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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 29 février 2024

En Chine, l’intelligence artificielle repousse les limites de la morale et redonne vie aux morts

Publié 

Sébastien Berriot

Le développement des nouvelles technologies est en train de révolutionner le secteur funéraire dans le pays. Les Chinois sont en train de découvrir de tous nouveaux services rendus possible par l’intelligence artificielle, et notamment la possibilité de communiquer avec les morts.

La société Nanjing Silicon Intelligence permet à une jeune homme de parler avec sa grand-mère décédée grâce à l'intelligence artificielle. (SEBASTIEN BERRIOT / RADIOFRANCE)

C'est d'abord une discussion banale : on entend la grand-mère demander au jeune homme s’il a bien mangé. "Comment vas-tu grand-mère ?" , lui répond le petit-fils. Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue..." Une discussion classique entre membres d'une famille chinoise. À cela près que la grand-mère qui s’exprime est décédée depuis plusieurs mois. Son avatar a été récréé grâce à l’intelligence artificielle. Par l’intermédiaire d’un écran, la famille peut ainsi continuer de dialoguer avec elle tous les jours.

La mort défiée par les nouvelles technologies, un concept nouveau en Chine qui repousse les limites de la morale et s'apprête à révolutionner le secteur funéraire. C'est un jeune ingénieur de Nankin, à 300 kilomètres à l’ouest de Shanghai, qui en est l’un des précurseurs. Sun Kai a mis au point cette nouvelle façon de dialoguer avec les morts après la mort de sa mère. Et selon ses dires, ça lui a fait beaucoup de bien : "J'étais excité et soulagé. Je me sentais coupable de ne pas avoir passé assez de temps avec ma mère avant son décès et d’avoir consacré trop de temps à mon travail. Quand j’ai entendu ses premières paroles, j'ai eu l'impression de moins me sentir coupable, d'avoir trouvé un moyen de parler à ma mère et de l'entendre me demander, par exemple, si j'ai bien mangé aujourd'hui." 

"J'espère que, bientôt, elle sera capable de communiquer non seulement avec moi, mais aussi avec mes enfants..."

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L’effet Dunning-Kruger ou l’art d’être à l’aise

Mardi 13 décembre 2022

Fier comme un paon ©Getty - Catherine Ledner

Et si l’ignorance rendait plus sûr de soi que la connaissance : entre arrogance et compétence, voyez-vous le lien ?

Parler avec aplomb de ce qu’on ne connaît pas est la manifestation d’un biais cognitif identifié depuis fort longtemps. Aristote l’évoquait déjà, à sa façon. Ce biais fut étudié empiriquement à la fin des années 1990 par deux psychologues américains, David Dunning et Justin Kruger.

Tout commença par un fait divers. En 1995, aux États-Unis, un jeune homme se persuada, à l’issue de lectures qu’il fit à propos de l’encre sympathique, que si l’on s’enduit le visage avec du jus de citron, on devient invisible pour les caméras de surveillance. Il eut aussitôt une idée géniale : d’abord s’enduire le visage avec du jus de citron, ensuite, braquer une banque. Ce qu’il fit sans tarder. Bien sûr, Il fut aussitôt identifié puis arrêté grâce aux caméras de surveillance. David Dunning et Justin Kruger, impressionnés qu’on puisse être à la fois aussi sûr de soi et aussi stupide, s’intéressèrent de près à son cas, puis menèrent d’autres enquêtes sur la relation qu’il y a – ou qu’il n’y a pas – entre arrogance et compétence.

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Comment traduire les textes érotiques du Moyen Âge ?

Lundi 26 février 2024

Provenant du podcast

Le Pourquoi du comment : histoire

Un couple d'amoureux. Planche 249v, extrait du Codex Manesse, Page du seigneur Konrad von Altstetten (de), 1350. - Le codex Manesse, Domaine public {{PD-US}}, via Wikimedia Commons

Trouver le terme idéal pour traduire un texte érotique du Moyen Âge en vieux français, tout en préservant l'intention des auteurs médiévaux lorsqu'ils abordaient la sexualité de manière crue, reste délicat. Quel niveau de langage privilégier : familier, vulgaire, grivois ou obscène ?

