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mardi 2 juin 2020

Avec le confinement, sommes-nous devenus des hikikomori ?

cnrs-le-journal-logo - La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences
par Laure Cailloce    02.06.2020



Après deux mois de confinement, certains ont du mal à sortir de chez eux. Sont-ils devenus des « hikikomori », du nom de ces jeunes Japonais qui restent cloîtrés au domicile familial par refus du monde extérieur ? La réponse de Natacha Vellut, psycho-sociologue au laboratoire Cermes 3.
Vous êtes co-autrice d'un ouvrage sur les adolescents en retrait, les fameux hikikomori japonais. Qui sont-ils ? Ce phénomène existe-t-il en France également ?
Natacha Vellut1 : Les hikikomori sont ces jeunes Japonais âgés de moins de trente ans qui restent au moins six mois sans quitter le domicile familial. Ils arrêtent d’étudier ou de travailler, et cessent toute relation sociale… Certains peuvent vivre reclus pendant des années ! Le mot hikikomori veut dire littéralement « reculer », « se cloîtrer à son domicile ». Le phénomène a été décrit au Japon à la fin des années 1980, mais le terme « hikikomori » a rapidement eu beaucoup de succès auprès des psychiatres et médecins partout dans le monde, qui ont identifié des cas d’hikikomori parmi leurs jeunes patients.
En France, de plus en plus de familles et de jeunes se reconnaissent dans cette définition, même si, hors du Japon, les hikikomori ne sont pas considérés comme une catégorie médicale en tant que telle et qu’aucune statistique sur le phénomène n’est disponible. Certains hikikomori vont être camouflés derrière d’autres appellations, comme les décrocheurs scolaires par exemple. Mais attention, on peut avoir une phobie scolaire et continuer d’avoir des relations en dehors de l’école, donc tous les décrocheurs ne sont pas des hikikomori.

 Quelle est la cause de ce retrait du monde ?
N. V. : Le phénomène est psycho-social avant tout. Il est né au Japon lors de la grave crise économique qui a suivi l’éclatement de la bulle financière dans ce pays, à la fin des anénes 1980. On a parlé de « génération perdue » pour les jeunes en âge d’entrer sur le marché du travail. La société japonaise continuait de formuler des injonctions, mais n’offrait plus de place à ces jeunes ; quelque chose s’est rompu à ce moment-là.

Le mot hikikomori veut dire littéralement « reculer », « se cloîtrer à son domicile ». Le phénomène a été décrit au Japon à la fin des années 1980, mais le terme a rapidement eu beaucoup de succès auprès des psychiatres et médecins partout dans le monde, qui ont identifié des cas d’hikikomori parmi leurs jeunes patients.

Au-delà du cas japonais, la société actuelle fixe un niveau d’exigence extrêmement élevé, au niveau professionnel comme personnel, alors que dans le même temps, il devient de plus en plus difficile de trouver un travail et de se faire une place dans la vie, sans parler des normes que la pression des réseaux sociaux imposent aux jeunes d’aujourd’hui – « sois comme ceci, fais comme cela ». Le niveau d’insécurité ontologique s’est fortement accru, et est encore renforcé par les menaces environnementales, la crise climatique, et aujourd’hui cette pandémie mondiale. D'une certaine manière, et Bruno Latour le montre bien dans son ouvrage Où atterrir ? 2, le mouvement des ZAD, comme à Notre-Dame-des-Landes, est aussi une façon de répondre à cette insécurité, de se mettre en retrait de la société actuelle, mais en tentant de créer un autre monde.

Est hikikomori tout jeune qui reste cloîtré à son domicile durant au moins six mois.
Le confinement que nous avons vécu, et continuons de vivre partiellement, a-t-il des similitudes avec le phénomène hikikomori ? 
N. V. : Le confinement nous a été imposé, donc on ne peut pas parler d’un retrait choisi du monde. Mais, si certaines personnes en ont souffert, il faut bien constater que d’autres ont très bien vécu cette période de réclusion et se sont construits une sorte de bulle dont elles ont aujourd’hui du mal à sortir. Par peur de l’épidémie, évidemment, mais pas uniquement.

En se retirant du monde, les hikikomori s’extraient des relations sociales qu’ils ont tendance à juger trop compliquées. Le confinement a créé une situation similaire, avec un allègement du poids que représente le lien social, qu'il soit professionnel, mais aussi familial ou amical.

