se développe, ils se posent des questions, d'ailleurs plus encore que les autres car ils sont soignants.
Mais il faut relativiser. Il y a plusieurs catégories d'infirmières, dans ce contexte.
Tout d'abord, celles qui travaillent dans les services infectieux des hôpitaux référencés peuvent se retrouver en contact d'un cas suspects ou avérés.
Elles ont l'habitude de prendre en charge des pathologies infectieuses hautement contaminantes et il n'y a pas de problème majeur de manque d'information ou de ressenti de manque d'information.
Ensuite, certaines travaillent dans des lieux qui sont des portes d'entrée potentielle de patients atteints, sans tri préalable. C'est le cas des urgences, des maternités ou des consultations de précarité.
Dans ces services, des procédures sont mises en place par les comités d'hygiène et de sécurité. A l'Hôtel-Dieu, la cellule de crise qui découle du déclenchement du plan blanc contribue à déployer les procédures dans les services.
Ensuite, la difficulté est de mettre en oeuvre ces procédures dans des services où chacun a déjà son travail quotidien. En outre, ces procédures arrivent souvent sans information complémentaire sur la pathologie, ses modes de transmission...
Enfin, il y a les services de psychiatrie, de chirurgie, par exemple, où les patients arrivent après un passage chez le médecin. le risque est alors mineur et proche de zéro.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| Propos recueillis par Olivier Dessibourg ("Le Temps")
Le rêve de John Donoghue est de mettre au point une technologie qui permettrait à des personnes paralysées de lancer des commandes à distance, à l’aide d’une simple pensée captée par une électrode implantée dans leur cortex et connectée à un émetteur sans fil. Pour faire bouger une prothèse de membre, par exemple. Professeur à l’université Brown, à Rhode Island (Etats-Unis), ce pionnier des interfaces cerveau-ordinateur a été choisi pour diriger le Centre Wyss pour la bio- et neuro-ingénierie, à Genève, sur leCampus Biotech, où s’installera en novembre le Human Brain Project (« Projet du cerveau humain ») européen.
Pourquoi avoir traversé l’Atlantique ?
Aux Etats-Unis, la science est excellente, mais les ressources limitées. Ici, il y a tout ce dont je rêvais : des spécialistes des neurosciences, du monde clinique, de l’industrie, de l’ingénierie, et des infrastructures libres de suite pour atteindre le but fixé : créer des outils neurotechnologiques au bénéfice de l’être humain.
Par exemple ?
L’objectif est de faire voir les aveugles, entendre les sourds, marcher les gens paralysés, à l’aide de systèmes neuroprosthétiques. L’idée ultime est de développer les parties d’un système nerveux artificiel susceptible de remplacer le modèle biologique. Pour ce faire, il faut d’abord comprendre comment fonctionne ce dernier. Puis il faut oser interpréter les signaux que génère le cerveau. Enfin, il faut de fins ingénieurs pour fabriquer les prothèses dont on parle. Toutes ces tâches sont très complexes.
C’est dans le secret de ses bureaux, au cœur du ministère de la santé, avenue de Ségur, qu’est fixé le prix de tous les médicaments commercialisés en France. Peu connu du grand public, le Comité économique des produits de santé (CEPS) négocie depuis vingt ans avec les laboratoires pharmaceutiques pour décrocher le meilleur « deal » possible pour l’Etat et les patients. Un savant dosage pour garantir aux Français l’accès aux meilleurs traitements sans ruiner davantage la Sécurité sociale ni se fâcher avec une industrie qui reste un important employeur dans le pays.
Son rapport annuel, publié mercredi 22 octobre, apporte un éclairage précieux, alors que la bataille autour du budget de la Sécurité sociale se poursuit cette semaine. Le gouvernement souhaite économiser 1 milliard d’euros sur sa facture de médicaments, en expliquant que la France dépense trop et depuis trop longtemps. En face, les laboratoires s’inquiètent du financement de leur recherche et menacent de couper leurs investissements industriels. Tandis que les deux camps affûtent leurs chiffres, voici ce que révèlent les statistiques compilées par le CEPS.
Les Français ont acheté en 2013 un peu plus de 2,5 milliards de boîtes de médicaments, soit un peu moins qu’il y a dix ans
Les médicaments sont-ils vraiment trop chers ? « Les comparaisons internationales de prix de médicaments restent relativement rares et d’interprétation délicate », souligne le CEPS, mais quelle que soit la méthodologie appliquée, la France n’apparaît pas au premier abord comme un pays de cocagne pour les laboratoires.
