Dans un entretien au « Monde », le pédopsychiatre Richard Delorme et le neuropédiatre David Germanaud expliquent pourquoi la « stratégie pour l’autisme » doit profiter à tous les enfants atteints de troubles du neurodéveloppement.
Après trois plans nationaux consacrés à l’autisme depuis 2005, le premier ministre Edouard Philippe a annoncé le 6 avril une « stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement (TND) ». Une formulation qui marque une volonté de décloisonnement. Aujourd’hui, qu’en est-il ? Entretien avec deux cliniciens et chercheurs impliqués dans la concertation à l’origine de cette stratégie, le professeur Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie, et le docteur David Germanaud, neuropédiatre, à l’hôpital Robert-Debré (AP-HP, Paris).
Pourquoi introduire la notion « d’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement » ?
Richard Delorme C’est devenu une évidence clinique et scientifique. Plus on avance dans la compréhension des TND, plus il s’impose que l’autisme n’est pas une entité isolée. Dans 30 % à 40 % des cas, les difficultés de communication sociale s’accompagnent d’une déficience intellectuelle ; dans 40 % à 60 % des cas, d’un déficit de l’attention, des coordinations ou du langage ; dans 10 % à 15 % des cas d’une épilepsie…