De la maltraitance infantile aux addictions de l’adulte

Université - The Conversation
Michael Longmire - Unsplash 2 juin 2020

Les personnes sujettes aux addictions cumulent généralement plusieurs événements de vie traumatiques, des biographies complexes et une souffrance psychologique antérieure à leurs premiers problèmes de drogue. Des traumatismes subis pendant l’enfance, surtout des abus sexuels et des viols, sont très fréquemment rapportés. La recherche en psychiatrie vise à comprendre l’impact de ces événements sur le risque de troubles psychiatriques à l’âge adulte.

Ces troubles sont complexes. Ils résultent en effet de différentes vulnérabilités, dont les origines peuvent être d’ordre génétique (des variations dans la séquence de certains gènes peuvent par exemple modifier le fonctionnement neurobiologique) ou neurodéveloppemental (altération du développement du cerveau et de sa maturation). Celles-ci interagissent avec un environnement à risque (toxique, infectieux, métabolique ou encore psychologique), déclenchant des perturbations neurobiologiques qui peuvent se manifester par des symptômes, voire des maladies. On pense actuellement que ces interactions surviennent pendant un laps de temps critique, durant lequel la fragilité du cerveau est accrue, et par conséquent l’exposition à un environnement à risque très délétère.


Pour les femmes qui tuent leur conjoint, la délicate question de la légitime défense différée

Dans 20 % des homicides conjugaux, c’est la femme la meurtrière. Parmi elles, près de la moitié avaient subi des violences avant leur passage à l’acte.
Par  et  Publié le 2 juin 2020
Voilà bientôt deux ans que Sophie, 52 ans, est détenue à la maison d’arrêt des femmes aux Baumettes, à Marseille. Elle y attend d’être jugée aux assises pour avoir mortellement blessé son compagnon d’un coup de couteau à l’abdomen, un jour de juillet 2018 à Arles (Bouches-du-Rhône). Mise en examen pour le meurtre de son concubin, Sophie était aussi, avant de tuer, une femme battue.
Sa fille dit d’elle : « Maman a toujours eu des compagnons violents. » Ses fragilités, son alcoolisme et quelques problèmes psychologiques l’ont conduite à un placement sous curatelle. Ses cinq années de vie commune avec Mohamed, la victime, ont été émaillées d’interventions des sapeurs-pompiers, de plaintes pour des cocards ou une mâchoire cassée. La dernière pour une fracture du fémur. C’était cinq mois avant l’homicide.
Aux policiers qui l’ont interrogée sur son geste, Sophie a expliqué qu’elle était en train de manger, que Mohamed s’était approché d’elle, une fois encore menaçant. Elle a dit avoir attrapé un couteau pour lui faire peur. Apprenant sa mort des suites de sa blessure, elle a confié qu’elle avait pensé que ce n’était « pas grave », qu’elle-même avait reçu un coup de couteau de la part d’un ex-mari. On avait recousu et voilà. Face aux jurés, Sophie envisage de plaider la légitime-défense.
Si la majorité des homicides au sein des couples sont le fait des hommes – des féminicides qui se sont, ces derniers mois, imposés dans le débat public –, les femmes représentent 20 % des auteurs de crimes conjugaux, selon l’étude 2018 sur les morts violentes au sein des couples, réalisée chaque année par la délégation aux victimes (DAV), une structure relevant du ministère de l’intérieur. Cette année-là, 28 hommes ont été tués par leur compagne, un chiffre relativement constant au fil des ans.

Psychiatrie : sortir de la « catastrophe gestionnaire » et sécuritaire

Logo NPA | NPA


La crise sanitaire et sociale que nous traversons a révélé et amplifié les conséquences des politiques néolibérales sur les systèmes de santé. Un système de soins dégradé, fonctionnant « à flux tendu » se trouve débordé par un drame sanitaire non anticipé.
Les hymnes indécents de nos gouvernants aux « héros » privés de moyens et contraints de se battre comme ils le peuvent face à l’épidémie ne peuvent le dissimuler. Parents pauvres de la santé avant la crise, la psychiatrie et ceux qu’elle tente de soigner, souvent précaires et marginalisés sont « en première ligne » des victimes de cette crise. 
À l’occasion de la sortie de leur livre « la révolte de la psychiatrie, les ripostes à la catastrophe gestionnaire » (éditions La Découverte), nous avons interviewé ses auteurs Rachel Knaebel, Loriane et Mathieu Bellahsen. Nous revenons avec eux à la fois sur les effets spécifiques des contre réformes sur le soin psychique pris en étau entre les exigences gestionnaires et les injonctions sécuritaires, sur les luttes des professionnels de la psychiatrie pour résister à la « catastrophe gestionnaire » et sur les alternatives dont ces luttes que tentent de se mener soignants, mais aussi patients et leurs familles sont porteuses.