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Ovide Decroly, pédagogue de génie : une école "pour la vie"

Publié le jeudi 2 septembre 2021 

Par Camille Renard

Ovide Decroly est, dès 1900, à l’origine d'une pédagogie aujourd'hui massivement utilisée en Finlande, le meilleur système éducatif au monde. Voici en archives le portrait de ce médecin belge génial.

“C’est la méthode de la liberté. Voilà c’est ça. C’est la méthode de ne plus être encastré sur des livres à apprendre  : "le pistil et que ceci…" Mais au lieu de prendre un livre, de prendre une fleur, et de regarder. C'est ça quoi." On est en 1967, la petite fille de l'école de Saint-Mandé a environ 8 ans, elle est déguisée en arbuste avec ses copines, et elle édicte ainsi la méthode pédagogique d'Ovide Decroly pour l'ORTF. Qui était-il ? Quels étaient ses principes pédagogiques ? En quoi est-il si précurseur ?

Ovide Decroly en séance d'observation avec une petite fille

Ovide Decroly en séance d'observation avec une petite fille - Fondation Ovide Decroly

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Une histoire des pédagogies nouvelles




Provenant de l'émission  
La Fabrique de l'Histoire

À propos de la série

Une série de quatre émissions autour des pédagogies nouvelles (élaborées entre autres par Freinet, Montessori, Decroly) qui ont pour principe de mettre l'enfant, et non les savoirs, au centre des méthodes éducatives et dont le mouvement a connu son essor dans l'entre-deux-guerres.


 Où en est l’éducation nouvelle aujourd’hui ?

Atelier-école menuiserie, Allemagne, 1927. - archives de l'Odenwaldschule

L’école Decroly, un programme pour la vie

Ecole Decroly, novembre 2017. - Séverine Liatard

Guerres et éducation nouvelle

Cours de gymnastique, Limoges, 1930. ©AFP - ©Lux-in-Fine/Leemage

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Les vertus scolaires


 



Épisodes

Pour les tenants d’une école de l’instruction, la dimension affective (et parfois même la simple dimension pédagogique) est une menace pour la fonction de transmission du savoir.

Épisode 1/4 : La bienveillance

Pour les tenants d’une école de l’instruction, la dimension affective (et parfois même la simple dimension pédagogique) est une menace pour la fonction de transmission du savoir. ©Getty - 	Peter Turnley

Épisode 2/4 : Attention à l'attention : apprendre à vivre avec nos distractions

Des écoliers attentifs devant leurs livres ouverts ©Getty - Brownie Harris/The Image Bank

Épisode 3/4 : L'exigence

Bibliothèque

Épisode 4/4 : Des vertus de l'erreur... pour réussir

Pédagogies de l'erreur et de l'échec. ©Getty - 	Florian Gaertner

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Psychanalyse «L’Acte psychanalytique» de Lacan, la cure à l’ouvrage

par Isabelle Alfandary   publié le 29 février 2024 

Des débuts d’un sujet comme analysant jusqu’au moment où il rejettera son analyste comme un déchet : réflexion sur le cours donné en plein Mai 68.

Qu’est-ce que la psychanalyse ? En quoi consiste une analyse ? Que fait au juste l’analyste ? C’est à ces questions aussi simples que décisives au regard de la découverte par Freud de l’inconscient que tente de répondre Lacan dans le séminaire XV, l’Acte psychanalytique, qui vient de paraître.

La réponse de Lacan tient en deux mots : l’acte psychanalytique.

