Confrontée à une vague de suicides à Fleury-Mérogis, l’administration pénitentiaire française pourrait bien devoir reconsidérer les faiblesses de son système. Pour en parler, Julie Gacon reçoit François Bès, coordinateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP).
Mercredi 8 août 2018. Un homme de 48 ans se pend dans la prison de Fleury-Mérogis. Le signal d’alerte est lancé, c’est le onzième suicide en huit mois. Si le parquet du tribunal d’Evry affirme ne pas encore pouvoir apporter d’explication claire à ce phénomène, d’autres y voient la conséquence de tensions et de dysfonctionnements du système pénitentiaire, entre surpopulation, grèves, évasions ou manque de moyens.
05/08/2018 59 MIN La Voie Lactée• Crédits : Somphop Viwattanarom - Getty
L'imagination pour les astronomes, c'est leur travail quotidien en quelque sorte. Je pense que depuis la nuit des temps, les hommes se demandent d'où nous venons, quelle est l'origine de l'univers, d'ailleurs de quoi est-il fait ? Et puis où allons-nous ? Si on remonte un peu dans l'histoire, c'est amusant, les gens se sont fait une représentation de l'univers très naïve et simple.
Françoise Combes est professeur au Collège de France où elle détient la chaire de Galaxies et cosmologie. Elle est aussi enseignante et chercheuse à l'ENS, membre de l'Académie des sciences et présidente du Comité français des unions scientifiques internationales.
C'est donc sur l'univers que porte le cinquième entretien sur l'imagination avec Alain Prochiantz.
Depuis la naissance de Louise Brown, premier «bébé-éprouvette», six millions d’enfants sont nés de fécondations in vitro.Photo Brian Bould. Associate. Rex. Sipa
Louise Brown, le premier bébé né d’une fécondation in vitro, vient de fêter ses 40 ans. Depuis sa naissance, les techniques ont beaucoup évolué, les débats aussi.
Elle a commencé sa vie dans une éprouvette en verre où fut organisée la féconde rencontre d’un ovule de sa mère, Lesley Brown, et des spermatozoïdes de son père, John Brown, avant de se développer dans le ventre de sa mère. Elle a poussé son premier cri le 25 juillet 1978 à 23 h 30 au Oldham District and General Hospital, près de Manchester en Angleterre. Son nom, Louise Brown, ou plus précisément Louise Joy (comme joie) Brown, restera inscrit dans l’histoire de la médecine à la rubrique «pionnière». Elle est en effet le premier bébé-éprouvette à avoir vu le jour dans le monde ; une promesse (tenue) pour tous les couples souffrant d’infertilité dont on avait jusqu’alors fait peu de cas. Sa mère, dont les trompes étaient bouchées, avait été décrétée «stérile». Enfant de la science, cette Anglaise est née des travaux de Patrick Steptoe, chef du service gynécologique du Oldham Hospital et du biologiste Robert Edwards (prix Nobel en 2010) grands gagnants de la course aux recherches sur la fécondation in vitro (FIV) engagée dans le monde entier depuis 1959 et une tentative réussie aux Etats-Unis avec les gamètes d’un lapin et d’une lapine.
Le nombre de femmes enceintes accros aux opiacés a été multiplié par quatre en l’espace de quinze ans, confirmant l’ampleur de la crise de santé publique que connaît actuellement le pays.
LE MONDE|
Les statistiques sont inquiétantes. Le nombre de femmes enceintes accros aux opiacés a été multiplié par quatre aux Etats-Unis en l’espace de quinze ans, selon des chiffres officiels rendus publics jeudi 9 août, confirmant l’ampleur de la crise de santé publique que connaît actuellement le pays.
Un rapport des centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), inédit à l’échelle nationale, révèle « des hausses importantes » entre 1999 et 2014 « dans les 28 Etats disposant de données ».
« Ces chiffres mettent en avant l’impact dévastateur de la crise des opiacés sur les familles à travers les Etats-Unis, y compris chez les plus jeunes », a commenté le directeur des CDC, Robert Redfield. « Une addiction non traitée aux opiacés durant la grossesse peut avoir des conséquences terribles », a-t-il ajouté.
Rattachée à la psychothérapie humaniste, l’analyse transactionnelle cherche à comprendre ce qui parasite l’épanouissement de l’individu et de ses relations, appelées transactions. Reportage à l’École d’analyse transactionnelle de Paris.
