Asan fait défiler les photos sur son téléphone avec l’empressement d’un enfant, commentant chacune d’elle, non sans fierté. On y voit son père, Murad, tout sourire, poser tour à tour au côté du maire sous le portrait du président François Hollande, puis au garde-à-vous sous le drapeau français. La série se termine sur une photographie de la famille syrienne – Asan, 43 ans, et ses deux parents, Zahra, 69 ans et Murad, 76 ans [les prénoms ont été changés] –, entourée d’élus et de citoyens, réunis pour les commémorations du 11 Novembre dans une petite ville de la banlieue de Rennes (Ille-et-Vilaine).
Faisant irruption dans le salon, les bras chargés d’un plateau avec tasses et café sucré, Zahra s’enquiert immédiatement en arabe : « Tu as montré les photos du 11 Novembre ? » Son mari, assis sur l’un des canapés disposés autour de la table, opine du chef : « C’est notre village ici, maintenant, c’est important de participer à ce qu’il s’y passe. C’est une manière de dire merci à la France. »