Où dorment nos souvenirs ?

LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE
par Adèle Van Reeth

LE 02/06/2020

Dans "Matière et mémoire" de Bergson, qui paraît en 1896, le deuxième chapitre, singulier, tient en lui-même et soutient cette thèse : le cerveau n’est pas un organe de représentation qui aurait le pouvoir magique de créer des souvenirs, et les emmagasiner... Mais alors, où se trouvent-ils ?
Où dorment nos souvenirs ?
Où dorment nos souvenirs ? Crédits : George Peters - Getty
Matière et mémoire de Bergson paraît en 1896. C’est le deuxième grand livre du philosophe dans lequel il continue d’explorer le malentendu autour de deux notions clé en métaphysique : l’espace et le temps.
[...] 

L'invitée du jour :

Yala Kisukidi, maîtresse de conférences en philosophie à l’Université Paris 8

Coronavirus: plus de 4000 soignants contaminés recensés dans les Hauts-de-France

COURRIER picard  

Coronavirus: plus de 4000 soignants contaminés recensés dans les Hauts-de-France

Selon une étude aux résultats provisoires, les personnels infectés sont surtout issus à 32 % de la profession d’infirmier et à 29 % de celle d’aide-soignant.

Les premiers chiffres sont issus d’une étude spécifique lancée pour recenser les professionnels exerçant en établissements de santé (publics ou privés) infectés par le coronavirus.

Combien de soignants ont-ils été malades du Covid-19 ? Pendant de longues semaines, la question est restée sans véritable réponse de la part des autorités sanitaires, alors même que ces personnels ont été les plus exposés au virus.




La Cour des comptes donne une mauvaise note à la médecine scolaire

avec AFP.  Publié le 

La médecine scolaire n’assure pas ses missions, en particulier la visite obligatoire à six ans et sa réforme « s’avère indispensable », estime la Cour des comptes dans un rapport publié mercredi 27 mai.

Pénurie de personnel, « performance médiocre » et « organisation défaillante » : les appréciations de la Cour des comptes sur la médecine scolaire ne sont pas tendres. Elles sont issues d’un rapport publié ce mercredi. Les « difficultés chroniques » de la médecine scolaire sont connues de longue date et se sont accrues ces dernières années, malgré une hausse des effectifs de 4 % depuis 2013, avec plus de 20 300 postes (équivalents temps plein) fin 2018.

Mais le nombre de médecins a chuté de 15 % en cinq ans, avec moins de 1 000 postes occupés et plus de 400 vacants. Moins de la moitié des places ouvertes par concours chaque année sont pourvues, à cause d’une démographie médicale déclinante, mais aussi d’une rémunération peu attractive.


Thouars : des psychiatres poitevins se mobilisent pour soigner le centre de psychothérapie

Publié le 




Le drame survenu en février dernier a éveillé les consciences 
sur la psychiatrie. Des praticiens hospitaliers poitevins ont 
déjà commencé à venir à Thouars pour enrayer la pénurie de médecins.


Le drame absolu qui s’est déroulé le 13 février dernier n’a pas seulement bouleversé les Thouarsais. La mort d’Elodie Multon, jeune mère de famille assassinée par un patient devant le centre de psychothérapie de Thouars, où elle travaillait en tant qu’infirmière, a largement ému la communauté soignante. Le psychiatre Nematollah Jaafari en fait partie. Responsable de l’unité de recherche clinique (URC) au centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers depuis une douzaine d’années, il en a fait une structure de pointe, reconnue des deux côtés de l’Atlantique. Mais il ne se voyait pas rester sans rien faire, non loin de ses voisins thouarsais.

Des infirmières mortes de fatigue

Journal Métro
Par   François Lemieux  1 juin 2020

Des infirmières mortes de fatigue
Plus d’une dizaine de membres de la FIQ ont manifesté devant l’Hôpital général du Lakeshore afin de dénoncer le manque de congés et l’impossibilité de prendre des vacances, le 27 mai.