Delphine Lebourgeois est une artiste et illustratrice française installée à Londres. Elle travaille pour la presse et expose ses travaux à travers le monde. Ses collages puisent dans des références stylistiques variées, de Botticelli aux comics, où les symboles et la poésie se répondent. / Delphine Lebourgeois pour La Croix
Exercice pratique de psychothérapie en ce jour de juillet ensoleillé. Alors que la capitale est assommée par la chaleur, un petit groupe d’une dizaine de stagiaires est réuni à la fraîche, derrière des volets mi-clos, au sein de l’École d’analyse transactionnelle (Paris 2e) pour une séance de cinéma pas comme les autres.
Au programme, le filmUn air de famille, réalisé par Cédric Klapisch en 1996, qui met en scène Jean-Pierre Bacri (Henri) et Agnès Jaoui (Betty), frère et sœur « chien et chat » d’une famille qui va régler ses comptes en huis clos dans le bar d’Henri,Au père tranquille. Visionnant plusieurs scènes de ce long métrage, les stagiaires vont pouvoir mettre à l’essai les concepts de l’analyse transactionnelle à laquelle ils se forment.
Le Ministère de la Santé a dévoilé une nouvelle campagne pour l’usage du préservatif, relayée par le site OnSexprime.fr. Mais un visuel, jugé culpabilisants pour les jeunes, a créé la polémique : pourquoi le sexe doit-il rester un tabou ?
« Ça t’évitera d’annoncer à l’infirmière/le médecin que tu as eu un rapport non protégé ». C’est l’une des « 7 raisons d’avoir un préservatif sur soi », selon la nouvelle campagne digitale du gouvernement pour le port du préservatif. Lancée le 18 juillet dernier sur OnSexprime.fr, site qui évoque la sexualité et la prévention contre les IST (infections sexuellement transmissibles), les MST (maladies sexuellement transmissibles) et le VIH pour les jeunes, elle a été relayée par le Ministère des Solidarités et de la Santé le 7 août et suscité un tollé sur les réseaux sociaux. En cause : la culpabilisation des jeunes par la campagne qui sous-entend qu’ils devraient avoir honte de ne pas mettre de préservatif… et qu’il vaudrait alors mieux ne pas en parler.
Amour des hommes et combat féministe, faut-il se libérer du désir des autres ?
La femme émancipée par Pietro Saporetti (1832-1893)• Crédits : DEA / BIBLIOTECA AMBROSIANA - Getty
Les "moitiés" se sentent toujours, l'une autant que l'autre, mal à leur aise et à l'étroit dans leur demeure, si minutieusement qu'elles se soient adaptées l'une à l'autre ; sans doute elles disent désormais "nous" au lieu de "moi", mais ce "nous" n'a bientôt guère les épaules plus larges, pour porter un morceau d'existence, que ne les avait le "moi".
Eros (1910), "Réflexions sur le problème de l'amour"
Et si on abandonnait notre obsession pour la mort pour miser sur la pulsion de vie ?
Lou Andrea-Salomé au congrès de Weimar en 1911, avec Sigmund Freud (entre autres)• Crédits : ullstein bild / Contributeur - Getty
La psychanalyse n'est rien d'autre qu'une mise à nu, opération que l'homme encore malade évite parce qu'elle lui arrache son masque, mais que l'homme guéri accueille comme une libération.
Lettre ouverte à Freud (1931)
Lou Andreas-Salomé (1861-1937) était romancière, essayiste et psychanalyste. De sa pratique de la psychanalyse et de sa connaissance de Freud, que reste-t-il aujourd’hui ? De leur rencontre en 1912 à ses écrits sur le narcissisme en passant par ses réflexions sur la névrose, sait-on qu’en elle, l’inventeur de l’inconscient a vu une disciple, une amie, et même une alliée ?
La maison d'arrêt de Fleury-Mérogis a enregistré depuis le début de l'année la mort de onze détenus, dont dix suicides. Un record inquiétant.
A la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, la série noire ne s'arrête pas. En six mois, le plus grand centre pénitentiaire d'Europe a dénombré onze décès… soit autant que l'ensemble des prisons de la région parisienne l'année passée. La situation est d'autant plus préoccupante que sur ces onze morts, dix sont des suicides. Sept des défunts avaient moins de 23 ans. Aujourd'hui, le personnel de la prison et les familles des défunts peinent à comprendre les raisons de cette vague de décès.
La principale raison pourrait se trouve dans le cruel manque d'effectifs. Dans cette prison où sont enfermés 4.300 détenus et dont le taux d'occupation s'élève à 143%, le nombre de surveillants peut ainsi sembler dérisoire, avec seulement un gardien pour 80 détenus. Dans ces conditions, difficile pour le personnel d'effectuer son travail dans les meilleures conditions et de surveiller chacun des détenus. Résultat : le manque d'accompagnement, criant, peut entraîner un isolement et un manque de prise en charge individuelle. En partie livrés à eux-mêmes, les détenus sont ainsi plus vulnérables.