L’idée d’acte psychanalytique peut paraître déconcertante. La psychanalyse – n’a cessé de clamer Lacan depuis son discours de Rome en 1953 – n’a qu’un seul médium : la parole du sujet. Alors quid de l’acte psychanalytique ? En quoi consiste-t-il ? La séance ? Le transfert, cette relation asymétrique qui réunit l’analysant et l’analyste ? L’interprétation ? Le silence ? Si chacun de ces éléments participe assurément de l’acte psychanalytique, aucun n’est, à proprement parler, l’acte. Comment d’ailleurs parler d’acte psychanalytique quand Lacan lui-même se plaît à rappeler la suspension qui entoure tout acte en psychanalyse ? L’analyste n’est-il pas censé précisément «laisser en blanc» la ligne de l’acte et s’abstenir de toute approbation, de tout conseil ? N’est-ce pas justement ce qui le distingue des autres professionnels de la psyché ?

Enquête Gérard Miller accusé de viols et agressions sexuelles : la chute de «Divan le terrible»

par Charlotte Chaffanjon  publié le 29 février 2024 

Accusé de viols et d’agressions sexuelles par une cinquantaine de femmes, l’hypermédiatique psychanalyste vient de démissionner de toutes ses activités liées à sa profession. Dans l’entourage du thérapeute mondain, on oscille entre sidération et souvenirs de vieilles rumeurs.

Gérard Miller écrit à son entourage, beaucoup, entre fin janvier et mi-février. A toutes ses sphères – la médiatique, la politique, la psychanalytique. Aréopage mondain et hétéroclite, à son image. Ceux de la télé et de la radio, qu’il a côtoyés chez Michel Drucker ou croisés à France Inter, ceux de la fameuse bande emmenée par Laurent Ruquier. Et puis une partie de la gauche – des insoumis, des écolos – et des psys, des lacaniens comme lui. Une frénésie de mails pour se défendre, pour s’expliquer, pour se justifier. Le 30 janvier, dans un courriel intitulé «Pour information», le célèbre psy-documentariste-chroniqueur multicartes (y compris, un temps, chez Libé), ex-maoïste toujours dandy portant beau ses 75 ans, informe son premier cercle que le magazine Elle va publier un article le concernant. Il y sera «accusé d’agressions sexuelles sous hypnose, même d’un viol». Et de pointer la responsabilité du polémiste antisémite Alain Soral : «Depuis six ans, il m’accuse sur les réseaux sociaux d’extrême droite d’avoir abusé d’une femme endormie sous hypnose dont il affirme avoir été l’amant», écrit Gérard Miller à ses proches.

Musique pour bébés : sous le signe du berceau

par Olivier Pernot   publié le 23 février 2024

L’éveil musical des tout-petits, en famille ou auprès de professionnels, constitue un facteur important de leur épanouissement et de leur développement artistique.

Chargé de mission au sein de l’association Musique et Santé qu’il a fondée et dirigée entre 1998 et 2022, Philippe Bouteloup a mené un projet avec des bébés prématurés à l’hôpital Robert Debré à Paris. «Les parents pouvaient dormir sur place et je me souviens que certains écoutaient du hard rock et d’autres du zouk antillais. Il n’y avait pas de prescription musicale mais un volume sonore adapté à la fragilité des oreilles des enfants. D’une manière générale, l’écoute dans l’espace, aérienne, est conseillée, et celle au casque est à proscrire. Surtout, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise musique : le plus important, c’est le plaisir partagé entre les bébés et leurs parents. Cela peut être autour d’une berceuse kabyle, alsacienne ou bretonne.»

La psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos va dans le même sens : «Les bébés reçoivent la vibration de la musique, même les enfants sourds et malentendants.» Auteure du rapport Une stratégie nationale pour la santé culturelle en 2019 pour le ministère de la Culture, cette spécialiste de l’enfance loue les bienfaits de la musique pour les bébés : «Les tout-petits sont orientés vers le «regarder», qui devient souvent le sens prioritaire. Mais ils ont besoin d’être dans un bain sensoriel et l’écoute de sons et de musique est essentielle. D’autant plus que les bébés sont friands de la rythmicité et ils aiment les chansons avec des refrains. Ils attendent avec bonheur ce refrain ou également des notes qui reviennent.»