Le personnel soignant a tenu la semaine dernière une journée de mobilisation dans plusieurs villes du Québec sous le thème «Mortes de fatigue» afin de dénoncer le manque de répit et de vacances. Dans l’Ouest-de-l’Île, plus d’une dizaine d’entre eux ont organisé une manifestation devant l’Hôpital général du Lakeshore.
Armés de pancartes sur lesquelles on pouvait lire «donnez-nous des vacances», des syndiqués de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) se sont fait voir et entendre pendant une heure, le 27 mai. Certains d’entre eux s’étaient étendus au sol à côté de pierres tombales en carton.

lundi 1 juin 2020

TRIBUNE. "Diriger un hôpital nécessite une gouvernance partagée"

Les 17 meilleures images de Le Journal du dimanche | Journal ...
L'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.
L'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. (Sipa)

le 1er juin 2020

André Grimaldi, professeur émérite CHU Pitié Salpêtrière et Bernard Granger, professeur de psychiatrie au CHU Cochin, estiment dans une tribune publiée dans le JDD que "diriger un hôpital nécessite une gouvernance partagée".

Voici la tribune de André Grimaldi et Bernard Granger : "Dans une tribune collective publiée par Le Figaro, d’anciens directeurs responsables de la Fédération Hospitalière de France (FHF), deux anciens ministres, messieurs Claude Evin et Jean Léonetti, ainsi que le président de la commission des affaires sociales du Sénat se prononcent pour le changement de statut de l’hôpital public et sa transformation en établissement privé à but non lucratif (établissement de santé privé d’intérêt collectif, ESPIC).

Ces partisans de la tarification à l’activité y voient l’aboutissement logique de la gouvernance d’entreprise mise en place par la loi HPST en 2009 qui instaurait, comme l’avait dit alors le Président Nicolas Sarkozy "un seul patron à bord : le directeur".

Il faut libérer les résidents des Ehpad et des maisons de retraite

Par Collectif Alliance Résidents Proches — 
Dans une maison de retraites, à Nice le 21 avril.
Dans une maison de retraites, à Nice le 21 avril. Photo Eric Gaillard. Reuters

Nos proches et aînés ne doivent plus être considérés comme des citoyens français de seconde zone sécuritaire.

Tribune. Les Français et les Françaises hébergés en établissements sociaux médicaux, maisons de retraite, Ehpad, résidences collectives, ainsi que leurs proches n’acceptent plus la situation discriminative et d’enfermement qui leur est faite. Le confinement total des établissements médico-sociaux pris dans l’urgence mais qui perdure révèle à présent une représentation dichotomique de ce qu’est un véritable individu et qui peut être défini par la conscience qu’il a d’exister, comme être biologique, moral et social.

Elisabeth Roudinesco : « Woody Allen, ce n'est ni les Atrides, ni les Damnés »

LesEchos.fr   Pierre de Gasquet / Grand Reporter Les Echos Week-End | 


L'historienne de la psychanalyse, biographe de Jacques Lacan et de Sigmund Freud, livre son diagnostic sur le « cas » Allen.

QUE PENSEZ-VOUS DU DÉBAT OUVERT SUR LA PUBLICATION DES MÉMOIRES DE WOODY ALLEN ?


Je pense que la liberté des éditeurs doit être inconditionnelle dans le cadre du respect de la loi. On ne diffuse pas de textes injurieux, antisémites, racistes ou qui violent le principe de la vie privée d'autrui... À partir de là, tous les chantages visant à interdire la publication d'un livre sont inadmissibles, d'où qu'ils viennent. Nous sommes dans une période où fleurissent des meutes indignées qui portent atteinte à la liberté d'expression en s'érigeant en tribunal. Plutôt que de critiquer le contenu d'une pièce, d'un livre, d'un film, ces meutes font pression auprès des producteurs, éditeurs, conservateurs de musée, pour faire interdire des spectacles, des expositions ou des oeuvres qui ne leur conviennent pas. Ce fut le cas en 2013, lorsqu'on tenta de censurer un tableau de Balthus au Metropolitan Museum de New York, à cause de sa « nature offensante ». Même chose pour le dernier film de Roman Polanski, J'accuse, boycotté par des féministes.