Par Jane Roussel Publié le 13 janvier 2024
Entre le stress de laisser son enfant, la gestion d’une nouvelle organisation et l’impréparation parfois de l’employeur, reprendre sa place demeure encore un moment délicat pour la mère, malgré certains progrès sur la prise en compte de la maternité dans l’univers professionnel.
Un bébé joufflu, emmitouflé dans les premières couches de l’automne, tète le sein de Léa (à la demande des témoins, tous les prénoms ont été modifiés), employée d’une petite entreprise du secteur de la culture. Le vacarme du percolateur qui fait hausser le ton des clients de ce café du 18e arrondissement de Paris semble bercer l’enfant. Celle-ci a 2 mois, et bientôt commencera l’adaptation à la crèche pour que sa mère reprenne le chemin du travail. Dans ces derniers instants collées-serrées, Léa pense à cette future rentrée, une légère appréhension au creux du ventre.
Elle se souvient de la première fois qu’elle a vécu ça, pour sa fille aînée, Nora. A l’époque, elle sort d’un congé maternité dans le cocon d’un appartement aux murs bleu clair où le soleil perce tous les après-midi. Le retour s’annonce doux : de l’annonce de sa grossesse à son départ, en passant par les mois loin du bureau, tout s’est très bien passé avec son employeur. Sa direction lui avait demandé si elle souhaitait être mise au courant de l’évolution du service commercial pendant son absence, elle avait dit oui, sans être tenue à quoi que ce soit. « J’ai apprécié qu’on me le propose, qu’on me fasse sentir que j’étais une personne centrale de cette petite entreprise. »
Quelques semaines avant la date de sa reprise du travail, on lui a proposé de participer à une réunion où lui a été offerte une promotion : le poste de directrice commerciale était pour elle, si elle le voulait. Elle a accepté, reconnaissante que sa maternité ne soit pas un obstacle dans sa vie professionnelle. « J’ai eu de la chance qu’on me fasse confiance, que personne n’estime que j’allais être moins capable de faire les choses parce que j’étais devenue maman », insiste Léa.