Essai Robert Harvey, le promeneur de cimetières

par Robert Maggiori   publié le 21 février 2024

Dans «Parmi les gisants», le théoricien de la littérature et philosophe américain s’interroge, à travers l’évocation très personnelle de ses souvenirs, sur ce que les nécropoles et les sépultures disent de l’humanité et de son rapport à la mort.

Quand on «ne sait pas quoi faire», il y a mille choses à faire : courir dans le parc, lire, voir un film, regarder passer les péniches, jouer à la console, se rendre à la salle de sport… La première idée qui se présente est rarement celle de visiter un cimetière. Au cimetière, on se rend à certaines occasions et certains jours, par dévotion, piété, devoir, habitude – du moins s’il s’agit de se recueillir sur la tombe d’un proche et non d’aller fleurir le tombeau d’Héloïse et Abélard, d’Alfred de Musset ou de Jim Morrison. Certes, d’aucuns le tiennent pour un lieu adrénalinogène, propice aux frissons et aux fantasmes, d’autres lui vouent une véritable passion (on les dit taphophiles), et maints écrivains et écrivaines, poètes, chercheurs en sciences humaines, y ont trouvé inspiration et objets d’étude, y ont recueilli suffisamment d’éléments de connaissance pour nourrir une histoire des typologies d’ensevelissement, une sémiologie des inscriptions tombales, une géographie sociale des espaces et des pratiques funéraires, une esthétique des monuments, une sociologie des ritualités, une anthropologie… Mais en général – est-ce si sûr ? – on préfère aller à la patinoire, ou au square, plutôt qu’au cimetière.

mercredi 28 février 2024

AP-HP : l'intelligence artificielle, un nouvel outil pour prévenir les suicides

Par Emilie Salabelle   Publié le 

En février 2024, les hôpitaux de Paris et l'Institut Pasteur ont publié une étude réalisée à partir de millions de données médicales, scannées par un algorithme intelligent.

Des équipes du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'hôpital Robert-Debré ont contribué à une étude utilisant l'IA sur les risques de suicides en période de crise en Île-de-France.

Des équipes du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Robert-Debré ont contribué à une étude utilisant l’IA sur les risques de suicides en période de crise en Île-de-France. (©Illustration / ES / actu Paris)

En février 2024, les hôpitaux de Paris et l'Institut Pasteur ont publié une étude réalisée à partir de millions de données médicales, scannées par un algorithme intelligent.


Camille Jaccard, Paroles folles dans la psychiatrie du XIXe siècle (préface de Vincent Barras)

Publié le  par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Camille Jaccard, Paroles folles dans la psychiatrie du XIXe siècle (préface de Vincent Barras)

Camille Jaccard, Paroles folles dans la psychiatrie du XIXe siècle (préface de Vincent Barras)

L’observation du langage est aujourd’hui centrale dans l’examen psychiatrique et l’échange verbal est au cœur de nombreuses pratiques psychothérapeutiques. Quand la médecine mentale a-t-elle commencé à appréhender les propos des patients ? Sur quelles normes les médecins d’asile ont-ils désigné une parole comme pathologique ? Pourquoi certains sons ou mots jugés étranges sont-ils devenus des symptômes permettant de fonder des diagnostics ?

Ce livre retrace les étapes de la constitution d’une véritable clinique de la parole dans l’aliénisme de la première moitié du XIXe siècle jusque dans la sémiologie psychiatrique des années 1910, principalement en France et en Allemagne. 


La Cinémathèque de Montagne menacée







Disponible  

Du 27/02/2024 au 26/02/2025

C'est une collection unique au monde qui réunit plus de 10 000 bobines de films d’amateurs et de grands alpinistes sont réunies. Depuis 30 ans, Gilles Charensol et Valérie Bonfé récoltent ces films. Pour la première fois de l’histoire de l’alpinisme, la Cinémathèque de Montagne a ouvert ses portes au public. Mais ce patrimoine est menacé par l'usure du temps et les enjeux financiers.

