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Yvette Roudy, alors ministre déléguée chargée des Droits de la femme, le 6 avril 1984. Photo Julien Cassagne. AFP
Entretien avec Yvette Roudy, première ministre des Droits des femmes, à l’occasion de la reparution de «la Femme mystifiée», classique féministe de l’Américaine Betty Friedan durant les années 60, qu’elle avait alors traduit et préfacé.
La féministe américaine Betty Friedan a déclenché en 1963 la «deuxième vague féministe» en publiant The Feminine Mystique. Elle y décrivait l’étrange «problème sans nom» dont souffrent les femmes au foyer américaines, les «desperate housewives»des années 60. Le retentissement du livre aux Etats-Unis sera tel que Betty Friedan créera par la suite la National Organization for Women (NOW, ce qui signifie aussi «maintenant»). NOW jouera un rôle essentiel sur la scène politique et culturelle américaine dans les années 60 et 70. L’ouvrage est encore un best-seller aujourd’hui outre-Atlantique.
Les éditions Belfond profitent du lancement du mois féministe (dont le mot d’ordre est «Féministe n’est pas une insulte») pour rééditer pour la première fois la Femme mystifiée depuis sa traduction de l’américain par Yvette Roudy en 1964. Aujourd’hui âgée de 89 ans, première ministre des Droits des femmes nommée en France en 1981 par François Mitterrand, elle en a écrit la préface dans laquelle elle raconte sa formation et son parcours. Issue d’un milieu ouvrier, elle passe son bac par correspondance et entre très jeune dans la vie active. Pour elle, tous les apprentissages se font dans l’action. C’est elle qui fera voter en 1982 le remboursement de l’IVG, ainsi qu’une loi sur l’égalité professionnelle en 1983 dont elle regrette qu’elle ne soit toujours pas appliquée aujourd’hui.