Quelles solutions pour une meilleure prise en charge des malades ? Le Dr Bautrant, médecin psychiatre spécialisé en géronto-psychiatrie, présente ce que pourrait être l’Ehpad de demain.
A l’heure où les personnels des établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad) dénoncent leurs conditions de travail et les conséquences sur les patients, à l’heure du déremboursement des médicaments anti-Alzheimer, quelles solutions existe-t-il ? Le Dr Thierry Bautrant (1), médecin psychiatre spécialisé en géronto-psychiatrie, spécialiste des troubles du comportement dans la maladie d’Alzheimer, directeur d’Ehpad, livre des pistes de réflexion.
En tant que directeur d’Ehpad, quels principaux problèmes rencontrez-vous au quotidien ?
« De plus en plus de personnes âgées (les plus de 60 ans devraient représenter 28 % de la population en 2025), vivent plus longtemps et mieux. Mais lorsqu’elles viennent en maison de retraite, en moyenne à 85 ans, c’est souvent avec une dépendance physique très forte ou une détérioration cognitive importante. Dans les Ehpad, il y a environ 70 % de malades Alzheimer, lesquels présentent, dans environ 96 % des cas des troubles du comportement qui peuvent devenir très invalidants (opposition, fugue, agressivité, agitation, violence verbale ou physique). »
La 25ème Journée mondiale Alzheimer, qui aura lieu le 21 septembre 2018, sera l'occasion de rappeler qu'en France, trois millions de personnes, (malades et entourage) sont aujourd'hui directement concernées par la maladie et ses contraintes.
Avant, pendant et après le 21 septembre, pour sensibiliser le grand public mais aussi envisager les enjeux de la prise en soin, le réseau France Alzheimer et maladies apparentées (99 associations départementales) proposera plus de 300 actions événementielles en France métropolitaine et dans les départements d'Outre-mer : événements sportifs, culturels, festifs, stands d'animations, conférences-débats ...
La philosophie de Spinoza comme la psychanalyse relèvent d’une éthique du désir, concept clé pour l’une et pour l’autre. Elles se rejoignent dans la thèse que l’homme n’est pas "causa sui", autrement dit, il méconnait ce qui cause son désir…
L'éthique du désir en philosophie et en psychanalyse• Crédits : selimaksan - Getty
Ainsi, une éthique du désir implique une pensée déterministe : ce qui détermine structurellement le sujet est inconnu par le désir. C’est dire que la saisie de soi d’un sujet en passe nécessairement par ce que Lacan nomme "s’égaler à la structure".
Vétuste, délabré et mal isolé : le centre psychiatrique Philippe-Pinel est indéniablement le parent pauvre de l'hôpital de Lavaur. Et le résultat est accablant.
Dimanche, selon nos informations, dans les bureaux infirmiers le thermomètre est monté à 31 degrés. Même température dans une pharmacie, et jusqu'à 33 degrés dans certaines chambres.
«Ce n'est pas parce que les patients n'expriment pas leur mécontentement qu'il ne fait pas chaud», confiait, hier, un infirmier.
Depuis plusieurs années (voire quelques décennies), on observe une augmentation considérable du nombre de sujets atteints d’autisme. Face à cette expansion insolite des troubles du spectre autistique (TSA), le fossé se creuse entre l’ensemble des sujets recevant ce diagnostic et ceux pouvant bénéficier d’une assistance spécialisée pour améliorer leurs capacités de communication. Parents ou éducateurs ne sont pas toujours formés aux méthodes (d’inspiration comportementaliste) de l’éducation dite structurée[1] des enfants autistes. En particulier, les enfants avec TSA ont souvent du mal à réaliser les activités routinières de la vie courante, rythmée par la prise des repas, la toilette, les activités, le sommeil... Outre leur propre intérêt, ces routines peuvent aussi représenter des renforçateurs naturels, transposables parfois dans d’autres situations sociales. Un essai contrôlé réalisé aux États-Unis[2] a évalué l’efficacité d’un outil en ligne (tutoriel), susceptible d’aider les parents d’un enfant autiste à l’impliquer dans ces activités quotidiennes, d’accroître ses compétences en matière de communication sociale, et de réduire en parallèle le stress parental. Cette étude a porté sur 104 enfants avec TSA, âgés de 18 à 60 mois, répartis aléatoirement en deux groupes : 52 dans le groupe où est intervenu le recours au tutoriel en ligne (groupe « didacticiel »), et 52 dans le groupe témoin. Tous les parents ont rempli trois questionnaires : le premier (T1) au départ de l’étude, le second (T2) un mois plus tard, et le dernier (T3) deux mois après T1.