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Le cas extrême d’une femme rappelle l’accès déplorable aux soins dentaires au Royaume-Uni

Par  (Londres, correspondante)   Publié le 28 février 2024

Ne pouvant pas se permettre se payer un cabinet privé, ni d’attendre « trois ans » pour avoir un rendez-vous avec un dentiste du NHS, le service de santé public, Caroline Pursey, 63 ans, s’est arraché douze dents à la tenaille.

Caroline Pursey, de Scunthorpe (Angleterre), raconte comment elle a dû s’arracher douze dents à l’aide de pinces, tant elles étaient douloureuses, après avoir passé trois ans à essayer de trouver un dentiste dans le cadre du système national de santé. Ici, le 8 février 2024. 

Au début, on a pensé à un canular, tant l’histoire de Caroline Pursey, 63 ans, paraissait irréelle. Pourtant, rapportée par la chaîne ITV News le 7 février dernier, elle illustre une triste réalité britannique : l’accès déplorable de sa population aux soins dentaires. Cette habitante de Scunthorpe, dans le nord-est de l’Angleterre, a expliqué que, à la suite de graves problèmes dentaires et faute d’accès à un dentiste du NHS (le service de santé public, quasi gratuit), elle avait dû s’arracher elle-même douze dents à la tenaille, n’ayant pas les moyens d’aller dans un cabinet privé. « On m’a dit qu’il y avait trois ans d’attente », a-t-elle témoigné.

Combiner les méthodes pour traiter les troubles anxieux

Serge Cannasse    28 févr. 2024

Les troubles anxieux concernent environ 20 % de la population mondiale. Cette prévalence est en augmentation depuis l’épidémie de Covid-19, d’environ 25 % selon l’OMS. Celle-ci en existe neuf types : l’anxiété généralisée, le trouble panique, les phobies spécifiques, l’agoraphobie, le trouble d’anxiété sociale, le trouble d’anxiété de séparation et l’anxiété de l’enfant. Très variables d’une personne à l’autre, leurs symptômes sont neuropsychologiques (peur, stress, visions négatives de l’avenir, irrationalité…) et/ou neuro-somatiques (insomnies, maux de tête, troubles digestifs, douleurs…). Certains patients peuvent en faire état de manière simpliste, à la suite de certains articles de presse ou déclarations de personnalités. L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a publié une mise au point sur ces contrevérités.


Sociologie Transmission accomplie pour Luc Boltanski, Arnaud Esquerre et Jeanne Lazarus

par Frédérique Roussel   publié le 28 février 2024

Le trio de chercheurs partagent dans «Comment s’invente la sociologie» leurs parcours, leurs expériences et leurs réflexions sur la discipline qui les a réunis comme une «famille».

«Luc, comment es-tu devenu sociologue ?» Luc, c’est Luc Boltanski, et c’est Jeanne Lazarus qui lui pose la question, Jeanne Lazarus à qui Arnaud Esquerre renverra la politesse, et qui sera lui-même à son tour sur le «gril». Trois sociologues parlent ensemble, et on assiste à une forme de conversation rythmée de coups droits et de revers bienveillants au cours de laquelle chacun apporte au moulin son expérience et sa vision. Le plus âgé, qui élabore depuis cinquante ans une œuvre ambitieuse lue et discutée dans le monde entier, pourrait être le pivot vers lequel les deux autres se tournent respectueusement. Mais le parti pris a été de ne pas rejouer l’entretien maître-disciples. Cela instaure une horizontalité qui fructifie sur le frottement des vécus. «Notre livre s’est efforcé de se tenir à distance aussi de ce modèle hiérarchique et mémoriel», prévient l’avant-propos. L’expérience et la culture de Luc Boltanski, né en 1940, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et membre de l’Iris (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux), entré en profession dans la seconde moitié des années 60, se ressentent évidemment tout au long de l’ouvrage. Arnaud Esquerre, directeur de recherche au CNRS et également à l’Iris, et Jeanne Lazarus, directrice de recherche au CNRS et membre du Centre de sociologie des organisations (CSO), ont été ses étudiants, à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Rétrograde Etats-Unis : en jugeant qu’un embryon congelé est une personne, la Cour suprême d’Alabama menace les FIV

par Julien Gester, correspondant à New York  publié le 21 février 2024

Nouvelle percée de la mouvance chrétienne anti-avortement, cette décision inédite des magistrats pourrait avoir de graves conséquences sur l’avenir de la procréation médicalement assistée dans les cliniques de cet Etat ultraconservateur, et même au-delà.