Une étude du très sérieux National Health Service (NHS) britannique, qui comparait en 2010 les prix des 250 médicaments les plus consommés au Royaume-Uni à ceux pratiqués dans dix autres pays européens et aux Etats-Unis, montre que les vignettes françaises sont plutôt raisonnables. L’équivalent d’un « panier » vendu 100 euros au Royaume-Uni coûte ainsi 103 euros en Italie, 142 euros en Allemagne, 254 euros aux Etats-Unis… mais 95 euros en France.
Une autre étude, réalisée à la demande du LEEM (le lobby des laboratoires) par Pierre-Yves Geoffard, chercheur à l’Ecole d’économie de Paris, s’intéresse au prix des médicaments en fonction de leur valeur thérapeutique. Elle compare les prix des produits lancés entre 2008 et 2012 en France avec ceux pratiqués en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni. Il en ressort que pour les molécules les plus innovantes (celles à qui la Haute Autorité de santé – la HAS – a attribué une « très bonne note », c’est-à-dire 1, 2 ou 3), la France est plus « généreuse » que le Royaume-Uni, mais beaucoup moins que ses autres voisins.
MACHINE À CASH
Pour les médicaments qui n’apportent aucun progrès thérapeutique par rapport aux traitements existants (ceux à qui la HAS – attribue un 5, la note la plus faible et la plus courante, puisque les trois quarts des molécules étudiées sont dans ce cas), la France se montre aussi plus économe.
Mais il ne s’agit pas pour autant d’un « cadeau » des laboratoires. Les rabais sont la contrepartie des volumes importants que leur achète le pays. Les Français ont acheté en 2013 un peu plus de 2,5 milliards de boîtes de médicaments. C’est un peu moins qu’il y a dix ans mais cela reste un record. Autre exception française :« Une prescription davantage orientée vers des médicaments nouveaux, au détriment de médicaments plus anciens et moins coûteux, mais pas forcément moins efficaces », note Dominique Giorgi, président du CEPS, dans l’introduction du rapport.
Une aubaine pour les laboratoires ! Ainsi, au palmarès des 10 molécules remboursables les plus vendues dans les officines françaises, chacun trouve sa machine à cash : Novartis a son Lucentis (dégénérescence maculaire) et son Glivec (leucémie), Abbvie son Humira (polyarthrite rhumatoïde), AstraZeneca son Crestor (anticholestérol) et son Symbicort (asthme), GSK son Seretide (asthme), Pfizer son Enbrel (polyarthrite rhumatoïde), Sanofi son Lantus (antidiabétique), MSD son Inegy (anticholestérol) et Gilead son Truvada (VIH). Au total, ces dix « blockbusters » totalisent plus de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, bien qu’ils n’aient pas tous été « bien notés » par la HAS.
À L’HÔPITAL, C’EST ROCHE QUI SE TAILLE LA PART DU LION
À l’hôpital, c’est le laboratoire Roche qui se taille la part du lion avec ses anticancéreux, Avastin en tête. L’américain Johnson & Johnson (dont le Remicade est très prescrit pour soigner des maladies inflammatoires) et son compatriote Bristol-Myers Squibb (dont le Yervoy est indiqué dans le traitement des mélanomes) font également de bonnes affaires en France. Ces molécules rapportent déjà plusieurs milliards et leurs ventes progressent très rapidement, constate le CEPS.
Au final, les grands noms de la pharmacie empochent ainsi une bonne partie des 24,7 milliards d’euros que la France dépense chaque année pour acheter ses médicaments (elle est le deuxième marché européen derrière l’Allemagne). Mais la « belle époque » est peut-être en train de s’achever : ce chiffre est en baisse pour la seconde année consécutive.
Depuis deux ans au CEPS, on renégocie à la baisse le prix des boîtes déjà commercialisées, et les nouveaux médicaments n’accèdent au marché qu’à « prix cassés ». Le message du gouvernement aux laboratoires est clair : « Nous consommons trop de médicaments de marque et trop de médicaments chers », martelait au printemps Marisol Touraine, la ministre de la santé.
Le remède ? Des ordonnances plus « lights » qui accordent davantage de place aux génériques, même s’ils restent bien plus chers qu’ailleurs, compte tenu de la marge élevée (plus de 60 %) appliquée par les pharmaciens sur ces médicaments. Ces économies sont le prix à payer pour que le patient « France » puisse à l’avenir s’offrir des médicaments « chers » mais au bénéfice indiscutable, ce qui n’est pas toujours le cas des molécules pour lesquelles l’Assurance-maladie débourse aujourd’hui des milliards.