26ème journées nationales des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire "Une rencontre à l'Autre"
Le pôle de psychiatrie en milieu pénitentiaire de Rennes qui comprend un SMPR et une UHSA, avec le soutien de l'Association des Psychiatres en Milieu Pénitentiaire (ASPMP). Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire sur Rennes, les lundi 5 et mardi 6 novembre 2018.
Une entreprise belge croit avoir trouvé une solution pour diminuer la charge de travail des infirmières dans les hôpitaux de la province.
Un texte de Jean-Marc Belzile
Opal Solutions a créé un logiciel nommé Careboard.
Il calcule notamment la charge de travail en temps réel, en comparant le nombre de patients et les effectifs disponibles.
Le logiciel permet aussi de connaître le degré de fatigue des infirmiers et des infirmières qui travaillent sur le terrain.
Les infirmières et les infirmiers doivent, trois fois par jour, préciser comment ils se sentent. Ils cochent vert pour une situation normale, orange quand la charge se fait lourde et rouge quand la situation devient insoutenable.
Voici à quoi ressemble l'interface de Careboard. Photo : gracieuseté
Ces données sont ensuite envoyées aux membres de la direction, qui prennent des décisions en conséquence.
Careboard a fait ses preuves au cours des 18 derniers mois à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, en Belgique.
Assujetties à des journées de 12 heures durant lesquelles elles n’avaient pas le droit de s’asseoir ou même de s’appuyer contre un mur, des vendeuses indiennes ont monté un syndicat pour protester contre leurs conditions de travail indignes.
M le magazine du Monde| | Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)
Des travailleuses du Kerala, un Etat du sud de l’Inde, lors de la Journée internationale
des femmes, en 2018.AMTU KERALA
C’est la fin d’un long calvaire pour les employées des magasins du Kerala, un Etat du sud de l’Inde.La profession, presque exclusivement féminine, vient d’obtenir, en juillet, un « droit de s’asseoir » sur les lieux de travail. Les employeurs interdisaient aux vendeuses de se reposer sur un tabouret, de s’appuyer sur un mur ou même de s’absenter quelques minutes pour aller aux toilettes. Dans les centres commerciaux construits au cours des dernières décennies, elles ont aussi été priées de ne pas utiliser les ascenseurs : certains clients se plaignaient d’être obligés de prendre les escaliers, faute de place.
En Inde, le client est roi, et la vendeuse doit se tenir debout pour le servir, si possible en sari, pour donner à l’enseigne une image respectable. Et ce n’est pas après le travail qu’elle peut espérer s’asseoir : les employées continuent de travailler chez elles, debout dans la cuisine.
Premier combat : « le droit à uriner »
Malgré les problèmes de santé de ces nombreuses femmes, les grands syndicats de cet Etat, où le parti communiste est pourtant puissant, ne se sont pas souciés de leur sort. Ce sont les travailleuses elles-mêmes qui se sont pris en main.
Bon courage ! (4|6). Il n’est pas question ici d’héroïsme, mais de cette vertu qui fait tenir au quotidien. Cette semaine, la philosophe explique comment le courage d’exister en tant qu’individu est nécessaire à la régulation de l’espace politique.
LE MONDE| | Propos recueillis par Julie Clarini
Philosophe, Cynthia Fleury est professeure au Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire humanités et santé. Elle a notamment signé La Fin du courage (Fayard, 2010), puis Les Irremplaçables (Gallimard, 2015).
Dans l’idée commune, le courage se manifeste par un acte exceptionnel qui fait rupture. Est-ce toujours vrai ?
Il existe une approche historique du courage où ce dernier est effectivement exceptionnel, porteur d’un commencement. C’est le sens profond de la rupture : commencer une nouvelle histoire, celle de la liberté, celle de la justice, celle de l’amour. Non pas la rupture pour la rupture. Le courage est ainsi le moteur d’une entrée dans le monde, une façon de faire lien avec les autres. Dans La Fin du courage, j’ai essayé de montrer que cette notion recouvre un large spectre, qui va de l’acte exceptionnel de confrontation avec le « réel de la mort » à d’autres qui relèvent plus de la lutte incessante contre le découragement, de la défense d’une décence commune, etc.
Le courageux, dites-vous, a toujours peur…
L’acte du courage est une conscientisation de la peur, qui va de la considération à sa critique, et à son dépassement. Si l’individu n’a pas peur, il ne peut pas être courageux. Il sera inconscient. Le courage est indissociable d’un acte raisonnable, il relève d’un pacte avec la raison et non avec l’hubris, sinon il devient passion, orgueil, intempestivité, démesure. Dans le cas contraire, tous les passages à l’acte seraient considérés comme courageux – ce qui évidemment serait problématique.