Un embryon congelé est un enfant comme un autre, a en substance statué la Cour suprême d’Alabama dans une décision rendue vendredi 16 février, concluant ainsi que sa destruction tombe dès lors sous le coup de la loi. Un jugement sans précédent, dont les conséquences s’annoncent ravageuses pour la procréation médicalement assistée dans cet Etat du Deep South américain. Mais, toute «pionnière» soit-elle, cette position n’est en rien isolée, tant elle constitue une percée d’une offensive bien plus vaste, à l’œuvre ces dernières années aux Etats-Unis, pour faire reconnaître le caractère de «personne» à part entière d’un fœtus dès la fertilisation de l’ovule dont il est issu.

mardi 27 février 2024

Refus scolaire anxieux : le reconnaitre et agir

Stéphanie Lavaud  26 février 2024

Le refus scolaire anxieux – ou la difficulté pour un enfant ou un adolescent à venir à l’école – est en augmentation depuis l’épidémie de Covid. Quelles sont ses formes cliniques et quelles thérapies mettre en place ? Le sujet a fait l’objet d’une session lors du congrès de l’Encéphale 2024.

Refus scolaire anxieux : non reconnu dans les classifications internationales

Mis en lumière par l’épidémie de Covid qui a grandement perturbé la scolarité des enfants, le refus scolaire anxieux n’est pourtant pas nouveau, a rappelé la Dre Hélène Denis, pédopsychiatre au CHU de Montpellier.

« En 1974, le neuropsychiatre et psychanalyste Julien de Ajuriaguerra évoquait des « enfants ou adolescents qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer ».

Aujourd’hui, la classification française de troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent (CFTMEA) utilise le terme de phobie scolaire pour décrire des « manifestations d’angoisse majeure avec un phénomène de panique liées à la fréquentation scolaire, qui interdit sa poursuite sous les formes habituelles ».

En revanche, les autres classifications internationales (CIM 11 ou DSM 5) ne nomment pas ce trouble, préférant y voir une complication d’un ou plusieurs trouble(s) anxieux. Pour autant, l’International network school absenteism (INSA), un réseau de chercheurs regroupant des psychiatres, psychologues et personnels de l’éducation, s’est mis d’accord pour utiliser les critères cliniques de Berg pour définir le refus scolaire anxieux (voir ci-dessous). Néanmoins, l’absence de dénomination reconnue au niveau international rend compliquée les recherches sur cette thématique du fait de l’absence de critères établis, reconnait l’oratrice.

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Le système de protection sociale actuel évoluera naturellement vers une gestion individuelle du vieillissement

26 Février 2024

Les atermoiements du gouvernement concernant l’élaboration d’une loi sur le grand âge confirment, s’il en était besoin, la complexité de ce sujet. Pour le docteur Martin Blachier, spécialiste de santé publique et épidémiologiste, la pression démographique est telle qu’il semble inéluctable que le système de protection évolue vers une gestion individuelle comme il le développe dans ce texte. 

Par Martin Blachier, médecin spécialiste de santé publique et épidémiologiste

On ne peut appréhender le bilan et l’avenir de la médecine moderne sans prendre en compte la transformation démographique qui y est associée. Si l’on regarde l’impact réel des innovations médicales à l’échelle populationnelle depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on constate qu’il réside essentiellement en l’avènement d’un 3ème âge (après 65 ans) à partir des années 1960 et d’un quatrième (après 80 ans) à partir des années 1980. Ainsi l’espérance de vie à 65 ans a pu progresser de 12 ans depuis 1946 (de 6 ans après 80 ans) grâce aux révolutions médicales dans le domaine cardiovasculaire et de la cancérologie notamment. 

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